De la Carthage punique à la Carthage romaine
L’entrée de la Tunisie dans l’histoire se fait par l’expansion d’une cité issue d’une colonisation proche-orientale. La Tunisie accueille progressivement une série de comptoirs phéniciens comme bien d’autres régions méditerranéennes. Le premier comptoir selon la tradition est celui d’Utique, qui date de 1101 av. J.-C. En 814 av. J.-C., des colons phéniciens venus de Tyr fondent la ville de Carthage1. Selon la tradition la plus couramment admise, Carthage a pris peu à peu l’ascendant sur les cités phéniciennes de la Méditerranée occidentale, avant d’essaimer à son tour et de développer sa propre civilisation. Celle-ci est cependant moins connue que celle de la Rome antique, en raison de la destruction de la cité par l’armée romaine à la fin de la Troisième Guerre punique en 146 av. J.-C., une fin relatée par des sources gréco-romaines qui furent largement et durablement relayées dans l’historiographie.
Cette civilisation résultait du mélange de la culture autochtone, constituée par les Berbères en Afrique, et de la culture qu’apportèrent avec eux les colons phéniciens.2
La fin des guerres puniques marque l’établissement de la province romaine d’Afrique dont Utique devient la première capitale, même si le site de Carthage s’impose à nouveau par ses avantages et redevient capitale. En 44 av. J.-C., Jules César décide d'y fonder une colonie romaine, la Colonia Julia Carthago, mais il faudra attendre quelques décennies pour qu’Auguste lance les travaux de la cité. La région connaît alors une période de prospérité où l’Afrique devient pour Rome un fournisseur essentiel de productions agricoles, comme le blé et l’huile d’olive, grâce aux plantations d’oliviers chères aux Carthaginois.3
La Tunisie devient pendant six siècles le siège d’une civilisation romano-africaine d’une exceptionnelle richesse, fidèle à sa vocation de « carrefour du monde antique ». La Tunisie est alors le creuset de l’art de la mosaïque, qui s’y distingue par son originalité et ses innovations.
Arabisation et islamisation de la Tunisie
Trois expéditions sont nécessaires pour que les Arabes réussissent à conquérir la Tunisie. Dans ce contexte, la conversion des tribus ne se déroule pas uniformément et connaît des résistances, des apostasies ponctuelles ou l’adoption de syncrétismes. L’arabisation se fera de manière plus lente encore.
La première expédition est lancée en 647. L’exarque Grégoire est battu à Sbeïtla, ce qui illustre l’existence de points faibles chez les Byzantins. En 661, une deuxième offensive se termine par la prise de Bizerte. La troisième, menée en 670 par Oqba Ibn Nafi Al Fihri, est décisive : ce dernier fonde la ville de Kairouan au cours de la même année et cette ville devient la base des expéditions contre le nord et l’ouest du Maghreb. L’invasion complète manque d’échouer avec la mort d’Ibn Nafi en 683. Envoyé en 693 avec une puissante armée arabe, le général ghassanide Hassan Ibn Numan réussit à vaincre l’exarque et à prendre Carthage en 695. Seuls résistent certains Berbères dirigés par la Kahena.
Les Byzantins, profitant de leur supériorité navale, débarquent une armée qui s’empare de Carthage en 696 pendant que la Kahena remporte une bataille contre les Arabes en 697. Ces derniers, au prix d’un nouvel effort, finissent cependant par reprendre définitivement Carthage en 698 et par vaincre et tuer la Kahena. Carthage est progressivement abandonnée au profit d’un nouveau port tout proche, Tunis, et les musulmans, fort actifs en Méditerranée occidentale, commencent à razzier la Sicile et les côtes italiennes.
Contrairement aux précédents envahisseurs, les Arabes ne se contentent pas d’occuper la côte et entreprennent de conquérir l’intérieur du pays.
Après avoir résisté, les Berbères se convertissent à la religion de leurs vainqueurs, principalement à travers leur recrutement dans les rangs de l’armée victorieuse. Des centres de formation religieuse s’organisent alors, comme à Kairouan, au sein des nouveaux ribats. On ne saurait toutefois estimer l’ampleur de ce mouvement d’adhésion à l’islam. D’ailleurs, refusant l’assimilation, nombreux sont ceux qui rejettent la religion dominante et adhèrent au kharidjisme, courant religieux musulman né en Orient et proclamant notamment l’égalité de tous les musulmans sans distinction de race ni de classe. La région reste une province omeyyade jusqu’en 750, quand la lutte entre Omeyyades et Abbassides voit ces derniers l’emporter. De 767 à 776, les kharidjites berbères sous le commandement d’Abou Qurra s’emparent de tout le territoire, mais ils se retirent finalement dans le royaume de Tlemcen, après avoir tué Omar ibn Hafs, surnommé Hezarmerd, dirigeant de la Tunisie à cette époque
Aghlabides
En 800, le calife abbasside Hâroun ar-Rachîd délègue son pouvoir en Ifriqiya à l’émir Ibrahim ibn al-Aghlab et lui donne le droit de transmettre ses fonctions par voie héréditaire. Al-Aghlab établit la dynastie des Aghlabides, qui règne durant un siècle sur le Maghreb central et oriental. Le territoire bénéficie d’une indépendance formelle tout en reconnaissant la souveraineté abbasside. La Tunisie devient un foyer culturel important avec le rayonnement de Kairouan et de sa Grande Mosquée, un centre intellectuel de haute renommée.4
À la fin du règne de Ziadet Allah Ier (817-838), Tunis devient la capitale de l’émirat jusqu’en 909. Appuyée par les tribus Kutama qui forment une armée fanatisée, l’action du prosélyte ismaélien Abu Abd Allah ach-Chi'i entraîne la disparition de l’émirat en une quinzaine d’années (893-909). En décembre 909, Ubayd Allah al-Mahdi se proclame calife et fonde la dynastie des Fatimides, qui déclare usurpateurs les califes omeyyades et abbassides ralliés au sunnisme. L’État fatimide s’impose progressivement sur toute l’Afrique du Nord en contrôlant les routes caravanières et le commerce avec l’Afrique subsaharienne. En 945, Abu Yazid, de la grande tribu des Ifrenides, organise sans succès une grande révolte berbère pour chasser les Fatimides. Le troisième calife, Ismâ`îl al-Mansûr, transfère alors la capitale à Kairouan et s’empare de la Sicile en 948. Lorsque la dynastie fatimide déplace sa base vers l’est en 972, trois ans après la conquête finale de la région, et sans abandonner pour autant sa suzeraineté sur l’Ifriqiya, le calife Al-Muizz li-Dîn Allah confie à Bologhine ibn Ziri — fondateur de la dynastie des Zirides — le soin de gouverner la province en son nom. Les Zirides prennent peu à peu leur indépendance vis-à-vis du calife fatimide, ce qui culmine lors de la rupture avec ce suzerain devenu lointain et inaugure l’ère de l’émancipation berbère. L’envoi depuis l’Égypte de tribus arabes nomades sur l’Ifriqiya marque la réplique des Fatimides à cette trahison.
Les Hilaliens suivis des Banu Sulaym — dont le nombre total est estimé à 50 000 guerriers et 200 000 Bédouins — se mettent en route après que de véritables titres de propriété leur ont été distribués au nom du calife fatimide. Kairouan résiste pendant cinq ans avant d’être occupée et pillée. Le souverain se réfugie alors à Mahdia en 1057 tandis que les nomades continuent de se répandre en direction de l’Algérie, la vallée de la Medjerda restant la seule route fréquentée par les marchands. Ayant échoué dans sa tentative pour s’établir dans la Sicile reprise par les Normands, la dynastie ziride s’efforce sans succès pendant 90 ans de récupérer une partie de son territoire pour organiser des expéditions de piraterie et s’enrichir grâce au commerce maritime.
Les historiens arabes sont unanimes à considérer cette migration comme l’événement le plus décisif du Moyen Âge maghrébin, caractérisé par une progression diffuse de familles entières qui a rompu l’équilibre traditionnel entre nomades et sédentaires berbères. Les conséquences sociales et ethniques marquent ainsi définitivement l’histoire du Maghreb avec un métissage de la population. Depuis la seconde moitié du VIIe siècle, la langue arabe demeurait l’apanage des élites citadines et des gens de cour. Avec l’invasion hilalienne, les dialectes berbères sont plus ou moins influencés par l’arabisation, à commencer par ceux de l’Ifriqiya orientale.
À partir du premier tiers du XIIe siècle, la Tunisie est régulièrement attaquée par les Normands de Sicile et du sud de l’Italie, basés dans le royaume normano-sicilien. Cependant, l’ensemble du territoire d’Ifriqiya finit par être occupé par l’armée du sultan almohade Abd al-Mumin lors de son expédition depuis le nord du Maroc en 1159. L’économie devient florissante et des relations commerciales s’établissent avec les principales villes du pourtour méditerranéen (Pise, Gênes, Marseille, Venise et certaines villes d’Espagne).
L’essor touche également le domaine culturel avec les œuvres du grand historien et père de la sociologie Ibn Khaldoun ; le siècle almohade est considéré comme l’« âge d’or » du Maghreb. De grandes villes se développent et les plus belles mosquées sont érigées à cette époque.
Les Almohades confient la Tunisie à Abû Muhammad `Abd al-Wâhid ben Abî Hafs mais son fils Abû Zakariyâ Yahyâ se sépare d’eux en 1228 et fonde la nouvelle dynastie berbère des Hafsides. Elle acquiert son indépendance dès 1236 et dirige la Tunisie jusqu’en 1574, ce qui en fait la première dynastie tunisienne par sa durée. Elle établit la capitale du pays à Tunis, et la ville se développe grâce au commerce avec les Vénitiens, les Génois, les Aragonais et les Siciliens
À la croisée des convoitises
Les Hafsides de Tunis s’essoufflent et perdent peu à peu, après la bataille de Kairouan en 1348, le contrôle de leurs territoires au profit des Mérinides d’Abu Inan Faris, alors que, frappée de plein fouet par la peste de 1384, l’Ifriqiya continue de subir une désertification démographique amorcée par les invasions hilaliennes. C’est alors que commencent à arriver les Maures musulmans et juifs andalous fuyant la déchéance du royaume de Grenade en 1492 et occasionnant des problèmes d’assimilation. En une dizaine d’années, les souverains espagnols Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille prennent les cités de Mers el-Kébir, Oran, Bougie, Tripoli et l’îlot situé en face d’Alger. Pour s’en libérer, les autorités de la cité sollicitent l’aide de deux corsaires renommés, d’origine grecque : les frères Arudj et Khayr ad-Din Barberousse.
La Tunisie offrant un environnement favorable, les frères Barberousse s’y illustrent : Arudj reçoit en effet du souverain hafside aux abois l’autorisation d’utiliser le port de La Goulette puis l’île de Djerba comme base. Après la mort d’Arudj, son frère Khayr ad-Din se place dans la vassalité du sultan d’Istanbul. Nommé grand amiral de l’Empire ottoman, il s’empare de Tunis en 1534 mais doit se retirer après la prise de la ville par l’armada que Charles Quint mène en 1535. En 1560, Dragut parvient à Djerba et, en 1574, Tunis est reprise par les Ottomans, qui font de la Tunisie une province de leur empire en 1575. Pourtant, malgré leurs victoires, les Ottomans ne s’implantent guère en Tunisie.
Au cours du XVIIe siècle, leur rôle ne cesse de décroître au profit des dirigeants locaux qui s’émancipent progressivement de la tutelle du sultan d’Istanbul alors que seuls 4 000 janissaires sont en poste à Tunis. Au bout de quelques années d’administration turque, plus précisément en 1590, ces janissaires s’insurgent, plaçant à la tête de l’État un dey et, sous ses ordres, un bey chargé du contrôle du territoire et de la collecte des impôts. Ce dernier ne tarde pas à devenir le personnage essentiel de la régence aux côtés du pacha, qui reste confiné dans le rôle honorifique de représentant du sultan ottoman, au point qu’une dynastie beylicale finit par être fondée par Mourad Bey en 1613.
Le 15 juillet 1705, Hussein Ier Bey fonde la dynastie des Husseinites. Quoique toujours officiellement province de l’Empire ottoman, la Tunisie acquiert une grande autonomie au XIXe siècle, notamment avec Ahmed Ier Bey, régnant de 1837 à 1855, qui enclenche un processus de modernisation. À cette époque, le pays vit de profondes réformes, comme l’abolition de l’esclavage et l’adoption en 1861 d’une Constitution, et manque même de devenir une république indépendante.
Il est difficile de mesurer l’importance des influences turques qui demeurent en Tunisie. Quelques monuments affichent leur filiation ottomane. Dans un autre domaine, l’art des tapis, qui existait pour certains avant l’arrivée des Ottomans, voit les productions de Kairouan présenter au XVIIIe siècle des motifs purement anatoliens. Malgré ces influences perceptibles dans l’aspect des objets manufacturés, l’empreinte de l’Italie voisine se fait de plus en plus manifeste au cours du XVIIIe siècle, tant dans l’architecture que dans la décoration, marquant ainsi une ouverture du pays à l’Europe.5
Apogée de la course
Au début du XVIe siècle, l’Afrique du Nord que les Ottomans appellent Maghreb est en pleine décadence et traverse une crise politique profonde. Ces bouleversements favorisent l’émergence de principautés et de cités portuaires indépendantes qui relancent l’activité des corsaires.
La « course » atteint son paroxysme sous le règne d’Hammouda Pacha (1782-1814), où les navires, partant des ports de Bizerte, La Goulette, Porto Farina, Sfax ou Djerba, s’emparent de vaisseaux espagnols, corses, napolitains ou vénitiens. Le gouvernement entretient durant cette période de 15 à 20 corsaires, un même nombre d’entre eux étant rattachés à des compagnies ou à des particuliers — parmi lesquels parfois des personnages haut placés comme le garde des Sceaux Sidi Mustapha Khodja ou les caïds de Bizerte, Sfax ou Porto Farina — et remettant au gouvernement un pourcentage sur toutes leurs prises, qui comprennent des esclaves chrétiens. Les traités de paix, qui se multiplient au XVIIIe siècle — avec l’Autriche en 1748 et 1784, Venise en 1764-1766 et 1792, l’Espagne en 1791 ou les États-Unis en 1797 —, réglementent la course et en limitent les effets. En premier lieu, ils imposent certaines exigences (possession de passeports aussi bien pour les navires que pour les hommes) et précisent également les conditions des prises en mer (distance par rapport aux côtes), de façon à éviter de possibles abus. Il faut attendre le congrès de Vienne et le congrès d’Aix-la-Chapelle pour que les puissances européennes somment les États barbaresques de mettre un terme à la course, ce qui sera effectif et définitif après l’intervention des Français en 1836.
De la mise sous tutelle au protectorat français
Toutefois, en raison de la politique ruineuse des beys, de la hausse des impôts et d’interférences étrangères dans l’économie, le pays connaît peu à peu de graves difficultés financières. Tous ces facteurs contraignent le gouvernement à déclarer la banqueroute en 1869 et à créer une commission financière internationale anglo-franco-italienne. La Constitution est même suspendue le 1er mai 1864. C’est l’occasion pour les grandes puissances européennes, la France, l’Italie et le Royaume-Uni, de s’introduire dans le pays. La Tunisie se dirige à peine vers une réelle indépendance en 1873, avec Kheireddine Pacha, qu’elle retombe sous le joug d’une puissance étrangère.
Car la régence apparaît vite comme un enjeu stratégique de première importance de par la situation géographique du pays, à la charnière des bassins occidental et oriental de la Méditerranée. La Tunisie fait donc l’objet des convoitises rivales de la France et de l’Italie : la première souhaite sécuriser les frontières de l’Algérie française et éviter que la seconde ne contrarie ses ambitions en Égypte et au Levant en contrôlant l’accès à la Méditerranée orientale. La seconde, confrontée à une surpopulation, rêve d’une politique coloniale et le territoire tunisien, où la minorité européenne est alors constituée essentiellement d’Italiens, est un objectif prioritaire. Les consuls français et italien tentent de profiter des difficultés financières du bey, la France comptant sur la neutralité de l’Angleterre (peu désireuse de voir l’Italie prendre le contrôle de la route du canal de Suez) et bénéficiant des calculs de Bismarck, qui souhaite la détourner de la question de l’Alsace-Lorraine. Après le congrès de Berlin du 13 juin au 13 juillet 1878, l’Allemagne et l’Angleterre permettent à la France d’annexer la Tunisie et cela au détriment de l’Italie, qui voyait ce pays comme son domaine réservé.
Les incursions de « pillards » khroumirs en territoire algérien fournissent un prétexte à Jules Ferry, soutenu par Léon Gambetta face à un parlement hostile, pour souligner la nécessité de s’emparer de la Tunisie. En avril 1881, les troupes françaises y pénètrent sans résistance majeure et parviennent à occuper Tunis en trois semaines, sans combattre. Le 12 mai 1881, le protectorat est officialisé lorsque Sadok Bey signe forcé, sous peine de mort, le traité du Bardo au palais de Ksar Saïd. Ce qui n’empêche pas, quelques mois plus tard, les troupes françaises de faire face à des révoltes rapidement étouffées dans les régions de Kairouan et Sfax. Le régime du protectorat est renforcé par les conventions de la Marsa du 8 juin 1883 qui accordent à la France le droit d’intervenir dans la politique étrangère, la défense et les affaires internes de la Tunisie. La France représente dès lors la Tunisie sur la scène internationale, et ne tarde pas à abuser de ses droits et prérogatives de protecteur pour exploiter le pays comme une colonie, en contraignant le bey à abandonner la quasi-totalité de ses pouvoirs au résident général.
De la remise en cause du protectorat à l'indépendance
La lutte contre l’occupation française commence dès le début du XXe siècle avec le mouvement réformiste et intellectuel des Jeunes Tunisiens fondé en 1907 par Béchir Sfar, Ali Bach Hamba et Abdeljelil Zaouche. Ce courant nationaliste se manifeste par l’affaire du Djellaz en 1911 et le boycott des tramways tunisois en 1912. Ces événements marquent la transformation des Jeunes Tunisiens en militants agissant par des mouvements de rue. Le résident général fait exiler ses principaux dirigeants.
De 1914 à 1921, le pays vit en état d’urgence et la presse anticolonialiste est interdite. Malgré tout, le mouvement national ne cesse pas d’exister. Dès la fin de la Première Guerre mondiale, une nouvelle génération organisée autour d’Abdelaziz Thâalbi prépare la naissance du parti du Destour. Entré en conflit avec le régime du protectorat, le parti expose, dès la proclamation officielle de sa création le 4 juin 1920, un programme en neuf points. À partir de novembre 1925, le Destour, affaibli, devient clandestin et renonce à l’action politique directe.
Après avoir fustigé le régime du protectorat dans des journaux comme La Voix du Tunisien et L’Étendard tunisien, l’avocat Habib Bourguiba fonde en 1932, avec Tahar Sfar, Mahmoud El Materi et, le journal L'Action tunisienne, qui, outre l’indépendance, prône la laïcité. Cette position originale conduit le 2 mars 1934, lors du congrès de Ksar Hellal, à la scission du parti en deux branches, l’une islamisante qui conserve le nom Destour, et l’autre moderniste et laïque, le Néo-Destour, une formation politique moderne, structurée sur les modèles des partis socialistes et communistes européens, et déterminée à conquérir le pouvoir pour transformer la société. Le parti privilégie l’action politique, la mobilisation de ses adhérents, leur prise de conscience, et estime qu’il doit convaincre l’opinion française tout en adaptant sa stratégie aux nécessités de l’action.
Après l’échec des négociations engagées par le gouvernement Blum, des incidents sanglants éclatent en 1937 et les manifestations d’avril 1938 sont sévèrement réprimées6. Cette répression conduit à la clandestinité du Néo-Destour, qui incite les nouveaux dirigeants à ne pas exclure l’éventualité d’une lutte plus active.
En 1942, le régime de Vichy livre Bourguiba à l’Italie, à la demande de Benito Mussolini, qui espère l’utiliser pour affaiblir la Résistance française en Afrique du Nord. Cependant Bourguiba ne désire pas cautionner les régimes fascistes et lance le 8 août 1942 un appel pour le soutien aux troupes alliées. Pendant ce temps, la Tunisie est le théâtre d’importantes opérations militaires connues sous le nom de campagne de Tunisie. Après plusieurs mois de combats et une contre-offensive blindée allemande dans la région de Kasserine et Sidi Bouzid au début de l’année 1943, les troupes du Troisième Reich sont contraintes de capituler le 11 mai dans le cap Bon, quatre jours après l’arrivée des forces alliées à Tunis.
Après la Seconde Guerre mondiale, les dirigeants nationalistes inscrivent la résistance armée dans la stratégie de libération nationale. Des pourparlers sont menés après la guerre avec le gouvernement français, si bien que Robert Schuman évoque en 1950 la possibilité de l’indépendance de la Tunisie en plusieurs étapes. Mais des troubles nationalistes en 1951 précipitent l’échec de ces pourparlers.
Avec l’arrivée du nouveau résident général, Jean de Hauteclocque, le 13 janvier 1952, et l’arrestation, le 18 janvier, de 150 destouriens dont Bourguiba, débutent la révolte armée, la répression militaire française et un durcissement des positions de chaque camp. De plus, avec l’assassinat du syndicaliste Farhat Hached par l’organisation colonialiste extrémiste de la Main rouge, le 5 décembre, se déclenchent manifestations, émeutes, grèves, tentatives de sabotage et jets de bombes artisanales. Le développement de la répression, accompagnée de l’apparition du contre-terrorisme, incite les nationalistes à prendre plus spécifiquement pour cibles les colons, les fermes, les entreprises françaises et les structures gouvernementales. C’est pourquoi les années 1953 et 1954 sont marquées par la multiplication des attaques contre le système colonial. En réponse, près de 70 000 soldats français sont mobilisés pour arrêter les guérillas des groupes tunisiens dans les campagnes. Cette situation difficile est apaisée par la reconnaissance de l’autonomie interne de la Tunisie, concédée par Pierre Mendès France le 31 juillet 1954. C’est finalement le 3 juin 1955 que les conventions franco-tunisiennes sont signées entre le Premier ministre tunisien Tahar Ben Ammar et son homologue français Edgar Faure. En dépit de l’opposition de Salah Ben Youssef, qui sera exclu du parti, les conventions sont approuvées par le congrès du Néo-Destour tenu à Sfax le 15 novembre de la même année. Après de nouvelles négociations, la France finit par reconnaître « solennellement l’indépendance de la Tunisie » le 20 mars 1956, tout en conservant la base militaire de Bizerte.
La Tunisie indépendante
Le 25 mars 1956, l’assemblée constituante est élue : le Néo-Destour en remporte tous les sièges et Bourguiba est porté à sa tête le 8 avril de la même année. Le 11 avril 1956, il devient le Premier ministre de Lamine Bey. Le Code du statut personnel, à tendance progressiste, est proclamé le 13 août. Finalement, le 25 juillet 1957, la monarchie est abolie ; la Tunisie devient une république dont Bourguiba est élu président le 8 novembre 1959.
Le 8 février 1958, en pleine guerre d'Algérie, des avions de l’armée française franchissent la frontière algéro-tunisienne et bombardent le village tunisien de Sakiet Sidi Youssef. En 1961, dans un contexte d’achèvement prévisible de la guerre, la Tunisie revendique la rétrocession de la base de Bizerte : la crise qui suit fait près d’un millier de morts, essentiellement tunisiens, et la France finit, le 15 octobre 1963, par rétrocéder la base à l’État tunisien.7
Présidence de Bourguiba
Une fois les institutions en place, Bourguiba entreprend de débarrasser le pays de toutes les séquelles de la période coloniale. Les réformes se succèdent pour mettre en place un État moderne, parachever la souveraineté nationale et moderniser la société à travers la propagation de l’enseignement et la promulgation du Code du statut personnel. Bien que l’islam reste la religion d’État (le président doit être de religion musulmane), le pouvoir des chefs religieux est grandement réduit. Les femmes accèdent à un statut inédit dans le monde arabe, dépassant même celui des Françaises dans certains domaines. La polygamie est interdite, le divorce autorisé et l’avortement légalisé. Le pays est divisé en quatorze gouvernorats dotés d’une administration moderne. À contre-courant de ses voisins et homologues arabes, la priorité est donnée à l’éducation et à la santé au détriment de l’armement. Il met en place un enseignement moderne et nomme l’écrivain Mahmoud Messadi au poste de ministre de l’Éducation nationale. Celui-ci met fin au double cursus d’enseignement coranique et occidentalisé. L’école devient publique et gratuite. Bourguiba abolit également le double circuit de la justice, met fin à l’influence des religieux sur la magistrature et instaure des cours civiles. En février 1961, il appelle ses concitoyens à ne pas observer le jeûne du ramadan afin de mieux affronter et combattre le sous-développement. En mars 1964, en plein ramadan, il enfonce le clou en buvant ostensiblement, à la télévision, un verre de jus d’orange en pleine journée. Son appel au non-respect du jeûne et un discours sur le prophète Mahomet publié par un journal libanais entraînent de vives critiques dans le monde musulman allant jusqu’à une accusation d’apostasie par le cheikh Ibn Baz en 1974.8
Échec de l'expérience socialiste
Les 23 mars 1962 et 2 mars 1963 marquent un tournant dans l'histoire de la Tunisie indépendante. En 1962 naît le « socialisme destourien » lorsque le Conseil national du Néo-Destour proclame l'adoption du socialisme. En 1963, le Néo-Destour adopte alors le régime du parti unique. Ces deux décisions signifient que l'État devient le premier et unique responsable des destinées économique, sociale et politique du pays, et le champ de l'initiative privée est réduit à sa plus simple expression. Toute activité politique hors du cadre des structures du parti est interdite. Le développement de la société civile est interrompu par l'imbrication poussée à l'extrême entre le parti et toutes les organisations et associations. L'option en faveur du socialisme comme doctrine économique est déterminante dans le choix du système du parti unique, lequel choix est précipité par le complot avorté de 1962 dans lequel trempent des officiers subalternes, d'anciens résistants et d'anciens partisans de Ben Youssef. Un système autocratique est ainsi né.
Le ministre Ahmed Ben Salah est le principal bénéficiaire de la nouvelle orientation adoptée par le régime. Il se consacre alors à la mise en application de son programme économique et social, fort du soutien total de Bourguiba mais en l'absence de toute forme de contrôle et sans avoir à rendre des comptes. Le 12 mai 1964, les terres détenues par les colons français, et qui s'étendent sur près de 450 000 hectares, sont nationalisées. Toutefois, Ben Salah est rapidement confronté à de nombreux obstacles, au point que Bourguiba se trouve dans l'impossibilité de continuer à le protéger, surtout lorsque l'expérience de collectivisation forcée se retrouve dans l'impasse. Son échec est reconnu officiellement, la politique socialiste abandonnée et Ben Salah désavoué.
Le Conseil de la République, qui est alors la plus haute instance exécutive du pays, décide officiellement l'abandon de la collectivisation, le 2 septembre 1969. Ben Salah est limogé et exclu du Néo-Destour, devenu entre temps le Parti socialiste destourien, le 9 novembre avant d'être envoyé devant la Haute Cour pour être jugé.9
Notons par ailleurs que le parti politique de Bourguiba n’avait de socialiste que le nom. Si l’État jouait un rôle important, ce n’était qu’au profit d’une élite seulement. C’est ce qu’on appelle le capitalisme d’État.10
Timide reprise économique
Après une période de « pause de réflexion », Bourguiba choisit Hédi Nouira, connu pour son opposition irréductible à la collectivisation, comme Premier ministre. Le nouveau gouvernement prend rapidement des dispositions destinées à éliminer les séquelles de la collectivisation dans le sens de la réhabilitation du secteur privé et de la redynamisation de l'économie tunisienne, désormais au cœur des préoccupations du gouvernement durant toutes les années 1970, au détriment des préoccupations d'ordre social, culturel ou éducatif.
Cette décennie se caractérise par la priorité accordée à la rentabilité économique des investissements de l'État, au détriment du rendement social, ainsi que par une modification fondamentale au niveau du rythme d'accroissement de l'endettement extérieur (taux d'endettement par rapport au PIB passant de 21,8 % en 1962 à 45 % en 1981), l'industrie comptant de plus en plus sur l'importation (pièces de rechange, machines-outils, etc.). Des législations incitatives pour les investissements étrangers sont mises en place.
En dépit de certains déséquilibres enregistrés durant cette période, cette décennie est celle de la réaffirmation de la prééminence du rendement et de la rentabilité économiques, ce qui entraîne l'accroissement du rythme de la production et la réalisation d'une vraie embellie économique, surtout durant la première moitié des années 1970, à la faveur du renchérissement des hydrocarbures (la Tunisie dégageant alors un excédent exportable) et de la succession de plusieurs années pluvieuses pour l'agriculture. Mais, dès que les cours du pétrole et la pluviométrie cessent d'être favorables, les incidences négatives de l'orientation libérale se révèlent au grand jour au niveau social.
Crise généralisée
Dans ce contexte économique, de nombreuses crises émergent :
- Crise des universités : Elle consiste en la multiplication des troubles et tensions qui connaissent leur paroxysme avec les événements du printemps 1968 et l'entrée de l'université dans une crise profonde qui faillit compromettre jusqu'à son existence et son patrimoine scientifique et cognitif durant les années 1960 et jusqu'au milieu des années 1980.
- Affrontements avec l'Union générale tunisienne du travail : La crise culmine avec le mot d'ordre de la grève générale du 26 janvier 1978 qui donne lieu à des heurts entre forces de l'ordre et manifestants et à l'intervention de l'armée. Les émeutes font 52 morts et 365 blessés.
- Crise du système politique : Le système entre dans la crise dès la fin des années 1960 du fait de l'isolement de la direction, de la fermeture de tous les canaux d'expression et de la marginalisation d'une partie importante des compétences. La crise est aggravée par le déclenchement de la lutte de succession débutant avec le premier malaise cardiaque de Bourguiba du 14 mars 1975. Les mouvements politiques d'opposition fleurissent dans les années 1970 en réaction au refus continu de Bourguiba d'admettre le pluralisme politique, voire de toute idée de développement autonome de la société civile. Le système autocratique ne peut s'adapter à cette nouvelle situation et se contente de vaines tentatives pour rattraper les événements et de réactions instantanées, d'où les explosions successives qui ont lieu en janvier 1978 puis en janvier 1980 sous la forme d'une rébellion armée dans la région de Gafsa orchestrée par un groupe de nationalistes tunisiens expatriés et soutenus par des parties étrangères. Il en résulte un passage à vide et le retrait de Nouira de la scène politique pour cause de maladie.
Cette situation favorise la montée de l'islamisme qui mène le pays au bord de la guerre civile avec des émeutes de plus en plus vives. Ainsi, entre le 27 décembre 1983 et le 6 janvier 1984, les « émeutes du pain », provoquées par les augmentations du prix du pain et des produits céréaliers, font officiellement 70 morts. De plus, en 1986, le pays passe par une grave crise financière. Bourguiba limoge le Premier ministre Mohamed Mzali et le remplace par Rachid Sfar, ministre des Finances et de l'Économie, pour rétablir les équilibres économico-financiers. Les intégristes menacent les acquis de la Tunisie et Bourguiba, vieillissant, veut dès lors les éradiquer par la répression. Commencé dans une atmosphère de libéralisme et de laïcisation de la société tunisienne, le long règne de Bourguiba s'achève ainsi dans une lutte sans merci contre la montée de l'islamisme menée par Zine el-Abidine Ben Ali, nommé ministre de l'Intérieur puis Premier ministre.11
Héritage
Bourguiba, qui accéda au pouvoir le 25 juillet 1957, après l'indépendance de la Tunisie proclamée le 20 mars 1956, sut après quelques nuages assez vite dissipés instaurer de bonnes relations avec l'impérialisme français. Le régime tunisien devint alors pour celui-ci un " exemple " de modernité et de démocratie. En fait, ce fut une dictature personnelle de Bourguiba qui étouffa toute opposition dès le début, et se fit même proclamer président à vie en 1975.
Bourguiba avait acquis sa popularité auprès de la population en tant que dirigeant nationaliste, en apparaissant comme " le combattant suprême " qui obtint l'indépendance. Comme d'autres opposants à l'impérialisme français, il fut emprisonné. Cependant son nationalisme représentait les aspirations d'une certaine petite bourgeoisie prête à des compromis pour sauvegarder ses bonnes relations et son rôle d'intermédiaire local de l'impérialisme français.
Bien sûr, Bourguiba reste sans doute aussi pour les femmes tunisiennes celui qui abolit la répudiation et la polygamie, et leur donna en 1957 le droit de vote et d'éligibilité. Quelques gestes provocateurs vis-à-vis des islamistes, comme celui de fumer ouvertement le jour du ramadan, renforcèrent cette image de " modernité ".
Mais il gouverna en despote malgré ses déclarations sur l'attrait irrésistible vers cette " idéologie occidentale attachée au respect de l'homme et de la liberté ". Enfin, la politique de Bourguiba n'a nullement sorti la Tunisie du sous-développement.
Il faut dire que l'impérialisme français, qui pilla sans relâche le pays à partir de la fin du 19e siècle, porte une écrasante responsabilité dans ce sous-développement. Dès 1892, la colonisation française entraîna l'éviction des paysans des meilleures terres, réservées dès lors aux colons français, et la bourgeoisie française s'empara de toutes les richesses, comme les mines de zinc et de phosphate.
Dans les années trente, Bourguiba, jeune avocat qui venait de finir des études de droit en France, durant lesquelles il avait fréquenté les mêmes écoles que bien d'autres politiciens français de la IVe République, créa son parti, le Néo-Destour, (parti de la constitution), parti bourgeois nationaliste. Dès les années 50, Bourguiba chercha un compromis "honorable" avec la France, sans succès dans un premier temps. Lorsqu'en 1954, Mendès-France reconnut à la Tunisie une autonomie interne, les dirigeants du Néo-Destour s'engouffrèrent dans cette brèche et déclarèrent qu'il s'agissait " d'une étape substantielle dans... la restauration de la souveraineté complète de la Tunisie ". De tractations secrètes sortit un gouvernement de transition comprenant des ministres néo-destour et des notables modérés. Il fut également décidé secrètement que Bourguiba devait obtenir la cessation des actions armées en Tunisie, ce que Bourguiba accepta. Finalement l'indépendance fut proclamée deux ans plus tard, le 20 mars 1956.
La guerre d'Algérie qui se développait au même moment incitait en effet les gouvernements français, incapables de faire face à une explosion dans tout le Maghreb, à accélérer la recherche d'une solution en Tunisie ainsi d'ailleurs qu'au Maroc.
Bourguiba gouverna ensuite pendant près de trente ans d'une main de fer, en essayant toujours d'apparaître comme l'arbitre national, dans un pays où les bidonvilles côtoyaient les hôtels de luxe pour touristes, et ce jusqu'aux émeutes des années 83-84 provoquées par le doublement du prix du pain. Peu après, Bourguiba fut évincé du pouvoir par un ancien directeur de la Sûreté, devenu ministre de l'Intérieur, puis ministre d'État, et enfin Premier ministre en 1987, Zine el Abidine Ben Ali. Ben Ali devint alors le nouvel " ami " des dirigeants impérialistes français, et le nouveau dictateur pour la population.
De Bourguiba à Ben Ali, restaient les mêmes liens d'intérêt entre les trusts de l'ancienne puissance colonisatrice et la bourgeoisie du pays anciennement colonisé dont les difficultés découlent toujours de la " colonisation " économique qui, elle, n'a jamais disparu.12
Le Bourguibisme
Bourguiba développe sa propre doctrine qu’il appelle « bourguibisme » mais qui s’apparente au pragmatisme. Elle est fondée sur le réalisme politique et économique qui se fonde sur la croyance qu’« aucun domaine de la vie terrestre ne doit échapper au pouvoir humain de la raison ».
Variante locale du kémalisme, elle est composée de l’affirmation de l’identité nationale tunisienne, construite dans la lutte contre les Ottomans et les Français, du libéralisme, d’un islam étatisé et contrôlé et d’une totale indépendance vis-à-vis des politiques arabes. La politique des étapes en constitue la dimension principale. Bourguiba croyait en cette politique (contrairement au « tout ou rien » prôné et encouragé par certains) de l’action en fonction des possibilités réelles et non des aspirations.
En réalité, elle permit à Bourguiba une pleine liberté d’action qui le conduisit à un opportunisme politique lui permettant d’imposer aussi bien des percées audacieuses que des volte-face spectaculaires.
Parti-État
Bourguiba, qui avançait la maturité du peuple tunisien pour conquérir l’indépendance, ne jugea pas la relève assez préparée à la démocratie et au pluralisme et finit par s’octroyer la présidence à vie. Pour lui, « le peuple n’était pas encore mûr pour la démocratie » qui a été éludée au nom de l’unité qu’impliquait son projet. En conséquence, une fois jetés les fondements d’un État tunisien moderne, Bourguiba se laissa peu à peu « choir dans un autoritarisme paternaliste ». Dans ce contexte, le PSD était devenu un « alibi dans un désert idéologique ». Charles-André Julien y voit, quant à lui, « une démocratie conduite » que Bourguiba « pense par le haut ». Cette formulation dissocie les deux composantes de la démocratie : le jeu électoral et l’enjeu social. La conception bourguibienne évacue du concept de démocratie sa première composante mais elle lui garde la seconde : son contenu réformiste.
Toutefois, les circonstances historiques ont pesé lourdement dans la configuration du régime politique bourguibien. La démocratie, née au siècle du positivisme et du capitalisme montant, ne pouvait pas, malgré l’existence d’une élite politique formée en France, fleurir sur des structures mentales et économiques fragilisées par le protectorat. Le parti unique et les réformes en profondeur qu’il a menées dans le cadre d’institutions sur mesure ont constitué un détour obligé aux dépens du consensus démocratique. C’est le projet du développement planifié (socialisme coopératif) puis libéral du pays (capitalisme d'État), entrepris sous l’égide et avec les ressources de l’État bourguibien, qui a changé la donne. C’est à partir d’une petite bourgeoisie instruite et entreprenante, assise du parti et pourvoyeuse de l’État en cadres, qu’une riche classe d’entrepreneurs et d’hommes d’affaires a vu le jour à l’ombre du Parti-État. Ce dernier lui a assuré la stabilité politique en arbitrant ses conflits avec un monde salarié doté d’une puissante centrale syndicale. On peut alors comprendre qu’elle n’ait pas été véritablement gênée par le régime du parti unique, ni qu’elle ait été préoccupée outre mesure par les rivalités politiques, la répression des forces conservatrices, l’interdiction des partis et la mise au pas de l’UGTT et de l’opposition estudiantine. Les institutions démocratiques n’étaient donc pas une nécessité politique pour la nouvelle bourgeoisie et ses élites dirigeantes qui ont grandi en symbiose avec un État-tuteur dont elles n’ont pas rejeté l’autoritarisme car il tenait lieu de régulateur politique.
Culte de la personnalité
Le 7 octobre 1961, dans un article d’Afrique Action, Béchir Ben Yahmed, ancien secrétaire d'État à l’information, écrit déjà :
« Le pouvoir personnel [est] détenu par des hommes qui sont des présidents de la République mais sont en fait des monarques sans le titre. Bourguiba détient aujourd’hui, en droit et en fait, plus de pouvoirs que n’en avaient le bey et le résident général réunis. »
Après sa chute, l’ancien ministre Tahar Belkhodja analyse ainsi le culte de la personnalité cultivé par Bourguiba :
« À ses yeux, la république se confondait avec l’État, émanation et manifestation d’un pouvoir dont le parti unique était l’instrument, le tout reposant sur sa propre personne. Le « Combattant suprême » semble avoir adopté la devise d’Ibn Khaldoun : « La politique exige le pouvoir d’un seul [...] Bourguiba a su ainsi forger son propre mythe, qui a été largement amplifié par l’imagination collective et aura modelé pendant des décennies le cours de l’histoire tunisienne ».
Ayant l’obsession de sa place dans l’histoire, Bourguiba s’emploie rapidement à la traduire de toutes les façons possibles. À Monastir, dont il veut faire une « ville-souvenir », il se fait édifier dès les années 1960, un mausolée de marbre blanc où ses parents puis sa première épouse Moufida sont inhumés. Sur la grande porte de bronze sont gravées trois titres résumant sa vie : « Le Combattant suprême, le bâtisseur de la Tunisie nouvelle, le libérateur de la femme ». Bourguiba fait également confectionner son cercueil dès 1976 et prépare le déroulement de ses funérailles : « Dès sa mort, Bourguiba Jr. devait informer une série de chefs d’État, dont il dresserait la liste, afin que le maximum d’entre eux puisse venir. Pour cela, il convenait de différer de deux jours, après l’annonce de son décès, le déroulement des obsèques. Et surtout, parce qu’il fallait associer au deuil la Tunisie entière, son corps devait être amené lentement, solennellement, de Carthage à Monastir. Ne laissant rien au hasard, il avait divisé le parcours de 140 kilomètres entre les deux villes, de façon à ce que chacun des vingt gouvernorats soit chargé de faire transporter son cercueil sur une distance égale ». Ce scénario ne sera finalement pas suivi. Outre sa figure de « Combattant suprême » (mujâhid al-akbar), il se revendique également comme « mujtahid suprême », étant par sa fonction de chef d’État l’imam de la communauté.
Dans un discours délivré en juin 1973 à Genève, à la conférence de l’OIT, il esquisse une définition de son rôle historique en tant que fondateur de la Tunisie moderne :
« D’une poussière d’individus, d’un magma de tribus, de sous-tribus, tous courbés sous le joug de la résignation et du fatalisme, j’ai fait un peuple de citoyens. Mais j’ai peur de ce que j’ai appelé un jour le « démon des Numides », ce démon qui pousse à la désunion, aux luttes intestines, qui nous a fait rater notre histoire après la révolte de Jugurtha. »
Allant dans le même sens, il déclare le 12 avril 1975 après sa désignation comme président à vie :
« Le fait de me désigner à vie à la tête de l’État ne peut être qu’un hommage de reconnaissance rendu aux yeux du monde entier à un homme dont le nom s’identifie à la Tunisie […] Oui, j’ai nettoyé le pays de toutes les tares qui l’enlaidissaient, j’en ai extirpé les mauvaises coutumes, je l’ai libéré du joug qui l’asservissait […] Mon passage à la tête de ce pays le marquera d’une empreinte indélébile pendant des siècles. »
Après l’avènement de la république, les symboles du « Combattant suprême » se multiplient à travers le pays. Ferryville, située non loin de Bizerte, est rebaptisée Menzel Bourguiba. Des statues de lui sont par ailleurs érigées dans presque toutes les villes. Monastir étant le lieu de sa naissance, il s’y fait représenter en collégien devant la mairie alors qu’à Tunis (place d’Afrique), c’est à cheval qu’il se fait représenter. Dans la salle du Conseil des ministres, au palais de Carthage, il installe les effigies de figures de l’histoire de la Tunisie parmi lesquelles Hannibal Barca et Ibn Khaldoun. Son propre buste devait figurer dans cette série. Après sa destitution, les statues sont progressivement déboulonnées. Dans la nuit du 11 au 12 juin 1988, deux statues sont déboulonnées à Kairouan et l’avenue Bourguiba rebaptisée avenue du 7-Novembre. La statue équestre de Tunis sera déboulonnée le 11 octobre puis déplacée devant le port de La Goulette.
La quasi-totalité des villes de Tunisie possèdent une rue ou avenue portant le nom de Bourguiba dès l’indépendance du pays. La plus célèbre d’entre elles est l’avenue Habib-Bourguiba située à Tunis. En 1965, il obtient même, lors d’un voyage dans dix pays d’Afrique, qu’une avenue porte son nom dans chacune des capitales traversées.
Politique extérieure
Enfin, dans le domaine des relations extérieures, Jean Lacouture indique que la relation de Bourguiba avec la France ne doit pas faire oublier qu’il entretenait aussi des rapports, même problématiques, avec l’Orient. Lacouture témoigne ainsi de la colère de Bourguiba se voyant proposer en 1955 une formule de « cosouveraineté ». C’est cette défense de l’indépendance de son pays qui suscita des malentendus avec les pays de la Ligue arabe, mais qui sera, en revanche, mieux comprise par les États-Unis avec lesquels Bourguiba établit des liens de confiance. Pour lui, à la différence d’autres leaders du monde arabe, le non-alignement n’est pas synonyme d’antiaméricanisme.
Par ailleurs, partisan résolu de la Francophonie aux côtés de Léopold Sédar Senghor et Hamani Diori, il s’en fait l’actif ambassadeur notamment lors de sa tournée en Afrique en 1965. Pour lui, le français et la francophonie concouraient à édifier une Tunisie moderne et ouverte.13
La présidence de Ben Ali
Le 7 novembre 1987, Zine el-Abidine Ben Ali dépose le président Bourguiba pour sénilité et prend en main les destinées du pays à l'issue d'un « coup d'État médical » unique dans les annales du monde arabe. La succession au pouvoir s'opère dans le cadre apparent de la légalité constitutionnelle et de façon pacifique.14
Action économique
Ben Ali a lancé une politique de privatisations qui concernent surtout le tourisme, les matériaux de construction, les textiles, l'industrie agroalimentaire et la pêche, la mécanique et l'électrotechnique. Alliée à l'encouragement à l'investissement et l'introduction d'une flexibilité législative et fiscale, elle relance l'économie après un début des années 1990 marqué par le repli dû à la crise du tourisme liée à la guerre du Golfe.
Cette crise se reproduit en 2002-2003 après l'attentat de la Ghriba à Djerba. Malgré ces périodes de difficulté, les investisseurs étrangers s'installent progressivement et le produit intérieur brut croît à un taux oscillant entre 5 et 5,5 %. Le gouvernement encourage même l'industrie manufacturière produisant uniquement pour l'exportation en lui donnant la possibilité de s'implanter partout dans le pays tout en travaillant sous le règlement des zones de libre-échange.
Un accord d'association, signé avec l'Union européenne le 17 juillet 1995 et entré en vigueur le 1er mars 1998, engendre dès 1996 le démantèlement progressif des barrières douanières jusqu'au 1er janvier 2008. Dans ce contexte, l'État entreprend de diversifier l'économie en augmentant la part de l'industrie tout en renforçant les secteurs traditionnels de l'agriculture et du tourisme. Une politique d'encouragement à la création d'entreprises est mise en place et une action est menée pour la multiplication des micro-entreprises et l'extension des technologies de l'information.
La nature de la politique d'ouverture, dirigée par l'État tunisien, permet à ce dernier de conserver une capacité d'intervention importante et de développer de nouveaux secteurs dont celui de l'industrie mécanique et des nouvelles technologies où les ingénieurs tunisiens bénéficient, à compétences égales, d'un salaire moindre que leurs collègues européens. Pourtant, un rapport de la Banque mondiale de juin 2004 épingle les « interventions discrétionnaires du gouvernement » et le « pouvoir des initiés » qui affaiblissent, selon elle, le climat des affaires et les éventuelles prises de risque des investisseurs étrangers.
Par ailleurs, le chômage continue de menacer le développement économique et se trouve aggravé par une population active grandissante. Il ne touche pas que les populations les plus vulnérables : le taux de chômage des diplômés de l'enseignement supérieur est ainsi en augmentation. Alors qu'il était de 4 % en 1997 et de 0,7 % en 1984, il atteint, en 2008, 20 % contre une moyenne nationale de 14 %, voire près de 60 % dans certaines filières selon une enquête de la Banque mondiale.15
Selon le politologue Mohamed Hassan, « lorsque Ben Ali prit la présidence de la Tunisie, le pays était très endetté par la crise capitaliste de 1973. De plus, à cette époque, les idées de Milton Friedman et des ses Chicago Boys étaient très en vogue. Ces économistes ultralibéraux pensaient que le marché est une entité capable de s’autoréguler et que l’État ne doit surtout pas s’immiscer dans l’économie. L’élite technique tunisienne provenant en grande partie des écoles US était très influencée par les théories de Friedman. Ben Ali abandonna donc le capitalisme d’État en vigueur au début de l’ère Bourguiba. Sous la supervision du FMI et de la Banque mondiale, il entama un programme de privatisations beaucoup plus massif que ce que son prédécesseur avait déjà amorcé dans les années 70.
Tout d’abord, la privatisation de l’économie tunisienne a permis à Ben Ali et sa belle-famille, les Trabelsi, de s’enrichir personnellement. La corruption a atteint un niveau très élevé et la Tunisie est devenue un pays totalement soumis à l’impérialisme, dirigé par une bourgeoisie compradore. Évidemment, Ben Ali et son clan ne disposaient pas de beaucoup de matières premières à brader aux multinationales occidentales. Mais ils ont profité du système d’éducation mis en place sous Bourguiba pour développer une économie de services. En effet, la main-d’œuvre tunisienne est très diplômée et bon marché à la fois. Elle attire donc les investisseurs étrangers.
Le tourisme s’est également fort développé au point de devenir le pilier de l’économie tunisienne. On voit là le manque de vision politique de l’élite. En effet, aucun pays ne peut développer son économie sur base du tourisme s’il n’a pas d’abord développé une base économique nationale. L’industrie du tourisme consomme énormément mais rapporte très peu au peuple tunisien. Imaginez plutôt : pendant que des touristes occidentaux consomment des hectolitres d’eau pour se prélasser dans des piscines, des jacuzzis ou des terrains de golf, les pauvres paysans dans le sud du pays affrontent l’assèchement des sols.
Mais il n’y a pas que les paysans qui ont souffert de cette politique. Globalement, les conditions sociales du peuple tunisien se sont détériorées pendant que l’entourage du président a amassé une fortune colossale. Tout le monde savait que le régime était corrompu. Alors, pour maintenir ce système, le régime devait empêcher toute contestation. La répression est devenue encore plus brutale sou Ben Ali : la simple critique ou même le désir de modernité et d’ouverture n’étaient plus autorisés. Une telle situation ne pouvait mener qu’à la révolte populaire. »16
Ben Ali et l'islamisme
Durant les premières années de son règne, Ben Ali cherche l'apaisement avec les islamistes et adopte une série de mesures symboliques destinées à réhabiliter la place de l'islam dans la société. Les élections de 1989 montrent que les islamistes sont la première force d'opposition dans le pays mais leur parti, Ennahdha, est privé de députés, « le régime découvrant dans l’islamisme tunisien un facteur d’instabilité pouvant secouer le système en place » ; la gauche s’unit alors au pouvoir qui lutte efficacement contre le mouvement durant les années 1990.
En 1999, Ben Ali gagne facilement les élections présidentielles et commence à gracier les détenus d'Ennahdha. Selon Samy Ghorbal, l'instrumentalisation de l'islam par le régime après 2000 (érection d’une grande mosquée à Carthage, création d'une radio et d'une banque islamique) a contribué à une islamisation de la société et a affecté le caractère séculier et moderne de l'État tunisien.
Caractère dictatorial du régime
Diverses organisations de défense des droits de l'homme et des libertés ainsi que de nombreux médias étrangers accusent régulièrement le président Ben Ali d'être un dictateur, le régime tunisien étant régulièrement accusé de violer les droits de l'homme et de réprimer la liberté d'expression.
Le président est listé dès 1998 comme l'un des « 10 pires ennemis de la presse » par le Comité pour la protection des journalistes. Reporters sans frontières le désigne également comme un « prédateur de la liberté de la presse ».
Des prisonniers politiques sont fréquemment torturés et des défenseurs des droits humains, notamment les avocats, sont victimes de manœuvres d'intimidation et de harcèlement sans que leurs plaintes soient acceptées par la justice tunisienne. Certains prisonniers politiques sont soumis à des conditions de détention difficiles et à des mauvais traitements, notamment le maintien à l'isolement pendant de longues périodes. La loi antiterroriste votée en 2003 serait devenue l'occasion de procès inéquitables comme en témoigne l'affaire des étudiants internautes de Zarzis emprisonnés en 2004 pour avoir recherché de la documentation sur Internet avec leur professeur ; accusés de préparer un attentat et de se servir d'Internet comme outil de communication, ils sont finalement libérés en février 2006.17
Clan Ben Ali-Trabelsi
Le clan Trabelsi fait référence à la famille de Leïla Trabelsi, la seconde femme du président Zine el-Abidine Ben Ali.
L'expression « clan » est souvent utilisée par les médias pour désigner le caractère « quasi-mafieux » de certains membres de la famille Trabelsi et de leurs proches, notamment leur implication dans des affaires de corruption et leur influence néfaste sur l'économie de la Tunisie. En effet, la corruption du clan a été l'une des raisons principales du déclenchement de la révolution tunisienne. La majeure partie des plaintes contre les membres du clan ont été déposées suite à ce mouvement populaire sans précédent dans le pays et qui a conduit à la chute du régime Ben Ali.
Selon un rapport de la Banque mondiale, les proches de Ben Ali ont bénéficié d'un cadre réglementaire qui protégeait leurs intérêts de la concurrence, au point que ce groupe de privilégiés avait la mainmise, à la fin de 2010, sur plus de 21 % des bénéfices réalisés par le secteur privé dans le pays.
Tous les membres des familles Ben Ali, Trabelsi ou El Materi ainsi que leurs proches ne sont pas impliqués dans la corruption. L'un des premiers à avoir parlé après la chute du régime Ben Ali est Mohamed Trabelsi en indiquant que « sa famille est torturée » et que « la corruption gangrène ce pays depuis toujours ! [...] Elle n'est pas le fait des Ben Ali ou des Trabelsi, elle fait partie intégrante de la Tunisie ».
Fortune
Le clan est soupçonné de diriger ou de posséder des participations dans des grandes sociétés du pays actives dans différents secteurs : banques, téléphonie, médias, transports, immobilier, grande distribution, industries. La fortune de ses membres se chiffrerait en centaines de millions d'euros selon les observateurs mais il est difficile d'établir avec exactitude la liste des avoirs de la famille.
Le clan est accusé d'avoir détourné entre quinze et cinquante milliards de dollars tout au long des 23 années de règne de Ben Ali. Abdelaziz Barrouhi estime à 3,7 milliards d'euros les actifs du seul couple Ben Ali. Selon lui, chaque frère et sœur de Leïla, ainsi que leurs enfants, recevaient chaque mois une enveloppe contenant entre 200 000 et 300 000 dinars (80 000 et 120 000 euros).18
Oppositions
Le régime de Zine el-Abidine Ben Ali engendre une opposition de la part d'une série de forces politiques ou de la société civile. Il est possible d'y distinguer plusieurs groupes.
D'une part, les islamistes rassemblés au sein du parti Ennahdha ne disposent pas d'une reconnaissance officielle et font l'objet d'une importante répression : plusieurs de leurs dirigeants et de leurs militants sont arrêtés et ont purgé de longues peines de prison. D'autre part, les partis politiques d'opposition non reconnus tentent d'exercer leurs activités, souvent en exil, malgré leur interdiction : le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (extrême gauche), le Congrès pour la République et Tunisie verte (écologiste). Enfin, des organisations de défense des droits de l'homme tentent de dénoncer des violations des libertés et de s'opposer au discours officiel : la Ligue tunisienne des droits de l'homme, le Conseil national pour les libertés en Tunisie, l'Association internationale de soutien des prisonniers politiques, l'Association de lutte contre la torture en Tunisie ou encore le Centre pour l'indépendance de la justice et des avocats.
Officiellement, le pays compte plusieurs partis politiques, autres que le parti présidentiel, qui sont reconnus à partir des années 1980 mais qui demeurent faibles : le Mouvement des démocrates socialistes (social-démocrate), le Parti de l'unité populaire (panarabiste socialiste), le Parti démocrate progressiste (post-marxiste), le Parti social-libéral (libéral), l'Union démocratique unioniste (panarabiste), le mouvement Ettajdid (gauche laïque), le Forum démocratique pour le travail et les libertés (socialiste) et le Parti des verts pour le progrès (écologiste).19
La révolution tunisienne de 2010-2011
À partir du 18 décembre 2010, le pays fait face à une violente crise sociale, à la suite du suicide d'un jeune chômeur, Mohamed Bouazizi, par immolation à Sidi Bouzid. Dès le 17 décembre 2010, des dizaines de commerçants rejoints par des jeunes et des proches de Bouazizi se réunissent pour protester. Durant le week-end, les rassemblements s'amplifient ; la police tente de les disperser mais la situation dégénère : plusieurs agents et manifestants sont blessés, des interpellations ont lieu. Le 22 décembre, un autre jeune, Houcine Neji, âgé de 24 ans, escalade un poteau électrique de la ville et crie qu'il ne veut « plus de misère, plus de chômage ». Alors que plusieurs personnes le supplient de redescendre, il meurt électrocuté en touchant les câbles de trente mille volts. Aussitôt, la révolte reprend plus violemment et s'étend aux villes voisines de Meknassy et Menzel Bouzaiane. Dans cette dernière, les manifestants incendient le siège de la délégation et assiègent le poste de la garde nationale. Le mouvement de contestation, dont les revendications sont à la fois sociales et politiques, s'étend ensuite à d'autres villes du pays.
Contexte de la révolution
Inégalités sociales et régionales
L'explosion de colère a pour cadre de profondes inégalités et disparités régionales de développement qui nourrissent un sentiment d'injustice et d'humiliation qu'éprouve le sous-prolétariat des régions de l’intérieur du pays, discriminé sur les plans économique, social et politique. Au-delà de ces facteurs régionaux et sociaux, il faut ajouter un facteur générationnel : le sentiment d’étouffement qu'éprouve la jeunesse, « proportionnel à son désir de détruire ce qui entrave sa liberté d’être et d’avoir ». Le sentiment d’injustice de la jeunesse joue d’autant plus qu'elle est nombreuse : 42 % des Tunisiens ont moins de 25 ans.
Pour le journaliste Taoufik Ben Brik, les jeunes manifestants « n'appartiennent ni à des partis, ni à des organisations syndicales, ni à des associations de la société civile […] mais ils se sont identifiés à Mohamed Bouazizi ». Pour lui « l'intifada de Sidi Bouzid » s'inscrit dans un large mouvement de révoltes commencé à Gafsa en 2008, qui s'est poursuivi à Ben Gardane en août 2010 et qui n'a jamais été résolu.
En effet, dès 2008, dans une forme de « répétition générale », la colère populaire s'était manifestée lors du mouvement du bassin minier de Gafsa, pendant plus de six mois et appelait déjà au respect de la justice sociale et de la dignité. Des centaines de Tunisiens avaient alors été arrêtés, torturés ou emprisonnés, certains trouvant la mort dans les affrontements avec la police, dans la quasi-indifférence des médias européens et tunisiens.
Selon une étude de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), le chômage touche 44 % des femmes diplômées d'université et 25 % des hommes diplômés d'université de Sidi Bouzid, contre respectivement 19 % et 13,4 % en moyenne en Tunisie.
Corruption et népotisme
Les causes sont également politiques : le président Zine el-Abidine Ben Ali et sa famille, notamment celle de sa seconde épouse Leïla, les Trabelsi, sont directement mis en cause dans des affaires de corruption, de détournement ou de vol. Pour Khemaïs Chammari, ancien député de l'opposition, ancien secrétaire général de la Ligue tunisienne des droits de l'homme et membre du « comité Sidi Bouzid », la gestion du développement des régions est critiquée mais aussi la corruption et le népotisme du régime. Outre Leïla Ben Ali, dont un portrait mafieux est dressé par l’auteur français Nicolas Beau dans son livre « La régente de Carthage », c’est son neveu Imed Trabelsi qui a le plus fait entendre parler de lui dans des affaires de détournement et de vol en bande organisée, non seulement en Tunisie mais aussi en France et en Allemagne : la fameuse affaire du yacht volé en 2006 en Corse ne fait pas l'exception. À ce jour, Imed Trabelsi est détenu dans la prison d’El Mornaguia et attend d’être jugé dans plusieurs affaires de corruption. Ainsi, le gendre du président Ben Ali, Mohamed Sakhr El Materi fait l'objet de maintes critiques : propriétaire de la Banque Zitouna et de concessions automobiles, il contrôle aussi le groupe de presse Dar Assabah qui publie les deux principaux journaux du pays. Plusieurs observateurs définissent le régime benaliste de « kleptocratie », ce qui entraîne le rejet du régime, à la fois par les classes populaires et par les milieux d’affaires.20
Renversement du régime
Le 13 janvier 2011 à 20 h, après l'annonce d'un événement urgent, le président Zine el-Abidine Ben Ali fait un discours retransmis sur la chaîne télévisée Tunisie 7 ; c'est l'une des rares fois où il parle en arabe dialectal. Il répond à plusieurs questions soulevées par le peuple et l'opposition, notamment en annonçant une baisse des prix des denrées de base telles que le pain, le lait et le sucre, une libéralisation de l'Internet tunisien ainsi que la cessation des tirs à balles réelles de la part des forces de police. Enfin, il déclare que son mandat en cours serait le dernier et qu'il quitterait donc le pouvoir en 2014.
Malgré ces initiatives de la part du chef de l'État, des manifestations spontanées ont lieu le 14 janvier sur l'avenue Habib-Bourguiba à Tunis. Lors de ces manifestations, toutes les classes sociales sont présentes et manifestent leur volonté de voir partir le président en place. Cependant, elles tournent mal et les forces de police interviennent en utilisant du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc.
Ce même jour, après environ un mois de crise sociale, le président Ben Ali limoge son gouvernement et prévoit des élections législatives anticipées dans les six mois. Après cette déclaration, l'état d'urgence est décrété : le couvre-feu s'étend de 17 h à 7 h, les forces militaires sont présentes dans les rues et les attroupements en tous genres de plus de trois personnes sont interdits ; les forces de police et militaires sont autorisées à tirer si le besoin s'en fait ressentir. Enfin, les aéroports sont fermés et protégés par plusieurs centaines de militaires ; quelques avions sont autorisés à décoller, notamment les avions privés. Après cette déclaration, le président quitte le pays par la voie aérienne. C'est son Premier ministre Mohamed Ghannouchi qui devient le président par intérim.
Depuis, des reportages filmés dans les divers lieux de résidence présidentiels ont mis à jour un vaste système organisé de kleptocratie, que des caches derrière des éléments décoratifs du mobilier révèlent : des billets de banque en devises internationales, par liasses conséquentes, ainsi que des pièces de joaillerie, le tout réparti sur plusieurs palais21. Le 26 janvier 2011, la justice tunisienne émet alors un mandat d'arrêt international contre lui et son épouse. Ben Ali et son entourage sont poursuivis dans plus de 180 affaires devant la justice tunisienne : il doit répondre de 93 chefs d'accusations, dont 35 relevant de tribunaux militaires. Le ministre de la Justice, Lazhar Karoui Chebbi, a cité parmi ces chefs d'accusation : homicide volontaire, complot contre la sûreté de l’État, abus de pouvoir, usage et trafic de drogue, détournement de fonds.
Le premier procès se tient par contumace à Tunis le 20 juin, sur des chefs d'accusation civils : Ben Ali et sa femme sont condamnés le jour-même à 35 ans de prison et à 91 millions de dinars d'amende (environ 45 millions d'euros au cours du 21 juin) pour détournement de fonds publics et possession illégale de devises étrangères et de bijoux. Le second procès, pour possession de stupéfiants, détention d'armes et recel de pièces archéologiques, a lieu le 4 juillet : Ben Ali est condamné le jour-même à quinze ans et six mois de prison ainsi qu'à une amende de 108 000 dinars ; le procès est marqué par le retrait des avocats de la défense.
Le 28 juillet, au terme d'un troisième procès, pour corruption et fraude immobilière concernant l'achat et la cession de deux terrains immobiliers à Tunis au début des années 2000, il est condamné à 16 ans de prison et 97 millions de dinars d'amende avec son gendre Mohamed Sakhr El Materi. Le 19 juillet 2012, le tribunal militaire de Tunis le condamne à perpétuité dans le plus grand procès des martyrs et blessés de la révolution, ceux du Grand Tunis et de cinq autres gouvernorats.22
En 2011, à la suite de la révolution, sont saisis au total en Tunisie 233 titres fonciers, 117 participations ou parts dans des sociétés, 34 voitures de luxe, 48 yachts et bateaux de pêche, ainsi que des biens immobiliers. Par ailleurs, environ 42 millions de dinars en liquide sont découverts au palais de Sidi Dhrif, construit sur un terrain acheté à l'armée à un « prix très sous-estimé » et dont la construction a été financé à la fois par l'armée et l'État. Le terrain du palais de la Marina, à Hammamet, a coûté cent dinars, et le palais en lui-même a été construit en grande partie sur le budget de la présidence. Par ailleurs, l'International School of Carthage, fondée en 2007 par Leïla Ben Ali, a été bâtie sur un terrain public, obtenu pour un dinar symbolique et a bénéficié d'une subvention de trois millions de dinars.
Abdelaziz Barrouhi estime à 3,7 milliards d'euros les actifs du seul couple Ben Ali.23
Le président déchu et sa femme résident depuis leur fuite dans un palais de la ville portuaire de Djeddah, en Arabie saoudite, au bord de la mer Rouge. L'Arabie saoudite refuse de les extrader et met du personnel et des gardes du corps à leur disposition.
Madame Ben Ali se rendrait parfois au Koweït et au Qatar pour faire du shopping. Leur nouvelle demeure est protégée par l’armée saoudienne.24
La révolution tunisienne à l'origine du « Printemps arabe »
Le terme « Printemps arabe » a été donné à l'ensemble des contestations populaires, d'ampleur et d'intensité très variables, qui se sont produit dans de nombreux pays du monde arabe à partir de décembre 2010. L'expression de « Printemps arabe » fait référence au « Printemps des peuples » de 1848 auquel il a été comparé. Ces mouvements révolutionnaires nationaux sont aussi qualifiés de révolutions arabes, de révoltes arabes, ou encore de « réveil arabe », certains vont jusqu’à parler d’une révolution Facebook, d’une révolution Twitter voire d’une révolution 2.0 tant l’usage des réseaux sociaux aurait été important. Ces événements ont donc commencé le 17 décembre 2010 dans la ville de Sidi Bouzid par la révolution en Tunisie qui a conduit Zine el-Abidine Ben Ali à quitter le pouvoir. D’autres peuples reprennent à leur tour le slogan « Dégage ! » (ou Erhal ! en arabe) devenu le symbole de ces révolutions. Les principales causes de ces mouvements à forte dimension sociale sont le manque de libertés individuelles et publiques, la kleptocratie, le chômage, la misère, le coût de la vie élevé ainsi qu'un besoin de démocratie qui ne soit pas une simple façade. Cette vague révolutionnaire est comparée à divers moments historiques, comme le Printemps des peuples de 1848, la chute du Rideau de fer en 1989, ou encore le Risorgimento italien.
Des révolution de la jeunesse
Le printemps arabe est avant tout une révolution de la jeunesse. Tous les pays arabes sont entrés en transition démographique dès les années 1950. Le taux de fécondité moyen de la région (Afrique du Nord et Moyen-Orient Iran compris) est de 3,6 enfants par femme en 2000-2005. Lorsque les révolutions arabes se produisent, elle est avancée au Moyen-Orient, et achevée au Maghreb. Ce facteur joue un rôle déterminant dans le déclenchement des révolutions, dans le sens où les enfants prennent plus d'importance dans la famille, sont mieux éduqués et élevés de façon égalitaire, et donc plus à même de remettre en cause l’autorité patriarcale et un système inégalitaire. La transition démographique a aussi pour résultat des effectifs importants pour la classe d’âge 15-29 ans : ils sont plus de 100 millions en 2009 dans la région, soit le tiers de la population totale, et une augmentation de 50 % depuis vingt ans. Même si les jeunes sont soutenus voire accompagnés dans les manifestations par des membres de toutes les tranches d’âges, ils restent le moteur principal des révolutions arabes.
Régimes politiques
Les régimes des pays arabes sont autoritaires, oligarchiques : pour se maintenir, ils multiplient les services de police. Ces États policiers s’associent aux milieux affairistes25. Les dictateurs ont également pu bénéficier du soutien sans faille des puissances occidentales et de leurs forces de répression. Leurs instruments, qu’il s’agisse de la police ou de l’armée, sont soutenus par ces puissances. Les officiers d’état-major en particulier ont été formés dans les grandes écoles militaires européennes ou américaines. Chaque année les États-Unis déboursent près d’un milliard et demi de dollars pour entretenir l’armée égyptienne.
Après la révolution, le nouveau chef d’état-major de l’armée égyptienne, Sami Anan, présenté comme « l’arbitre impartial de la révolte populaire et l’épine dorsale de la transition politique », était passé par l’École de guerre en France.
Il se trouvait à Washington la veille de la chute de Moubarak, pour prendre conseil auprès des généraux américains.
Ces régimes de dictature ont permis que l’Égypte, la Tunisie, le Maroc, deviennent des eldorados pour les investissements des patrons occidentaux, et notamment français.
La presse tunisienne révélait les bonnes affaires réalisées par les 1 250 entreprises françaises présentes en Tunisie. Par exemple, tel grand groupe hôtelier vend pour 1 500 euros à ses clients des séjours touristiques tout compris (avion, repas, massages, soins esthétiques…), qu’il achète 300 euros auprès de sa société tunisienne.
Ou cette banque étrangère, qui vend à sa filiale tunisienne un logiciel pour 15 millions d’euros, alors que sa valeur réelle est de 5 millions, et en prime le logiciel est obsolète !
Il n’y a pas à dire : pour les entreprises étrangères, ces pays, c’était vraiment le paradis. Main d’œuvre qualifiée, sous-payée, muselée, et, rêve absolu pour les patrons, les taxes et les impôts y sont ridiculement bas !
Ces pays ne sont pas que des paradis pour les passionnés de sites archéologiques ou les touristes en quête de soleil. Ce sont avant tout des paradis fiscaux pour les capitalistes de tout poil !
La contestation visait au renversement de régimes pourris. Elle a mis les mots d’ordre de liberté et de démocratie sur les banderoles des manifestations. Mais la révolte venait aussi de la faim, de la cherté de la vie, du chômage massif, de l’absence de perspectives, y compris pour la jeunesse diplômée. Avoir un logement pour sa famille, se nourrir convenablement, circuler librement, relèvent de plus en plus de l’impossible.
Les richesses produites par les travailleurs n’ont servi qu’à enrichir des grands groupes capitalistes et les cliques au pouvoir. Le fameux « miracle tunisien », avec ses taux de croissance élevés, n’était qu’un leurre.
En Algérie, le régime affichait triomphalement ses 155 milliards de dollars de réserve, produit de la rente pétrolière et gazière. La bourgeoisie algérienne et ses nouveaux nababs en ont bien profité, mais les masses exploitées, elles, ont été écartées du festin. Elles ont été condamnées à une misère croissante, et à un chômage record de 30 à 40 %, qui touche en premier lieu la jeunesse.
Oui, la force des pays arabes, c’est à coup sûr sa jeunesse : 60 % de la population a moins de 25 ans. Cette jeunesse a grandi sous la dictature des Ben Ali et Moubarak. Une jeunesse condamnée au chômage, et à vivre jusqu’à un âge avancé au domicile parental.
Alors la jeunesse des classes exploitées étouffe, toutes les portes se ferment devant elle, et avec brutalité. Elle ne peut même plus caresser le rêve des générations précédentes, émigrer et vivre une autre vie en Europe, car des barbelés se sont érigés autour des citadelles impérialistes : obtenir un visa est impossible – à moins d’avoir de l’argent ou du piston, ou plutôt les deux.
La jeunesse refuse la hogra. Ce mot, signifiant « mépris », est apparu en Algérie, sur des banderoles affichant « NON A LA HOGRA ».
L’expression s’est répandue de Casablanca à Tunis, reprise par la jeunesse pour exprimer son désespoir, le sentiment d’appartenir à une génération sacrifiée.
C’est ce qu’a exprimé le jeune Mohamed Bouazizi en s’immolant par le feu. Toutes les familles des quartiers populaires arabes ont entendu ce cri et l’ont compris dans leur chair. Une société qui condamne sa jeunesse au désespoir ne peut pas durer, et doit être renversée !
Comme l’ont dit des manifestants « Le mur de la peur est tombé ». Face à la contestation, Ben Ali, dictateur de la Tunisie pendant vingt-trois ans, et Moubarak, dictateur de l’Égypte pendant trente ans, ont dû plier bagage. Des bagages biens lourds au demeurant, puisque chargés des milliards volés à leur peuple, 40 milliards pour Moubarak et « seulement », si l’on peut dire, 5 milliards pour Ben Ali.26
Par ailleurs, les réformes libérales, censées être le versant économique de la démocratisation et poussées par le FMI et l’Union européenne, ont de la même façon appauvri les populations arabes et renforcé les dictatures. Les privatisations, la spéculation foncière, l’ouverture à la finance internationale, loin de créer des emplois, ont enrichi les oligarchies kleptocrates et appauvri les populations.
Aspects socio-économiques du Printemps arabe
La région consacre à l’éducation : 5 % de sa richesse depuis trente ans, et réussit à scolariser 75 % d’une classe d’âge dans le secondaire, et 25,8 % dans le supérieur (et même 28,6 % en Tunisie et 32,6 % en Égypte). La région est touchée par des taux de chômage importants, et paradoxalement, ce sont les jeunes adultes qui sont les plus touchés : 90 % des chômeurs ont entre 15 et 29 ans, et le taux de chômage de cette classe d’âge, probablement sous-évalué, varie entre 20 et 25 % dans la région (40 % en Algérie).
Ce chômage important limite les revenus d’une part de plus en plus importante de la population, déjà pauvre et qui n’a guère profité de la libéralisation des années 1990 et 2000 (les statistiques économiques étant d’ailleurs truquées). Avec la hausse des prix alimentaires, au plus haut à la fin de l'année 2010 et au début 2011, une partie importante de la population est à la limite de ne plus pouvoir se nourrir :
- le cours des céréales atteint son plus haut niveau historique, soit 2,5 fois plus qu'en 2002 ;
- le cours du sucre est également à son plus haut niveau historique, soit quatre fois plus cher qu'en 2002 ;
- les autres produits alimentaires connaissent des hausses moins spectaculaires, mais sont aussi à leur plus haut niveau historique.
Il a aussi pour effet de rendre difficile l’accès à un logement et la constitution d’une dot : le taux des hommes mariés dans les hommes de 25 à 29 ans est de seulement 50 %, le plus faible au monde. Les frustrations accumulées par ce genre de situation sont considérables. Cet aspect est cependant moins important dans les pays pétroliers, où soit les aliments sont déjà subventionnés avant 2011, soit les revenus du pétrole sont rapidement mobilisés pour faire baisser leurs prix (comme en Algérie), ou soit encore le conseil de coopération du Golfes intervient pour financer des mesures sociales (comme en Oman). Les solidarités de proximité sont très importantes également pour la survie des plus pauvres, alors que les solidarités tribales ont pratiquement disparu.
Selon Jean-François Daguzan, les difficultés économiques des pays arabes causées par la crise économique de 2008 sont un des facteurs clés des révolutions en cours. Les économies des pays arabes auraient en effet été durement touchées par de multiples facteurs :
- baisse des ressources de ces pays par la chute du prix des matières premières de 30 à 40 % et des exportations de 30,6 % ;
- dans le même temps, les importations de biens augmentaient de 18,6 %, d’où une aggravation du déficit de la balance commerciale de 60,4 % (21 milliards de dollars) ;
- la conjoncture défavorable a tari les sources de financement : les recettes touristiques diminuent de 4,3 % (alors que l’activité touristique progresse de 6,5 % en volume), les transferts de revenus par les expatriés baissent de 6,1 % et les IDE s’effondrent de 32,2 % ;
- l’aide au développement est également en baisse, alors que les migrants travaillant dans les pays du Golfe ont tendance à revenir dans les pays d’origine.
Les économies étant encore affaiblies par les révoltes, le monde étant toujours en crise, et les gouvernements issus des révolutions étant jugés sur leur capacité à fournir du travail à leurs populations, le risque de « deuxième tour révolutionnaire » est important si les pays développés n’investissent pas en masse dans le soutien au développement dans la région.
Influence des prix de l'alimentation et réchauffement climatique
La hausse du prix des matières premières, notamment du blé, est un élément socio-économique mais qui est particulier dans ce contexte. La région importe une bonne partie de son alimentation, soit environ 30 % du blé mondial. L'Égypte notamment est très dépendante de l'approvisionnement depuis l'étranger. Ainsi, la suspension des exportations de blé par la Russie en août 2010 a sévèrement affecté ce pays. La sécurité alimentaire a ainsi été un facteur d'importance lorsque les prix de l'alimentation ont augmenté. En 2011, l'indice des prix de la FAO a atteint un pic de 237.9 en février 2011. La hausse du prix des céréales, particulièrement du blé, a été importante avec un pic de l'indice des prix des céréales de la FAO à 265.4 en avril. Ainsi, le prix du blé a augmenté de 125 % environ, passant de $4 le boisseau en Juillet 2010 à $8.5-9.0 au Printemps 2011. L'augmentation de ces prix est liée aux conditions météorologiques de juillet à octobre, particulièrement la sévère canicule européenne de 2010, qui a poussé la Russie a suspendre ses exportations de blé. Or, la canicule russe a été largement amplifiée par le réchauffement climatique, comme le montre de multiples sources. Ainsi, un des facteurs contribuant au Printemps arabe a été le réchauffement climatique.
C'est une position qu'explicite ainsi, au nom de l'US Navy, l'amiral américain David Titley. Le réchauffement a donc été un facteur supplémentaire qui a amplifié l'instabilité régionale et ainsi été un élément déclencheur nécessaire même si non suffisant. Et ces événements ont poussé à une réflexion plus marqué concernant les effets du réchauffement climatique. Une telle hausse du coup des matières premières n'était pas anticipée, et a ainsi rendu l'évolution géopolitique mondiale encore plus imprévisible.
Nouvelles technologies et médias
Un des points communs entre toutes les révolutions est le rôle important joué par les nouvelles technologies (télévision par satellite, téléphone mobile, réseaux sociaux d’Internet) : on a ainsi parlé de « révolution(s) Facebook » ou « révolution Twitter ». Le développement des technologies de l’information et de la communication permet une circulation très fluide et horizontale de l’information entre de très nombreux utilisateurs, malgré toutes les tentatives des dictatures de contrôler ce flux. Cette forme de slacktivisme permet initialement d'assurer une couverture médiatique sur Internet et générer l’attention des médias traditionnels, elle permet aussi à des mouvements de se structurer, de préparer des mouvements de contestation. Mais plusieurs observateurs remettent en cause les termes de cybermilitantisme, « révolution 2.0 » ou de « révolution Facebook », car le mouvement de contestation qui devient une révolution se fait dans la rue et Internet n’est qu’un facteur de la révolution, qu’un des changements récents des sociétés.
Son rôle, certain dans le déclenchement des premières manifestations, se réduit ensuite, les éléments politiques de la contestation l’emportant sur les aspects technologiques. L’importance des réseaux sociaux est cependant cruciale dans la phase préparatoire : ils permettent aux individus de lever une hypothèque sur leur engagement, de vérifier qu’ils sont nombreux à avoir la même analyse de la situation, et de confirmer la validité de leur engagement personnel.
Le Parti Pirate International a joué un rôle important durant le printemps arabe, notamment en Tunisie. Le site tunisie-presse.com souligne l'implication du Parti Pirate Tunisien, fondé en septembre 2010, dans la révolution tunisienne : « Les membres du Parti Pirate avaient un seul souci, libérer le web qui était sous l’emprise du gouvernement [...]. Ils distribuaient des supports numériques contenant des logiciels nécessaires pour déjouer la censure d'Internet et protéger les internautes du piratage de leurs connexions [...]. » Slim Ammamou, ex-membre du Parti Pirate Tunisien, a occupé le poste de ministre de la jeunesse et des sports du gouvernement transitoire durant près de trois mois avant de démissionner.
Par contre, les relations individuelles et autonomes, indépendantes des cadres autoritaires traditionnels, qui sont la règle sur Internet, se sont retrouvées dans la rue, donnant un fonctionnement très égalitaire aux manifestations et occupations de rue. Et au total, l’importance des réseaux sociaux est égale à celle des comités de quartier dans la formation politique des citoyens.
Certains auteurs notent par ailleurs le rôle tenu par des organisations proches du gouvernement des États-Unis dans la formation de militants arabes et le soutien aux mouvements pour la démocratie.
L’engagement de l’influente chaîne qatarie Al Jazeera en faveur de certains mouvements populaires (pas ceux mettant en cause les intérêts de cette micro-pétro-monarchie) a également été un élément important dans le maintien et l’amplification de chaque mouvement, et dans la diffusion des protestations dans le monde arabe.
Place de l'Islam et des femmes
Le déroulement effectif des révolutions, notamment en Égypte et en Tunisie, conduit à relativiser la peur de l'islamisme, ainsi que l’examen des programmes des organisations islamistes. Selon des analystes, les sociétés qui contestent les régimes politiques en place sont insensibles aux thèses de l’islam radical, bien que croyantes et pratiquantes. Le risque de révolution islamique comme en 1979 est donc faible dans le monde arabe. Sans être laïque, ce mouvement de protestations serait donc « séculier », selon Olivier Roy, suivi par d’autres observateurs. Les Frères musulmans eux-mêmes, s’ils conservent une idéologie sociale conservatrice, ont assez largement opté pour la démocratie, d’après le modèle du parti turc musulman, l’AKP et lorsqu'ils entament des négociations avec le pouvoir en Égypte, ils sont lâchés par leurs branches féminine et de la jeunesse. Ce modèle turc est ainsi souvent évoqué par les opposants, que ce soit en Tunisie, au Maroc, en Jordanie ou en Égypte, et ce d'autant plus que le premier ministre AKP de la Turquie, Recep Erdoğan, a immédiatement soutenu les révolutions tunisienne et égyptienne, et a posé le régime turc en modèle pour les pays musulmans. De plus, les religieux, que ce soient les dignitaires musulmans ou coptes en Égypte, sont souvent trop compromis avec les anciens régimes pour avoir une influence déterminante. En Égypte, les dignitaires religieux ont presque tous condamné la révolution et ses objectifs, alors que les prières dans la rue sont l’indice d’une société croyante mais peu pointilleuse sur les rites.
La presse grand public occidentale émet par contre très tôt des craintes sur la prise de pouvoir des islamistes ; cette éventualité est aussi envisagée comme crédible en-dehors de l'Europe, notamment par la presse iranienne.
Les femmes, traditionnellement cloîtrées, prennent une part active aux mouvements révolutionnaires, jouant même le rôle de leaders ; elles sont 10 à 15 % des manifestants en Égypte, et les rapports respectueux qui s'instaurent entre hommes et femmes place Tahrir au Caire étonnent les manifestants. On y a relevé cependant plusieurs cas d’agression sexuelle et au lendemain de la révolution, leur place est toujours très restreinte en politique : la manifestation de la journée des femmes, le 8 mars, est brutalement dispersée par les salafistes et les militaires, et elles sont quasi absentes du gouvernement et des 27 postes de gouverneur de province.
Les femmes sont aussi très présentes dans les manifestations yéménites et libyennes, avec Salwa Bugaighis qui fait partie du conseil national de transition. À Benghazi, un carré entouré de barrières est aménagé pour empêcher les hommes d’approcher les femmes sur la place du palais de justice de Benghazi, rebaptisée place Tahrir. On note leur présence importante en tenue occidentale ou traditionnelle, en abayas à Manama, au Yémen ou en Libye, et le blog vidéo de l’Égyptienne Asma Mahfouz est l’un des plus suivis lors des événements de janvier-février en Égypte. En Syrie, les femmes sont très nombreuses à manifester et à faire grève, de toutes religions, voilées ou non, que ce soit dans les villes ou à la campagne, etc. Les artistes participent aux luttes, dont Mona Wassef, Kenda Aloush, Yara Sabri, Azza Al-Bahra, la réalisatrice Rasha Sharbotgui et les romancières Rima Folayhan, Yom Mashhadi ont signé un manifeste de solidarité aux enfants de Deraa.
Cette présence des femmes est d’ailleurs utilisée contre les manifestants, par exemple au Yémen, où Saleh pointe comme immorale la mixité dans les manifestations ; après ce discours, des extrémistes présents parmi les contestataires tabassent les femmes qui veulent supprimer la séparation hommes-femmes, aidés par les militaires de la 1re brigade blindée, entraînant ensuite de vives protestations parmi les manifestants en défense des femmes. Mais au total, l’anthropologue Mondher Kilani estime que l’émancipation des femmes est une des ruptures majeures introduites par les révolutions arabes.
Action non-violente et rôle de l'armée
Parmi les points communs entre les différentes révolutions arabes, l’influence de Gene Sharp, théoricien de la résistance non-violente, est souvent citée. Les méthodes qu’il préconise dans son manuel De la dictature à la démocratie sont régulièrement prises en exemple par les « Tahrites », au Caire. Plusieurs Tunisiens révoltés, des membres du Mouvement de la Jeunesse du 6 avril en Égypte ont été formés à la résistance non-violente par le Canvas, fondé par le mouvement serbe Otpor ! (dont Mohamed Adel et la blogueuse Dalia Ziada). En 2006, selon l’ambassade des États-Unis à Damas, des dissidents syriens s’entraînaient aussi aux méthodes de résistance non-violente détaillées dans le manuel de Sharp. Enfin, les sites internet des Frères musulmans le proposait traduit en arabe en libre téléchargement depuis plusieurs années.
Face à cette action non-violente, l’attitude des militaires face aux revendications populaires est primordiale : en Égypte et en Tunisie, l’armée est neutre : elle se détache du pouvoir qui ne dispose plus de cette force pour réprimer les manifestations ; Toutefois, les deux cas restent différents vu que l’armée tunisienne n’a aucun pouvoir politique alors que les militaires égyptiens jouissent d’un pouvoir politique considérable et dirigent le pays depuis Gamal Abdel Nasser. En Egypte, contrairement au cas tunisien, l’armée a participé à la répression des manifestants sous Moubarak et dirigé le pays jusqu’aux élections du 19 mars à travers le conseil suprême des forces armées sous la présidence de Mohamed Hussein Tantawi. Peu avant les élections, un bras de fer commence entre les frères musulmans égyptiens, principale force politique civile, et cette institution militaire largement pourvue en prérogatives.
D'autres armées sont totalement inféodées au pouvoir grâce au recrutement, notamment : 70 % des militaires syriens, et 80 % des officiers sont alaouites ; une bonne partie des armées yéménite et libyenne sont dévouées au dictateur, grâce à un recrutement tribal et à des traitements de faveur ; à Bahreïn, les chiites majoritaires dans le pays sont absents de l’armée, et beaucoup d’étrangers sunnites sont naturalisés au moment de leur engagement ; les Émirats arabes unis ont recruté un corps de 800 mercenaires.
Enfin, quand ces mesures ne suffisent pas à écraser les révoltes, les armées étrangères peuvent appuyer l’armée nationale dans ses tâches de répression : aviation syrienne en Libye, troupes saoudiennes à Bahreïn.27
Mohamed Bouazizi
Mohamed Bouazizi, de son vrai nom Tarek Bouazizi est né le 29 mars 1984 à Sidi Bouzid.
Tarek Bouazizi est rapidement appelé Mohamed, pour le distinguer d'un homonyme, puis porte jusqu'à l'âge adulte le surnom de Basboussa, donné par sa mère Manoubia. Son père, Taïeb, est ouvrier agricole. Mohamed a un frère, Salem, et une sœur, Leïla. Il a trois ans lorsque son père meurt ; sa mère se remarie avec son beau-frère, avec lequel elle a quatre enfants. La famille Bouazizi connaît un revers de fortune après la perte de terres hypothéquées. À six ans, le jeune Bouazizi participe aux travaux des champs ; à 14 ans, tout en suivant des études au lycée, il est occasionnellement maçon. Assumant le rôle de soutien de famille qui lui est confié, Mohamed Bouazizi reste à Sidi Bouzid, ville agricole de 40 000 habitants, malgré la découverte et l'attrait de Sfax, ville maritime économiquement développée. Abandonnant le lycée au niveau de la terminale, il s'inscrit dans une association de jeunes chômeurs. Faute de mieux, à 19 ans, il devient marchand ambulant de fruits et légumes, cette activité constituant le seul revenu de la famille de sept enfants. Son rêve est de pouvoir s'acheter une camionnette pour ne plus avoir à pousser sa charrette. Ne possédant pas d'autorisation officielle, il subit une administration à laquelle il ne peut verser de pots-de-vin et qui, pendant sept ans, se sert dans sa caisse, lui applique des amendes ou lui confisque sa marchandise, voire sa balance. À sa sœur Leïla, il déclare : « Ici, le pauvre n'a pas le droit de vivre ».
Le 17 décembre 2010, on lui confisque encore une fois son outil de travail (une charrette et une balance). Essayant de plaider sa cause et d'obtenir une autorisation et la restitution de son stock auprès de la municipalité et du gouvernorat provincial, il y est bousculé et se fait expulser des bureaux où il est venu se plaindre. Sa sœur Leïla explique : « Ce jour-là, les agents municipaux lui avaient confisqué son outil de travail et l'un d'eux l'avait giflé. Il s'est alors rendu à la municipalité, puis au gouvernorat pour se plaindre, mais ici, à Sidi Bouzid, il n'y a personne pour nous écouter. Ils marchent à la corruption et ne travaillent que pour leurs intérêts. » Humilié publiquement, désespéré, Mohamed Bouazizi s'immole par le feu devant le siège du gouvernorat. Il est transporté à l'hôpital local, puis à Sfax, et enfin au Centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous, près de Tunis. Le décès de Mohamed Bouazizi est annoncé le 4 janvier 2011 à Ben Arous où il était hospitalisé. L'acte désespéré de Bouazizi, qui « préfère mourir plutôt que de vivre dans la misère », provoque la colère parmi les habitants de Sidi Bouzid : des dizaines manifestent devant le siège du gouvernorat. Le mouvement social s'étend spontanément à d'autres municipalités du pays, malgré la répression.
Le romancier marocain Tahar Ben Jelloun publie en 2011 chez Gallimard Par le Feu, court récit de fiction qui reconstitue les dernières semaines de Bouazizi et qui se termine sur un hommage à « un homme simple, comme il y en a des millions, qui, à force d'être écrasé, humilié, nié dans sa vie, a fini par devenir l'étincelle qui embrase le monde. »28
(Afin de bien comprendre cette partie, je vous conseille de lire dès maintenant – si ce n'est pas déjà fait – la traduction des signes consacrés à l'Islam, qui se situe dans la partie « Religions » du site internet, car dans le passage suivant, je fais notamment référence au message « PEACE 5 » que Dieu nous a dévoilé à travers les lettres détachées du Coran.)
La Tunisie est le berceau de la civilisation carthaginoise, qui est à l’origine de l’une des plus grandes puissances commerciales et militaires du bassin méditerranéen dans l’Antiquité. Fondée par des Phéniciens sur les rives du golfe de Tunis en 814 av. J.-C., selon la tradition la plus couramment admise, Carthage a pris peu à peu l’ascendant sur les cités phéniciennes de la Méditerranée occidentale, avant d’essaimer à son tour et de développer sa propre civilisation.29
Le nom « Carthage » provient du phénicien Qart-Hadašt qui signifie « ville neuve ».
Le masculin de NEUVE est NEUF.
NEUF = 9
Carthage fut fondée en 814 av. J.-C., et avec le 9 nous obtenons l'année 1984.
Mohamed Bouazizi est né en 1984 et son immolation par le feu a fondé des VILLES NEUVES en mettant fin à la dictature en Tunisie.
À travers Mohamed Bouazizi, Dieu nous montre le chemin à suivre pour nous libérer de la dictature afin de créer un monde NEUF.
En effet, Mohamed est né le 29 mars 1984 (29 3 1984).
29 3 = BIC
BIC est une marque de STYLOS.
Dieu nous fait comprendre que nous construirons un nouveau monde en renversant la dictature de l'argent avec les mines des nos STYLOS, car en écrivant de nouvelles Constitutions, les peuples prendront le contrôle des richesses qu'ils produisent afin de les partager équitablement.
Carthage a été fondée par les phéniciens de TYR car Dieu nous révèle que les stylos sont les armes à feu qui nous permettront de « TIRER » et d'abattre la dictature de la « THUNE ».
La société BIC fabrique également des BRIQUETS.
Mohamed Bouazizi s'est immolé par le FEU.
Le FEU a donc permis à la Tunisie d'obtenir la démocratie mais d'un point de vue économique, la situation des Tunisiens ne s'est pas amélioréé car après le départ du dictateur Ben Ali, ils ne se sont pas libérés de la dictature de l'argent, par conséquent, les richesses du pays ne sont pas équitablement redistribuées entre chaque Tunisien.
C'est la raison pour laquelle Dieu nous fait comprendre que nous devons nous libérer de la dictature du capitalisme avec les MOTS, c'est-à-dire inscrire dans la loi, les MOTS : « expropriation sans indemnité des moyens de production et instauration d'un plafond de revenus à ne pas dépasser ». La Tunisie sera ainsi libre et démocratique lorsqu'elle aura tué le roi Argent avec les MOTS.
La société BIC fabrique des stylos, des briquets, mais également des rasoirs à LAMES donc Dieu nous fait ainsi comprendre qu'il juge L'AME de chacun d'entre nous en fonction de la manière dont nous interprétons les écritures.
Ainsi, certains musulmans continueront à mourir en martyr, en tuant des innocents par le FEU, car ils croiront qu'en agissant ainsi, ils réussiront à entrer dans le royaume de Dieu, mais d'autres comprendront qu'ils doivent combattre le capitalisme avec la plume d'un STYLO pour s'envoler au paradis.
Dieu juge ainsi L'AME du croyant en fonction de son interprétation des écritures.
La dualité du mot « BIC » symbolise celle du mot « ÉPÉE ».
« ÉPÉE » se dit « SWORD » en anglais.
SWORDS = WORDS
« WORDS » signifie « MOTS » en anglais.
Dieu nous fait comprendre que nous devons combattre avec les MOTS et non faire couler le sang avec une ÉPÉE.
Le mot « BIC » symbolise la dualité entre le FEU et le STYLO, et le mot « ÉPÉE » la dualité entre le SANG et les MOTS.
Dans le Coran, le verset 9 de la sourate 5, appelé le « verset de l'ÉPÉE », est le suivant : « Après que les mois sacrés expirent, tuez les associateurs où que vous les trouviez. Capturez-les, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade. Si ensuite ils se repentent, accomplissent la Salat et acquittent la Zakat, alors laissez-leur la voie libre, car Allah est Pardonneur et Miséricordieux. »
Le « verset de l'ÉPÉE » peut ainsi prêter à confusion lorsque Dieu déclare « tuez les associateurs », or Dieu utilise ce verset pour juger L'AME des musulmans en fonction de leur interprétation des écritures dans un sens pacifique ou non, car seuls ceux qui comprendront que le Coran dévoile uniquement un message de paix, iront au paradis.
Dans le « verset de l'ÉPÉE », « les associateurs » sont des idolâtres, et Dieu nous précise aujourd'hui – comme je l'explique dans la partie consacrée à l'Islam – que les idolâtres sont les adorateurs du dieu Argent, c'est-à-dire du capitalisme, alors nous devons les combattre avec les MOTS en déposant dans l'urne, le jour de l'élection présidentielle, le MOT désignant notre candidat(e) pour prendre le pouvoir en main et ainsi tuer le dieu Argent avec nos STYLOS en écrivant une nouvelle Constitution.
Le « verset de l'ÉPÉE » se situe à la Sourate 5 verset 9 du Coran.
Le chef-lieu du département 9 est la ville de FOI.
Dieu te demande ainsi d'avoir FOI en lui et de suivre les nouvelles écritures, alors saisis-toi d'un bulletin de vote et d'un STYLO, avec les 5 doigts de ta main, afin de combattre le dieu Argent, et tu pourras alors t'envoler un jour vers le paradis.
Le « verset de l'ÉPÉE » est symbolique car il se situe à la sourate 5 verset 9 :
5 = E
9 = I
« EI » est le sigle de l'État Islamique.
L'État Islamique (Daech) demande à ses combattants de tuer par l'ÉPÉE ceux qu'il appelle « les infidèles ».
Dieu juge ainsi l'AME des croyants en fonction de leur interprétation des écritures, par conséquent : ceux qui rejoindront l'État Islamique pour couper des têtes avec une ÉPÉE, iront en enfer, mais ceux qui combattront l'impérialisme et le capitalisme avec les MOTS, s'envoleront au paradis.
Dieu m'a permis d'écrire le mot « PEACE » avec les lettres détachées du Coran et ces lettres apparaissent pour la dernière fois à la sourate 68 intitulée « La PLUME ».
La PLUME symbolise la PLUME du STYLO avec laquelle nous changerons les Constitutions pour construire un nouveau monde.
Le symbole de la PAIX est une COLOMBE.
Une COLOMBE possède des PLUMES.
Christophe COLOMB a découvert l'Amérique en 1492.
1492 = NIB
« NIB » signifie « PLUME » en anglais, dans le sens de la PLUME d'un stylo.
L'année 1492 est une année fondamentale dans l'histoire de la civilisation musulmane : elle signe « la défaite définitive des Arabes face à l'Occident européen. Marquée par la chute de Grenade, dernière place forte arabe en Europe, l'année 1492 sonne la fin de la suprématie de la civilisation arabe sur une large partie du monde et l'éveil de la puissance européenne que la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb va accélérer. En 1492, les Arabes mais aussi les juifs perdent leur souveraineté sur le sud de l'Europe.(...) L'année 1492 marque donc le début du long déclin de la civilisation arabo-musulmane dont l'influence sur le monde ne cesse de perdre des ''parts de marché''. Décadence qui culmine avec la colonisation de l'aire arabo-musulmane par les principales puissances européennes (Grande-Bretagne, France, Italie...). Celle-ci va s'étaler sur deux siècles (19e et 20e siècle) et marquer les consciences des peuples colonisés. »30
L'année 1492 marque ainsi la fin de la suprématie de la civilisation arabo-musulmane avec la chute de GRENADE. Et ces dernières décennies, « non seulement le monde arabe est la seule région du globe à n’avoir pas progressé depuis trente ans, mais elle a reculé. Le monde arabe est aujourd’hui moins industrialisé qu’en 1970. Alors que les pays arabes produisent un tiers du pétrole et détiennent deux tiers des réserves mondiales, 15 % de ses habitants vivent avec moins de deux dollars par jour. 40 % sont analphabètes ou illettrés. Ce décalage avec le reste du monde s’explique à la fois par les conséquences de la colonisation, par l’état de guerre permanent du fait du conflit israélo-palestinien et par l’échec du ''socialisme arabe'' comme de l’''infitah'', la libéralisation économique. Mais attention, la moitié des Arabes a moins de vingt-cinq ans. Et ces jeunes n’entendent pas être sacrifiés. Pour eux, c’est maintenant que tout se joue. »31
Dieu leur envoie alors un signe clair à travers l'année 1492 qui marque le début du déclin de la civilisation arabe, car en associant cette année-là avec le mot GRENADE et la pointe du STYLO, Dieu appelle les peuples arabes à écrire une nouvelle page de leur histoire en se révoltant pacifiquement, démocratiquement – du moins pour les peuples qui en auront la possibilité – afin de prendre le pouvoir en main. Ils pourront ainsi écrire de nouvelles Constitutions avec les mines de leurs STYLOS pour prendre le contrôle des richesses qu'ils produisent, et elles sont énormes, les pays arabes produisent un tiers du pétrole mondial mais cette manne financière est majoritairement accaparée par les multinationales occidentales. Donc à travers l'année 1492 qui symbolise le déclin du monde arabe, Dieu indique le chemin à suivre aux peuples arabes afin qu'ils connaissent le progrès et la prospérité.
Ainsi, en associant l'année 1492 avec le mot GRENADE, le STYLO et la COLOMBE de la PAIX, Dieu nous fait comprendre que nous devons lutter pacifiquement pour obtenir la PAIX dans le monde en partageant équitablement les richesses. Comme je l'ai expliqué dans la partie consacrée à l'Islam, à travers les 114 sourates du Coran, Dieu nous demande de combattre « SANS HAINE ». Le message est « PEACE ». Nous devons ainsi combatte le capitalisme et l'impérialisme avec la PLUME de nos STYLOS, c'est-à-dire avec les MOTS.
« ISLAM » signifie « PAIX » en arabe.
ISLAM = 9x19x12x1x13 = 26676
26676 = 266 76
76 = 7x6 = 42
Le département 42 est celui de la LOIRE.
LOIRE = LE ROI
À travers l'ISLAM, Dieu nous demande de tuer LE ROI Argent avec les mots.
Vous me direz que les signes mentionnent effectivement LE ROI mais rien n'indique qu'il s'agit du ROI ARGENT, c'est la raison pour laquelle le chiffre 266 symbolise le 266e Pape : le Pape François qui est né en ARGENTINE.
ARGENTINE = ARGENT
Vous me direz que c'est peut-être un hasard ?
ARGENTINE = ARGENT NIE
Ne NIE pas l'évidence des signes, Dieu te demande clairement de combattre pacifiquement LE ROI ARGENT avec les MOTS.
MOTS = 13x15x20x19 = 74100
74100 = GOD 10
« GOD » signifie « DIEU » en anglais.
Le chef-lieu du département 10 est la ville de TROYES.
TROYES se prononce comme le chiffre TROIS.
DIEU te fait comprendre qu'avec les MOTS, T'ES ROI, car ils te permettront d'être le maître de ta vie en n'étant plus soumis au ROI ARGENT.
J'ai traduit le message « PEACE 5 » avec les lettres détachées du Coran alors que j'habitais à Sahline en Tunisie.
Le peuple tunisien a chassé le dictateur Ben Ali en écrivant à l'unisson sur des pancartes les MOTS « BEN ALI DEGAGE ! »
Et trois ans plus tard, la Tunisie adoptait sa première Constitution donc à travers le peuple tunisien, Dieu nous montre la voie à suivre pour créer un nouveau monde, et l'expérience tunisienne nous prouve que rien ne changera tant que nous ne tuerons pas LE ROI ARGENT avec les MOTS, car les Tunisiens se sont libérés de la dictature de Ben Ali mais ils sont toujours prisonniers de la dictature de l'argent.
Mohamed Bouazizi est mort le 17 décembre 2010.
Le Pape François est né le 17 décembre 1936 donc il eu 74 ans le jour de la mort de Mohamed Bouazizi.
ISLAM = 26676
À travers le 17 décembre, Dieu associe le 266e Pape à Mohamed Bouazizi.
Mohamed Bouazizi est mort le jour où le Pape François a eu 74 ans.
Le département 74 est celui de la HAUTE-SAVOIE.
Dieu est appelé « le Très-HAUT ».
HAUTE = HAUT E
E = 5
Dieu, le Très-HAUT, nous a transmis un message à travers ce chiffre 5 donc écoute SA VOIX.
Le chef-lieu du département 74 est Annecy, et lorsque le Pape François a eu 74 ans, le maire d'Annecy était Jean-Luc Rigaut qui est né à MEAUX.
MEAUX se prononce MOT.
Le Très-HAUT nous fait ainsi comprendre que nous devons tuer LE ROI ARGENT avec les MOTS, et le chiffre 5 signifie que nous devons le tuer avec les 5 doigts de notre main qui tiennent le bulletin de vote.
Mohamed Bouazizi est né le 29 mars 1984 (29 3 1984).
29 3 = BIC
BIC est une marque de stylo.
Mohamed Bouazizi est mort le jour où le Pape ARGENTIN a eu 74 ans.
L'ancien maire du chef-lieu du département 74 est né à MEAUX.
Dieu précise que nous devons combattre LE ROI ARGENT : le capitalisme – avec les MOTS.
À travers « BIC », Dieu nous a donné un signe supplémentaire pour nous faire comprendre que nous devons mener une révolution ANTICAPITALISTE.
En effet, pendant de nombreuses années, le directeur général du groupe BIC était Mario GUEVARA et la figure universelle du combattant anticapitaliste est Che GUEVARA.
Che GUEVARA est né en ARGENTINE, comme le Pape François, donc Dieu nous fait clairement comprendre que nous devons tuer LE ROI ARGENT avec les MOTS, car contrairement à Che GUEVARA, nous devons combattre le capitalisme de manière pacifique.
La société BIC a été fondée en 1945.
1945 = AIDE
Dieu nous demande ainsi de venir en AIDE aux milliards d'êtres humains persécutés par le système capitaliste, en combattant ce système économique ignoble avec les MOTS.
Mario GUEVARA est l'ancien directeur général du groupe BIC.
Les initiales de Mario GUEVARA sont M G.
M G = 13 7
Jules César est né un 13 7 (13 juillet).
À travers la société BIC qui fabrique des STYLOS, Dieu nous révèle ainsi qu'il change les « écritures » car la nouvelle Alliance nous impose de lutter afin de mettre un terme au règne de César : le capitaliste.
BIC = 293
2x9x3 = 54
Le département 54 est celui de la MEURTHE-et-MOSELLE.
MOSELLE se prononce MOTS AILES
Dieu précise ainsi que pour obtenir les AILES qui mènent au paradis, la nouvelle Alliance nous impose de commettre un MEURTRE : celui de César – avec les MOTS qui seront écrits sur notre bulletin de vote le jour de l'élection présidentielle.
J'ai écrit le mot « PEACE » avec les lettres détachées du Coran à l'aide du chiffre 64, et j'habitais alors en Tunisie quand j'ai fait cette découverte.
Habib Bourguiba, le prédécesseur de Ben Ali, a régné pendant 30 ans en Tunisie.
Habib Bourguiba est mort le 6 avril 2000.
6 avril = 6 4
6 4 = 64
Le cheval possède 64 chromosomes. J'ai expliqué précédemment que le chiffre 64 symbolise César, le cavalier qui monte sur le dos des hommes pour construire et agrandir son empire.
2000 = 20 00
20 = VIN
Le chiffre 64 symbolise l'Alliance du VIN avec Jésus, car elle a laissé le pouvoir politique entre les mains de CESAR, donc ce dernier a pu diriger le monde en montant sur le dos des hommes pour accaparer les richesses qu'ils produisent.
Habib Bourguiba était CESAR puisqu'il régnait sans partage sur la Tunisie ; des statues équestres ont même été érigées à son effigie.
Sur cette photo, nous sommes le cheval car nous laissons les cavaliers monter sur notre dos, leur permettant ainsi de diriger le monde et d'accaparer les richesses que nous produisons.
La « marche du SEL » de Gandhi s'est terminée un 6 avril.
6 avril = 64
Dieu nous fait comprendre que nous sommes des chevaux de SELLE, et pour enlever la SELLE que les capitalistes ont fixé sur notre dos, nous devons fabriquer notre propre SEL.
Nous devons ainsi mettre en place l'économie révolutionnaire pour nous libérer du joug capitaliste.
Comme je l'ai indiqué précédemment, la figure universelle du combattant anticapitaliste est Che GUEVARA.
Mario GUEVARA est l'ancien directeur général du groupe BIC. Il a touché 1,3 million d'euros de rémunérations en 2013. Il était alors le 84e patron le mieux payé de France.32
Il a perçu des rémunérations quasiment similaires en 2009, 2010, 2011, 2012, 2014, 2015 ; soit plus de 9 millions d'euros en 7 ans. Il a pris sa retraite en 2016.
Mario GUEVARA est ainsi monté sur le dos des travailleurs de BIC pour amasser une fortune colossale, car cet homme a été obligé d'exploiter les salariés de l'entreprise, étant incapable de produire ces richesses, donc pour empêcher ces cavaliers de monter sur notre dos, nous devons créer NOS propres entreprises pour fabriquer et acheter NOS rasoirs et NOS stylos-billes. Chaque salarié gagnera alors exactement le même salaire.
Afin de prouver aux Français qu'une alternative au capitalisme est possible, nous devons ainsi fabriquer NOTRE propre SEL, donc lorsque nous commercialiserons nos produits, nous boycotterons les rasoirs et les stylos-billes de la marque BIC pour acheter uniquement NOS produits solidaires, car dans NOS entreprises, aucun directeur général ne gagnera 100 000 euros par mois étant donné que tous nos salariés gagnerons 1 900 euros net par mois maximum, et vous verrez que si nous jouons en équipe, notre entreprise sera un jour numéro 1 en France dans son secteur d'activité. Nous allons ainsi prouver aux Français que ce sont les salariés qui font gagner l'entreprise et non des grands patrons, que le régime capitaliste nous présente comme des « champions » qu'il faut rémunérer à coup de millions pour qu'ils ne fuient pas à l'étranger. Nous allons prouver que ces « champions » sont des parasites et que ce sont les travailleurs et les consommateurs qui font gagner une entreprise.
NOUS avons fait de la France la 7e puissance économique mondiale, et EUX, les capitalistes, n'ont fait qu'accaparer la majeure partie des richesses que nous avons produit. Ces rapaces refusent d'investir dans la production la totalité des richesses qu'ils nous volent, par conséquent, il y a aujourd'hui des millions de chômeurs en France, c'est pourquoi nous devons créer l'économie révolutionnaire, afin que la totalité des richesses que nous produisons soient réinvesties pour créer des emplois.
Nous allons ainsi créer des entreprises révolutionnaires qui fabriqueront des vêtements, des stylos-billes, des rasoirs, que nous achèterons sur internet si les grandes surfaces refusent de commercialiser NOS produits.
Nous ne voulons pas concurrencer les salariés de BIC, nous voulons simplement leur montrer que ce sont les travailleurs qui produisent toutes les richesses et que les capitalistes ne sont que des parasites qui les accaparent, alors nous allons leur prouver que nous pouvons nous passer d'eux. L'objectif est de faire comprendre aux salariés de BIC que le jour de l'élection présidentielle, ils doivent voter pour la nationalisation sans indemnité de leur entreprise afin d'en prendre le contrôle.
Nous allons ainsi montrer aux Tunisiens la voie à suivre pour faire tomber les cavaliers qui sont montés sur leur dos, car la principale ressource de la Tunisie est le tourisme mais les hôtels appartiennent bien souvent à de grandes chaînes occidentales, et ces grands groupes capitalistes accaparent la majeure partie des richesses générées par le tourisme alors que ce sont uniquement les travailleurs tunisiens qui produisent ces richesses, c'est pourquoi ils doivent légitimement en prendre le contrôle. La révolution tunisienne sera inachevée tant que les Tunisiens ne seront pas libérés du joug capitaliste, alors nous devons leur montrer le chemin à suivre et les aider tout au long du trajet puisqu'ils auront besoin d'une grande puissance économique comme la France à leurs côtés pour les soutenir le jour où ils prendront le contrôle de LEUR économie, vu qu'ils seront alors attaqués par le régime capitaliste mondial qui retirera notamment ses capitaux du pays ; mais avec nous à leurs côtés, et éventuellement d'autres puissances qui nous auront rejoint, ils pourront supporter les coups car nous les aiderons économiquement afin qu'ils puissent enfin déployer leurs ailes.
Les Français qui ont voyagé en Tunisie ont certainement vu des Tunisiens transportant les touristes dans des calèches. Dieu nous montre ainsi la voie à suivre car la calèche est attelée au cheval, ce dernier n'est pas monté par un cavalier, donc le charretier ne fait pas la course, il transporte tranquillement des voyageurs pour leur faire profiter de l'environnement. Tout au long de sa vie, l'homme devrait se balader tranquillement dans une calèche mais César a pris le pouvoir en main et il est monté sur le dos des hommes afin de les obliger à galoper au travail, et il se sert quotidiennement de sa cravache pour les faire courir toujours plus vite et plus longtemps, alors que la vie pourrait être une tranquille ballade en calèche pour tout le monde si nous ne laissions pas le pouvoir entre les mains d'un cavalier le jour de l'élection présidentielle.
La société BIC a été fondée en 1945.
1945 = AIDE
Dieu associe BIC à Che GUEVARA car il nous fait comprendre que nous devons faire la révolution contre le système capitaliste afin d'apporter notre AIDE à des milliards d'êtres humains persécutés par ce système économique dévastateur. La solution se trouve dans le mot « BIC » puisqu'il symbolise le STYLO – donc les peuples doivent s'unir politiquement pour prendre le pouvoir en main et ainsi écrire les futures pages de l'histoire de l'humanité dans lesquelles les richesses seront équitablement redistribuées entre chaque être humain sur Terre. Ils sont quelques millions à diriger le monde, mais nous sommes 8 milliards, alors qu'attendons-nous pour nous unir afin de changer ce monde immonde ?
Le Pape François est né dans le même pays que Che GUEVARA, le 17 décembre 1936.
Mohamed Bouazizi s'est immolé par le feu le 17 décembre 2010.
Le « Printemps arabe » a ainsi débuté le 17 décembre.
17 décembre = 17x12 = 204
Adolf Hitler est né un 20 4 (20 avril).
Adolf Hilter a dirigé le Troisième REICH, donc à travers le « Printemps arabe », Dieu nous fait comprendre que nous devons faire la révolution pour supprimer le RICHE afin que les richesses mondiales soient équitablement redistribuées entre chaque être humain.
En associant Mohamed Bouazizi au Pape François, Dieu associe la TUNISIE et l'ARGENTINE, c'est-à-dire la THUNE et l'ARGENT.
Mohamed Bouazizi s'est immolé par le feu car il a préféré mourir plutôt que de vivre dans la misère, c'est donc l'ARGENT qui est à l'origine de son suicide et Dieu nous fait ainsi comprendre que la THUNE est le plus grand fléau de l'humanité.
Mohamed Bouazizi est né un 29 mars (29 3).
29 3 = BIC
À travers Mario GUEVARA, l'ex directeur de BIC, Dieu associe le signe « BIC » au capitalisme.
Mohamed Bouazizi s'est immolé par le feu parce que les capitalistes ont accaparé une grande partie des richesses de la Terre, par conséquent, des milliards d'êtres humains sont condamnés à vivre dans la misère. Mohamed a ainsi allumé son BRIQUET en signe de désespoir, donc Dieu nous demande de venir en AIDE à tous les Mohamed Bouazizi de la Terre, en renversant la dictature du capitalisme.
Les initiales de Mohamed Bouazizi sont M B.
M B = 13 2
132 minutes sont égales à 2 heures 12.
2 12 = 2 L = 2 AILES
Dieu nous révèle que si nous venons en AIDE à tous les Mohamed Bouazizi de la Terre – en luttant pour construire un monde égalitaire – nous obtiendrons les 2 AILES qui mènent au paradis.
Habib BOURGUIBA est la figure de l'indépendance de la TUNISIE.
BOURGUIBA = BOURG
Dieu nous demande ainsi de lutter pour obtenir l'indépendance – en renversant le règne du BOURGE qui accapare la THUNE – et condamne ainsi des milliards d'êtres humains à vivre dans la misère.
C'est la raison pour laquelle Habib BOURGUIBA est né un 3 août (3 8).
Le département 38 est celui de l'ISÈRE.
Dieu nous révèle ainsi que le BOURGE est responsable de la MISÈRE dans le monde.
En 2011, les « Printemps arabes » ont éclaté comme des grenades mûres dans une série de pays musulmans – Tunisie, Égypte, Libye, Syrie, Bahreïn, Yémen – annonciateurs d’épanouissement et de prospérité. C’est ce qu’ils ont produit ? Non ! Donc, ils n’étaient pas annonciateurs d’épanouissement et de prospérité. Pour la Tunisie ils annonçaient un gouvernement islamiste et un changement de régime laborieux et chaotique ; pour l’Égypte, le remplacement d’une dictature par une dictature militaire ; pour Bahreïn, le maintien du même régime ; pour l’Irak, aucune amélioration, au contraire ; pour la Libye (le pays le plus développé et le plus prospère du Maghreb) l’horreur absolue et un chaos total ; pour le Yémen et la Syrie le basculement dans la guerre et la destruction inexorable de tout le pays.33
Les « Printemps arabes » ont ainsi plongé plusieurs pays dans le chaos et Mohamed Bouazizi en est à l'origine.
Mohamed est né un 29 mars (29 3).
29 3 = BIC
BIC est une marque de stylo donc Dieu nous fait comprendre, à travers Mohamed, qu'il écrit chaque ligne de l'histoire de l'humanité et il nous pose cette question : qu'est-ce qui a poussé Mohamed à s'immoler par le feu ? La réponse est la MISÈRE, le manque d'ARGENT, la THUNE.
Le suicide de Mohamed Bouazizi a été le point de départ des révoltes arabes, qui ont ensuite entraîné le ravage de la Libye et de la Syrie. Le suicide de Mohamed a donc provoqué les attentats du 13 novembre 2015 à Paris car ils étaient la conséquence de l'intervention militaire de la France en Syrie, qui faisait suite à la révolte populaire de 2011 dont le point de départ fut le suicide de Mohamed. Alors la racine de toute cette violence, c'est l'ARGENT, puisque Mohamed s'est suicidé par manque de THUNE.
Les attentats du 13 novembre 2015 ont fait 130 victimes.
130 = MO
MO-HAMED Bouazizi a déclenché ces attentats en se suicidant.
À travers le mot « BIC », Dieu nous fait comprendre qu'il écrit chaque ligne de l'histoire de l'humanité et il veut nous dire que l'ARGENT est la racine de tous les MAUX, car c'est la THUNE qui a ravagé la Syrie et la Libye, donc nous ne vivrons jamais en PAIX tant que nous n'aurons pas tué LE ROI ARGENT.
Mohamed Bouazizi s'est immolé par le feu un 17 décembre et le Pape François est né un 17 décembre. Dieu associe ainsi le Pape François et Mohamed. Le 3 septembre 2015, le Pape François a essayé des lunettes de VUE chez un opticien à Rome.
Et ce jour-là, nous avons VU dans le journal de 20H, la photo du cadavre d'un enfant de trois ans sur une plage de Turquie.
Adolphe THIERS est mort le 3 septembre 1877, ce qui signifie que nous avons VU le cadavre de cet enfant, 138 ans - jour pour jour - après la mort d'Adolphe THIERS.
Le chiffre 138 est symbolique :
13 = M
Le département 38 est celui de l'ISÈRE.
M+ISÈRE = MISÈRE
À travers le cadavre de cet enfant, Dieu nous montrait les conséquences de la MISÈRE dans les pays du THIERS monde.
Le cadavre d'Aylan a été découvert sur une plage de TURQUIE.
Dieu nous fait ainsi comprendre que nous vivons dans une ÈRE QUI TUE un enfant toutes les 5 secondes, car la MISÈRE extermine 6 millions d'enfants chaque année.
Aylan est mort en mer parce qu'il fuyait la guerre en Syrie, et Mohamed Bouazizi est à l'origine de sa mort étant donné que la guerre en Syrie est la conséquence de son immolation par le feu le 17 décembre 2010.
Mohamed Bouazizi est né un 29 3 = BIC.
BIC est une marque de stylo, donc Dieu nous fait comprendre qu'il a écrit en toutes lettres le mot « MISÈRE », afin que nous prenions conscience que « l'ARGENT est la racine de tous les MAUX ».
AYLAN = 1x25x12x1x14 = 4200
Le chef-lieu du département 42 est celui de la LOIRE.
LOIRE = LE ROI
42 00 = 00
00 = ce sont les yeux du Pape ARGENTIN, qui essayait des lunettes de vue le jour où nous avons vu le cadavre d'Aylan dans les journaux télévisés.
Dieu nous redonne ainsi la vue à travers les signes pour nous révéler que LE ROI ARGENT est la racine de tous les MAUX, donc nous devons le tuer pour que plus jamais un jeune homme de 26 ans ne s'immole par le feu ou que le cadavre d'un enfant de 3 ans ne soit découvert sur une plage en Turquie. Tuer LE ROI ARGENT signifie interdire à l'homme de s'enrichir car c'est sa course au profit qui crée la MISÈRE et les guerres. Il faut donc éliminer le RICHE : le BOURGE.
La loi fondamentale du capitalisme, c’est celle de la maximisation du profit, alors que le but de l’activité économique doit être la satisfaction des besoins matériels de tous les hommes, c'est pourquoi nous devons mettre en commun toutes les richesses mondiales afin de les redistribuer équitablement entre chaque être humain sur Terre. Dieu nous demande ainsi de nous unir politiquement avec tous les peuples du monde pour ne faire QU'UN seul peuple et créer le Ciel sur Terre.
Les Tunisiens ont fait la révolution en 2010-2011, pour chasser le dictateur BEN ALI.
ALI = AIL
Dieu nous fait comprendre que nous obtiendrons les AILES qui mènent au paradis en faisant la révolution contre la dictature de l'argent : la dictature de la THUNE.
BEN ALI = 2x5x14x1x12x9 = 15120
15 = O = EAU
120 = SANS VIN
120 = Adolf Hitler – le dirigeant du IIIe REICH – est mort le 120e jour de l'année 1945.
1945 = AIDE
Dieu remplace ainsi l'Alliance du VIN par celle de l'EAU qui nous impose de signer l'arrêt de mort du RICHE – en construisant un monde égalitaire – afin de venir en AIDE aux pauvres du monde entier.
C'est ainsi que nous obtiendrons les AILES qui mènent au paradis.
Le code postal 15120 est celui des communes de VIEILLEVIE et LEUCAMP.
Carthage signifie en phénicien : « VILLE NEUVE ».
Tu dois choisir TON CAMP : celui de la VIEILLE VILLE, dans laquelle règne la dictature de la THUNE ou celui de la VILLE NEUVE dans laquelle régnera la liberté, l'égalité et la fraternité, soient l'inverse des valeurs du monde dans lequel nous vivons.
LEUCAMP = LE CAMP U
Le U a la forme d'une Urne.
Tu dois choisir LE CAMP auquel tu désires appartenir le jour de l'élection présidentielle.
Culte du chiffre 7
Le chiffre 7 est un symbole de la présidence de Ben Ali, présentée comme un nouveau cycle politique qui débute le 7 novembre 1987. Selon Vincent Geisser, il est devenu « l'emblème chiffré du coup d'État, que la rhétorique bénalienne nomme « le Changement ». Le 7 novembre devient un jour férié, cet événement étant inscrit dans le programme philatélique de la Poste tunisienne à travers une série de timbres dont l'élément visuel principal est un chiffre 7 stylisé.
Aux côtés de l'image omniprésente du président Ben Ali, le chiffre 7 est en effet visible dans la quasi-totalité des lieux publics : administrations, cafés, magasins, avenues, établissements scolaires, moyens de transport — compagnie aérienne Tuninter renommée Sevenair le 7 juillet 2007 (soit le 7e jour du 7e mois de l'année 2007) ou nom d'un avion de ligne de la compagnie Tunisair —, stades (comme celui de Radès), infrastructures (comme l'aéroport international de Tabarka), etc. Le chiffre est également utilisé par le régime dans le domaine des médias qu'il contrôle et notamment de la télévision : la première chaîne nationale est renommée TV7 puis Tunisie 7.
Il est par ailleurs utilisé comme indicatif des numéros de téléphone — les numéros de la région de Tunis commencent par 71, ceux de la région du Sahel par 73, etc. — et dans les numéros de SMS utilisés lors des jeux télévisés (87 y est toujours accompagné d'un autre 7). Enfin, sur les cartes d'identités, sept drapeaux tunisiens sont présents côté recto et sept colombes côté verso. D'après Geisser, « le régime a trouvé avec ce chiffre un substitut plus ou moins subtil aux statues érigées par le despote (Bourguiba) ». Après le départ de Ben Ali, les références au chiffre 7 sont progressivement supprimées. Par exemple, l'une des avenues les plus importantes de Tunis, l'avenue du 7-Novembre, prend le nom de Mohamed Bouazizi en hommage au jeune homme dont la tentative de suicide a conduit à la révolution tunisienne ; la chaîne de télévision nationale change de nom.34
Le chiffre fétiche de Ben Ali était donc le SEPT.
7 ans = 84 mois
La dictature de Ben Ali a pris fin à partir du suicide de Mohamed Bouazizi, qui est né en 1984.
Le chef-lieu du département 84 est Avignon dont la maire est Cécile HELLE.
« HELL » signifie « ENFER » en anglais.
Dieu te fait comprendre que si tu ne fais pas la révolution pour mettre un terme à la dictature de la THUNE, tu finiras en ENFER.
SEPT = 19x5x16x20 = 30400
Adolf Hitler est mort un 30 4 (30 avril).
Mohamed Bouazizi est mort un 17 décembre (17 12).
17x12 = 20 4
Adolf Hitler est né un 20 4 (20 avril).
À travers les dates de naissance et de mort du dirigeant du IIIe REICH, Dieu nous fait comprendre que nous devons faire la révolution pour signer l'arrêt de mort du RICHE, afin que les richesses mondiales soient équitablement redistribuées entre tous les êtres humains, et ainsi mettre un terme au génocide des pauvres.
À travers la révolution tunisienne, Dieu précise que nous devons combattre pacifiquement le IIIe REICH capitaliste, ce qui signifie en France voter pour le mouvement humaniste le jour de l'élection présidentielle.
La Tunisie après Ben Ali (2011-)
L'Assemblée constituante est élue le 23 octobre 2011 au scrutin de liste à la proportionnelle, avec une parité hommes-femmes et une répartition au plus fort reste. Les islamistes d'Ennahdha obtiennent une majorité relative (89 sièges sur 217) et concluent une coalition gouvernementale avec le Congrès pour la République (CPR), un parti de gauche nationaliste, et Ettakatol, un parti social-démocrate, sur la base d'une répartition des responsabilités : la présidence de la République va à Moncef Marzouki (CPR), la présidence du gouvernement à Hamadi Jebali (Ennahdha) et la présidence de l'assemblée à Mustapha Ben Jaafar (Ettakatol). Cette alliance provoque des dissidences à l'intérieur des deux partenaires d'Ennahdha sans toutefois mettre en danger le gouvernement, puisque la coalition conserve la majorité absolue.
Plusieurs crises sécuritaires se succèdent alors, avec des manifestations qui dégénèrent mais aussi avec l'attaque de l'ambassade américaine et de l'école américaine par des salafistes le 14 septembre 2012. Cette période est surtout marquée par l'irruption de la violence politique : le 18 octobre, le coordinateur de Nidaa Tounes à Tataouine, Lotfi Nagdh, est mortellement blessé suite à une manifestation violente déclenchée par des membres de la Ligue de protection de la révolution ; le 6 février 2013, Chokri Belaïd, un opposant politique, est assassiné en quittant en voiture son domicile du quartier d'El Menzah VI. Ce meurtre ébranle le gouvernement, alors empêtré dans une interminable crise ministérielle. Le soir même, Hamadi Jebali annonce, unilatéralement et sans consultation des partis politiques, sa décision de former un gouvernement de technocrates dont la mission serait limitée à la gestion des affaires du pays jusqu'à la tenue d'élections. Bien accueillie par une large partie de la population et par l’opposition, cette initiative se heurte à l'hostilité farouche de son propre parti et de son allié, le CPR. Après plusieurs jours de concertations, le chef du gouvernement finit par annoncer sa démission le 19 février ; Ennahdha désigne alors Ali Larayedh, ministre de l'Intérieur, pour lui succéder.
Le gouvernement Larayedh comporte des personnalités indépendantes aux postes de souveraineté (Défense, Intérieur, Affaires étrangères et Justice) mais ne parvient pas à rétablir la confiance. La crise politique s'aggrave encore lorsqu'une seconde personnalité politique, Mohamed Brahmi, est assassinée le 25 juillet puis lorsque huit soldats sont tués dans une embuscade au Djebel Chambi le 29 juillet. La contestation contre Ennahdha culmine alors que le renversement en Égypte du président islamiste Mohamed Morsi quelques jours plus tôt, le 3 juillet 2014, fait prendre conscience au parti qu'il joue sa survie politique. Un dialogue national s'instaure alors, sous la direction d'un quartette issu de la société civile et dirigé par le puissant syndicat de l'Union générale tunisienne du travail. Le projet constitutionnel est totalement réorganisé et rationalisé et une feuille de route organise une sortie de crise par l'achèvement rapide des travaux de l'assemblée constituante et la mise en place d'un gouvernement de technocrates chargé du maintien de l'ordre, de la gestion des affaires courantes et de l'organisation des premières élections présidentielle et législatives sous le régime de la nouvelle Constitution.35
Tunisie, deux ans après la révolution
Entretien avec Hamadi Ben Mim, l'un des dirigeants du Parti des travailleurs (ex-PCOT) où il est chargé de l’information et de la publication.
Qu’est-ce qui a changé en Tunisie depuis deux ans au niveau des libertés ?
La seule chose qui ait réellement changé depuis l’époque de Ben Ali est la liberté d’expression. Nous avons maintenant la liberté de créer des partis, d’éditer des journaux, d’écrire toute sorte de livres. On peut maintenant tout critiquer, il y a même parfois des excès. Mais le cadre juridique relatif à la presse et la liberté des journalistes n’a pas changé. Ce sont toujours les lois de l’époque de Ben Ali qui sont en vigueur. Plusieurs fois, le syndicat des journalistes a demandé la création d’un comité pour proposer des modifications de ces textes. Mais le gouvernement fait la sourde oreille.
La liberté d’expression existe donc, mais elle reste fragile car la révolution n’a pas entraîné un changement radical au niveau du cadre légal dans lequel elle peut s’exercer. C’est la même chose au niveau de la justice. Ce troisième pouvoir doit être indépendant du gouvernement. Les organisations professionnelles de juges demandent le changement des lois afin de disposer d’une certaine liberté et d’une totale indépendance du pouvoir exécutif. Mais, jusqu’à maintenant, il n’ont pas obtenu satisfaction.
Et sur le plan économique et social ?
C’est la régression, la situation est même pire que du temps de Ben Ali. Tout le monde est d’accord pour dire qu’en ce qui concerne les produits de première nécessité, les prix sont beaucoup plus élevés qu’il y a deux ans. Le kilo de tomates coûtait, par exemple, entre 0,2 et 0,3 dinar, il est maintenant à 0,8. Le piment vert coûtait environ 1,2 dinar le kilo, il est passé à 2 dinars, etc.
Au niveau de l’emploi, on ne sent pas qu’il y ait eu réellement beaucoup d’embauches de chômeurs. Le pouvoir dit que 60 000 personnes ont été recrutées, mais dans les faits on ne voit pas où elles sont. Il est par contre vrai que des diplômés-chômeurs ont été embauchés dans l’administration, notamment dans l’enseignement primaire et secondaire.
Par ailleurs, le programme économique et social du gouvernement est dans la continuité de celui de Ben Ali. Pour cette raison, le pouvoir doit faire face aux mêmes conflits. La révolution a été faite pour permettre un changement à tous les niveaux, mais celui-ci n’a pas eu lieu au plan social et économique. C’est la raison pour laquelle on assiste à des protestations sociales, des grèves et des manifestations de tout bord touchant plusieurs catégories sociales et de tous âges, et que le pays s’enlise de plus en plus dans la crise.
Ce qui a aggravé la situation, ce sont les promesses électorales faites surtout par les partis actuellement au pouvoir. Ils avaient, par exemple, promis de réduire à 400 000 le nombre de chômeurs en créant beaucoup d’emplois. Ces promesses n’ont pas été tenues, et c’est une des causes majeures de ce qui s’est passé le 17 décembre 2012 à Sidi Bouzid, quand les manifestants ont dit qu’ils refusaient que le président de la République et le président de l’Assemblée viennent participer à des cérémonies de commémoration.
Comment a évolué la situation des femmes ?
En ce qui concerne les femmes, il y a également une régression. Par le passé, les femmes avaient une certaine liberté. Elles bénéficiaient d’une certaine protection. Mais maintenant, la liberté d’action dont jouissent les salafistes leur permet de développer la terreur dans le pays, et pas mal de gens se sont repliés sur eux-mêmes. Des familles ne veulent plus sortir pour se promener loin de leur domicile. Dès que le soleil commence à se coucher, les gens rentrent rapidement à la maison.
Chez beaucoup de femmes règne une certaine psychose d’être attaquées par les salafistes. On entend ceux-ci dénigrer les femmes qui ne sont pas voilées. Elles sont accusées d’être anti-religieuses, d’être contre le prophète et le Coran. Ils leur demandent de rentrer à leur domicile et de ne se dévoiler que là-bas.
Un exemple typique a eu lieu à Sidi Bouzid, il y a quatre ou cinq mois. Les islamistes ont fait le tour des salons de coiffure en les accusant d’encourager les femmes à se dévoiler afin de s’embellir pour d’autres que leurs maris. Ils leur ont demandé de fermer définitivement leurs établissements. Ils ont fait la même chose pour les commerces qui vendent du vin.
C’est pour cela que les femmes ont organisé des manifestations pour protester contre les agissements des salafistes et demander au gouvernement de faire respecter leurs droits. Des organisations de femmes, comme l’ATFD2, interviennent souvent à la télévision à ce sujet.
Quel est le projet politique d’Ennahda ? Quel type de société veut-il instaurer ? Quelle est sa politique concrète en ce moment ?
Un débat existe concernant Ennahda. Existe-t-il réellement en son sein deux courants qui s’opposent ? Ou s’agit-il d’un partage des rôles ? Personnellement, je penche plutôt pour la seconde hypothèse. Ennahda se présente souvent comme démocratique et ne voulant pas instaurer un Etat religieux. Mais les quelques déclarations faites par les durs d’Ennahda montrent l’inverse : depuis environ un an, ces derniers disent qu’ils veulent appliquer la Charia et prendre le pouvoir par la force au cas où ils ne gagneraient pas les élections. D’où la constitution de milices ayant pris le nom de « ligues de protection de la révolution », alors que ces gens-là n’avaient pas participé à la révolution.
De quel soutien disposent encore Ennahda et le gouvernement ?
Tout le monde est d’accord pour dire que depuis les élections du 23 octobre 2011, le gouvernement n’a apporté aucune amélioration à la situation politique, économique et sociale. Même le président de la République considère aujourd’hui que ce gouvernement doit partir et qu’il en faut un autre.
Ennahda parvenait, il y a quelques mois, à organiser des meetings de 10 000 à 15 000 personnes. Actuellement, elle n’est plus capable de cela. Elle ne réussit même pas à perturber les meetings syndicaux. Sa seule manifestation réussie récemment a été celle de Sfax après l’annonce de la grève générale du 13 décembre. Ils y ont regroupé 20 000 personnes, en les faisant venir par bus de tout le pays.
Ennahda a dû conserver l’essentiel des 60 000 adhérents déclarés lors de son congrès de juillet 2012, mais a sans doute perdu au moins un tiers de son électorat d’octobre 2011, qui regrette d’avoir voté pour lui. Parallèlement, pas mal de ceux qui avaient alors voté pour les partenaires d’Ennahdha (le CPR de Marzouki et le parti social-démocrate Ettakatol) risquent la prochaine fois de voter pour Ennahda, car ces deux formations sont en chute libre. Au final, il n’est donc pas impossible que lors des prochaines élections, Ennahda maintienne son score.36
40 ans de pillage et d’exploitation
En Tunisie aussi, la révolte populaire a été préparée et nourrie par la dégradation des conditions d’existence résultant des privatisations et plans d’ajustement structurels du FMI, appliqués avec zèle par une bourgeoisie et des dirigeants politiques qui en tiraient profit.
Fin décembre 1983, le gouvernement tunisien annonçait la suppression des subventions publiques sur les produits de première nécessité. Cela s’est traduit par exemple par une augmentation de 100 % du prix du pain du jour au lendemain. Le 3 janvier 1984 eut lieu la première « émeute du pain ». La violence de la répression policière fit 143 morts et près de mille personnes furent arrêtées. Craignant une prolongation et une généralisation de la mobilisation, Bourguiba annonça alors le soir même l’annulation de la décision et le rétablissement des subventions. Cette hausse des prix devait s’inscrire dans le cadre du plan d’ajustement structurel (PAS) qui imposait un « redressement » des finances publiques en contrepartie des prêts accordés par le FMI. Le PAS fut cependant maintenu malgré les promesses et, depuis, les subventions sur les matières premières n’ont cessé de fondre.
Cet épisode s’inscrit dans la longue histoire de soumission des pays dominés aux diktats des organismes financiers mondiaux, depuis le début des années 1970. Mais ces politiques sont aussi évidemment le résultat du choix des classes possédantes de ces pays mêmes, de préserver et augmenter leurs revenus et privilèges.
Triple peine
Ainsi, la population tunisienne s’est retrouvée condamnée à une triple peine : d’abord, un endettement de plus en plus écrasant dû à des prêts présentés par les organismes européens et mondiaux comme autant d’actes de générosité ; ensuite, une destruction des emplois, des services publics et une inflation étouffante pour pouvoir bénéficier de ces prêts ; enfin, des régimes dictatoriaux soutenus et protégés par les grandes puissances impérialistes, en tant que garants de l’application de ces politiques économiques criminelles.
En Égypte par exemple, longtemps considérée comme un bon élève du FMI au même titre que la Tunisie, c’est la même spirale d’ouverture du pays au marché mondial, de prêts du FMI et de mesures de rigueur comme conditions à ces prêts, qui ont conduit à la baisse des subventions gouvernementales pour certains produits de première nécessité, à la crise alimentaire et aux émeutes du pain en 1977.
Pendant quarante ans, la dette extérieure tunisienne a connu une augmentation exponentielle, au point d’atteindre 31 milliards de dinars en 2013. Les privatisations ont elles aussi explosé : cinq entreprises ont été privatisées en 1986, dix-huit en 1995, soixante-dix en 2000. En 2008, le bilan officiel de 22 ans de marche forcée était de 217 entreprises privatisées.
Les destructions d’emplois accompagnant ces privatisations étaient considérées comme des dommages collatéraux, rarement dénoncés par la direction (de l’époque) de l’UGTT. Cette dernière était même demandeuse de participer, par exemple, à la mise en œuvre de la privatisation des cimenteries de Jebel Oust et d’Ennfidha. Cette politique de destruction massive d’emplois aboutit en 2013 à un taux de chômage officiel de 16 %. Mais la réalité est plus grave encore, quand on sait que seulement 50 % des femmes en âge de travailler sont comptabilisées dans la population active et que les Bouazizi (vendeurs à la sauvette, travailleurs au noir et tous ceux qui grossissent les rangs de l’économie informelle) ne sont pas comptabilisés dans les chiffres du chômage. Or l’économie informelle représente aujourd’hui 38 % du PIB et 53,5 % de la main-d’œuvre, autant de travailleurs ne bénéficiant d’aucun droit ni d’aucune protection sociale.
Parmi les chômeurs, le nombre de diplômés a explosé ces dix dernières années. En fait, depuis l’an 2000, les portes des universités ont été ouvertes à un nombre croissant de jeunes et les diplômés du supérieur ont plus que doublé (de 25 000 à 55 000 par an). Les diplômés chômeurs représentent aujourd’hui près du tiers des demandeurs d’emploi. Pour une filière universitaire comme le droit, le taux de chômage des diplômés atteint 70 %. C’est dans ce contexte que l’Union des diplômés chômeurs a été créée en 2006 et qu’elle a joué un rôle important dans les mobilisations contre le régime de Ben Ali.
Et c’est aussi dans cette situation, aggravée par la spéculation mondiale sur les matières premières telles que le riz et le blé entre 2006 et 2008, que la crise est devenue de plus en plus insoutenable pour la population tunisienne. La privatisation de la Compagnie des phosphates de Gafsa et la division du nombre de ses salariés par trois, le népotisme apparent dans les derniers recrutements, ont fini en 2008 par mettre le feu aux poudres dans ce bassin minier ravagé par des choix économiques criminels.
Le soulèvement de janvier 2011 est ainsi venu s’inscrire dans la continuité de l’histoire des luttes des travailleurs et de la population tunisienne contre une politique économique qui leur a toujours été hostile, imposée par un régime dictatorial au service des puissances impérialistes.
Les mêmes politiques continuent
Pourtant, suite au départ de Ben Ali puis de son premier ministre Ghannouchi, Béji Caïd Essebsi – premier ministre par intérim jusqu’aux élections d’octobre 2011 – s’est empressé de ne rien changer : la dette a été régulièrement payée et un nouveau prêt de 250 millions de dollars a même été contracté auprès de la BIRD, tandis que la répression des manifestants et des grévistes s’est poursuivie. Puis le gouvernement islamiste a déclaré que cette dette était « gérable ». Ce gouvernement a mené une longue négociation avec le FMI qui a abouti à un nouvel emprunt d’un montant de 1,7 milliard de dollars… évidemment conditionné à de nouveaux ajustements structurels : audit des banques publiques en vue de leur privatisation, réduction des subventions énergétiques, diminution du taux de l’impôt sur les sociétés, adoption du nouveau code de l’investissement.
Le poids de l’impérialisme et la compromission des différents gouvernements, de Bourguiba à Ghannouchi en passant par Ben Ali et Caïd Essebsi, sont évidents. Les raisons de la colère des travailleurs et des chômeurs de Tunisie sont entretenues et amplifiées depuis quarante ans. Elles rejoignent celles de la classe ouvrière de différents pays voisins, de l’Égypte au Portugal en passant par la Grèce, le Maroc et l’Espagne.37
Élections législatives et présidentielles de 2014
Après les élections législatives du 26 octobre 2014, qui voit Nidaa Tounes arriver en tête, l’Assemblée des représentants du peuple remplace l’Assemblée constituante. Le premier tour de l’élection présidentielle a lieu le 23 novembre et voit s’affronter 27 candidats dont deux, en la personne de Béji Caïd Essebsi (Nidaa Tounes) avec 39,46 % des voix et Moncef Marzouki avec 33,43 % des voix, sont qualifiés pour le second tour organisé le 21 décembre et qui permet à Caïd Essebsi de remporter le scrutin avec 55,68 % des voix contre 44,32 % des voix pour Marzouki et de devenir ainsi le premier président issu d’une élection démocratique et transparente.
Unité nationale...avec les islamistes
Lors de ces élections, le leader de Nidaa Tounes, se posant en représentant des forces progressistes, avait promis de ne jamais former d’alliance avec les islamistes d’Ennahdha. Au nom de l’unité nationale, le gouvernement qui s'est constitué intègre pourtant plusieurs représentants de cette force politique qui avait été rejetée par une fraction majoritaire de la population.38
Habib Essid, le nouveau Premier ministre, a la particularité d’avoir participé au pouvoir à la fois sous l’ancien dictateur Ben Ali et sous le Premier ministre islamiste Jebali. Il avait également été Ministre de l’intérieur lorsque l’actuel Président de la république avait été Premier Ministre en 2011.
Nidaa justifie le choix d’Habib Essid par ses « compétences et son expérience en matière de sécurité ». Autrement dit, pour sa capacité à réprimer les mobilisations s’opposant à la politique d’austérité votée conjointement à l’Assemblée par les néo-libéraux « modernistes » ou islamistes.
L'arnaque du vote Nidaa et Essebsi
Lors des élections législatives et présidentielles, la majorité des électeurs qui avaient voté pour eux avaient avant tout espéré ainsi parvenir à tourner définitivement la page de deux années de pouvoir d’Ennahdha et de son allié Marzouki.
Le pouvoir en place en 2012-2013 avait en effet cherché à imposer une islamisation de la société et de l’État, passant notamment par une remise en cause des droits des femmes et des libertés. Il avait tiré à la chevrotine sur la population de Siliana. Il avait protégé les milices islamistes qui s’attaquaient aux locaux syndicaux et assassinaient des responsables politiques.
Face à la mobilisation populaire, le gouvernement Ennahdha avait finalement été contraint de démissionner en janvier 2014. Simultanément, une Constitution améliorant les libertés (et notamment les droits des femmes) avait été votée, et des élections programmées pour la fin de l’année 2014.
La tentation du « Tout sauf Ennahdha »
Le fait que certains électeurs se réclamant de la gauche aient voté pour Nidaa et Essebsi ne signifie pas pour autant qu’ils partagent les objectifs des membres de l’ancien régime qui dirigent ce parti. Cela est particulièrement vrai sur le plan économique et social où Nidaa se situe dans la continuité de la politique de Ben Ali et des gouvernements qui lui ont succédé. La vanité du « Tout sauf Ennahdha » sera encore plus évidente si l’alliance entre Nidaa et Ennahdha, dèjà réalisée à l’Assemblée, se prolongeait par une participation d’Ennahdha au futur gouvernement comme semble le présager le choix d’Habib Essid comme Premier ministre.
L’OPA de Marzouki sur la base d’Ennahdha
Soucieuse de maintenir une partie de ses positions au sein de l’appareil d’État, la direction d’Ennahdha a multiplié les démarches pour obtenir quelques ministères. Ceci explique sans doute pourquoi le deuxième parti politique tunisien n’a pas présenté de candidat contre Essebsi aux présidentielles. La contrepartie de cette attitude a été qu’une grande partie de sa base l’a lâchée pour rejoindre Marzouki, notamment dans le sud du pays. La présence de plus en plus voyante d’anciens du parti de Ben Ali au sein de Nidaa Tounès et parmi ses alliés a renforcé ces ralliements à Marzouki, qui touchent également quelques anti-bénalistes viscéraux issus de la gauche.
La consolidation d’une troisième voie
Adversaire farouche d’Ennahdha, qui est notamment responsable de l’assassinat de deux de ses dirigeants, le Front populaire a pour autant refusé de se mettre à la remorque des néo-libéraux et des nostalgiques de Ben Ali, contrairement à ce qu’il avait fait lors de l’éphémère Front de salut national constitué après l’assassinat de Mohamed Brahmi en juillet 2013. Après de longs débats, le Front a notamment présenté ses propres listes aux élections et refusé de voter le Budget.
Même si il n’a pas pu convaincre l’ensemble de son électorat potentiel du bien-fondé d’une telle démarche indépendante, le Front populaire a multiplié par 2,5 le nombre de ses députés et est arrivé en troisième position aux présidentielles.
Comme il l’avait déjà fait en 2014, le Front ne devrait logiquement ni voter la confiance au futur gouvernement, ni à plus forte raison participer à celui-ci.
Le troisième tour social a déjà commencé
La chute du gouvernement Ennahdha en janvier 2014 avait facilité la reprise des luttes : fin octobre 2014, le nombre total des jours de grève avait déjà dépassé celui de toute l’année record 2011. Le dernier trimestre 2014 a vu se multiplier le nombre de préavis de grève se traduisant par exemple dans l’enseignement secondaire par plusieurs jours de grève nationale à plus de 90 %. Tout indique que cette tendance devait se poursuivre en 2015 avec la mise en œuvre du plan d’austérité voté par Nidaa et Ennahdha. Celui-ci prévoit notamment la remise en cause de subventions aux produits de première nécessité, dont le maintien est vital pour nombre de Tunisien-ne-s.39
La constitution tunisienne de 2014
La Constitution tunisienne de 2014 est adoptée le 26 janvier 2014 par l'Assemblée constituante élue le 23 octobre 2011 à la suite de la révolution qui renverse le président Zine el-Abidine Ben Ali. Elle succède le 10 février 2014 à la loi constitutive du 16 décembre 2011 qui organise provisoirement les pouvoirs publics après la suspension de la Constitution de 1959.
La constitution tunisienne est la plus progressiste du monde arabe. Elle consacre un exécutif bicéphale, accorde une place réduite à l'islam et pour la première fois dans l'histoire juridique du monde arabe introduit un objectif de parité hommes-femmes dans les assemblées élues. Mais des critiques se sont exprimées notamment car la constitution ne constitutionnalise pas l'interdiction de la peine de mort. La Constitution ne protège pas non plus formellement les droits des minorités ethniques ou religieuses et ceux des étrangers séjournant sur le territoire tunisien. Enfin, la notion de « sacré » que l'État doit protéger (article 6) laisse place à de multiples interprétations. En outre, selon Habib Slim, la disparition de la chambre haute du Parlement, qui existe entre 2005 et 2011, pourrait nuire à la représentativité des régions déshéritées de Tunisie. Cela est problématique selon lui, car la révolution, première cause du changement constitutionnel, est née dans les régions de l'Ouest du pays où règnent pauvreté et chômage.40
L’attentat meurtrier au musée du Bardo
Deux groupes djihadistes, Ansar al-Charia lié à AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et EI (l’organisation État islamique), ont revendiqué la tuerie organisée le 18 mars 2015 au musée du Bardo, à Tunis. Les 21 morts et les 47 blessés, majoritairement des touristes débarquant de navires de croisière, ont été victimes pendant plusieurs heures d’une chasse à l’homme dans le bâtiment, après l’attaque à la kalachnikov de bus transportant les visiteurs.
Dans un discours, le président tunisien Caïd Essebsi a déploré des négligences sur la sécurité mise en œuvre dans de tels lieux touristiques, dans un quartier central de la capitale, à deux pas du Parlement. Mais cela n’explique évidemment pas tout.
Cet acte barbare a été perpétré quelques semaines après un précédent attentat organisé à Boulaâla, non loin de Kasserine, dans lequel quatre agents de la Garde nationale ont été tués. L’un comme l’autre sont l’œuvre de tueurs affiliés à l’une des mouvances qui se réclament des bandes djihadistes opérant surtout au Moyen-Orient. Visant cette fois le centre-ville, et s’attaquant à des civils, particulièrement des touristes, les tueurs s’en sont pris au secteur économique, le tourisme, qui procure un emploi sur dix dans le pays. Deux croisiéristes italiens, MSC croisières et Costa croisières, ont d’ailleurs aussitôt annoncé qu’ils suspendaient leurs escales à Tunis.
L’objectif des tueurs n’était pas le « modèle de transition démocratique » dont ont aussitôt parlé politiciens et médias à propos de la Tunisie. Ils voulaient démontrer leur capacité à frapper en plein cœur de Tunis et à compromettre une des activités économiques importantes du pays, en décourageant les nombreux touristes occidentaux qui visitent la Tunisie.
Les groupes djihadistes s’étaient jusqu’à présent manifestés dans les montagnes de l’ouest et dans la région pauvre du sud-est du pays. Des centaines de leurs membres, voire plus, seraient de retour après un entraînement en Libye. Mais ils ne surgissent pas du néant : trois ans de gouvernement sous l’influence du parti islamiste Ennahda, entre 2011 et 2013, ont laissé se développer et même favorisé les agissements des salafistes, puis des djihadistes. Sa propagande réactionnaire, son laxisme vis-à-vis des islamistes les plus radicaux, ont encouragé l’assassinat de militants de gauche, Chokri Belaïd puis Mohamed Brahmi, les attaques contre les femmes, les ouvriers en grève, les étudiants, les artistes…
Quant aux revendications populaires exprimées lors de la chute de Ben Ali, elles restent insatisfaites. La pauvreté persistante de certaines régions, les effets de la crise économique, le chômage qui atteint la moitié des jeunes ont aggravé le désespoir d’une partie d’entre eux. Et un recruteur djihadiste offrirait 600 à 1 000 dollars par mois…
La barbarie djihadiste qui s’étend n’est que le reflet hideux de celle des grandes puissances, qui dressent les populations les unes contre les autres, manipulent les dictateurs et les milices, les arment, bombardent et continuent de régner sur les puits de pétrole.41
Les attentats du 26 juin 2015 en France et en Tunisie
Le 26 juin 2015, une attaque terroriste islamiste a été perpétrée par Yassin Salhi dans une usine de production de gaz industriels, à Saint-Quentin-Fallavier dans l'Isère.
Selon un point de presse du procureur de la République de Paris François Molins, Yassin Salhi, chauffeur-livreur depuis mars 2015 dans cette entreprise de transport, prémédite l'attentat : la veille, il achète deux drapeaux portant la chahada, la profession de foi islamique, et repeint une arme factice imitant un fusil à pompe et appartenant à son fils. Le jour de l'attentat, muni de ces objets et d'un couteau avec une lame de 20 cm, il se rend sur son lieu de travail avec son utilitaire qui contient des bouteilles de gaz. Vers huit heures, prétextant un motif fallacieux, il fait monter son employeur dans sa camionnette et l'assomme d'un coup de cric, puis l'étrangle d'une seule main, selon ses dires. Il repart et, 500 mètres avant d'arriver à l'usine d'Air Products, il s'arrête, toujours selon ses dires, va à l'arrière de la camionnette et décapite son employeur. Selon Yassin Salhi, son acte est motivé par des raisons personnelles : deux jours plus tôt, il a un différend d'ordre professionnel avec son patron qui le réprimande pour avoir fait tomber une palette de matériel informatique. François Molins privilégie la thèse du contentieux personnel sublimé en attentat.42
Ainsi, Yassin Salhi a commis un attentat terroriste en décapitant son patron ; et le même jour, un autre attentat terroriste s'est déroulé à Sousse, en Tunisie : un homme armé a pénétré sur une plage dans un hôtel d'El Kantaoui, près de Sousse, puis a tiré sur les touristes présents, tuant 38 personnes.
Il y a un lien entre les deux attentats car en France, l'attentat a eu lieu dans le département 38, celui de l'ISÈRE, et lors de l'attentat de SOUSSE en TUNISIE, le terroriste a tué 38 personnes.
Dieu nous fait comprendre que l'argent est à l'origine de ces deux attentats.
ISÈRE = MISÈRE
SOUSSE = SOUS
TUNISIE = TUNE ISI
La TUNE et les SOUS symbolisent l'argent.
ISI = 9+19+9 = 37
Le chef-lieu du département 37 est la ville de TOURS dont le maire était alors Serge BABARY.
À SOUSSE, le terroriste a épargné tous les Tunisiens et il a tué uniquement les touristes qui avaient suffisamment de THUNES pour voyager.
Dieu veut nous faire comprendre que la THUNE est responsable de la BARBARIE des hommes.
En Isère, Yassin Salhi a tué son patron, il a ainsi tué celui qui accaparait théoriquement le plus de THUNES.
Hiérarchiquement, Yassin Salhi était SOUS son patron donc Dieu nous révèle que le capitalisme engendre la BARBARIE car si les salariés avaient géré collectivement cette entreprise, il est peu probable que Yassin Salhi aurait commis cet attentat, étant donné que dans le cadre de l'autogestion, il aurait été le patron de l'entreprise, à l'instar de ses collègues, donc il n'aurait pas ressenti un sentiment d'humiliation et de haine comme ce fut le cas envers son patron.
TUNISIE = TUNE ISI
ISI = 9+19+9 = 37
Le chef-lieu du département 37 est la ville de TOURS dont le maire était Serge BABARY.
Lors des attentats du 11 septembre 2001, les terroristes d'Al-Qaïda ont détruit les TOURS du World Trade Center.
« Al-Qaïda » signifie « la BASE » en arabe.
Yassin Salhi se situait à la BASE de la hiérarchie sociale, il était SOUS son patron et cette soumission génère parfois la BARBARIE.
L'auteur de l'attentat de SOUSSE, Seifeddine Rezgui, un jeune Tunisien de 23 ans, avait beaucoup moins de THUNES que les touristes qu'il a assassiné. Le Premier ministre tunisien, Habib Essid, a expliqué que Seifeddine Rezgui connaissait bien « le secteur touristique pour y avoir travaillé en tant qu'animateur », il était par ailleurs « membre d'un club de danse »43. Seifeddine était à l’image de beaucoup de jeunes des quartiers populaires. Son père était travailleur journalier, sa mère était au foyer. « Parti faire ses études supérieures à Kairouan, il travaillait dans le café du quartier de Gaafour pendant les vacances pour subvenir à ses besoins. Deuxième d’une fratrie de quatre enfants, son frère aîné est mort, frappé par la foudre alors qu’il récoltait des fruits dans les champs. Le petit frère était autiste. Une famille très modeste selon Zohra la voisine d’en face. En 2001, Seifeddine a commencé à danser le breakdance avec son ami Nadir et ça a duré pendant 8 ans. Seifeddine a posté ses performances sur facebook. Ils avaient du talent mais ils ont dû laisser tomber. Nadir déclarait : ''Dans ce pays, tu veux danser, tu ne peux pas ! Regarde le résultat, regarde ce qui est arrivé à un jeune comme Seifeddine. Je ne veux plus rester dans ce pays, il te détruit. Tu fais des études ? tu n’as pas d’avenir. Tu travailles ? le salaire ne suffit pas. Tu voles ? tu vas en prison. Tu veux te marier ? tu ne peux pas, pas assez d’argent''.
D’après le Telegraph, le tout dernier post du compte Facebook de Rezgui daté du 1er janvier 2015 disait : “Que Dieu me rappelle de ce monde injuste, fasse périr ces gens et les fasse souffrir. Ils ne se rappellent de vous qu’à l’heure de la mort.” »44
Seifeddine a donc tué 38 touristes car « ce MONDE est injuste » : les Occidentaux qu'il rencontrait en Tunisie avaient des SOUS plein les poches alors qu'il galérait pour vivre et son avenir était très sombre.
MONDE = M 15 14 4 5
15+14+4+5 = 38
Le département 38 est celui de l'ISÈRE.
MONDE = M+ISÈRE
MONDE = MISÈRE
Dieu nous fait ainsi comprendre que Seifeddine a tué 38 touristes car « ce MONDE est injuste » : il est ravagé par la MISÈRE alors qu'une minorité de la population mondiale accapare la majeure partie des SOUS
SOUSSE = SOUS SE
SE = 19+5 = 24
24 se prononce 20 4.
Adolf Hitler est né un 20 4 (20 avril).
J'ai séjourné plusieurs fois dans des hôtels en Tunisie et j'ai toujours été traité comme un ROI, comme si j'appartenais à une race supérieure, puisque j'avais les SOUS donc lorsque j'allais par exemple chez le dentiste à Monastir, qui se situe à 20 kilomètres de SOUSSE, je passais avant les Tunisiens parce que contrairement à eux, j'avais les SOUS pour me faire poser des COURONNES, alors même si des Tunisiens se trouvaient avant moi dans la salle d'attente, le dentiste me faisait passer avant eux. Dans la rue, lorsque je marchais devant des boutiques de vêtements, les vendeurs me ciraient les pompes pour que j'achète leur marchandise car j'avais les SOUS, ils me proposaient alors de boire gratuitement une tasse de thé comme si j'appartenais à une race supérieure qu'il fallait choyer ; et j'imagine que Seifeddine Rezgui n'a pas supporté cette injustice, il n'a pas supporté de voir son peuple s'agenouiller devant les Occidentaux alors il s'est radicalisé et il a commis ce carnage en tuant 38 touristes, et en épargnant tous les Tunisiens puisqu'ils avaient le même statut social que lui.
Le terrorisme ne vient pas de nulle part, il faut chercher la racine du mal pour le comprendre vu que la BARBARIE n'est pas naturelle : elle est provoquée par l'injustice et l'humiliation qui trouvent leur origine dans l'inégale répartition des richesses de la Terre, ce qui signifie que ce sont les SOUS qui engendrent la BARBARIE.
Lors des attentats du 11 septembre 2001, la BARBARIE des terroristes d'Al-Qaïda s'est portée sur les TOURS du Wold Trade Center et « World Trade Center » signifie en anglais « centre de commerce mondial ». Les terroristes ont ainsi ciblé le symbole du libéralisme économique, c'est-à-dire les SOUS circulants à travers le monde.
L'attentat de SOUSSE a eu lieu sur une plage devant l’hôtel Imperial Marhaba, et Marhaba Hôtels – de son nom complet : Société hôtelière touristique et balnéaire Marhaba – est une entreprise tunisienne fondée le 7 janvier 1964.45
Le 7 janvier 2015 s'est déroulé l'attentat contre Charlie Hebdo, et les SOUS étaient également responsables de ces attentats, les frères Kouachi ayant vécu dans la MISÈRE durant leur enfance.
7 janvier = 71
Le chef-lieu du département 71 est la ville de MACON.
Emmanuel MACRON était alors ministre de l'Économie.
L'économie symbolise les SOUS, c'est la raison pour laquelle Dieu associe la date du 7 janvier, qui symbolise l'économie capitaliste, à l'attentat de SOUSSE, qui s'est déroulé sur la plage d'un hôtel appartenant à une chaîne d'hôtel fondée un 7 janvier.
Dieu nous fait comprendre que l'économie capitaliste est responsable de l'attentat de SOUSSE car si les hôtels tunisiens avaient été nationalisés sans indemnité et autogérés par les travailleurs, tous les bénéfices auraient été équitablement redistribués entre chaque Tunisien. Par conséquent, dans une société solidaire, il est peu probable que Seifeddine Rezgui se serait radicalisé, car lorsqu'il travaillait dans l'hôtellerie, il aurait été fier d'être le patron de l'hôtel qu'il aurait dirigé avec ses collègues, alors il n'aurait pas éprouvé un sentiment de haine envers les Occidentaux, ayant besoin d'eux pour faire tourner SON hôtel.
L'attentat a eu lieu devant l’hôtel Imperial Marhaba qui appartient à la chaîne Marhaba Hôtels, une entreprise tunisienne fondée le 7 janvier 1964.
J'ai expliqué que le 7 janvier symbolisait Emmanuel MACRON, alors ministre de l'Économie, donc le 7 janvier symbolise le capitalisme.
L'année 1964 est également symbolique car j'ai écrit le message « PEACE 5 » avec les lettres détachées du Coran, à l'aide du chiffre 64.
Dieu nous fait ainsi comprendre que nous devons combattre le capitalisme, de manière PACIFIQUE, avec les 5 doigts de notre main qui tiennent le bulletin de vote.
1964 = 19
Le chef-lieu du département 19 est la ville de TULLE donc à travers le 7 janvier 1964, Dieu nous transmet le message suivant : « TUE LE capitalisme de manière PACIFIQUE ».
Le jour de l'attentat de SOUSSE, un employé – Yassin Salhi – s'est servi des 5 doigts de sa main pour TUER et décapiter son patron. Cet attentat symbolisait ainsi le message que Dieu nous transmettait à travers la date du 7 janvier 1964, le pacifisme en moins.
Dieu nous révèle que l'économie capitaliste est responsable de cet attentat puisque Yassin Salhi a tué son patron et non l'un de ses collègues, à l'instar de Seifeddine Rezgui qui a tué le même jour des touristes occidentaux et non des Tunisiens. Les deux terroristes ont tué ceux qui avaient en théorie le plus de SOUS donc c'est bien l'économie capitaliste qui est responsable de ces attentats.
Dieu nous enseigne que dans une société sans classes et dans un monde solidaire où toutes les richesses seraient équitablement redistribuées, ces attentats n'auraient jamais eu lieu.
Alors à travers la date du 7 janvier 1964, le 7 janvier symbolise l'économie capitaliste ; le chiffre 19 symbolise le message « TUE-LE » ; et le chiffre 64 symbolise le message du Coran : « PEACE 5 ».
Dieu nous demande ainsi de TUER le capitaliste pacifiquement avec les 5 doigts de la main qui tiennent le bulletin de vote.
Il nous demande de DÉCAPITER le CAPITALISTE le jour de l'élection présidentielle.
DéCAPITE = CAPITaliste
Yassin SALHI a décapité le capitaliste de la mauvaise manière.
SALHI = SAHLI
J'ai déchiffré le message « PEACE » alors que je séjournais à Monastir en Tunisie mais j'ai commis une erreur de calcul que j'explique dans mon autobiographie, et quelques mois plus tard, en décembre 2015, j'ai finalement réussi à déchiffrer le message « PEACE 5 » par l'intermédiaire du chiffre 64. J'habitais alors dans un appartement à SAHLINE, une ville qui se trouve à 10 kilomètres de SOUSSE.
Yassin SALHI a décapité son patron avec les 5 doigts de sa main car il n'avait pas compris que Dieu nous avait délivré un message de PAIX dans le Coran, donc il a suivi la mauvaise voie étant donné que Dieu n'avait pas encore envoyé son messager. C'est pourquoi il a décapité son patron avec une ÉPÉE.
« ÉPÉE » se dit « SWORD » en anglais.
SWORD = WORDS
« WORDS » signifie « MOTS » en anglais.
Yassin SALHI a tué le capitaliste avec l'ÉPÉE en interprétant ainsi les écritures dans le mauvais sens.
À travers son erreur, Dieu nous fait comprendre que nous devons tuer le capitalisme avec les MOTS, c'est-à-dire avec les MOTS qui seront écrits sur notre bulletin de vote le jour de l'élection présidentielle.
Yassin Salhi et Seifeddine Rezgui ont ainsi tué leurs victimes car ils ne savaient pas que Dieu avait écrit le mot « PEACE » en toutes lettres à travers les lettres détachées du Coran.
Un cheval possède 64 chromosomes et le cavalier monte SUR le cheval.
Le cheval symbolise le travailleur et le cavalier est le capitaliste, donc l'attentat de SOUSSE et celui perpétré en France, symbolisaient la position humiliante du travailleur en DESSOUS du capitaliste.
L'injustice, l'exploitation et l'humiliation étaient les causes premières de ces attentats.
Quelques mois avant l'attentat de Sousse, la Tunisie avait été frappée par un autre attentat terroriste lors de l’attaque du musée du BARDO, le 18 mars 2015. Cet attentat a causé la mort de 24 personnes (21 touristes, un agent des forces de l'ordre et deux terroristes) et fait 45 blessés.
BARDO = BARDOT
Le BARDOT est un équidé hybride issu du croisement d'un étalon et d'une ânesse mais il est plus proche du cheval que de l'âne. Le BARDOT est statistiquement STÉRILE en raison du nombre impair de ses chromosomes, hérités de ses deux parents.46
Dieu associe cette attaque terroriste au cheval car il nous fait comprendre que tant que nous laisserons les capitalistes monter sur notre dos, toutes les mesures sécuritaires ou autres – prises par nos dirigeants pour lutter contre le terrorisme islamiste – seront STÉRILES, vu que les attentats se succéderont tant que nous ne mettrons pas un terme au capitalisme et à l'impérialisme.
À travers l'attentat du BARDO, la stratégie des djihadistes était d'attaquer les intérêts occidentaux et le tourisme, un des poumons de l'économie tunisienne. Les terroristes s'en prennent ainsi à l'économie afin d'atteindre les Occidentaux. Cet attentat est donc la preuve que l'économie engendre le BARBARIE.
« L'amour de l'argent est la racine de tous les maux », c'est pourquoi nous devons combattre la dictature de l'argent avec les MOTS, c'est-à-dire avec les MOTS écrits sur un bulletin de vote, et les MOTS qui changeront la Constitution une fois que nous aurons pris le pouvoir politique en main.
Actuellement, la situation économique de la Tunisie favorise l'entrée des jeunes Tunisiens dans le djihadisme car la pauvreté persistante de certaines régions, les effets de la crise économique, le chômage qui atteint la moitié des jeunes ont aggravé le désespoir d’une partie d’entre eux. Et un recruteur djihadiste offrirait 600 à 1 000 dollars par mois…
La barbarie djihadiste qui s’étend n’est que le reflet hideux de celle des grandes puissance, qui dressent les populations les unes contre les autres, manipulent les dictateurs et les milices, les arment, bombardent et continuent de régner sur les puits de pétrole en permettant à leurs multinationales de piller les richesses du Tiers Monde.47
Nous devons donc combattre le capitalisme et l'impérialisme avec les 5 doigts de notre main qui tiennent le bulletin de vote afin de pouvoir lutter efficacement contre le terrorisme islamiste – car le pauvre d'aujourd'hui est le potentiel djihadiste de demain.
Le 26 juin 2015, lorsque j'ai appris qu'un ouvrier avait décapité son patron, j'ai pensé à l'attentat contre Charlie Hebdo, qui s'est déroulé rue Nicolas APPERT.
APPERT = PATER P
La prononciation de la lettre « P » symbolise la PAIX.
Dans le film PATER, le président de la République, joué par Alain CAVALIER, veut fixer un salaire maximum afin de réduire les inégalités, et au cours du film, un personnage déclare : « Dans une entreprise, quand le dernier ouvrier non qualifié touche 50 fois moins que son patron, il y a quelque chose qui va pas. Il faut partager. Moi j'ai eu une affaire, j'ai toujours partagé et j'ai eu la PAIX, la PAIX. Je rentrais chez moi, j'étais tranquille car je savais que quand ils rentraient chez eux, ils avaient du pognon, ils avaient ce qu'on avait : on partage. Il faut des trucs simples bon dieu, simples, accrochés, simples. »
Dieu nous fait comprendre que nous devons renverser le capitalisme pour créer une société solidaire dans laquelle chacun gagnera exactement le même salaire car c'est la seule la manière d'avoir un jour la PAIX, la PAIX.
Le film Pater a été présenté lors du 64e festival de Cannes.
J'ai écrit le message « PEACE 5 » avec les lettres détachées du Coran grâce au chiffre 64, c'est la raison pour laquelle Dieu met ce chiffre en lumière à travers le film Pater puisqu'il nous fait comprendre que nous aurons la PAIX en instaurant un revenu maximum à ne pas dépasser.
Le réalisateur du film Pater est Alain CAVALIER, car notre père, Dieu, nous demande de combattre le CAVALIER en l'empêchant de monter sur notre dos afin que nous puissions vivre en PAIX, en partageant équitablement les richesses que nous produisons.
L'attentat du 7 janvier 2015 a eu lieu rue Nicolas APPERT et l'hôtel tunisien dans lequel Seifeddine Rezgui a tué les touristes, a été fondé le 7 janvier 1964.
Dieu met ainsi en lumière le 7 janvier qui symbolise l'économie capitaliste (MACRON) ; et le chiffre 64 ; parce qu'il révèle que nous aurons la PAIX en éradiquant le système capitaliste.
Un journaliste du magazine Le Figaroscope a écrit au sujet du film Pater : « Prodigieux... et quasiment prophétique ».
Le prix Nobel de la paix sociale
C’est le « quartet » composé de l’UGTT (la centrale syndicale hégémonique), de l’UTICA (syndicat patronal), de la LTDH (Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme) et de l’Ordre des avocats qui s’est vu décerner, le 9 octobre, le prix Nobel de la Paix 2015. Le « dialogue national » pour lequel elles sont récompensées s’est pourtant accompagné d’un cortège d’attaques contre les libertés publiques ainsi que les conditions de travail et d’existence des couches populaires.
« Nous avons réalisé un miracle avec le dialogue national ». Ce n’est pas Wided Chammaoui la patronne des patrons qui le dit. C’est Jilani Hammami, porte-parole du Parti des Travailleurs, principale composante du Front Populaire, qui le dit pour expliquer les raisons d’attribution du prix Nobel de la paix au quartet. Cela révèle bien l’état d’esprit largement partagé parmi les dirigeants des organisations de gauche en Tunisie.
C’est un quartet – composé de l’UGTT (centrale syndicale hégémonique), l’UTICA (syndicat patronal), la LTDH (Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme) et l’Ordre des Avocats – qui a reçu en 2015 le prix Nobel de la Paix. Suite à l’assassinat de deux dirigeants de la gauche tunisienne et la montée réelle de la violence politique, ce quartet invraisemblable s’est formé en se donnant comme tâche d’assurer la « transition démocratique » en Tunisie dans un climat le plus pacifique possible. Il a notamment organisé le « dialogue national », en assurant des médiations entre organisations politiques et établi une feuille de route fixant notamment les délais de finalisation de la nouvelle constitution et d’organisation d’élections. La constitution a bien été finalisée, les élections ont eu lieu, et cela en ayant entre temps convaincu les islamistes de céder le pouvoir à un gouvernement de « technocrates » pour la période de transition. Sur ces terrains, on peut dire que le quartet a atteint ses objectifs affichés.
Mais la violence politique, c’est l’État lui-même qui l’a poursuivie : le gouvernement s’est appuyé sur la présence réelle de groupes terroristes pour faire passer tout un arsenal de lois liberticides qui au final portent essentiellement atteinte aux libertés politiques et syndicales et n’ont aucunement prouvé leur utilité dans la lutte contre le terrorisme. Ainsi, les procès et condamnations à la prison ferme se sont multiplié contre des militants ayant participé aux mobilisations de 2010-2011 ayant abouti au départ de Ben Ali. En parallèle, de nombreux tortionnaires sous l’ancien régime ont été blanchis par la justice, dans le cadre plus large du retour en grâce des dirigeants de l’ancien RCD qui ont progressivement repris du service dans l’appareil d’État. Les témoignages sur des actes de torture dans les postes de police et les prisons augmentent. La police se déchaîne de façon systématique sur les militants dans les manifestations syndicales et politiques de gauche. Enfin, la police et la justice s’en prennent bien plus aux jeunes non jeûneurs pendant le ramadhan, aux femmes et aux minorités sexuelles, qu’aux terroristes. Et en même temps, la menace terroriste sert évidemment d’alibi pour renvoyer les revendications sociales aux calendes grecques. Par contre, pour porter des coups aux droits des travailleurs, les temps et l’énergie ne manquent pas : sous le gouvernement du « technocrate » Jomaa puis avec le gouvernement Nidaa-Nahdha, un certain nombre d’accords internationaux ont été signés et conditions du FMI acceptées, dont un nouveau plan d’ajustement structurel comprenant suppressions de postes dans la fonction publique, augmentation de l’âge de départ à la retraite et privation d’entreprises publiques. Et pour avoir obéi aux règles du jeu impérialiste, l’État Tunisien n’a pas attendu le comité Nobel pour avoir sa récompense : les organisations garantes de l’ordre capitaliste ont de nouveau ouvert le robinet des emprunts. Tant pis pour les générations futures qui devront les rembourser au prix fort et tant pis pour la dégradation des droits économiques et sociaux, condition préalable à ces emprunts.
Le prix Nobel est donc venu ensuite récompenser une normalisation ayant empêché un mouvement d’émancipation d’aller jusqu’au bout de ses possibilités. Rien d’étonnant, c’est ce même prix qui a récompensé un Arafat qui a trahi la résistance populaire et l’aspiration du peuple palestinien à l’émancipation. La cause palestinienne ne s’en porte franchement pas mieux, depuis !
De la part du patronat, rien de toute cette entreprise n’est surprenant. Mais les avocats et la LTDH s’y sont aussi associés, alors qu’avant 2011, ils s’étaient sincèrement engagés contre le pouvoir de Ben Ali. Ils semblent aujourd’hui tétanisés par l’idée de perdre les quelques miettes de libertés formelles acquises depuis la révolution. Ils ressentent donc le besoin d’une pacification de la société, quitte à ce que cela se fasse aux dépens des travailleurs, quitte à ce que cela se fasse par le retour d’un État fort qui réprime les mobilisations sociales. De ce point vue, ils sont assez bien représentatifs de l’état d’esprit de la petite bourgeoisie qui ne souhaite pas que le peuple entre avec ses mains sales et ses revendications matérielles dans l’arène politique. Le prolétariat déstabiliserait trop l’ordre précaire qui s’établit ! Ils étaient donc naturellement prêts à une alliance avec la bourgeoisie et ses représentants contre les classes populaires, espérant gagner en rechange le maintien d’une démocratie formelle. Triste illusion, quand on voit les atteintes aux droits des femmes et des minorités sexuelles par exemple ! Pire encore est l’association de l’UGTT avec le patronat dans cette entreprise de pacification. Toutes les oppressions, toutes les violences inacceptables contre les militants politiques de gauche et syndicaux, l’UGTT ne les a donc condamnées que très mollement, quand elle les a condamnées. Elle a laissé les travailleurs en lutte orphelins d’une organisation qui défende leurs intérêts contre ceux du patronat, au nom de « l’intérêt national » et de « l’unité nationale ». Sami Tahri, secrétaire général adjoint et porte-parole de l’UGTT déclarait suite à l’attribution du prix Nobel au quartet : « Ce Nobel, ça va aider tout le monde à dépasser son intérêt personnel pour enfin contribuer à l'intérêt national. » L’intérêt des travailleurs et la lutte des classes attendront…
On comprend bien que l’UGTT n’a pas été « nobélisée » pour avoir unifié les luttes des travailleurs qui se battent pour leur dignité. Bien au contraire ! Elle l’a été pour avoir contribué à faire régner une paix sociale contre l’intérêt des travailleurs. Enfin, la déclaration de Jilani Hammami montre que la gauche politique en est elle aussi au même point, de plus en plus engluée dans des logiques institutionnelles, déconnectée des revendications et des préoccupations des travailleurs, plutôt soucieuse de son image auprès des puissants de ce monde que de légitimité auprès des classes populaires.48
Un jeune berger décapité par des terroristes
Mabrouk Soltani était un jeune de 16 ans du village tunisien de Slatniya aux confins de Jelma (région de Sidi Bouzid). Jelma est une des plaques tournantes "nationales" de l'économie de la contrebande.
Mabrouk Soltani était berger. Il fût égorgé, le vendredi 13 octobre 2015, par des terroristes de l'État islamique.
Son cousin, Nessim Soltani, s'est vu attribuer la tâche de porter la tête du martyr jusqu'à sa maison, pour la livrer à la mère de Mabrouk. Son corps a pu être récupéré le lendemain, par les habitants du village. Tandis que sa tête avait passé la nuit au frigo.
Le témoignage émouvant de Nessim
Ce témoignage, recueilli par la chaîne de télévision Nessma, donne des éléments de réponse et d'analyse. Et surtout, des éléments de compréhension.
Le jour où cette décapitation s’est passée, vous vous attendiez à cela ? La montagne, vous saviez déjà que c’était une zone non sécurisée ?
Nessim Soltani : Oui, nous le savions.
Tout d’abord, je voudrais vous remercier pour l’invitation et je remercie l’équipe de Nessma, elle a été solidaire et s’est chargée de tout.
Mais, nous ne nous attendions pas à ça, et nous nous y attendions.
Comment cela ?
Parce que la montagne, on connaît. Je crois même que toute la Tunisie était au courant, on l’a filmée et on a tout vu. Nous avons reçu des menaces des terroristes. Mabrouk, pendant [le mois de] Ramadan, avait rencontré le terrorisme à la montagne.
Ça veut dire que le martyr vous l’avait raconté, vous a dit..
Exactement, il avait rencontré le groupe auparavant…
Je vais vous dire pourquoi nous ne l’avons pas déclaré [aux autorités].
Allez-y !
Mabrouk était à la montagne, il était allé faire paître les moutons quand quelqu’un est venu le voir, il avait plein de couteaux, plein d’explosifs, plein d’armes. C'était un Tunisien ! Un petit jeune ! Et le reste du groupe était resté en haut à contrôler, ils étaient une vingtaine. Et l’État savait que le terrorisme existait dans la montagne.
C’était quand, Nessim ?
Pendant [le mois de] Ramadan.
Ce Ramadan-ci ?
Oui, l’État était au courant qu’il y avait le terrorisme dans la montagne. Ils lui ont dit : « Nous savons où tu habites, nous connaissons toutes les familles. Nous ne visons pas le citoyen, nous visons l’armée et [les agents de] la sécurité en général. Nous ne visons pas le citoyen !
Ils ont voulu l’acheter, à ce moment là. Ils ont voulu le rassurer, en lui disant que c’était normal qu'il veuille aller dans la montagne. Le terroriste lui a dit : « Si nous voulions contrôler la montagne, nous l’aurions minée de bout en bout. De Taghout à Aïn Jaffel. Nous aurions explosé quiconque qui y mettrait les pieds ». Cela veut dire qu’ils pouvaient faire cette opération…
Ça, c’était dans la conversation qu’ils ont eue avec le martyr Mabrouk au mois de Ramadan ?
Au mois de Ramadan.
C’était lui qui vous raconté cela ?
Oui ! ils lui ont dit exactement cela ! Ils ont voulu l’acheter. Et ils sont capables de nous acheter tous, nous les jeunes de la région, les jeunes marginalisés, les jeunes analphabètes. Des jeunes qui ne savent même pas comment parler. Des jeunes chômeurs. J’ai arrêté l’école quand j’avais 16 ans. Mon père s’est fait opéré. À cause des difficultés financières, nous vivons à un degré de pauvreté en-dessous de zéro, peut-être à 30 degré en-dessous du zéro.. une pauvreté ! Une pauvreté ! Une pauvreté ! Nous mangeons des herbes ! nous mangeons du cardon épineux ! nous mangeons les feuilles de mauve que ma mère nettoie et prépare pour que je la mange…
Les choses les plus simples, l’eau ! l’eau ! l’eau que nous ramenons de la montagne. Mais puisque le terrorisme est dans la montagne maintenant, où se procurer l'eau que je vais boire ?
Moi, je vais mourir, soit de soif, soit de faim, soit du terrorisme !
Je suis devant le fait accompli ! Toute la région ! Toute la région est devant le fait accompli ! Nous sommes menacés à tout instant, et ça continue ! ça continue !
Pourquoi nous n’avons pas averti l’armée pendant le Ramadan ? Pourquoi nous ne l'avons pas dit à la police ? Parce que nous avons peur !
Si l’hélicoptère de l’armée avait été là par hasard le jour où Mabrouk a été pris au mois de Ramadan, (même si ce n’était pas Mabrouk qui l’avait averti, qu’il repose en paix), toute la tribu aurait été massacrée. La tribu des Slatniya serait morte ce soir là ! Ils lui ont dit : si l’hélicoptère arrive jusqu’ici, si nous entendons ne serait-ce que les pas de la police dans la montagne, ce soir tu mourras !
Cela veut dire qu’il était leur cible depuis longtemps. Nous sommes tous visés aujourd’hui !
Votre tribu compte combien de personnes ? Il y a combien d’habitants là-bas ?
À peu près 200 personnes, 300 personnes, peut-être… on habite dans des zones séparées…
Quel est le service de l'État le plus proche [de votre village] ? Un dispensaire ? une école ? Quoi exactement ? Quelles sont les institutions de l’État ? Quels sont les bâtiments sur lesquels on voit flotter le drapeau [national] ?
J’ai 20 ans, je n’ai jamais vu de responsable en visite dans la région. Je n’ai jamais rencontré de responsable. La nation [la patrie] je ne la connais sur la carte d’identité !
Nation ! Nation ! Nation ! Nation ! Nation ! Moi je ne connais la Nation que sur la carte d’identité nationale !
Vous avez participé aux élections ?
Nous ne votons pas ! Parce que personne ne vient nous voir ! Je ne sais pas comment voter ! je suis un jeune de vingt ans, je ne sais pas comment voter ! À aucun moment on ne m’a demandé d’aller voter ! À aucun moment on m’a dit viens pour voter ! Je n’ai jamais vu de responsable qui serait venu me dire « vote pour moi ! »…
Je n’ai pas voté, nous tous, nous n’avons pas voté !
Et d'un point de vue plus basiques, nous n’avons pas de route ! Si quelqu’un se fait piquer par un scorpion, il meurt !
Le centre médical le plus proche, c’est où ?
Dans une autre commune, Zoghmat, à peu près à 10 kilomètres.
Nous n’avons pas de route nous, les voitures ne peuvent pas monter jusqu’à chez nous. Lorsque nous allons faire des courses au marché hebdomadaire, nous devons nous déplacer à environ 10 kilomètres. Le sac de semoule c’est sur mon dos que je le ramène à la maison, moi !
Que tous ceux qui m’écoutent m’excusent d'utiliser l'expression "si quelqu’un a un âne", mais celui qui possède un âne, va l’utiliser pour ramener ce qu’il a acheté, et celui qui n’en a pas ramène le tout sur son dos… Chez nous, lorsqu’une femme accouche, elle peut mourir… il y en a qui meurent, parce qu’elles n’ont pas d’argent pour payer les frais entraînés pour accoucher de ce bébé qui était là dans son ventre. Et il y a aussi des bébés qui meurent [avant qu’ils naissent], à cause de ces bidons d’eau que la femme porte sur son dos. Chercher de l’eau pour boire… à quel État appartenons-nous ? (...).
J'ai quitté l’école à 16 ans. Mon père m’a fait quitter l’école pour aller travailler dans la construction. Un jour avec et un jour sans !
Je ne suis pas rentré chez moi pour l’Aïd El Kébir ! J’avais envoyé l’argent pour que mon père puisse payer les études de [mes frères et sœurs]. Et je suis resté coincé ici car j'ai connu 10 jours de chômage, avant l’Aïd. Résultat, j’ai passé l’Aïd ici à Tunis…
Tous les jeunes connaissent le chômage ! On marche, on marche, puis on s’assoit au pied d’un mur, pour que quelqu’un vienne nous voir et nous appelle : « Allez ! tu viens travailler ! ». Parfois, il vient, et parfois il ne vient pas ! On est assis et piétinés par les élèves ! (...)
Je ne suis pas en train de vivre pour moi-même ! Je ne pense pas à construire [mon avenir], et travailler enfin ! [Je vis] pour nourrir ma sœur et assurer ses études, pour nourrir mon père et je n’y arrive pas, je n’arrive pas à lui assurer ses études ! Et je n’arrive pas à nourrir ma mère, nous sommes privés des choses les plus basiques ! Les choses les plus basiques ! Les choses les plus basiques ! tellement basiques, basiques, basiques à un degré inimaginable !... basiques à un degré inimaginable !...
Retournons à notre sujet ! Pourquoi Mabrouk est mort ?
Parce qu’il est obligé d’aller à la montagne ! C’est son gagne-pain !
Moi, je ramène l’eau de la montagne, et aujourd’hui dans la montagne il y a le terrorisme. Où trouver maintenant l'eau pour boire ?
Le bois avec lequel ma mère fait cuire le pain, il vient de la montagne !
Le terrorisme est dans la montagne aujourd’hui, d’où est-ce que je vais ramener le bois pour manger du pain ? D’où est-ce que je ramène du bois pour manger du pain ?
L’eau à boire ! Il y a à côté de notre village un lac de montagne plein de cadavres d’animaux ! Est-ce qu’on en boit ?
Qui pourrait accepter de ne pas avoir de sanitaires ? Qui pourrait accepter de ne pas avoir de sanitaires ? Quand il fait froid, et tout ? Il faut aller dans les buissons, dans un endroit désert.
Monsieur Moncef Marzouki est venu me dire aujourd’hui « Je ne peux rien pour vous ! »
Ça veut dire quoi « je ne peux rien pour vous ! » ? C’est quoi tous ces garde-corps qui vous suivent partout ? Moi j’ai besoin de sécurité ! J’ai besoin de sécurité ! Et je suis avec [les services de] sécurité et avec l’armée !
Quoi ? C’est sur le compte de qui que tu perçois ton salaire actuellement ? Tu viens me voir et tu me dis « je ne peux rien pour toi » ! Pourquoi es-tu venu ? Que veux dire que tu ne peux rien pour moi ?
On ne joue pas avec une tête humaine… la presse a utilisé la tête d’un humain pour la prendre en photo ! Ce n’est pas la tête d’un mouton ! Ce n’est pas la tête d’un mouton ! Ce n’est pas la tête d’un mouton !...
Que veut dire être chômeur ? Nous avons réfléchi. Je ne peux plus aller travailler, nous tous ne pouvons plus aller travailler ! Nous ne pouvons plus aller à Tunis ou à Sfax pour travailler !
Je laisse ma mère aller faire paître les moutons et je vais travailler… pour subvenir aux besoins de mes frères et sœurs, leurs livres, leurs cahiers, et je n’y arrive pas souvent, j’achète seulement les cahiers et c’est tout !
L’instituteur les frappe, le professeur les vire et ils sont exclus de la classe, et il les bat, les bat, les bat, les bat. Parce qu’ils n’ont pas de livre, ils n’en n'ont pas, ils partagent les livres avec leurs camarades, ils demandent un livre… ça veut dire une situation misérable ! Misérable ! Misérable !
Une pauvreté ! Une pauvreté ! Une pauvreté ! Une pauvreté ! Une pauvreté !
Et nous avons foi en Dieu ! Je n’ai pas confiance confiance ! Maintenant, la confiance est presque finie, c’est-à-dire je n’ai plus confiance, plus jamais ! J’ai confiance en Dieu ! La confiance en Dieu !
Ma tante vit aujourd’hui dans un état psychique mauvais, mauvais, mauvais à un degré tel ! Mauvais, mauvais. Elle a de l’hypertension, l’hépatite, le diabète, elle souffre de plusieurs maladies. Et voilà que son fils arrive maculé de sang, plein du sang de… Mabrouk. Elle touche son fils et elle le trouve barbouillé de sang ! Comment voulez-vous qu’elle réagisse ? Qui peut vivre cette situation, la tête d’un humain, qui bouge contre ton dos ?
Mais quel État ? Où sont les responsables, où ?
Quand ? À quel moment ils vont venir me voir, moi ? À quel moment ils vont nous voir ?
Le terrorisme est capable de nous acheter ! Il est capable de nous acheter !
Mais nous faisons tout pour ne pas le laisser nous acheter ! Nous ne laisserons pas le terrorisme et ses groupes proliférer, nous ne les laisserons pas !
Le terrorisme est capable nous acheter, il peut nous tenter avec l’argent et acheter les jeunes !
Acheter tous les jeunes de la région de Slatniya !
Il est capable de les acheter, il les tente avec l’argent et il les achète. Et il leur fait un lavage de cerveau et ils deviennent terroriste ! Pourquoi ? Pourquoi ?
Et nous devons fournir un accompagnement spécial pour ces deux familles, surtout ces deux familles : la famille de Chokri Soltani et la famille de Mabrouk Soltani.
Parce que la famille de Chokri Soltani, vit maintenant une situation misérable. Une situation insupportable ! Premièrement, la pauvreté. Combien de temps pourra-t'il la supporter ? Combien de temps pourra-t-il la supporter ? Combien de temps allons-nous la supporter ? Combien de temps ?
Les choses les plus simples, nous ne les avons pas ! Les choses les plus simples !
Tous les jeunes vont être au chômage maintenant !
Je vous jure que je pense que nous allons monter seuls à la montagne du terrorisme !
Et c'est ce que nous avons fait ! Nous sommes montés et nous avons ramené tout seuls le cadavre ! Il avait été abandonné vingt-quatre heures dans la montagne ! Il avait été abandonné vingt-quatre heures dans la montagne !
Des emplois pour les jeunes de la région !
Des emplois pour les jeunes de la région !
Des emplois dans l'armée pour les jeunes de la région, faites-leur une caserne !
Avant nous avions une caserne dans la montagne et il y avait des soldats, on l’a démolie !
Pourquoi tu l’as démolie ?
Construis-en une autre et renforce-la !
Renforce-la !
Renforce-la !
Renforce-la pour qu’ils restent dans la montagne !
T’es qui quand tu t’enfuis devant le terrorisme ?
Qu’est-ce qu’une armée qui s’enfuit devant le terrorisme ?
Nous sommes de son côté [l’armée] !
Recrutez les jeunes de la région !
Construisez-leur une caserne et ils vont y rester !
Nous sommes en train de penser à nous rendre justice nous-mêmes !
Nous réfléchissons à aller dans la montagne pour débusquer ce terrorisme !
Nous sommes prêts ! Je suis prêt pour sacrifier ma vie, et ce n’est pas grave si un million de tunisiens meurent pour se débarrasser du terrorisme !
Un million de tunisiens meurent et nous nous débarrassons du terrorisme !
Mourrons ! Nous sommes 11 millions, un million mourra et 10 millions vivront bien !
La Tunisie vivra bien !
Une route, je n’ai pas de route, nous n’avons pas de route ! Elle est où la route ?
Le transport, nous n’en avons pas. Je fais comment pour me déplacer !
Le jour où il pleut, imagine s’il pleut pendant une semaine, nous n’allons pas au marché faire nos courses ! Un marché, disent-ils ! Alors, on se remet aux feuilles de mauves et au cardon épineux, les gens disent « Loué soit Dieu qui ne t’a pas fait mangeur d’herbes ! », ils disent ça comme pour se moquer !
Et ben moi, je le mange l’herbe ! Ma mère elle ramène le cardon épineux et le prépare à manger ! Elle ramène les feuilles de mauve et les prépare à manger !
Nous avons quelqu’un qui a étudié, étudié, étudié et a quitté [l’école]… pour moi, pour tous les élèves, de la région, il n’y a plus d’espoir dans les études !
Ils ont rompu l’espoir ! Il n’y a plus d’espoir !
Ils ont eu une info, comme quoi tu étudies, tu étudies, et puis tu dois donner tel et tel pot-de-vin, tel et tel pot-de-vin pour pouvoir avoir un poste. Vas savoir après si tu l’as ou pas !
Les gens n'ont pas de quoi éduquer leurs enfants !
Leurs enfants sont en train de quitter les écoles ! Chokri, celui qui a porté la tête du cadavre, a arrêté l’école il y a trois jours !
Il a arrêté il y a trois jours ! Pourquoi a-t-il arrêté les études, pourquoi ? Pourquoi a-t-il arrêté les études ?
Il a arrêté parce que ses conditions financières ne lui permettent pas de les continuer. Parce que sa mère s’occupait des moutons ! Sa mère est malade, elle est fatiguée ! Il a été obligé d’arrêter l’école parce que sa mère est malade et parce que leurs conditions sont difficiles, difficiles, difficiles ! Ils vivent dans deux chambres ! Il a arrêté les études ! Et beaucoup de jeunes sont visés, et nous sommes toujours visés ! et nous sommes toujours visés parce que le terrorisme reviendra un autre jour !
Mon père m’a dit hier « Partons ! Partons ! Partons ! Partons ! ». Et tout le monde parle de partir.
Que dira le terrorisme ?
Il va dominer ce village… cela veut dire quoi ? Il va coloniser ce village et après il dominera un autre village et après-demain… Nous devons dire STOP ! STOP ! 49
Attentat du 24 novembre 2015 à Tunis
Le 24 novembre 2015, durant l'après-midi, une explosion a lieu à bord d'un bus de la garde présidentielle, qui roulait sur l'avenue Mohammed V, près de l'ancien siège du Rassemblement constitutionnel démocratique. Le bilan humain se porte à douze morts et dix-sept blessés.
L'état d'urgence est alors déclaré ainsi qu'un couvre-feu dans le Grand Tunis.
Le 25 novembre, l'agence Reuters revoit le bilan à la hausse, et rapporte treize morts et vingt blessés. L'agence attribue l'explosion à un kamikaze, en précisant qu'il aurait utilisé des explosifs militaires dissimulés dans son sac à dos. Il s'agirait alors du premier attentat-suicide perpétré dans la ville de Tunis.
L'organisation terroriste État islamique revendique cet attentat.
Le 26 novembre, le treizième corps retrouvé sur le lieu de l'attentat est identifié : il s'agit du corps du kamikaze Houssem Abdelli, identifié grâce à un test ADN de sa mère.50
Des manifestations contre le chômage (janvier 2016)
Cinq ans après que l’auto-immolation de Mohamed Bouazizi, vendeur de légumes malgré ses diplômes, a déclenché des manifestations de masse contre le chômage, devenues ensuite des luttes révolutionnaires ayant conduit à la chute du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, des manifestations de masse de travailleurs et d’étudiants ont de nouveau éclaté contre le chômage dans toute la Tunisie.
Après la mort, dans une manifestation, le 16 janvier 2016, de Ridha Yahyaoui, jeune homme cherchant un emploi d’enseignant dans la ville de Kasserine dans le sud tunisien, les protestations se sont propagées du sud et de l’ouest de la Tunisie à la capitale Tunis et progressivement à l’ensemble du Pays. Un policier est mort lorsque son véhicule s’est renversé, et un nombre non spécifié de manifestants ont été blessés jeudi lors d’affrontements à Kasserine, où les forces de sécurité avaient tué des dizaines de manifestants durant le soulèvement de 2011.
« Je suis sans emploi depuis 13 ans, et je suis technicien qualifié. Nous ne voulons pas la charité, seulement notre droit au travail », a dit Mohamed Mdini, un électricien, à l’agence Reuters lors d’une manifestation à Kasserine.
Après un rassemblement de diplômés d’université au chômage à Tunis, qui réclamaient des emplois et la chute du régime, l’État a déclaré un couvre-feu de 20 heures à 5 heures dans toute la Tunisie. Le ministère de l’Intérieur a averti que les protestations causaient des « dommages aux biens publics et privés. » Il a menacé de poursuivre toute personne défiant le couvre-feu, bien que des manifestants aient déjà défié, à Kasserine, un couvre-feu local déclaré dans leur région plus tôt dans la semaine.
L’éruption en Tunisie de protestations de masse montre qu’aucun des griefs ayant poussé le peuple tunisien dans la lutte révolutionnaire il y a cinq ans contre la dictature de Ben Ali d’abord, puis contre celle de Moubarak en Égypte, n’a été résolu. Les États-Unis et les principaux pouvoirs européens ont dépensé des milliards de dollars dans des guerres qui ont dévasté la région, de la Libye au Mali. Dans le même temps, les puissances de l’OTAN et la classe capitaliste tunisienne n’ont répondu ni aux besoins sociaux fondamentaux des travailleurs ni respecté les droits démocratiques fondamentaux.
Après un intermède où le parti islamiste Ennahda a été au pouvoir, le parti de Ben Ali, le RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique), rebaptisé Nidaa Tounes, est revenu au pouvoir en 2014, avec le soutien d’une bureaucratie syndicale tunisienne corrompue et de groupes de « gauche » de la classe moyenne.
Les protestations ont débuté lorsque Ridha Yahyaoui est mort électrocuté après avoir grimpé sur un poteau pour s’adresser à un rassemblement de chômeurs à qui le ministère de l’Éducation avait refusé des emplois. Il était l’un des sept chômeurs diplômés privés d’emploi après avoir organisé une occupation l’an dernier et une rencontre avec les autorités locales au début de l’année pour présenter des revendications.
Salem Ayari, le secrétaire général de l’Union des diplômés chômeurs, a dit au Huffington Post–Maghreb que Yahyaoui « avait récemment découvert que son nom avait été retiré de la liste des fichiers à être remis au Premier ministre afin de régulariser leur situation… La liste a été modifiée et manipulée sans consultation avec le maire ou le député qui s’occupaient de la question. »
La mort tragique de Yahyaoui, comme celle de Bouazizi, a déclenché des manifestations à travers les régions industrielles et minières déprimées du Sud tunisien, où sont situées Kasserine et Sidi Bouzid.
Des ouvriers de la construction et des journaliers de Béja ont rejoint les manifestations, exigeant des papiers et des conditions de travail normales. Les manifestants ont défilé, bloqué les routes et tenté d’occuper les bâtiments municipaux dans des villes de tout le sud et du centre de la Tunisie, dont Meknassi et Sousse. Lorsque le gouvernement a tenté de mettre fin à ce mouvement le mercredi, en offrant des concessions à Kasserine et en promettant de créer quelques milliers d’emplois, les travailleurs d’autres villes de Tunisie ont rejoint le mouvement. Sidi Bouzid, Béja, Kébili, Meknassi, Mazouna, Gabès, Sfax, Sousse ont toutes été la scène de protestations.
Plusieurs bâtiments publics, à Jendouba et Tozeur entre autre, furent occupés par des étudiants et des chômeurs exigeant des emplois. Les protestations ont également touché des quartiers populaires de Tunis où les manifestants auraient bloqué les routes et mis le feu à un poste de police.
Le gouvernement s’alarmant de la propagation des protestations à la fin de la semaine, le Président Béji Caïd Essebsi, ancien responsable du régime Ben Ali, a parlé au peuple tunisien dans un discours télévisé le 22 janvier au soir. Prétendant un court instant éprouver de la sympathie pour les masses il a admis que « les chômeurs ne pouvaient pas attendre éternellement », puis il a attaqué des personnes, non identifiées, actives dans les manifestations qui « avaient contribué à attiser les flammes et ordonné des actes de sabotage et de pillage. »
Essebsi a cyniquement dit qu’il allait créer des emplois sans dépenser d’argent supplémentaire, disant qu’il était sûr que l’État pouvait « trouver les fonds nécessaires, au besoin en les enlevant d’autres projets. » Il a promis cependant que quelle que soit l’action de son gouvernement, ce dernier respecterait « tous ses engagements, financiers et autres, auprès de ses partenaires étrangers », c’est-à-dire les grandes banques et les gouvernements des pays impérialistes d’Europe et d’Amérique.
Nonobstant les promesses toutes rhétoriques d’Essebsi, les cinq dernières années ont montré de façon concluante que les revendications des masses laborieuses pour les droits fondamentaux, sociaux et démocratiques étaient incompatibles avec la domination capitaliste de l’Afrique du Nord et en particulier avec l’escalade des interventions militaires des puissances impérialistes. La Tunisie a été privée d’investissement et d’emploi, frappée par l’effusion de sang débordant de la Libye voisine après que l’OTAN et ses alliés islamistes y eurent renversé, dans une guerre sanglante, le régime du colonel Mouammar Kadhafi.
En Tunisie, le chômage est à plus de 15 % (et de plus d’un tiers pour les jeunes), l’économie parallèle équivaut à 54 % du produit intérieur brut et le pouvoir d’achat a chuté de 40 % depuis le début de la révolution, rapporte Tuniscope.
Les cinq années écoulées depuis l’effondrement du régime Ben Ali ont surtout montré qu’aucune protestation sociale quelle que soit sa force ne peut amener une victoire de la classe ouvrière sans qu’elle ait à sa tête un parti révolutionnaire. Les soulèvements de 2011 en Tunisie et en Égypte étaient de puissantes luttes révolutionnaires mobilisant des masses de travailleurs qui ont rapidement brisé la résistance des forces de sécurité de dictatures redoutées qui semblaient invincibles.51
Mais en l’absence d’un parti révolutionnaire combattant pour mener les peuples, en Tunisie, en Égypte et au-delà à la prise du pouvoir d’État et la création d’une société débarrassée du capitalisme, les deux régimes ont pu finalement se stabiliser. « Après que le pouvoir soit brièvement passé dans les mains des islamistes, des personnages de l’entourage des anciens autocrates — Essebsi en Tunisie, et le général Abdel Fattah al-Sisi en Égypte — ont finalement réussi à revenir au pouvoir avec le soutien de diverses organisations de « gauche » petites-bourgeoises.
Internationalement, la bourgeoisie est bien consciente du rôle joué par ces forces et les a généreusement récompensées. L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) se sont partagé le Prix Nobel de la Paix 2015 avec divers groupes d’entreprises et professionnels. Le comité Nobel a salué leur « contribution décisive à la construction d’une démocratie pluraliste en Tunisie. »
Comme les manifestations tunisiennes le montrent maintenant, l’UGTT et la LTDH n’ont pas construit une démocratie, mais une nouvelle façade pour le retour de l’ancienne dictature, construite sur l’oppression économique intense et la répression de l’opposition de masse de la classe ouvrière. Nonobstant leurs prétentions démocratiques, ils essaient maintenant d’étrangler les protestations et aident à justifier la répression policière en diffusant des histoires horrifiantes de manifestations infiltrées par des terroristes venus de Libye.
L’UGTT, un pilier du régime de Ben Ali, a publié une déclaration appelant brièvement les exigences des manifestants « légitimes », pour proposer ensuite le déploiement de ses membres autour des bâtiments de l’État et de les protéger contre les manifestants. L’UGTT a dit dans une déclaration qu’elle dénonçait « le pillage et le vol commis par des gangs criminels qui tentent de manipuler la protestation sociale… et fait appel à une mobilisation générale de ses membres pour protéger les installations des institutions publiques et privées. »
Hamma Hammami, le dirigeant du Parti des travailleurs, élément clé du Front populaire, un regroupement de « gauche » de la classe moyenne qui s’est allié avec Nidaa Tounes avant les élections de 2014, a montré clairement que son parti aussi voulait de nouveau bloquer une révolution en Tunisie. Parlant à Mosaïque FM, Hammami a dit que tandis que les membres du Front populaire ''se joignent certes aux protestations'' ceci était ''avec l’objectif de leur donner une structure, afin qu’ils conservent un caractère pacifique et ne soient rien d’autre.'' 52
Cette nouvelle révolte a remis à l’ordre du jour la grave crise sociale dans laquelle ne cesse de s’enliser la Tunisie. Elle a démontré aussi que le processus révolutionnaire conserve toute sa vigueur, malgré un bilan largement négatif.53
Manifestations pour l’emploi et le développement (2017)
Le 22 mai 2017, dans le sud Tunisien, les forces « de l’ordre » sont violemment intervenues contre des jeunes manifestants : l’un d’entre eux est mort et une cinquantaine d’autres ont été blessés dont un très grièvement.
Depuis début avril, de multiples manifestions de jeunes chômeurs ainsi que des grèves générales et des blocages de routes ont eu lieu dans cette partie du pays, riche en hydrocarbures, mais dont la population reste désespérément pauvre.
Préoccupées uniquement par leurs profits, les compagnies exploitantes restent sourdes aux demandes de développement économique et social de ces régions, à commencer par l’embauche de chômeurs locaux.
Les pouvoirs qui se sont succédés depuis 2011 ont fidèlement relayé les desiderata des investisseurs étrangers et Tunisiens. Les jeunes mobilisés ont ressenti comme une insulte que les seuls emplois proposés par le Premier ministre lors de sa venue sur place le 27 avril, aient été des petits boulots précaires et sous-payés. Ils ont alors monté d’un cran dans leurs formes de lutte.
Ne pouvant pas paralyser la production par la grève, puisqu’ils n’ont pas d’emploi, ils ont décidé de bloquer non seulement les routes mais également l’extraction.
Le pouvoir dirigé par des notables de l’ancien régime et les islamistes d’Ennahdha est à son tour monté d’un cran.
Il a en effet décidé de reprendre les vieilles habitudes de l’époque Ben Ali : le 21 mai, les forces sécuritaires ont reçu l’ordre d’empêcher par tous les moyens le blocage des sites d’extraction d’hydrocarbures. Et le drame du 22 mai est arrivé.54
Par leur mobilisation, les jeunes chômeurs de la région de Tataouine obtiennent d’importantes avancées
Lors de sa venue à Tataouine, le 27 avril, le premier ministre s’était, pour l’essentiel, contenté de promettre la création de 2 500 « petits boulots » précaires et sous-payés.
Face à ce mépris, les jeunes chômeurs étaient montés d’un cran dans leur mobilisation en tapant au portefeuille : le transport puis la production d’hydrocarbures ont été progressivement paralysés par des blocages.
Le 16 juin, après une nuit de négociation, un accord est finalement intervenu entre le gouvernement et les manifestants, en présence du secrétaire général de l’UGTT qui s’était proposé comme médiateur.
Alors que le 27 avril, aucun recrutement n’était accordé dans le secteur des hydrocarbures, 1 500 y auront lieu avant décembre selon un calendrier précis.
Des allocations seront versées aux futurs recrutés en attendant qu’ils rejoignent leurs postes.
D’autres emplois, malheureusement précaires et mal payés, seront par ailleurs attribués : 1 500 en juin 2017, 1 000 en janvier 2018 et 500 en 2019.
D’autres mesures complètent cet accord, dont notamment :
le recrutement d’un membre de la famille d’Anouar Sekrafi, le jeune décédé lors d’un sit-in, ainsi que de celle du manifestant grièvement blessé Abdallah Aouay,
l’engagement du gouvernement à ne pas poursuive les protestataires,
le versement par l’Etat de 80 millions de dinars (30 millions d’euros) à un fonds chargé d’investir pour développer la région.
En échange, les jeunes ont accepté la remise en fonction des installations d’extraction d’hydrocarbures, le déblocage des routes, et la fin des sit-in dans la région de Tataouine.
Ils sont toutefois prêts à tout moment à reprendre les blocages si le gouvernement n’honorait pas ses promesses. Pour cette raison, ils n’ont pas démonté les tentes utilisées pour les sit-in à proximité des installations des compagnies pétrolières et gazières.
Dans le sud tunisien, l’essentiel des problèmes restent cependant posés :
dans la région de Tataouine, le taux de chômage avoisine en effet 27% (et 36% chez les diplômés du supérieur),
dans la région voisine de Kebili, aux caractéristiques comparables, les revendications des manifestants n’ont pas été satisfaites et le blocage des compagnies d’hydrocarbures continuait.55
Essebsi ou la continuité de l’État
Le président tunisien Béji Caïd Essebsi est décédé le 25 juillet 2019 à l’âge de 92 ans. C’est à un fidèle collaborateur de l’impérialisme français que Macron a voulu rendre hommage, parlant de « celui qui fut trois fois ministre de Bourguiba, Premier ministre en 2011, deux fois ambassadeur, trois fois député et président de la Chambre ».
Essebsi a commencé sa carrière comme conseiller de Bourguiba, homme qui, à la tête de l’État tunisien indépendant, permettait à l’ex-puissance coloniale française de prolonger sa domination. Sous Bourguiba, il devint ministre de l’Intérieur, se faisant la main dans la répression des manifestants et des opposants au nouveau régime. Ambassadeur en France en 1970, il devint un proche de Foccart, l’homme de main de la Françafrique, puis ministre des Affaires étrangères. Après le coup de force de Ben Ali, il adhéra au parti du dictateur et fut deux années durant président de la Chambre des députés tunisienne.
Le 12 février 2011, le dictateur Ben Ali s’enfuyait devant la révolte populaire. Rapidement, Essebsi apparut le mieux placé pour prendre le relais et accréditer une transition démocratique. En tant que chef du deuxième gouvernement provisoire, il put recycler au nom de l’unité nationale d’anciens politiciens benalistes et des membres du courant islamiste.
C’est sous prétexte d’une nécessaire réconciliation qu’une loi d’amnistie a fait réapparaître au grand jour les anciens benalistes, ceux qui avaient prospéré à l’ombre du dictateur et dont la population voulait se débarrasser en 2011.
Pour les dirigeants occidentaux, Béji Caïd Essebsi aurait été un dirigeant modèle ayant permis l’établissement de la démocratie parlementaire et évité que le pouvoir tombe aux mains des islamistes radicaux ou bien de l’état-major militaire, comme cela a été le cas en Égypte. Mais la population pauvre, elle, doit continuer à survivre au jour le jour de petits jobs, de salaires de misère ou de l’économie parallèle du côté de la frontière libyenne.
Les fréquents mouvements de grève, les sit-in, les rassemblements de jeunes chômeurs prêts à émigrer coûte que coûte, ainsi que les manifestations de colère et de révolte régulièrement réprimées, montraient que, huit ans après la révolte qui a chassé la dictature de Ben Ali, les conditions d’existence des classes pauvres ne s'étaient pas améliorées. En Tunisie, après celle de 2011, une autre révolution reste à faire.56
Entre un affairiste et un réactionnaire
Le deuxième tour de l’élection présidentielle, le 13 octobre 2019, a été marqué par le rejet de l’un des candidats, Nabil Karoui, et de ce qu’il représentait, plus que par l’adhésion enthousiaste à la personne et au programme de l’autre, Kaïs Saïed.
Au premier tour, les électeurs avaient signifié aux 26 candidats qu’ils en avaient assez du système qu’ils représentent. Mais la loi électorale fait qu’au second tour, deux des candidats, les moins rejetés, restaient en lice. Le président de la République tunisienne fut donc élu aussi mal que celui de la République française, par défaut.
Au second tour, Karoui, qui se présentait sous l’étiquette vague « Au cœur de la Tunisie », a doublé ses voix tandis que Saïed, qui se voulait candidat « indépendant » des partis, les a plus que quadruplées avec 2,7 millions de suffrages. Sur plus de sept millions d’inscrits, seuls 3,8 millions se sont exprimés, dont 72 % sur le nom de Kaïs Saïed. Forcée de choisir entre la peste et le choléra, la population a donc hérité à la tête du pays d’un réactionnaire islamiste mal dissimulé.
S’étant présenté comme le Monsieur Propre de la classe politique tunisienne, peu avare de « nouveau système », de « nouveaux instruments juridiques », de « changement de légitimité », Saïed est aussi connu pour ses positions réactionnaires. Parfois taxé d’influences salafistes, il est en tout cas opposé à l’abrogation de la peine de mort, à la dépénalisation de l’homosexualité et à la modification de la loi qui limite l’héritage d’une sœur à la moitié de celui de son frère. Tout cela au nom de ce que Saïd appelle la véritable « équité », opposée à « l’égalité formelle ». La revendication des droits élémentaires et indispensables ne serait, selon lui, qu’un faux problème posé sous l’influence des « recommandations de l’Europe ».
De son côté, Nabil Karoui, souvent vu comme le Berlusconi tunisien puisque beau parleur et propriétaire de la chaîne de télévision Nessma, se voulait le candidat « moderniste ». L’image d’homme intègre, austère et rigide qu’a présentée Saïed, son indépendance affichée vis-à-vis des partis existants contrastait avec celle de Karoui, le bourgeois européanisé, obligé de faire campagne depuis sa prison, accusé de corruption et blanchiment. Ce dernier avait fait campagne pour l’éradication de la pauvreté, distribué des aides lors de ses visites, mais le « candidat des pâtes » comme disaient ses détracteurs n’a pas convaincu les masses de jeunes sans emploi et les femmes des campagnes qui luttent pour survivre.
Dans ce second tour, Saïed a sans doute obtenu aussi les voix du candidat du parti islamo-conservateur Ennahda, arrivé alors en 3e position. Entre les deux tours d’ailleurs, l’élection législative a aussi porté en tête Ennahda, même s’il n’a obtenu que 52 sièges au lieu de 89 dans la précédente assemblée. Le parti islamiste était suivi de Qalb Tounès, le nouveau parti de Karoui, qui a obtenu 38 sièges. La formation du nouveau gouvernement était à présent entre les mains d’un duo entre Saïed, le nouveau président, et le représentant d’Ennahda, Rached Ghannouchi.
Près de neuf ans après le mouvement populaire qui a chassé Ben Ali, personne ne pouvait regretter la fin de la dictature. Mais le poids du chômage, de la corruption, de la hausse des prix (7 % officiellement en 2019), la pauvreté de régions entières, notamment rurales, ne peuvent qu’alimenter la révolte des oubliés. Les résultats de ces élections n’y changeront rien.57
Une campagne xénophobe
« Il existe un arrangement criminel préparé depuis le début du siècle pour modifier la démographie de la Tunisie, afin qu’elle soit considérée comme un pays africain uniquement et estomper son caractère arabo-musulman ». C’est ce qu’a déclaré le 21 février 2023, à la télévision nationale, le président tunisien Kais Saied.
Le président a ainsi évoqué des « masses incontrôlées … venues du sud », des « hordes de migrants clandestins » venus d’Afrique noire. Ce langage est bien proche des propos odieux du « grand remplacement » et d’ailleurs salué par leur auteur Éric Zemmour.
Saied a même fait allusion à « des groupes mafieux qui ont intérêt à créer cette situation de chaos et de panique ». La campagne contre les migrants subsahariens, déjà lancée bien avant sur les réseaux sociaux, exagérant inconsidérément leur nombre alors qu’ils ne représentent que 0,2 % des 12 millions d’habitants, venait s’ajouter à une autre. Kais Saied tentait d’endiguer son impopularité qui s’accentuait depuis son coup de force de juillet 2021 et qui se manifestait au sein de la population travailleuse, comme l’a montré l’abstention de près de neuf électeurs sur dix lors des récentes élections législatives.
Élu en 2019 par des électeurs qui voyaient en lui un président décidé à lutter contre le système de corruption que fait régner, depuis des décennies, la bourgeoisie au pouvoir, Kais Saied a rapidement déçu. Évoluant vers un pouvoir autocratique, il a limogé deux gouvernements, puis dissous le Parlement. Toujours au nom de la lutte contre la corruption, il a successivement tenté de faire taire des représentants des partis politiques au pouvoir avant lui, avant de s’en prendre à des journalistes, et même d’arrêter le directeur de la très écoutée Radio Mosaïque.
Kais Saied s’est aussi attaqué à des ONG, à des représentants syndicaux hostiles à sa politique. Il a lancé sa police contre des manifestations de sans-emploi des régions les plus pauvres, comme celle de Gafsa. Des sit-in de chômeurs y ont protesté régulièrement, pendant des mois, contre les dirigeants de l’usine de phosphates, qui n’embauchent que sur recommandation.
Cette campagne anti-migrants était d’évidence une tentative de détourner le mécontentement de la population la plus pauvre, qui subit de plus en plus les effets de la crise mondiale dans ce petit pays aux richesses siphonnées par la bourgeoisie locale, et par les capitalistes français. Le chômage atteint officiellement 13 % pour les hommes, 20 % pour les femmes. L’alimentation, viande, œufs, huile, a vu ses prix exploser. Une pénurie touche les produits de première nécessité importés, le sucre, le café, le riz ainsi que les hydrocarbures. Nourrir sa famille et ses chèvres devient problématique avec l’inflation. L’industrie du tourisme a reflué elle aussi depuis l’attentat terroriste du Bardo en 2015, attribué à des émules de Daech, puis la pandémie de Covid.
Afin d’obtenir un prêt du FMI, Kais Saied a diminué en décembre 2022 les subventions aux produits de base, aggravant évidemment la situation de milliers de familles. La finance internationale considère pourtant que la dette tunisienne, représentant 85 % du PIB, devra être payée tôt ou tard par la population !
Le mécontentement se tourne parfois contre les migrants : la campagne lancée avec l’autorité du président s’appuie sur des réactions racistes et xénophobes : on expulse des locataires d’origine subsaharienne, on agresse des Africains noirs, comme à Sfax. Aux grèves récurrentes contre les salaires impayés, les conditions d’embauche et de travail, au mécontentement grandissant contre la pauvreté, s’ajoutait heureusement, comme à Tunis le 25 février 2023, des manifestations protestant contre cette campagne odieuse et la dictature rampante instaurée par le président.58
Sources