La Nouvelle-Zélande

 

 

Les premiers colons

Les premiers colons sont des Polynésiens de l'est (îles de la Société, îles Cook, les îles Australes de Polynésie française) qui arrivent probablement entre 1050 et 1350 après J.-C., naviguant dans des waka avec l'aide des systèmes météorologiques subtropicaux ou des oiseaux migrateurs ou des baleines, et établissent la culture indigène Māori. Aux alentours de l'an 1500, certains Maori partent s'installer sur les îles Chatham, y développant leur propre culture moriori.

La date de l'arrivée des premiers Maori varie selon les sources, mais beaucoup s'accordent sur le siècle entre 1250 et 1350. L'historien néo-zélandais Michael King suggère le XIIIe siècle, tandis qu'un autre historien néo-zélandais, James Belich, suggère le milieu du XIe siècle.

Ils arrivent au nord de l'île du Nord et rencontrent les forêts tempérées et des espèces qu'ils n'avaient pas vus auparavant dans les îles à climat plus doux d'où ils étaient originaires (le moa, l'aigle de Haast, la weta...), de nouveaux fruits, poissons et produits de la mer. Ils introduisent le chien et le rat polynésien (« kiore »), le taro, la variante de patate douce appelée kumara, le mûrier à papier et l'épinard hawaïen.

James Belich dresse le résumé suivant de l'histoire de la Nouvelle-Zélande avant la venue des Européens. Arrivés au XIe siècle, les Maori occupent d'abord une petite colonie dans le nord. Aux XIIe et XIIIe siècles, la population néo-zélandaise n'est toujours que de quelques centaines, mais commence à se subdiviser et à se disperser, occupant un territoire de plus en plus important. Aux XIVe et XVe siècles, la population s'accroît, atteignant finalement des dizaines de milliers, et le gibier, surexploité, est menacé d'extinction. Le moa disparaît vers l'an 1500. La chasse ne pouvant plus être maintenue en mode de subsistance essentiel, les populations maori s'adaptent. La démographie se stabilise. Les communautés deviennent davantage sédentaires, et se structurent en unités socio-économiques, les iwi. C'est le début de « l’ère tribale », qui dure du XVIe et XVIIIe siècles.

Les iwi (tribus) se divisent en hapu (clans) qui peuvent se disputer ou se combattre, mais coopèrent en cas d'hostilité de la part d'un autre iwi à l'encontre du leur. Les hapu, comportant jusqu'à plusieurs centaines de personnes, sont eux-mêmes divisés en whanau (parentèle), aujourd'hui un concept culturel encore très respecté des Maori et à la base de la structure de leur société. Les iwi et hapu pouvaient se modifier sous l'effet des conflits (particulièrement sur les ressources exploitables), de l'élargissement ou diminution du nombre de membres, des fusions... Leurs noms pouvaient venir d'un illustre ancêtre (femme ou homme), un événement marquant dans leur histoire, voire du nom des chefs des groupes ayant décidé de resserrer leurs liens et de fusionner.

Le passé n'était pas méconnu chez les Maori. Leur histoire était préservée de manière orale, à travers des récits et des chants. Les experts en généalogie (whakapapa) pouvaient (et peuvent) réciter la liste des ancêtres d'un whanau, d'un hapu ou d'un iwi et remonter ainsi des centaines d'années, jusqu'aux ancêtres fondateurs, dont on disait qu'ils étaient venus de Hawaiki. Cette connaissance des lignées ancestrales avait des visées pratiques. D'une part, elle définissait l'appartenance à la communauté. Les Ngāi Tahu, par exemple, sont par définition le peuple qui a pour ancêtre Tahupōtiki. D'autre part, elle permettait à un individu ou à un groupe d'hériter le mana d'ancêtres renommés. Enfin, elle servait de preuve en matière de revendication foncière : la terre d'un iwi est celle de ses ancêtres.

 

Les premiers explorateurs Européens

Les premiers explorateurs européens qu'on sait avoir abordé la terre néo-zélandaise sont Abel Tasman, qui arrive de Batavie en 1642, et son équipage (dont Franz Jacobszoon Visscher, pilote-major, et Isaac Gilsemans, qui fera les premiers dessins de la Nouvelle-Zélande), sur les navires Heemskerck et Zeehaen. Plusieurs d'entre eux sont tués par des Māori le 19 décembre de la même année, dans ce qui est aujourd'hui la baie Golden, que Tasman appellera Moordenaers Bay (« Baie des Assassins »). Quelques jours après leur mort, Tasman écrira dans son journal que c'étaient « de très belles terres » ; ils auraient vu, entre autres régions, les Alpes du Sud. Ils s'arrêtent à l'île d'Urville, où Tasman se doute de l'existence du détroit de Cook, mais doit renoncer à explorer les environs en raison du mauvais temps.

Aucun autre Européen ne visite la Nouvelle-Zélande jusqu'au voyage de 1768-1771 du capitaine James Cook à bord de l'Endeavour. Envoyé par le gouvernement britannique, il arrive en 1769 et cartographie presque toute la côte en prenant soin de décrire en détail les terres qu'il explore, que ce soit en Australie ou en Nouvelle-Zélande, pour une éventuelle colonisation. Ces cartes très détaillées seront longtemps utilisées par les explorateurs. Joseph Banks l'accompagnera et dessinera la faune et flore du pays avec Daniel Solander, botaniste, et plusieurs autres dessinateurs.

Cook retournera à deux reprises, utilisant la Nouvelle-Zélande comme base pour ses explorations de la côte australienne une fois compris que la Nouvelle-Zélande ne faisait pas partie du continent Terra Australis Incognita. Ayant l'esprit plus ouvert à propos des autochtones des pays qu'il visita, que la plupart de ses concitoyens, essayant de communiquer avec eux, il les présentera à ses supérieurs comme « les possesseurs naturels et légaux des terres qu'ils habitent ».

Sur les traces de Cook, on trouve George Vancouver et William Broughton qui partent ensemble à bord des navires Discovery et Chatham ; Vancouver découvrira les îles Snares et Broughton les îles Chatham en novembre 1791. En février 1793, l'Italien Alessandro Malaspina, commandant d'une expédition espagnole de deux navires, explorera un peu la région, mais dressera peu de cartes. 1820 voit l'arrivée de Fabian von Bellingshausen, commandant deux navires russes, Mirny et Vostok, et qui s'arrêtera à Queen Charlotte Sound avant de continuer vers sa destination, l'Antarctique. Les Français seront également présents dans la région, De Surville la même année que Cook (il rencontrera beaucoup de difficultés et accidents et tuera des Maori), Du Fresne (au début en bons termes avec les Maori, mais la fin de l'expédition se soldera par un massacre d'Européens et de Maori), D'Entrecasteaux, Duperrey et D'Urville.

Il sera suivi par de nombreux navires de chasse à la baleine, et au phoque, ainsi que de divers marchands. Ils échangeaient des produits et des vivres européens, particulièrement des outils métalliques et des armes, contre du bois, des vivres, des artefacts et de l'eau des Māori. Parfois les Européens échangèrent leurs produits contre des relations sexuelles. Chez les Māori, l'agriculture et la guerre furent transformées par l'arrivée de la pomme de terre et du mousquet, les Guerres des mousquets qui en résultèrent cessèrent quand ces armes furent plus équitablement réparties parmi les Māori. Les missionnaires chrétiens arrivent en Nouvelle-Zélande au début du XIXe siècle, convertissant progressivement la population māori, mal soutenue par leur foi face à l'invasion de la civilisation occidentale et les maladies européennes pour lesquelles ils n'avaient pas d'immunité.

Les iwi deviennent peu à peu plus importants que les hapu, car moins nombreuses et donc plus faciles à gérer pour les Européens, et partout en Nouvelle-Zélande, les Maori se déplacent, certains pour profiter du commerce avec les Européens et d'autres pour les éviter.

 

Le Traité de Waitangi

De 1788 à 1840, les îles de Nouvelle-Zélande font officiellement partie de la Nouvelle-Galles du Sud (Australie). Se rendant compte du caractère désordonné de la colonisation européenne en Nouvelle-Zélande et de l'intérêt croissant de la France pour ce territoire, le gouvernement britannique envoie William Hobson proclamer la souveraineté britannique et négocier un traité avec les Māori. Le Traité de Waitangi est signé dans la Bay of Islands le 6 février 1840. Ce traité est écrit rapidement et dans la confusion ; on se dispute encore sur la traduction du document en māori. Le traité est vu comme l'acte fondateur de la Nouvelle-Zélande en tant que nation et comme la charte garantissant les droits des Māori.

En 1839 la population totale non-Maori était de 2 000 personnes ; en 1852 elle était de 28 000. À partir de 1840, un nombre grandissant de colons européens émigrent en Nouvelle-Zélande, encouragés par les efforts de la New Zealand Company, qui fondera Wellington un peu avant la signature du Traité ; dans les deux années qui suivent sont fondées Wanganui, Nelson, et New Plymouth. Otago sera fondé en 1848 et Christchurch en 1850. Dans les années 1850 la plus grande partie de l'intérieur de l'île du Nord était connue des Européens ; on attendra les années 1860 et l'arrivée des orpailleurs pour connaître la géographie de l'île du Sud. Deux-tiers des immigrants viendront du sud de l'Angleterre ; peu de personnes d'autres nationalités y émigreront : 281 Allemands à Nelson en 1843-44, 100 Français à Akaroa en 1840, des Écossais (particulièrement de Glasgow et Édimbourg) en Otago... Moins de 2 % viendront d'Irlande.

Au début les Māori se lancent avec enthousiasme dans le commerce avec ceux qu'ils appelaient « Pākehā », et de nombreux iwi (tribus) deviennent riches. Mais les conflits se multiplient avec l'augmentation du nombre de colons, pour aboutir aux Guerres néo-zélandaises des années 1860 et 1870, qui provoquent la perte de beaucoup de terres par les Māori. Le mouvement Kīngitanga, qui établit une monarchie māori pan-tribale et autonome en 1857, principalement dans la région du Waikato, subsiste tant bien que mal face à l'extension de l'autorité coloniale. Le mouvement est affaibli par sa défaite en 1864, pendant la Guerre du Waikato, mais ne disparaît jamais totalement. Le détail et l'interprétation de la colonisation européenne et de l'acquisition des terres māori demeurent aujourd'hui controversés. Globalement, la population maori passera de 80 000 à 42 000 personnes entre les années 1840 et 1891.

 

De l'autonomie à l'indépendance

En 1854, le premier Parlement de Nouvelle-Zélande, établi par le Parlement britannique, à travers la New Zealand Constitution Act de 1852, conduit le pays vers une autonomie partielle, et vers la fin du siècle, elle sera entièrement autonome. Cette période verra une explosion démographique, puisqu'en 1870 la population non-Maori atteindra 250 000 alors qu'en 1853 elle était de 30 000.

 

De 1891 à 1912, le Parti libéral (progressiste) est au pouvoir. Il introduit des mesures sociales sans précédent, conférant au pays l’appellation de « laboratoire social du monde ». En 1893, la Nouvelle-Zélande est le premier pays à donner le droit de vote aux femmes. En 1894, la loi Industrial Conciliation and Arbitration Act vise à permettre l'arbitrage des conflits sociaux. En 1898, elle introduit l'épargne retraite. En 1901, elle établit un département de la Santé. C'est également au sein de ce gouvernement que l'élite politique maori accède pour la première fois à des postes de haute responsabilité ; le député maori James Carroll, Ministre des Affaires indigènes de 1899 à 1912, exerce brièvement les fonctions de Premier ministre en 1909 et en 1911 (remplaçant le Premier ministre Joseph Ward lorsqu'il est absent).

La Nouvelle-Zélande devient un Dominion indépendant en 1907 et le pays est entièrement souverain en 1947 lors de la ratification du Statut de Westminster de 1931 ; en pratique le Royaume-Uni avait cessé depuis longtemps de jouer un quelconque rôle dans la politique du pays. Plus elle devenait indépendante politiquement, plus elle le devenait aussi économiquement : dans les années 1890, la réfrigération dans le transport des produits commerciaux permet à la Nouvelle-Zélande de fonder toute son économie sur l'exportation de la viande et de produits laitiers vers le Royaume-Uni.

La Nouvelle-Zélande est un membre enthousiaste de l'Empire colonial britannique, envoyant des hommes lutter dans la Seconde Guerre des Boers et la Première et Seconde Guerre mondiale ; elle le soutient également lors de la crise du canal de Suez. Le pays fait partie de l'économie mondiale et souffre comme les autres pendant la Grande Dépression des années 1930. Cette dépression mène à l'élection du premier gouvernement travailliste, qui établit un État-providence et une économie protectionniste.

La Nouvelle-Zélande entre dans une période de prospérité grandissante après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, certains problèmes sociaux se développent en même temps. Les Māori commencent à migrer vers les villes et abandonnent peu à peu leur mode de vie traditionnel : en 1936, 83 % habitaient en région rurale et 17 % en ville ; en 1986, les pourcentages étaient presque inversés avec 80 % des Maori en ville. La jeunesse maori n'ayant connu que la ville, se sentait détachée de leur culture et de leur famille, isolée dans la pauvreté urbaine, et se rebella en créant et rejoignant des gangs, mais aussi des groupes culturels, de soutien et d'éducation sur la culture maori pour accompagner tous ceux voulant reconnecter avec leurs origines. On construira des marae urbains ouverts à tous, Maori ou Pakeha.

Le mouvement de protestation māori se forme, critiquant l'eurocentrisme et cherchant une meilleure reconnaissance de la culture māori et du traité de Waitangi, qu'ils considéraient trahi. En 1975 est créé le Tribunal de Waitangi, qui enquête sur les violations du traité dès 1985. Comme dans les autres pays développés, les mœurs et le comportement politique changent pendant les années 1970 ; le commerce avec le Royaume-Uni est fragilisé par son adhésion à la Communauté européenne.1

 

Régulation et État-Providence

L'économie-zélandaise a une histoire marquée par la régulation, le protectionnisme et les subventions. Cette politique interventionniste débute dans la première moitié du XXe siècle, quand le premier gouvernement conservateur, puis le premier gouvernement travailliste introduisent un système de sécurité sociale qui a pour l'époque un champ d'application très large (des pensions de retraite aux assurances chômages en passant par la gratuité scolaire et l'assurance maladie couverte par l'État, tout en réglementant l'industrie et les importations et obligeant l'appartenance à un syndicat. Cette tendance à la régulation est acceptée par les deux principaux partis politiques (Labour, parti travailliste et le National, parti conservateur) jusque dans les années 1950, bien que des critiques pointent les effets négatifs de ces politiques sur l'économie générale et prétendent qu'elles sont la source de l'émigration des néo-zélandais.

Dans les années 1960, la Nouvelle-Zélande subit des difficultés économiques. Fortement dépendante du commerce vers son ancienne métropole, le Royaume-Uni, la part des exportations totales vers ce dernier chute de 39 % entre 1955 et 1973.

 

De 1975 à 1984 : le déclin économique

Marquée par l'abandon du commerce extérieur avec le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande subit aussi de plein fouet les chocs pétroliers de 1973 et de 1979. Même si la Nouvelle-Zélande dispose de petites réserves d'hydrocarbure, elle est confrontée à un anéantissement de sa croissance économique. Des mesures draconiennes d'économie d'énergie sont prises : suspension de vente d'essence les week-ends, les journées sans automobile ou la limitation de la vitesse à 80 km/h. Le taux d'inflation atteint 18 % en 1976. Le système de retraites est modifié, entraînant un mécontentement populaire. La balance commerciale est largement déficitaire en 1975. Le gouvernement en place, mené par Bill Rowling tente de combler ce déficit et de subventionner l'économie par la dette.

Face aux échecs successifs des deux gouvernements travaillistes de Norman Kirk et Bill Rowling pour redresser l'économie, Robert Muldoon, conservateur, est élu en 1975. Au début des années 1980, Muldoon lance la politique interventionniste du Think Big. Le Think Big ("Penser grand") est un plan de relance visant à financer des grands travaux (transformation du gaz naturel en essence synthétique, construction de barrage hydroélectrique et d'usines afin de diversifier l'économie néo-zelandaise par l'émergence du secteur secondaire. Souhaitant réduire l'inflation, le gouvernement Muldoon gèle les salaires, établit le contrôle des prix malgré le scepticisme régnant chez les économistes. Afin d'équilibrer le commerce extérieur néo-zelandais, il augmente les taxes sur les importations. Il refuse jusqu'à la fin de son mandat de dévaluer le dollar néo-zélandais, ce qui mènera à la crise constitutionnelle néo-zélandaise de 1984. Si le Think Big permet la création d'infrastructures énergétiques durables et encore utilisées aujourd'hui, la politique économique de Muldoon est un échec et la situation du pays n'est pas améliorée à son départ, en 1984 : 130 000 chômeurs, baisse de la croissance économique et inflation atteignant 12 %.

 

De 1984 à 1990 : la libéralisation

C'est dans ce cadre de difficultés économiques que les travaillistes prennent le pouvoir avec une large majorité en 1984. Le premier ministre David Lange s'entoure de jeunes politiciens, dont Roger Douglas en tant que ministre des finances. Le gouvernement lance alors une politique de libéralisation de l'économie dans un pays où l'implication de l'État est habituellement beaucoup plus importante que dans d'autres pays occidentaux. Le premier budget proposé par le gouvernement Lange inclut notamment une baisse significative de l'impôt sur le revenu. Le poids des impôts directs sur la masse salariale passe de 66 à 33 %. Les taxes à l'importation protégeant les agriculteurs néo-zélandais de la concurrence sont supprimées. Des entreprises publiques sont privatisées (c'est notamment le cas de la compagnie aérienne Air New Zealand en 1989). Un accord de libre-échange est signé avec l'Australie en 1990. Des économies sont faites en remodelant la sécurité sociale néo-zelandaise à l'aide de coupes budgétaires substantielles. Les subventions dans plusieurs domaines (notamment agricole) sont entièrement supprimées et des missions ministérielles sont sous-traitées par des entreprises privées. Cette libéralisation massive fait aujourd'hui de la Nouvelle-Zélande l'un des pays les plus libéraux au monde. Ces mesures orientent la Nouvelle-Zélande d'une économie agraire dépendant du marché britannique vers une économie de marché libre diversifiée et ouverte sur le monde. De 1984 à 1990, l'inflation passe de 12% à 3%.

Ces mesures seront appelées Rogernomics et Ruthanasia. Par la suite, des systèmes de chèques éducation sont créés, les effectifs de l'administration publique sont réduits de 66 %. La part de l'État dans le PIB passe de 44 % à 27 % et la dette publique passe de 63 % à 17 % du PIB. Les syndicats perdent leur exemption d'impôts et les travailleurs ne sont plus forcer d'y adhérer, les textes de loi sont simplifiés. La productivité augmente, le déficit budgétaire est réduit (9 % à 2 % du PIB). La croissance économique reste cependant relativement faible et le chômage est élevé à cause de faillites courantes d'entreprises trop fragiles ou dépendantes des subventions. Si le gouvernement travailliste de David Lange est désavoué aux élections de 1987, donnant la place à un gouvernement conservateur mené par Jim Bolger, ce dernier continue à privatiser les entreprises publiques et à réduire la sécurité sociale. Il est aisé de rapprocher et de comparer les politiques similaires de Roger Douglas et Margaret Thatcher au Royaume-Uni.

Entre 1984 et 1999, les mesures économiques sont à l'origine de problèmes sociaux majeurs : le taux de suicide des jeunes augmente brusquement jusqu'à rejoindre l'un des plus hauts au monde, le nombre de banques alimentaires augmente, le nombre estimé de néo-zélandais vivant dans la pauvreté augmente d'au moins 35 % entre 1989 et 1992, et les soins de santé se détériorent, menant à une baisse significative des standards de santé parmi les ouvriers et les néo-zélandais de la classe moyenne.2

 

 

L'exemple à suivre qui est un modèle à fuir

Par André Lévesque. Mars 2001.

La Nouvelle-Zélande est l’enfant chéri des apôtres du néolibéralisme. Elle a privatisé plus tôt un plus grand nombre d’entreprises d’État que n’importe quel autre pays. Ce n’est pas la première fois que ce petit pays de quatre millions d’habitants sert de laboratoire. En 1893, il adopta un véritable suffrage universel en accordant le vote aux femmes. En 1996, il instaura un système électoral de représentation proportionnelle mixte. En 1935, le gouvernement travailliste créait un État social qui fit de la Nouvelle-Zélande « the social laboratory of the world ».

J’ai vécu à Dunedin, ville de l’Île du Sud de moins de 100 000 habitants, de 1970 à 1978, quand l’État social faisait encore la fierté de la grande majorité de la population. Aujourd’hui, il n’en reste à peu près rien.

C’est qu’en 1986, le pays, sous la férule du gouvernement travailliste et de son ministre des Affaires étrangères et du Commerce Michael Moore, futur directeur général de l’OMC, et du ministre des Finances, Roger Douglas, élève de Milton Friedman à Chicago, embrassa une idéologie qualifiée de nouvelle droite et des politiques maintenant connues sous le terme « rogeromics », soit une libéralisation radicale endossée par les travaillistes et poursuivie avec enthousiasme par le Parti National.

Les biens publics furent vendus aux enchères, le contrôle des investissements, des devises, des importations, en somme une profonde restructuration de l’économie imposa partout les lois du marché. Les chemins de fer allèrent à une compagnie du Wisconsin, l’électricité passa à la compagnie canadienne TransAlta, Bell Atlantic et Ameritech prirent le contrôle de NZ Telecom et les banques sont maintenant surtout australiennes. On pourrait poursuivre la litanie des mines, des forêts, des hectares de terre qui passent chaque année aux étrangers.

 

Plus on est prospère, plus on bouffe « mondial »

Les apologistes du néolibéralisme ne manquent pas de souligner les conséquences positives de la réorientation économique du pays et le contrôle de l’inflation, la croissance du PIB, l’ouverture aux produits de consommation de tous les coins de la terre.

Il est vrai que les classes moyenne et supérieure sont plus prospères que jamais. Les restaurants offrent une gastronomie des plus cosmopolite. George Street, la rue principale de Dunedin, a été reconstruite par la main invisible du marché. Là où il y a vingt ans presque tous les commerces appartenaient à des intérêts néo-zélandais, aujourd’hui Starbuck fait face à McDonald’s, une boutique Esprit côtoie un restaurant japonais, mon petit libraire a été remplacé par une chaîne américaine et, chose inouïe il y a quinze ans, on peut même croiser de grosses voitures allemandes. Dans une culture globale de la consommation, les gens ont le « choix » d’acheter ce qu’ils veulent. S’ils en ont les moyens.

 

Think Big : des gros riches, des grands pauvres

Tous ne peuvent pas se permettre la panoplie de marchandises étalées dans les vitrines. Comme partout ailleurs, l’ouverture des marchés et l’abandon des contrôles ont créé des inégalités. La Nouvelle-Zélande a déjà été un des pays les plus égalitaires. Ce n’était pas tout à fait un pays sans classe et des noyaux de pauvreté existaient – en particulier dans la population maorie, mais l’écart entre les plus riches et les plus démunis était moins prononcé qu’ailleurs et les services sociaux empêchaient une trop grande pauvreté.

Depuis 1984, seul le cinquième supérieur de la population a vu ses revenus réels augmenter et 80 % de la population a éprouvé une perte réelle de revenus et les 20 % à la base de la pyramide n’obtiennent que 3 % des revenus. Car depuis l’inauguration des réformes, le rythme de croissance a été inférieur à celui des membres de l’OCDE. Malgré les promesses de prospérité que devaient apporter les privatisations, l’économie a subi une dépression en 1991-1993 et une autre depuis 1998.

 

À chacun son resto ou sa banque alimentaire

Il n’y parait rien au cœur de la capitale Wellington où sont absents mendiants et « squeegees », car dans la ville qui s’étend en toute splendeur devant le détroit de Cook se concentrent les plus hauts revenus par habitant grâce aux corps diplomatiques et à la présence de la fonction publique. Dans les banlieues maories et ouvrières de Lower Hutt ou de Porirua, la situation est tout autre et les effets du chômage sont évidents. Point pour eux les quelques 193 restaurants de Wellington. C’est pour ces habitants de banlieue que, chose inexistante avant 1984 car le besoin ne se faisait pas sentir, on a dû créer des banques alimentaires qui distribuent aux chômeurs comme aux travailleurs à faible salaire des millions de dollars de nourriture chaque année.

 

Le syndicalisme obligatoire n’est pas un syndicalisme libre

Les taux de chômage, avant la restructuration, étaient ridiculement bas 0 à 4 %, on s’inquiétait sérieusement en 1983. Depuis cette date, il n’a fait qu’augmenter pour dépasser les 10 % et se situer aujourd’hui autour de 7 %. Le crash financier de 1987 fut catastrophique et le gouvernement choisit de couper dans les services sociaux en 1991, quand le pays entrait dans sa pire dépression depuis les années 1930. La sécurité d’emploi est chose du passé et les syndicats ont perdu beaucoup de leur pouvoir.

La nouvelle droite a aboli le syndicalisme obligatoire qui prévalait depuis des décennies et a instauré une « liberté de contrat » pour privilégier les accords individuels plutôt que les conventions collectives. Ce bouleversement dans les relations de travail a fait des employeurs les enfants gâtés du gouvernement pendant les années 90 et s’est traduit par l’effondrement de syndicats comme ceux des cols bleus ou des employéEs de magasin. Un mouvement ouvrier affaibli ne peut rien contre le remplacement des emplois permanents par des contrats de courte durée ou par le travail à temps partiel. Et, en toute logique néo-libérale, alors que le chômage augmentait et que les emplois se précarisaient, le gouvernement privatisait les logements sociaux, la médecine et l’éducation.

Comme le constate Sukhi Turner, maire de Dunedin, la mondialisation a apporté à la Nouvelle-Zélande la perte d’entreprises, d’emplois, d’opportunités pour les jeunes, ainsi qu’une détérioration de l’environnement, une augmentation de la violence familiale et des problèmes sociaux, en somme un changement de mentalité et une société darwinienne où domine la survie des plus aptes dans un pays dépossédé.

 

Le prix de la pire transnationale

Il y a eu depuis le début une opposition continue mais impuissante aux réformes néolibérales d’abord du parti de l’Alliance, une coalition formée surtout de dissidents travaillistes opposés aux réformes, et du Parti Vert, ainsi que de la société civile, des syndicats, des groupes tels CAFCA, Campaign Against Foreign Control of Aotearoa, ou GATT Watchdog. Chaque année, ces deux organisations décernent le Prix Roger pour la pire transnationale en Nouvelle-Zélande. La compagnie américaine TransRail, la compagnie albertaine TransAlta et le producteur de semences transgéniques Monsanto se sont méritées cet honneur.

Depuis 1999, un gouvernement de coalition élu à la proportionnelle tente de renverser la vapeur ou au moins de freiner les dégâts avec plus ou moins d’ardeur selon les partis. Selon Phillida Bunkle, ministre des Affaires aux consommateurs et de l’Environnement, la volonté fait souvent défaut au parti travailliste qui domine le parlement, ce qui n’est pas étonnant puisque c’est lui qui a instauré les politiques de restructuration pendant les années 1980. Le parti de l’Alliance, à sa gauche, et les Verts, avec leurs quatre députés, sont des fervents partisans d’un retour à l’État keynesien.

 

Il ne reste plus rien à privatiser

Depuis son élection, le gouvernement de centre-gauche a adopté des mesures qui ne font que freiner l’élan néolibéral alors qu’il ne reste plus rien à privatiser et à réparer, tant que faire se peut, quelques pots cassés comme les loyers sociaux ou certains services de santé. Il était beaucoup plus facile et rapide de vendre le pays que de réparer les conséquences de la main mise de l’entreprise privée, souvent étrangère, sur l’économie.

Tous ceux qui seraient tentés par la mondialisation néolibérale devraient se pencher sur le cas néo-zélandais, un modèle à ne pas imiter.

 

Qui s’instruit s’endette

La Nouvelle-Zélande était pionnière dans le domaine de la médecine socialisée. Les soins hospitaliers et les médicaments étaient pris en charge par l’État, et le pays pouvait se vanter des plus bas taux de mortalité infantile et maternelle. On a réorienté les services vers les consommateurs et ceux qui peuvent payer obtiennent les meilleurs soins. Parallèlement aux hôpitaux et aux cliniques publiques foisonnent les institutions privées.

Ainsi, d’une part on a créé des maternités privées pour les femmes qui viennent d’accoucher, alors que d’autre part des hôpitaux publics congédient les mères six heures après l’accouchement. Régis par le marché, les bureaux régionaux de santé doivent acheter différents services au moindre coût. Pour offrir plus de services, ils doivent couper dans le personnel, remplacer les permanentes par des contractuelles et les contractuelles par des bénévoles.

 

Une médecine de consommation de soins

Les coupures dans le domaine de l’éducation rivalisent avec celles dans celui de la santé. Je me souviens des années où les étudiantEs recevaient une allocation pendant leurs études universitaires en autant que les notes se maintenaient à un certain niveau. Cela permettait de payer le loyer et même de se nourrir. Les réformes ont aboli ces extravagances et imposé des frais de scolarité qu’aucunE étudiantE ne peut acquitter sans s’endetter pour des années à venir pendant que les paiements seront déduits de leur salaire.3

 

 

La Nouvelle-Zélande aujourd'hui

Le cinquième gouvernement travailliste, dirigé par Helen Clark, arrive au pouvoir en 1999. Il maintient les grands principes de l'action des précédents gouvernements (peu d'intervention publique dans l'économie) mais infléchit sa politique vers plus d'action sociale. Ainsi, la protection des travailleurs a été renforcée, les prêts aux étudiants réformés. Le gouvernement Clark est resté au pouvoir pendant neuf ans, jusqu'en 2008. Le conservateur John Key lui succède.

La Nouvelle-Zélande continue d'entretenir avec le Royaume-Uni des liens informels mais puissants. Nombreux sont les jeunes néo-zélandais qui partent, du fait de conditions avantageuses d'obtention des visas, au Royaume-Uni pour quelque temps à la fin de leurs études. Malgré l'assouplissement des règles d'immigrations dans les années 1980, les personnes d'origine britanniques restent la première source de migrants vers la Nouvelle-Zélande.

En 2003, une cour suprême néo-zélandaise remplace les juridictions héritées des britanniques.

La politique étrangère de la Nouvelle-Zélande cherche à rester indépendante. Ainsi, elle a envoyé des troupes en Afghanistan en 2001 mais pas en Irak en 2003.

Aujourd'hui, l'économie de la Nouvelle-Zélande étant moins forte que celle de l'Australie et d'autres nations développées, on voit une fuite des cerveaux de jeunes Néo-Zélandais vers l'Australie en particulier (35 300 de septembre 2006 à septembre 2007), mais aussi le Royaume-Uni et d'autres pays anglophones ; c'est également le cas des Maori. Dans la même période, on a vu 13 579 Australiens migrer en Nouvelle-Zélande.4

 

 

Au-delà du rugby, les sombres secrets des Maoris

Un pays vert et tranquille ? Oubliez cette image idyllique. La Nouvelle-Zélande abrite aussi des gangs maoris qui se nourrissent de violences et prospèrent sur fond d’inégalités.

 

L’après-midi touche à sa fin à Wairoa, petite ville rurale de la région de Hawke’s Bay. Dans le parc, plusieurs dizaines d’adolescents font des pompes, histoire de s’échauffer pour leur entraînement de rugby. Une scène qui contraste fortement avec les événements survenus quelques jours plus tôt, à l’issue d’un match de championnat, lorsque les membres d’un gang maori, le Mongrel Mob [Bande de bâtards], ont sorti un fusil à canon scié et tiré en l’air. Il n’y a pas eu de blessés mais l’incident, apparemment provoqué par la présence dans les tribunes d’un gang rival, le Black Power [Pouvoir noir], a terrorisé le public, essentiellement familial. Ces événements pourront sembler incongrus dans une ville de 4 000 habitants ; mais la Nouvelle-Zélande possède une culture de gangs bien établie. C’est là une face du pays que les fans de rugby ont peu de chances de découvrir. Si elle demeure en général confinée dans l’ombre – et en ce sens les coups de feu de Wairoa étaient inhabituels –, elle reflète les aspects les moins reluisants d’un pays perçu comme propre, vert et sûr.

 

Présents dans tout le pays

Les gangs prospèrent dans des zones où vit une forte population de Maoris et de personnes originaires des îles du Pacifique, avec une criminalité, une pauvreté et un taux de chômage élevés. Les Maoris, particulièrement, se situent au bas de l’échelle socio-économique de la Nouvelle-Zélande. Ils sont aussi largement responsables des taux consternants de violence conjugale et de maltraitance des enfants – les “sombres secrets” du pays, pour reprendre les mots de Silvia Cartwright, qui fut [de 2001 à 2006] gouverneur général [chef de l’État, celui-ci représente la reine Élisabeth II, reine de Nouvelle-Zélande]. Les gangs sont présents dans toute la Nouvelle-Zélande, y compris dans les petites communautés rurales. Wairoa est un bastion du Mongrel Mob. Frasertown, huit kilomètres au nord, fait partie du territoire du Black Power. Ces deux gangs – ennemis irréductibles à majorité maorie – ont une réputation de sauvagerie et un passé de meurtres, de viols collectifs et de “vengeances” impitoyables. Ces derniers temps, toutefois, les gangs ont tenté de redorer leur blason : certains chefs ont renoncé à la violence et prêchent les valeurs qui ont cours dans le reste de la société. Le problème, c’est que tout le monde n’entend pas le message. Et à Wairoa les gens en ont plus qu’assez. “C’est comme à OK Corral, confie un cafetier. On a eu deux morts par balle et trois personnes défigurées, et tout ça rien que l’année dernière.”

Le Mongrel Mob et le Black Power sont les plus grands et les plus redoutés des gangs maoris. Ils se sont constitués quand cette population a émigré en masse vers les villes, après la guerre. Plus tard, les réformes économiques radicales menées en Nouvelle-Zélande dans les années 1980 ont engendré un chômage à grande échelle qui a principalement touché les Maoris. Les adultes se sont trouvés arrachés à leurs racines et à leur culture, confrontés à l’aliénation et à la discrimination, et les familles se sont effondrées. L’absence des pères est devenue courante et une épidémie d’alcoolisme, de drogue et de violence conjugale s’est propagée. Pour les jeunes, les gangs masculins sont devenus une sorte de famille de substitution. Porte de sortie, ils offrent un statut, une protection et même une carrière à travers la vente de drogues. La violence qui y règne s’est déversée en retour dans les foyers. Les femmes néo-zélandaises subissent le taux de violence conjugale le plus élevé du monde développé et le taux d’infanticide est aussi l’un des plus importants de l’Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE].

Bruno Isaac, un ancien chef du Mongrel Mob, a écrit un livre sur ce gang, intitulé True Red [Vrai Rouge, d’après la couleur du gang]. L’ouvrage déborde d’histoires épouvantables. “Les femmes devaient nous faire notre kai [repas] et nous donner du plaisir – ce n’étaient que des objets, de la viande qu’on pouvait consommer, puis recracher”, écrit-il. Pour obtenir le patch, le droit de porter l’emblème du gang sur ses vêtements ou de se le faire tatouer, les recrues devaient réussir des épreuves, par exemple “boire de l’urine et des excréments dans une botte en caoutchouc, violer quelqu’un ou se battre contre trois types à la fois”.

 

Modèle spécial gangs ?

Selon Rex Timu, président de la branche du Mongrel Mob de Hastings, près de Napier, la guerre des gangs de Wairoa trouve son origine dans un différend très ancien entre tribus ennemies, dont la nature exacte est tombée dans l’oubli. Des cousins, voire des frères, peuvent appartenir à des gangs rivaux. Greg Newbold, un spécialiste en criminologie de l’université de Canterbury, attribue la violence à la glorification de l’“esprit guerrier” maori qui s’illustre dans le haka, ou danse de guerre, que les All Blacks dansent avant chaque match. “La culture du guerrier est très puissante dans leur mentalité, affirme-t-il, et les Maoris glorifient toujours la domination masculine et le machisme.” Jim Anglem, du Centre de recherche sur la violence, n’est pas de cet avis. Les femmes et les enfants étaient vénérés dans la société maorie traditionnelle, rappelle-t-il. De plus, il n’y avait pas de signe de violence familiale chez les Maoris entre les années 1950 et 1970. Les familles maories de la classe moyenne n’étant pas plus violentes que les familles européennes, ce qui atteste que ce sont les facteurs socio-économiques qui sont essentiels.

Mane Adams, président de la branche du Black Power à Napier, veut croire que la nouvelle approche [lutte contre le trafic de drogues de synthèse, réunions avec la police et les autorités locales] séduit 70 % des membres de son gang. “Le temps d’un changement de paradigme est arrivé.” 5

 

 

Un acte barbare dans un monde barbare

Le 15 mars 2019, Brenton Tarrant a tué au fusil d’assaut 50 personnes et en a blessé 39 autres, dans deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, visant ainsi spécifiquement des musulmans, hommes, femmes ou enfants.

Le tueur a diffusé en direct, caméra vissée au casque, l’ensemble du massacre sur Facebook. Une fois arrêté par la police, non seulement il n’a pas nié en être l’auteur, mais il l’a même revendiqué fièrement.

Originaire d’Australie, l’assassin avait choisi délibérément la Nouvelle-Zélande pour sa réputation de pays tranquille, peuplé de seulement cinq millions d’habitants. Il s’agissait de montrer, selon ses propos, « qu’aucun endroit au monde n’est épargné » par une prétendue invasion musulmane.

Dans les minutes précédant son acte, Tarrant avait mis en ligne un texte dans lequel il annonçait ce qu’il comptait faire et en expliquait les motivations. On y retrouve tout le galimatias qui sert d’idéologie aux apprentis fascistes d’hier et d’aujourd’hui, du racisme le plus stupide à la théorie délirante du « grand remplacement », le tout parsemé de références aux nazis et à leurs symboles, voire d’allusions bienveillantes envers Trump ou Le Pen. Et c’est sans compter les témoignages d’admiration pour Anders Breivik, ce militant d’extrême droite norvégien qui, en juillet 2011, tua plus de 70 participants d’un camp de la jeunesse du Parti travailliste. Tarrant y affirme s’être décidé à passer à l’acte après l’échec de Marine le Pen lors de la présidentielle de 2017.

Celle-ci a condamné l’attentat, et s’est démarquée du tueur. Cela n’empêche que ce dernier se rattache par mille liens à l’extrême droite dont elle est, avec d’autres, une des représentantes. La montée de l’extrême droite dans le monde, son arrivée au pouvoir dans plusieurs pays, ne peut qu’encourager les membres les plus déterminés, ou les plus délirants, de ses troupes à passer à l’action. D’autant que, par calcul électoral, bon nombre de gouvernements, en menant la chasse aux immigrés, alimentent ces courants politiques. Le gouvernement australien, pour ne citer que le pays dont est originaire le tueur, renvoie ainsi systématiquement les réfugiés dans des camps situés sur des îles à plus de 3 000 km de ses côtes.

Brenton Tarrant se sert des attentats commis en Europe en 2015 et 2016 pour expliquer le massacre qu’il a commis. Mais tout simplement, son terrorisme se place dans la continuité des guerres et des massacres que produit sans cesse le monde impérialiste.6

 

 

Sources

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Nouvelle-Z%C3%A9lande
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_de_la_Nouvelle-Z%C3%A9lande
(3) Andrée Lévesque http://archives.lautjournal.info/autjourarchives.asp?article=346&noj=197
(4) https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelle-Z%C3%A9lande
(5) Kathy Marks http://www.courrierinternational.com/article/2011/10/06/au-dela-du-rugby-les-sombres-secrets-des-maoris
(6) Jacques Le Gall https://journal.lutte-ouvriere.org/2019/03/20/nouvelle-zelande-un-acte-barbare-dans-un-monde-barbare_118143.html