La Guinée

 

 

Époque précoloniale

Les Nalou et les Baga peuplent la région au VIIIe siècle. Du IXe siècle au XIe siècle, le royaume mandingue, vassal de l'Empire du Ghana, s'établit du haut Sénégal au haut Niger. Ils seront rejoints par les Jalonkés d'origine mandée. Au XIIIe siècle, le légendaire Soundiata Keïta forme un immense empire ayant pour capitale Niani (aujourd'hui petit village guinéen). L'Empire du Mali décline au XVe siècle. Entre-temps et jusqu'au XVIIIe siècle, les Peuls apportent l'Islam dans la région, repoussant les Soussous vers le littoral.

C'est sur les côtes que les Soussous et d'autres ethnies nouent des liens avec les commerçants européens, voulant se procurer esclaves, ivoire et malaguette. C'est le commerce triangulaire.

 

Samory Touré

Le village de Kiniéran est entouré de remparts de fortification, vestiges d’avant la colonisation, partiellement détruits par Samory Touré, le grand guerrier mandingue et principal commerçant d'esclaves de l'Afrique de l'Ouest. Né dans une famille de commerçants malinké, Samory Touré s’appuya d’abord sur des populations encore largement animistes pour combattre l’influence des chefs musulmans. Puis, changeant de stratégie, voulant islamiser de force des populations animistes dans les années 1880, il provoqua leur révolte et les combattit durement. Il assit son autorité sur le Tôron, s’installa à Bissandougou et prit le titre de faama. Après avoir imposé sa loi et sa religion, Samory s’empara de Kankan, captura les chefs Séré Béréma et Saghadjigi, enrôla les vaincus dans son armée et se présenta en défenseur de l’Islam. Il prit le titre d’Almany en 1884 et s’opposa pendant sept longues années à la pénétration des troupes françaises avant d’être arrêté et exilé au Gabon.

Samory Touré fut sans doute dans l'histoire d'adversaire le plus redoutable que les Français eurent à affronter en Afrique de l'Ouest. C'est pourquoi il apparaît, dans l'historiographie nationaliste post-coloniale, en figure de héros de la résistance africaine à l'expansion coloniale.

 

Colonisation

La zone côtière fut occupée au préalable par les Portugais, qui furent évincés par l'armée française, parce qu'affaiblis par l'occupation de la Guinée-Bissau. La Guinée est proclamée colonie française en 1891, indépendamment du Sénégal, auquel elle était précédemment rattachée. Cette nouvelle appellation remplace celle qu'elle portait, jusque-là : les Rivières du Sud. Samory Touré, relayé ensuite par les peuples de la forêt, mène une guerre organisée contre l'occupation française sur la côte et dans les massifs montagneux du sud-est avant d'être vaincu en 1898. La guerre qui oppose les Français au Fouta-Djallon, à Porédaka, s'achève par la victoire des premiers. L'Almamy Bocar Biro Barry est assassiné près des bords du Bafing, à Kollen. Il a choisi cette option pour ne pas être soumis ou réduit en vassal de la puissance colonisatrice. Ses guerriers s'éparpillent ou préfèrent se donner la mort à ses côtés. Les régions du Haut-Niger sont annexées l'année suivante. En 1901, la Guinée devient une partie intégrante de l'Afrique-Occidentale française (AOF), administrée par un gouvernorat général. En 1904, dans le cadre de l'Entente cordiale entre la France et l'Angleterre, les îles de Los deviennent françaises en échange de l'abandon de droits sur le séchage de la morue à Terre-neuve.1

 

La France impose un système d'administration coloniale identique à celui appliqué dans les autres territoires africains de son empire colonial. Sous l'autorité d'un gouverneur général, le pays est divisé en vingt-neuf cercles, eux-mêmes dirigés par un commandant de cercle. Les chefferies traditionnelles sont souvent transformées et leurs systèmes de transmissions bouleversés. Elles constituent progressivement un instrument efficace de la domination coloniale française. Ce système joue un rôle important dans l'unification d'un pays artificiellement créé par les puissances coloniales au cours des conquêtes.

 

L'exploitation des ressources s'oriente vers la satisfaction des besoins de la métropole. Au détriment des cultures vivrières, les cultures d'exportation, monopolisées par des sociétés françaises, se multiplient. La monnaie et l'impôt se généralisent également durant cette période.2

« Le potentiel du pays est exploité activement par des grandes sociétés commerciales comme la CFAO (Compagnie française de l'Afrique de l'Ouest), la SCOA (Société commerciale de l'Ouest africain) ou l'Office du Niger français, par des plantations (bananes, café) et par l'obligation de la cueillette du caoutchouc. Mais cette mise en valeur demeure superficielle et ne bénéficie guère à la population dans le domaine social et éducatif, alors que cette dernière est mise lourdement à contribution par le travail forcé et le recrutement militaire lors des deux guerres mondiale ».3

Cependant, une conscience politique anticoloniale se développe peu à peu, pour s'affirmer après la Seconde Guerre mondiale. En effet, Conakry devenant un port important, beaucoup de Guinéens y sont employés. Ils ont alors la possibilité de former leurs propres syndicats, d'où émergent des mouvements contestataires. À la tête de la puissante Union générale des travailleurs d'Afrique noire (UGTAN), Ahmed Sékou Touré, arrière-petit-fils de Samory Touré, mène une action pour obtenir davantage de représentants africains dans le gouvernement local. La constitution française d'octobre 1946, plus libérale à l'égard des pays colonisés, permet la création de partis politiques, dont Sékou Touré devient la personnalité la plus importante.4

La métropole française est en pleine discussion sur la décolonisation qui s'annonce et, lors de la visite effectuée par le général de Gaulle à Conakry pour défendre son accord d'union-partenariat entre la France et ses colonies promises à l'indépendance, la foule se met à le huer. Cet incident organisé à l'instigation de Sékou lui vaudra la haine indéfectible de De Gaulle. En 1958, Les Guinéens disent « Non » au référendum sur l'union-partenariat avec la France parrainé par le gouvernement français, et choisissent l'indépendance totale, qu'ils obtiennent le 2 octobre 1958 avec Sékou Touré à la tête du pays.5

 

La Guinée indépendante sanctionnée par de Gaulle

La Guinée a une place à part dans l’histoire des indépendances des anciennes colonies françaises d’Afrique noire, car c’est le seul pays qui, en 1958, vota « non » au référendum organisé par de Gaulle sur la nouvelle Constitution de la Ve République et sur la création de la Communauté française, cette sorte de Commonwealth destinée à maintenir les colonies dans le giron français. Ce geste mena directement la Guinée à l’indépendance, mais il lui valut la vengeance de l’impérialisme français.

En 1958, lors du voyage qu’il effectuait en Afrique pour promouvoir sa Constitution, de Gaulle dut subir l’enthousiasme de la population guinéenne devant le discours de Sékou Touré. Le 25 août 1958 à Conakry, ce leader nationaliste proclamait devant un de Gaulle pris au dépourvu : « Nous ne renonçons pas et ne renoncerons jamais à notre droit légitime et naturel à l’indépendance. Il n’y a pas de dignité sans liberté ; nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage. » Pourtant Sékou Touré ne cherchait pas la rupture avec l’impérialisme français. Il entrouvrait même la porte en précisant : « Notre cœur, notre raison, en plus de nos intérêts les plus évidents, nous font choisir sans hésitation l’interdépendance et la liberté dans l’union, plutôt que de nous définir sans la France et contre la France. » Mais de Gaulle n’accepta pas l’affront et sa réponse se fit menaçante : « On a parlé d’indépendance ; je le dis ici plus haut encore qu’ailleurs, l’indépendance est à la disposition de la Guinée ; elle peut la prendre le 28 septembre en disant non à la proposition qui lui est faite et, dans ce cas, je garantis que la métropole n’y fera pas obstacle. Elle en tirera bien sûr des conséquences, mais d’obstacles elle n’en fera pas, et votre territoire pourra, comme il le voudra et dans les conditions qu’il voudra, suivre la route qu’il voudra. »

Quand la population guinéenne vota « non » au référendum et fit le choix de l’indépendance, la France retira du pays ses fonctionnaires, brûla les archives, les dossiers et coupa du jour au lendemain les crédits, après avoir au préalable retiré les réserves de billets qui restaient à Conakry. Par la suite, plusieurs tentatives de renversement du pouvoir furent imputées à la France et à l’exécuteur des basses œuvres de De Gaulle en Afrique, Jacques Foccart. Le « non » de la Guinée à la Communauté française voulue par de Gaulle était un défi à l’impérialisme français. Celui-ci comptait bien le faire payer chèrement à la population de Guinée.6

 

 

La Guinée a accédé à l'indépendance le 2 octobre 1958 (2 10 1958).

2x10x1958 = 39160

Le code postal 39160 est celui de la commune de SAINT-AMOUR dans le Jura.

De Gaulle est considéré comme un SAINT dans l'historiographie traditionnelle alors que cet homme n'avait aucun AMOUR pour son prochain, car lorsque la Guinée a refusé d'intégrer la Communauté française, de Gaulle a supprimé les aides financières et techniques, stoppé les projets d'investissement (hormis l'exploitation de Bauxite à Fria) et il a essayé d'isoler la jeune République en faisant pression auprès de ses alliés pour que la reconnaissance de la Guinée n'intervienne qu'après le transfert négocié de la souveraineté7. Donc au lieu d'aider un pays que la France avait colonisé, pillé, humilié, de Gaulle a décidé de lui planter un couteau dans le dos pour que des millions de Guinéens soient condamnés à vivre dans la misère.

 

La commune de SAINT-AMOUR se situe dans le JURA.

La Ve République a infligé des représailles à la Guinée pour en faire un exemple afin que les autres pays qui obtiendront leur indépendance restent sous la domination de la France.

En écrasant économiquement la Guinée, de Gaulle JURA qu'il emploierait tous les moyens pour plonger encore plus dans le chaos les pays africains qui refuseraient de se plier aux exigences de l'impérialisme français.

Dieu nous montre ainsi le vrai visage de la Ve République car contrairement à ce que nos dirigeants et les médias nous racontent, elle n'apporte pas l'AMOUR dans le monde : elle ne sème que la HAINE sur son passage.

Les anciennes colonies françaises en Afrique ont ainsi obtenu leur indépendance avec une arme à feu braquée sur la tempe. Frantz Fanon écrit dans Les Damnés de la terre : « La puissance coloniale par des moyens énormes de coercition condamne à la régression la jeune nation. En clair, la puissance coloniale dit : ''Puisque vous voulez l'indépendance, prenez-là et crevez.'' Les dirigeants nationalistes n'ont alors d'autre ressource que de se tourner vers leur peuple et de lui demander un effort grandiose. De ces hommes affamés on exige un régime d'austérité, à ces muscles atrophiés on demande un travail disproportionné. Un régime autarcique est institué et chaque État, avec les moyens misérables dont il dispose, tache de répondre à la grande faim nationale. On assiste à la mobilisation d'un peuple qui dès lors s'éreinte et s'épuise face à l'Europe repue et méprisante. »8

 

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Sekou-Touré.jpg.

 

Le 25 août 1958, Sékou Touré déclarait : « Il n’y a pas de dignité sans liberté : nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage. »

Le 28 septembre 1958, la Guinée votait « NON » à l’occasion du référendum sur le projet de Constitution proposé par le général de Gaulle, pour l’établissement d’une Communauté franco-africaine.

Le même jour, le 28 septembre 1958, la majorité des citoyens Français votait « OUI » au projet de Constitution qui établissait la Ve République.

À travers le 28 septembre 1958, Dieu associe la GUINÉE à la Constitution de la Ve République.

GUINÉE = GUIGNE

Dans le langage familier, la GUIGNE est associée à la malchance, la calamité, le malheur.

Dieu associe la Constitution de la Ve République au malheur car elle sacralise la propriété privée des moyens de production. Par conséquent, des millions de Français sont confrontés à la pauvreté dans l'esclavage étant donné qu'ils sont soumis à la dictature des capitalistes qui accaparent une grande partie des richesses – en exploitant les travailleurs – et créent des millions de chômeurs pour maximiser leurs profits ; donc Dieu nous demande de supprimer la propriété privée des moyens de production afin de prendre le contrôle de nos entreprises et ainsi des richesses que nous produisons pour obtenir notre indépendance – en nous libérant de la colonisation et de l'esclavage mis en oeuvre par le système capitaliste.

Par ailleurs, Dieu associe la Ve République à la GUIGNE car depuis deux siècles, cette République est synonyme de malheur pour des centaines de millions d'Africains et je vous laisse lire la suite de cette partie consacrée à l'Afrique pour vous en donner la preuve.

 

 

Le lourd héritage de la colonisation

Au bout de soixante-dix ans de présence française, le bilan de la colonisation était lourd. À titre d’exemple, en 1958, la Guinée ne possédait que 1 500 lits dans des centres médicaux et un seul hôpital pour deux millions et demi d’habitants. 95 % de la population étaient analphabètes. Moins de 12 % des enfants étaient scolarisés, dont à peine un tiers de filles.

Comme les autres colonies, la Guinée avait subi le pillage des richesses minières, abondantes dans son sous-sol, l’obligation des cultures d’exportation comme le café introduit dans le pays en 1850 ou la banane en 1897. Après la Seconde Guerre mondiale, le souffle de la révolte avait aussi parcouru la Guinée, en particulier la classe ouvrière. En 1945, une grève des travailleurs des postes avait mis sur le devant de la scène leur leader, Sékou Touré. Puis les grèves s’étaient succédé dans le pays. Le mouvement ouvrier se constitua, devint une force, sur laquelle les nationalistes s’appuyèrent. Sékou Touré était l’expression de ce phénomène. Issu du mouvement ouvrier, il offrait comme seule perspective aux classes populaires guinéennes, une lutte pour une indépendance qui ne remettait pas en cause l’impérialisme et son exploitation des populations. Entre 1945 et 1958, les nationalistes remportaient de plus en plus de voix aux élections, malgré les pressions et l’hostilité de l’administration française car ils exprimaient la volonté d’émancipation de la population. En 1955, Sékou Touré était élu maire de Conakry. Au fond, Sékou Touré se plaçait sur le même terrain qu’un Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire : s’il voulait l’indépendance ce n’était pas dans la perspective de renverser l’ordre capitaliste, dans la perspective de changer véritablement le sort des classes populaires, mais dans celle d’obtenir pour les classes dominantes guinéennes une autonomie politique et la mainmise directe sur les richesses nationales. Sékou Touré représentait les aspirations de la petite bourgeoisie et de la bourgeoisie guinéennes qui ne voulaient plus être mises sous tutelle par le colonisateur. Dans leur lutte, elles rencontraient les aspirations des masses ayant subi le fouet, le travail forcé, l’oppression de la colonisation. Sékou Touré, s’il exprimait un radicalisme politique sur la question de l’indépendance, ne représentait pas un danger véritable pour l’impérialisme français. Mais celui-ci ne pouvait accepter cette contestation, même limitée.

Avec le développement de la guerre d’Algérie depuis 1954, de Gaulle se retrouvait contraint de préparer les indépendances devenues inéluctables des colonies africaines. Mais il voulait aussi maintenir la présence française, l’omniprésence française et tenir fermement entre ses mains ces nouveaux pouvoirs. Sanctionner Sékou Touré pour avoir choisi l’indépendance juste avant que de Gaulle ne décide de l’octroyer était un moyen de rappeler à tous que l’indépendance politique avait et aurait des limites bien précises. Deux ans plus tard, dans un autre pays, au Congo, Patrice Lumumba signait son arrêt de mort avec son discours dénonçant le colonialisme belge dans son pays. L’impérialisme ne lui pardonna pas non plus ses mots.

 

La Guinée est restée sous le joug de l’impérialisme

En 1958, la Guinée se retrouvait donc indépendante mais prise à la gorge par l’impérialisme. Son économie tournée vers l’exportation étouffait sans ses débouchés. Sa richesse principale, la bauxite, indispensable à la fabrication de l’aluminium, ne permit pas au pays de sortir de la pauvreté car celui-ci ne possédait aucune infrastructure industrielle. Quand le groupe Les Bauxites du midi qui contrôlait une partie de l’extraction de bauxite en Guinée ralentit ses travaux, il contribua à étrangler le pays. Sékou Touré chercha alors à échapper à cette dépendance en tournant ses regards vers les États-Unis de Kennedy et vers l’URSS. Mais l’isolement du pays voulu par la France – jusqu’à refuser de voter sa reconnaissance à l’ONU – se fit sentir violemment. Dans ce contexte, la dictature se développa, écrasant une population déjà soumise au sous-développement imposé par l’impérialisme.

En 1975, sous Giscard d’Estaing, l’État français reprit officiellement langue avec la Guinée. La brouille cessait et surtout les affaires reprenaient. Les trusts français se réappropriaient la Guinée et ses richesses minières fantastiques. Péchiney arrivait le premier pour profiter de la bauxite. Le régime de Sékou Touré était une dictature où l’on pendait publiquement les opposants. Mais cela ne gênait en rien ni le gouvernement français, ni les responsables des multinationales. La France redevenait un des premiers fournisseurs et clients de la Guinée. Les capitalistes accouraient. Et depuis, les différents gouvernements français n’ont eu de cesse de protéger les intérêts des multinationales présentes dans le pays, dans le secteur pétrolier et gazier (Total), le secteur bancaire (BNP Paribas, Société Générale), les transports, la construction (Vinci), la gestion aéroportuaire (ADP), les télécommunications (Orange), sans oublier le groupe Bolloré. Le pays devenait un des plus pauvres du continent, la corruption aggravait le pillage impérialiste, mais les profits tombaient dans l’escarcelle des capitalistes français. En 1984, à la mort de Sékou Touré, un coup d’État militaire installa un nouveau dictateur au pouvoir : Lansana Conté.

Si Sékou Touré avait joué la carte de l’Union soviétique et d’une toute illusoire indépendance vis-à-vis de l’impérialisme, avec des formules sur l’économie planifiée, le « socialisme » africain et l’indépendance monétaire, Lansana Conté choisit de se soumettre au diktat des institutions internationales, le FMI en premier lieu qui imposa ses fameux plans d’ajustement structurel. Les entreprises d’État furent privatisées, les dépenses réduites, les richesses naturelles offertes aux appétits des grandes puissances et la monnaie remplacée par un franc guinéen. Et le pays s’enfonça toujours plus dans la pauvreté. L’espérance de vie ne dépassait pas 54 ans. La précarité, le manque d’hygiène et l’absence de canalisation pour drainer les eaux stagnantes dans ce pays pluvieux ont favorisé le terreau de nombreuses maladies. Les hôpitaux sont des mouroirs, dans lesquels des malades risquent de décéder sur la table d’opération pour cause d’interruption de l’intervention chirurgicale par une coupure d’électricité...

Le pays, comme d’autres pays d’Afrique, par exemple le Congo, possède des richesses naturelles extraordinaires, dont les deux tiers des réserves de bauxite dans le monde, mais l’électricité fait défaut et la capitale est régulièrement plongée dans le noir. Les lycéens doivent marcher dans les rues des quartiers résidentiels le soir pour réviser sous les lampadaires allumés. La Guinée est réputée être le « château d’eau » de l’Afrique de l’Ouest avec ses 1 300 cours d’eau, mais l’eau ne coule plus des robinets de la plupart des quartiers populaires. Depuis des décennies aucun travail d’entretien n’a été effectué sur ces infrastructures. L’État, miné par la corruption, est étranglé par la dette. Ce pays qui fournit des richesses minières aux puissances impérialistes se retrouve endetté auprès de la Banque mondiale, pendant que ses recettes diminuent. Les recettes de l’État dues aux ressources minières du pays sont tombées de 200 millions de dollars en 1999, à 65 millions en 2004. En cause, l’attitude des trusts qui ont exploité les mines de bauxite à ciel ouvert jusqu’à l’épuisement pour éviter d’investir et qui les abandonnent plus ou moins en fonction de l’effondrement des cours sur le marché international.

Le pays a beau être favorisé par le climat et les ressources hydrauliques, son agriculture ne lui permet pas de nourrir la population et le pays doit importer quasiment toute son alimentation. Pendant que le cours des cultures d’exportation s’effondre, la population paye de plus en plus cher le riz importé.

Même la Banque mondiale a été obligée de reconnaître que la libéralisation de l’économie opérée par Lansana Conté a aggravé les inégalités.

Mais la classe ouvrière représente une force et, depuis des années, sa mobilisation marque la vie politique en Guinée. En 1988, des manifestations contre la vie chère affrontaient la dictature. En 1990, 1991, 1992 des grèves étudiantes ou de salariés bousculaient le pouvoir. En 2005, des manifestations étudiantes étaient réprimées dans le sang. En février 2006, une grève dans les services et les administrations permit d’obtenir une revalorisation des salaires. En juin de la même année, une grève dans l’administration gagnait de nouvelles augmentations de salaires. En 2007, une grève générale paralysa le pays pendant plusieurs semaines, obligeant le vieux dictateur à quelques concessions après avoir orchestré le massacre de plus de 150 personnes.

Et c’est cette mobilisation de la population, des classes populaires, d’une classe ouvrière nombreuse qui inquiète le plus non seulement les militaires au pouvoir mais leurs soutiens français.

 

Des élections préparées par la junte militaire pour faire taire la contestation sociale

Lansana Conté est mort en décembre 2008. Il fut remplacé par une nouvelle junte militaire, qui promit comme il se doit de préparer la transition démocratique. Le gouvernement français de l’époque envoya Alain Joyandet, secrétaire d’État à la coopération, reconnaître la junte militaire au pouvoir et surtout veiller sur les intérêts des plus de soixante-dix entreprises françaises exploitant les richesses de la Guinée (dont Total, BNP Paribas, Société Générale, Vinci,Orange, Bolloré...). Quand, le 28 septembre 2009, cette même dictature militaire massacra les opposants rassemblés dans un stade de Conakry, faisant plus de 150 morts, des milliers de blessés et d’innombrables viols, des ministres français comme Bernard Kouchner, pourtant ami de longue date de l’opposant Alpha Condé et donc bien placé pour connaître les exactions de la dictature guinéenne, firent semblant de découvrir la véritable nature de la junte au pouvoir. Face au massacre, il fallait exprimer son désaccord, mais sans mettre en danger la présence des trusts français.

Malgré tout, le souvenir de la mobilisation dont était capable la classe ouvrière guinéenne restait dans les mémoires et forçait le pouvoir et ses alliés impérialistes à chercher une solution baptisée démocratique pour éviter une agitation sociale peu propice aux affaires. L’élection présidentielle fut prévue pour 2010.

Le premier tour eut lieu le 27 juin 2010. Parmi les différents candidats, deux dominaient. D’un côté, Alpha Condé, opposant de longue date, lié aux milieux politiques français, ancien professeur de droit, condamné à mort par Sékou Touré, puis emprisonné par Lansana Conté. De l’autre côté, Cellou Dalein Diallo, qui après avoir fréquenté les couloirs des instances financières mondiales, l’Institut du Fonds monétaire international (FMI), à Washington, ou encore la Federal Reserve Bank de New York, avait été nommé à la tête de la Banque centrale guinéenne et était devenu ministre de Lansana Conté entre 1996 et 2004, puis Premier ministre de 2004 à 2006. Les résultats du premier tour mirent largement en tête Cellou Dalein Diallo. Mais ces résultats furent contestés par les partis accusant le pouvoir d’irrégularités et menaçant surtout de recourir à la violence.

En septembre 2010, le journal L’Express racontait dans un article titré « Pour qui vote Paris ? » sur les élections en Guinée : « On connaît la chanson : la France n’a pas de candidat. Soit. Reste que l’entourage de Nicolas Sarkozy appelle mezza voce de ses vœux la victoire du favori, Cellou Diallo, jugé non sans raison mieux à même de préserver la paix intérieure. Tenu à l’Élysée pour un “homme du passé” au tempérament autoritaire, son rival Alpha Condé peut, faute de mieux, miser à Paris sur un fervent allié : ce “vieil ami” de Bernard Kouchner, ministre – sursitaire – des Affaires étrangères, qui l’a reçu le 1er septembre. Cette énième divergence entre le Château et le patron en titre du Quai d’Orsay a d’ailleurs donné lieu, selon La Lettre du Continent, à un échange aigre-doux lors du Conseil des ministres du 25 août. Kouchner ayant suggéré de “ne pas se fier aux résultats du premier tour”, le chef de l’État lui aurait objecté, chiffres à l’appui, que jamais son poulain ne pourrait combler un handicap de 26 points. Avant de conclure, un rien goguenard : “Il faut t’acheter une calculette, Bernard”... »

Mais les élections n’ont pas été affaire de calculette. Le second tour fut donc reporté plusieurs fois jusqu’en novembre 2010 dans une ambiance de plus en plus tendue, les deux principaux candidats agitant le spectre de l’ethnisme. Alpha Condé en appelait à la communauté malinké pendant que Cellou Dalein Diallo revendiquait la représentation des Peuls. Aucun de ces deux politiciens ne craignait donc d’utiliser des arguments, des méthodes qui ont déjà montré dans les pays voisins à quelles catastrophes elles peuvent mener. Pendant des semaines, les rumeurs hostiles, les craintes d’empoisonnements, de violences alimentèrent les peurs et les haines. Dans l’est du pays, des quartiers ont été attaqués, des commerces pillés ou brûlés.

À la suite du second tour (7 novembre 2010), les instances officielles décrétaient le 15 novembre Alpha Condé vainqueur avec plus de 52 % des voix. Les partisans de Cellou Dalein Diallo contestèrent ces résultats. Dans certaines régions, les habitants peuls disaient ne pas avoir pu voter car les violences les avaient chassés de chez eux. Pendant plusieurs jours les violences ethniques embrasèrent le pays. Des jeunes hommes armés, de différentes communautés, s’attaquèrent aux maisons, aux biens ou aux voitures de ceux qui leur paraissaient appartenir à une autre ethnie. Les violences allèrent jusqu’à des assassinats. L’armée imposa alors l’état de siège. Mais dans la réalité, les forces militaires commirent elles-mêmes bien des violences, rackettant, violant et bastonnant ceux qui leur tombaient sous la main.

Il fallut plusieurs semaines pour que les résultats soient annoncés. En fait, en coulisses, les milieux d’affaires et les milieux politiques guinéens préparaient cette « transition démocratique » dans la plus totale opacité. Alpha Condé fut finalement déclaré élu, son concurrent ayant accepté sa défaite et surtout l’ayant fait accepter à son camp. En échange, des tractations avaient eu lieu pour la constitution d’un gouvernement « d’union nationale » regroupant des membres des deux camps.

Les violences ethniques cessèrent donc quand les responsables des différents camps le décidèrent. Mais elles restent une menace tangible pour la population de Guinée. La limite entre « démocratie » et basculement dans ces violences ethnistes semble particulièrement fragile, les politiciens étant prêts à se servir de l’une comme des autres en fonction de leurs seuls intérêts quelles que soient les conséquences pour la population. Et cela avec l’assentiment des grandes puissances. C’est assez dire que l’organisation d’élections ne suffit vraiment pas pour parler de démocratisation du pays. Certes, les Guinéens étaient appelés à voter librement et cela pour la première fois depuis des décennies. Mais les fraudes, les manipulations des différents partis, les candidats, leurs accointances, leurs méthodes sont très loin d’une expression démocratique de la population, enfermée, elle, dans la pauvreté.

Le nouveau gouvernement de Guinée comporte quatre ministres issus de l’ancien gouvernement de la junte militaire, dont celui des finances, ancien gouverneur de la Banque centrale, ex-consultant de la Banque mondiale, bref un homme issu des institutions financières internationales. La formation du gouvernement d’Alpha Condé repose aussi sur ce que les politiciens appellent le « respect des équilibres régionaux », c’est-à-dire la nomination de ministres représentant les différentes communautés. Le fait que les élections aient pu se tenir et qu’elles aboutissent à la constitution d’un gouvernement reconnu pour l’instant par tous, tient beaucoup plus à l’ensemble de ces tractations respectant le clientélisme de chacun qu’à une véritable démocratisation. D’ailleurs la classe ouvrière, elle, ne s’y trompe pas et elle a repris le chemin des luttes. Le 3 janvier 2011, plusieurs dizaines de personnes ont manifesté à Kaloum, la commune qui abrite les administrations et qui a voté en masse pour Condé, pour protester contre les coupures d’électricité. Le lendemain, les travailleurs de la Société guinéenne des transports se mettaient en grève pour réclamer des arriérés de salaires.

Si Paris « n’a pas voté pour Condé », comme l’écrivait L’Express, celui-ci est en voie d’obtenir son soutien inconditionnel car toute sa politique vise à maintenir la stabilité du pays au profit des impérialistes pour, dit-il dans une interview au Figaro, « combler le fossé creusé entre nos deux pays depuis le “non” de Sékou Touré à la Communauté française proposée par le général de Gaulle ». Cela se traduit par des rencontres avec le Medef pour discuter des possibilités de marchés offerts au patronat français dans les domaines des transports, de l’énergie ou des infrastructures. Mais le secteur le plus lucratif reste celui des ressources minières, pour lequel Alpha Condé promet une remise à plat de tous les contrats. Toujours dans cette interview, il évoque aussi la possibilité d’un retour de la Guinée dans la zone du franc CFA. Enfin, à la question du journaliste sur ce qu’il envisage pour attirer les entreprises françaises, Alpha Condé explique : « Je ne suis pas l’ami de la “Françafrique”, tout le monde le sait. Personne ne peut mettre en cause mon nationalisme, c’est pourquoi je me sens à l’aise pour demander à la France de faire venir des assistants techniques pour la douane, pour le port, pour les impôts, la justice et l’armée. Voilà pour l’environnement des affaires. J’ai pris contact avec la firme française Géocoton pour relancer la production de coton. Je vais rencontrer le PDG d’EDF, Henri Proglio. (...) Je suis venu pour dire aux chefs d’entreprise français que l’on peut faire des affaires en Afrique, mais dans un nouvel esprit de transparence... »

Avec de telles paroles, on comprend bien que Condé touche le cœur et surtout le portefeuille des capitalistes français et de leurs représentants politiques. D’autant plus qu’il accompagne ses propositions économiques d’une promesse de stabilisation politique. Prenant comme exemple à suivre Nelson Mandela, Alpha Condé affirme : « Il faut qu’on ait le courage de regarder notre histoire en face : que les gens qui ont commis des crimes le reconnaissent et que ceux qui en ont été victimes aient le courage de pardonner. » Ainsi s’il promet de réformer l’armée, il refuse pour l’instant de la voir condamner ne serait-ce que pour avoir assassiné et violé des centaines d’opposants en septembre 2009.

Après des années de dictature militaire, les grandes puissances ont favorisé en Guinée comme ailleurs des solutions de rechange qui permettent de maintenir l’ordre établi, leur ordre. Les juntes militaires qui se sont succédé avaient fini par perdre leur capacité à écraser les populations et à leur faire accepter le sort voulu par l’impérialisme. Ces élections ont donc permis la formation d’un gouvernement d’union nationale qui a les faveurs de Paris et qui joue ouvertement cette carte. Mais pour les classes populaires, cette démocratisation de la Guinée est loin d’être une réalité.

Dans les années 1990 déjà, en Afrique, la France a initié – comme d’autres puissances l’ont fait ailleurs – le multipartisme en présentant cela comme un régime démocratique, un véritable progrès. Au lieu d’un seul dictateur et de son clan au pouvoir, les pays se retrouvaient avec deux ou trois clans et chefs de clan. Drôle de façon de concevoir le progrès !

Même quand des régimes parlementaires se sont mis en place, cette ouverture ne concernait que les milieux dirigeants. De nouveaux politiciens pouvaient espérer accéder aux postes de commandement. Mais pour la population, rien de tel. Dans le reste de la société, dans les quartiers, les villages, les classes populaires sont restées soumises à la loi de l’homme qui porte l’uniforme, à la domination du notable, à la pression des exploiteurs.

Dans les pays riches déjà, la démocratie concerne principalement les riches. Elle s’arrête aux portes des entreprises dans lesquelles il est interdit aux travailleurs de faire de la politique librement et où les patrons peuvent bafouer les lois. Dans les pays riches, les médias soumis aux groupes capitalistes protègent les intérêts et les méfaits des plus puissants. Les capitalistes dominent l’État directement, à l’instar d’une Liliane Bettencourt, d’un Vincent Bolloré.

Alors, on imagine aisément que dans les pays pauvres la réalité sociale est plus âpre encore. La domination des riches est plus directe et lourde encore sur les classes populaires et la démocratisation de la société un leurre au quotidien.

Cela dit, quand le multipartisme existe, les candidats aux élections se retrouvent en concurrence et cherchent alors à gagner un électorat. Ils peuvent trouver cet électorat en jouant les cartes qui divisent les populations, la religion, l’ethnisme. Avec tous les dangers qu’une telle politique comporte dans un monde où le pillage capitaliste attise toutes les haines et les violences. Et alors il n’y a peut-être pas loin de la Guinée à la Côte d’Ivoire.9

 

 

« En Guinée-Conakry, les ethnies ont toujours cohabité ensemble dans la paix, mais ce sont les politiciens qui en ont fait un problème », affirme l’écrivain-chercheur Amadou Oury Diallo

Propos recueillis par Dr Dame Diop pour le journal Afrique Démocratie.

Doctorant en Lettres Modernes à l’Université de Nice Sophia-Antipolis, au Lirces (Laboratoire Interdisciplinaire, Récits, Cultures & Sociétés), Amadou Oury Diallo travaille sur le rapport de l’histoire et de la fiction dans l’épopée traditionnelle. C’est donc un fin connaisseur des cultures africaines dont il incarne au plus haut point les valeurs et l’authenticité. Il est l’auteur d’une traduction d’un récit épique : Épopée du Foûta-Djalon, la chute du Gâbou, l’harmattan, 2009. Amadou Diallo, comme on l’appelle ici, est aussi un Sénégalais : une partie de sa famille vit au Sénégal depuis les années 60 ; lui-même connaît très bien le pays, où il a fait d’ailleurs ses études supérieures jusqu’au DEA à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

Animés par la volonté d’accorder une plus grande importance à la liberté d’expression, à la responsabilité et à l’engagement de la Jeunesse africaine qui devra assurer la relève des dirigeants à la fois opportunistes, corrompus, népotistes et autocratiques, nous nous sommes résolus à aller à la rencontre d’un intellectuel guinéen afin d’aborder la situation sociopolitique très difficile, voire chaotique que traverse son pays dont les ethnies instrumentalisées sont pourtant « condamnées à vivre ensemble dans la paix », ne serait-ce que pour remettre le pays à genoux sur les rails. En effet, le « véritable problème » de la Guinée est d’après lui un « problème d’homme, de dirigeant », à partir du moment où les « ethnies ont toujours cohabité ensemble » dans la paix contrairement aux « politiciens qui en ont fait un problème ».

 

Entretien.

 

1/Afrique Démocratie : Pourquoi la Guinée n’arrive-t-elle pas à s’accommoder avec l’avènement de la démocratie en 2010, si l’on tient compte de son passé, y compris le prix payé pour l’Indépendance en 1952 (un pays livré à lui-même, sans infrastructures et sans moyens financiers, le tout couronné par une longue dictature de Sékou Touré et de Lansana Conté), sans oublier le règne de Moussa Dadis Camara ? Bref, il y avait eu de violentes répressions contre les Peuls sous Sékou Touré qui craignait des soi-disant complots ourdis par ces derniers.

Amadou Oury Diallo : C’est difficile à dire pourquoi la Guinée a du mal à s’accommoder de la démocratie comme d’ailleurs la plupart des pays africains. Ce qu’on peut dire, c’est qu’il n’y a pas de culture démocratique vraiment ancrée. Après l’indépendance, le pays a connu la dictature sanglante : les Peuls, l’ethnie la plus nombreuse et qui comptait le plus grand nombre d’intellectuels, furent taxés de multiples complots. Sékou Touré a mené une politique d’exclusion et de suppression systématique de toute personne susceptible de s’opposer à lui. Le plus célèbre de ses victimes est Diallo Telli, premier secrétaire de l’OUA. Après, est venu le multipartisme de façade : Lansana Conté a toujours gagné les élections, mais a su maintenir néanmoins la sécurité dans le pays ; personne ne se sentait stigmatisée par son appartenance ethnique. Aujourd’hui, l’on parle de démocratie, mais à bien regarder les choses, ce n’en est plus une. Le pays a failli connaître la démocratie, mais on est passé à côté. Je m’explique : au premier tour, les élections ont été relativement transparentes, mais durant le second tour, les jeux ont été faussés par le parti pris du président de la transition et de certains de ses ministres en faveur de Alpha Condé. Le résultat, on le connaît : il est dit « élu », ayant pu, avec un score de moins de 20 pour cent au premier, battre son adversaire qui avait pourtant obtenu près de 40 pour cent. Il faut aussi signaler les nombreux incidents qui émaillèrent l’entre-deux-tours, notamment le vol de certains ordinateurs destinés au vote, l’incendie du comptoir où étaient stockés certains matériels pour l’élection, etc. Il y a bien sûr d’autres facteurs de blocage comme la tribalisation de l’échiquier politique (les 70 à 90 pour cent de la population votent par appartenance ethnique ou géographique), l’absence d’État de droit, le marchandage des voix, l’immaturité de beaucoup de politiciens, etc.

 

2/ Le spectre des années Sékou Touré plane-t-il toujours en Guinée, même si le « camp Boiro » ne fait plus parler de lui ?

Amadou Oury Diallo : Oui, malheureusement ! En juillet 1977 Sékou Touré avait dit : « Je déclare la guerre aux Peuls ». On entend encore aujourd’hui des slogans racistes expressément formulés à l’encontre des Peuls. Le 20 mai 2011, le médiateur de la République Facinet Touré affirme publiquement ceci : « Les Peuls ont le pouvoir économique et ne devraient donc pas chercher à obtenir le pouvoir politique au risque de provoquer une tension dans le pays ». Les Guinéens n’ont jamais été si divisés. Ce ne serait même pas surprenant si une guerre civile ou un génocide s’y produit. Le « Camp Boiro » existe d’une certaine manière mais sous un autre aspect : chaque fois qu’il y a une manifestation, des gens sont tués par les lycaons du régime, beaucoup d’autres sont emprisonnés, sans oublier l’intimidation exercée contre les commerçants dont des hommes en tenue militaire vandalisent ou incendient les échoppes. On raconte que quand on a annoncé la mort de Sékou Touré, beaucoup n’y avaient pas cru ; on peut leur donner raison à travers les actes que l’on voit aujourd’hui : il est toujours là , peut-être bien plus présent qu’autrefois !

 

3/ Avant l’avènement de la démocratie en 2010 qui a pu permettre à Alpha Condé de devenir le premier président démocratiquement élu, la Guinée avait jusque-là plus ou moins connu la « paix » et une certaine stabilité politique, même s’il y avait eu une régression des libertés individuelles, des dérives, des exécutions sommaires, pourquoi donc maintenant l’opposition ne respecte pas les règles du jeu ?

Amadou Oury Diallo : Si les Guinéens devaient faire un choix parmi ceux qui les ont dirigés jusque-là, Lansana Conté serait indubitablement choisi le meilleur président : l’économie n’était pas au top certes, mais il y avait la paix partout, on mangeait à sa faim…. J’ai vécu en Guinée sous son règne, mais je n’ai jamais éprouvé de crainte. Pourtant, j’ai toujours voté pour l’opposition, j’ai participé à des manif, mais jamais je n’ai été menacé. Aujourd’hui, c’est différent. Par le simple fait d’avoir un teint ou un nom de famille qui a eu une consonance ethnique, on est discriminé et menacé.
Le problème n’est pas l’opposition ; au contraire, l’opposition a toujours voulu que les élections législatives soient organisées ; elle s’est opposé au tripatouillage du fichier électoral et au marché pour le moins opaque passé entre le gouvernement et une entreprise sud-africaine. Elle manifeste d’ailleurs pour qu’il y ait un scrutin libre et transparent, mais Alpha Condé a la mémoire longue : sachant qu’il n’a aucune chance de remporter le scrutin s’il fait un franc jeu, il temporise et se complaît dans une politique et une gestion caractérisées par l’impéritie et l’exclusion. Le problème de l’opposition est tout autre.

 

4/ A qui profite le chaos en Guinée ? Au président ou à l’opposition ?

Amadou Oury Diallo : Au président et à sa clique (ses proches, son parti, ses conseillers dont je signale que bon nombre sont des étrangers) puisque ce sont eux qui gouvernent et qui bénéficient des délices du pouvoir. Ce n’est certainement point l’opposition qui n’est pas au sein du gouvernement.

 

5/ Alpha Condé n’est-il pas pris en otage par l’armée, puisque ce sont les mêmes méthodes répressives qui perdurent ? Autrement dit, qui dirige en réalité la Guinée ?

Pas du tout ! Au contraire, quand Alpha est devenu président, qu’a-t-il fait ? Il a réorganisé l’armée dont il surveille les moindres faits et gestes, ses hommes ayant été nommés à tous les postes stratégiques parce qu’il sait que le peuple a beau rouspété, s’il a l’armée sous ses ordres, il ne craint rien. L’armée est bien sous sa mainmise si bien qu’elle forme une sorte de moutons de panurge. Les méthodes répressives sont l’œuvre du Ministère de l’intérieur. C’est plutôt le peuple qui est pris en otage par ceux qui sont censés le mener vers le progrès.

 

6/ Est-ce que ceux qui se dressent aujourd’hui contre le régime qualifié d’« autoritaire » et « ethnique » du président Alpha Condé savent-ils que l’époque des Messies est finie ? N’est-ce pas la déception qui les pousse à utiliser le prétexte de la fibre ethnique et le despotisme pour plonger davantage le pays dans la violence actuelle ?

Amadou Oury Diallo : Je ne pense pas que l’opposition soit motivée à plonger le pays dans le chaos à travers une instrumentation de la fibre ethnique. Cellou Dalin a accepté sa « défaite » pour éviter le chaos : la plupart des partisans de sa coalition était prête à descendre dans la rue pour refuser le résultat des élections. Mais son appel au calme a été entendu. Aujourd’hui, au sein de l’opposition, il y a aussi des membres de la coalition qui avaient soutenu Alpha Condé. Si vraiment l’opposition voulait plonger le pays dans le chaos, elle l’aurait fait puisqu’elle en avait eu l’occasion.

L’époque des Messies est révolue, c’est vrai pour certains coins du monde, mais dans d’autres non, car on continue à gouverner, je dirais à régenter, comme il y a 30 ou 40 ans. Le monde évolue mais pas au même rythme : certains pays sont au 21e siècle tandis que beaucoup d’autres croulent sous des cieux obscurs que l’on daterait de l’avant l’époque moderne.

 

7/ Qu’est-ce qui explique selon vous le mutisme de la Communauté internationale, face à cette répression aveugle qui a déjà fait beaucoup de victimes ?

Dame, tu connais bien la Communauté internationale ! Qui est la Communauté internationale ? Du moment que quelqu’un d’accommodant est là, du moment où les intérêts des grandes puissances sont sauvegardés, voire promus, tout va bien même si la population vit l’enfer. Les auteurs des massacres du 28 septembre restent impunis ; on continue à en perpétrer d’autres d’ailleurs et ce au vu et au su de tout le monde. On a vu que le plus souvent la Communauté internationale joue le rôle des pompiers : c’est après coup qu’ils arrivent.

 

8/ Que pensez-vous de la polémique sur la Une de "Jeune Afrique’ (« Les peuls, enquête sur une identité remarquable »), compte tenu du fait que d’aucuns y voient l’idée de xénophobie et d’ethnocentrisme ?

Amadou Oury Diallo : Je suis contre tout ce qui est susceptible de diviser, d’éveiller ou d’attiser la haine. La fameuse enquête sur les Peuls est très mauvaise : un fourre-tout indigne d’un journal sérieux. C’est étonnant qu’un hebdomadaire qui se dit la voix de l’Afrique et qui, de surcroît, se qualifie d’ « intelligent » produise une pareille enquête bâclée et non réfléchie. Cette enquête est comme ces oiseaux de mauvais augures : d’ailleurs il est intéressant de remarquer que la même semaine où Jeune Afrique a sorti son magazine, il y avait des manifestations en Guinée, pays où il y a le plus grand nombre de Peuls et où les tensions ethniques sont très exacerbées. Le journal prétend que les Peuls ont une « identité remarquable ». Fallait-il le dire ? Et par rapport à quel autre groupe ethnique sont-ils remarquables ? Moi, je suis peul d’Adam et d’Eve si on peut dire, mais je sais qu’il y a de très belles identités en Afrique autres que la mienne. J’aime ce que je suis, et j’admire toujours l’autre. Sans le « tu » ou le « il, elle », « je » ne saurais exister. D’ailleurs, l’existence de l’autre m’est salutaire pour prendre conscience de beaucoup de choses, y compris de moi-même. Que ces folliculaires en mal de publicité cherchent d’autres moyens pour vendre leur papier !

 

9/ Quel est l’avenir de la Guinée ? Êtes-vous pessimiste ou optimiste par rapport à l’ancrage de la démocratie, à la situation économique, et surtout à la résolution du problème ethnique ?

Amadou Oury Diallo : Je suis inquiet mais pas pessimiste. La situation du pays me meurtrit, les nouvelles ne sont pas rassurantes, loin de là ! Le véritable problème de la Guinée ce n’est pas tant les ethnies que l’homme, ce n’est pas tant les Peuls, ni les Malinkés, encore moins les autres ; c’est un problème d’homme, de dirigeant, de politique : jusque-là, les messies qu’attend tant le peuple se sont tous révélés pires que le démon. (...) Les ethnies ont toujours cohabité ensemble dans la paix, ce sont les politiciens qui en ont fait un problème. L’histoire nous a légué de bons exemples : au temps des empires, les Almâmys du Foûta-Djalon entretenaient d’excellentes relations avec leur voisin Sâmory Toûré qui porta le titre d’Almâmy en honneur à ses maîtres de Timbo ; lorsque l’empire peul fut secoué par la rébellion dite des « Houbbous », ce sont les troupes sâmoriennes qui sont venues au secours du roi du Foûta de l’époque, et quand Sâmory fut coupé des comptoirs de la côte atlantique, où il s’approvisionnait en armes, c’est le Foûta qui allait les lui chercher. Aujourd’hui encore, il y a des quartiers peuls dans les régions mandingues qui portent des noms comme Labé, Timbo, etc. Qui peut compter le nombre de Malinkés qui ont du sang peul et vice versa ? Mais l’histoire nous a appris que ce genre de lien ne suffit si la politique politicienne s’en mêle. « Il n’y a pas de petite querelle » disait le sage Hampâté Ba ; les petites mésententes, les rancoeurs cumulées s’agrègent et finissent par exploser un jour. Les exemples sont nombreux : l’esclavage, le génocide rwandais, la shoah… toute cette tragédie humaine est le produit de la politique.

Je crois qu’une prise de conscience s’impose à tout le monde, plus particulièrement au Président de la République qui est le premier responsable de la Nation. On ne doit pas confondre les moyens et la fin, même s’il arrive que celle-ci soit justifiée par ceux-là . Dans la course au pouvoir, il arrive qu’on emprunte des subterfuges plus ou moins malhonnêtes, mais en est-on vraiment condamné à s’en servir pour régner surtout si l’on veut laisser une bonne trace dans la postérité ? Alpha Condé est aujourd’hui président, c’est le poste suprême. Il ne pourra plus occuper un autre plus élevé en Guinée. S’est-il posé la question du souvenir qu’il veut qu’on garde de lui ? Étant à la dernière tranche de sa vie, il devrait avoir une autre attitude, mais là c’est une affaire de conscience (morale) !

Je ne puis pas dire l’avenir de la Guinée, mais je peux dire que nous sommes condamnés à l’entente : c’est la seule chose qui nous sera profitable à tous. C’est pour cela que l’engagement reste de mise et s’impose à tous ! 10

 

 

Élection présidentielle de 2015

Les deux rivaux du scrutin, le président sortant Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo, se sont déjà affrontés lors de l'élection présidentielle de 2010, le premier scrutin démocratique dans l'histoire du pays. Ce dernier avait alors contesté les résultats et la vie politique guinéenne s'était cristallisée autour de l'affrontement entre les deux hommes et des ethnies qui les soutiennent respectivement (les Malinkés pour Condé et les Peuls pour Diallo).

Pendant la campagne de 2015, les autres candidats, aux perspectives de score faibles, ont moins joué sur la différence entre ethnies, se plaçant au centre. Les partisans de Diallo ont accusé le président Condé d'organiser des fraudes, en témoigne le retard pris des réformes de transparence demandées par plusieurs ONG. Ce dernier, lui, a pris de la hauteur sur la campagne, mis en avant l'ouverture du barrage de Kaléta devant mettre fin aux coupures d'électricité et fait passer les problèmes de son mandat sur la crise liée au virus Ebola, qui avait paralysé pendant deux ans la vie du pays. Pendant la campagne électorale, des heurts ont eu lieu entre les deux camps, faisant deux morts et une quinzaine de blessés sur le grand marché de Madina.

Alpha Condé a été réélu dès le premier tour le scrutin, selon les premiers résultats proclamés, contestés par l'opposition qui a dénoncé des fraudes.11

 

 

Une dictature en remplace une autre

Un coup d’État militaire a renversé le président Alpha Condé, le 5 septembre 2021. Il a été accompli par les forces spéciales de l’armée guinéenne, dont le chef, Mamady Doumbouya, un ancien légionnaire de l’armée française, s’est hissé à la tête du pays.

Il a affirmé vouloir mettre ainsi fin à « la gabegie financière, la pauvreté et la corruption endémique ». Ces formules sont celles des militaires de tous les pays lorsqu’ils s’emparent du pouvoir par la force des armes, aussitôt suivies de la promesse de rendre rapidement le pouvoir aux civils. Mais qui pourrait s’y fier ? Les forces spéciales et leur chef ont participé aux côtés de la garde présidentielle à la répression sauvage des manifestations contre le troisième mandat d’Alpha Condé, qui a fait plus de 200 morts et 2 000 blessés en 2020. Des centaines de manifestants furent alors incarcérés dans les prisons de la capitale, Conakry, et certains y sont morts. Mamady Doumbouya sera un dictateur, comme ses prédécesseurs.

Beaucoup plus crédibles sont les déclarations en direction des capitalistes qui pillent les ressources du pays, l’un des plus riches d’Afrique en toutes sortes de minerais. « Le comité assure les partenaires qu’il respectera toutes les obligations liées aux conventions minières et rappelle son engagement à favoriser les investissements étrangers dans son pays », a déclaré le nouveau chef d’État. Joignant les actes aux paroles, il a d’emblée levé dans les zones minières le couvre-feu auquel la population était soumise et ouvert les frontières maritimes pour permettre les exportations, alors que les frontières terrestres et aériennes étaient encore fermées.

Quoi qu’il arrive, il faut que les minerais sortent et soient exportés. La bauxite, dont la Guinée détient les plus importantes réserves au monde, ou le minerai de fer, avec la mine géante de Simandou, sont exploités par les grandes sociétés du secteur minier, américaines, canadienes, asiatiques, souvent en partenariat avec des sociétés guinéennes qui servent à faire transiter les bénéfices vers les coffres du président. Dans un pays où une grande partie des ressources du sous-sol sont encore inexploitées, les acquisitions de nouveaux blocs miniers sont autant d’occasions de verser des pots-de-vin aux hauts fonctionnaires et au président ou à son clan. Et autour des intérêts miniers en gravitent bien d’autres : les chemins de fer qui servent à évacuer le minerai, ou les terminaux portuaires, comme celui de Conakry, que l’inévitable Bolloré s’est fait attribuer en contrepartie du financement de la campagne électorale d’Alpha Condé en 2010.

La population, elle, vit dans la misère. 3 % à peine des habitants des campagnes ont accès à l’électricité. Les écoles n’ont pas de bancs et la toiture de certaines s’est effondrée. Les hôpitaux sont devenus des mouroirs dont les malades s’échappent. Et les routes ne sont pas entretenues.

À l’annonce du renversement d’Alpha Condé, on a entendu les dirigeants des grandes puissances s’indigner de ce qu’ils appellent une atteinte à la démocratie, passant ses crimes sous silence, comme ils l’ont fait tout au long de son règne. Ils s’accommoderont pourtant bien vite de cette dictature militaire, comme ils l’ont fait de tous les régimes qui ont écrasé la population guinéenne. La seule chose qui leur importe est que leurs trusts puissent continuer à faire des profits dans le pays. C’est ce qu’ils appellent la démocratie.12

 

 

Économie

La majorité des Guinéens travaillent dans le secteur agricole. La Guinée dispose d'importantes ressources minières dont les principales sont la bauxite avec près de 2/3 des réserves mondiales et une production de 13,6 millions de tonnes en 1997 (2e rang mondial), l'or avec une production de 9,9 tonnes en 1997, le diamant avec une production de 380 000 carats en 1997, le fer (15 milliards de tonnes de réserves en 1997), le pétrole et l'uranium, le phosphate, le manganèse. Le secteur des mines et de l'industrie, représentait 35 % du PIB en 1998.

En dehors du secteur minier, les principales industries de la Guinée sont les industries agroalimentaires, les industries textiles, l'industrie du bois, la fabrication d'alumine (448 000 t en 1997) et la cimenterie.13

 

En 2012, selon la Banque mondiale, 35,3% de la population guinéenne vit en dessous du seuil de pauvreté.14

 

Bolloré en Afrique : une affaire aussi choquante que courante

En février 2021, le tribunal de Paris a refusé de valider un accord à l’amiable entre le parquet national financier et le milliardaire Bolloré, dans une affaire de corruption en Afrique, et a demandé un procès.

Cet accord était très avantageux pour Bolloré car il prévoyait qu’il ne puisse plus être inquiété, en échange d’une reconnaissance de culpabilité et du versement d’une simple amende de 375 000 euros. C’était une goutte d’eau pour ce capitaliste qui contrôle Vivendi, le groupe de communication Havas et un vaste empire logistique en Afrique.

Ainsi, Bolloré a reconnu avoir financé en 2009 et 2010 une partie des dépenses électorales de deux présidents africains, Condé en Guinée et Gnassingbé au Togo, et avoir été en retour avantagé dans l’obtention de marchés dans ces deux pays. En Guinée, Condé lui a confié la gestion du port de Conakry en 2011 après avoir éjecté le groupe français Necotrans, avec qui il avait pourtant signé une convention deux ans plus tôt pour une durée de 25 ans.

Cette affaire ne constitue pas qu’un épisode banal et ordinaire de la guerre que Bolloré livre depuis des années pour écraser ses concurrents en Afrique. En moins de quarante ans, il s’est ainsi constitué un empire colossal et particulièrement rentable puisque si l’Afrique représente 20 % des activités du groupe, elle a pu rapporter certaines années plus de 80 % de ses profits.

Cela a été possible parce que Bolloré dispose d’un solide réseau au sein des États, en France comme en Afrique. Le président guinéen Condé a ainsi déclaré de lui en 2016 : « C’est un ami. Je privilégie les amis. Et alors ? »

Et le vice-président du groupe fut pendant des années Michel Roussin, un ancien ministre de la Coopération en 1993-1994, et par ailleurs ancien haut cadre des services secrets !

Ces pratiques sont monnaie courante de la part des trusts français, qui considèrent ces pays d’Afrique de l’Ouest comme leur chasse gardée, grâce au soutien inconditionnel de l’État et de l’armée française, quel que soit le gouvernement.

Le tribunal de Paris semblait cette fois intervenir dans les affaires de Bolloré en tant que personne, mais il a par ailleurs, pour la société du même Bolloré, accepté l’abandon des poursuites en échange d’une amende de 12 millions d’euros : autant dire que ce n’est pas cet épisode judiciaire qui mettra fin au pillage de l’Afrique par l’impérialisme français.15

 

Sources

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Guin%C3%A9e
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Guin%C3%A9e
(3) http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Guin%C3%A9e/122712
(4) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Guin%C3%A9e
(5) https://fr.wikipedia.org/wiki/Ahmed_S%C3%A9kou_Tour%C3%A9
(6) http://www.lutte-ouvriere-mensuel.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/article/guinee-une-presidentielle-ne-fait
(7) Bénédicte Brunet-La Ruche http://fresques.ina.fr/independances/impression/fiche-media/Indepe00081/nikita-khrouchtchev-recoit-ahmed-sekou-toure-president-de-la-republique-de-guinee-muet.html
(8) Frantz Fanon « Les damnés de la terre », la Découverte, 2003, p.95.
(9) http://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/article/guinee-une-presidentielle-ne-fait
(10) Entretien avec Amadou Oury Diallo. Propos recueillis par Dr Dame Diop pour le journal Afrique Démocratie. http://www.afriquedemocratie.net/en-guinee-conakry-les-ethnies-ont-toujours-cohabite-ensemble-dans-la-paix-mais-ce-sont-les-politiciens-qui-en-ont-fait-un-probleme-affirme-lecrivain-chercheur-amadou-oury-dia.html
(11) https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lection_pr%C3%A9sidentielle_guin%C3%A9enne_de_2015
(12) Daniel Mescla https://journal.lutte-ouvriere.org/2021/09/08/guinee-une-dictature-en-remplace-une-autre_173731.html
(13) https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_de_la_Guin%C3%A9e
(14) http://www.journaldunet.com/economie/magazine/1164746-pays-pauvres/1164801-guinee
(15) Arnaud Louvet https://journal.lutte-ouvriere.org/2021/03/03/bollore-en-afrique-une-affaire-aussi-choquante-que-courante_155045.html