Le Honduras

 

 

L'époque précolombienne

Avant l'arrivée de Christophe Colomb, le Honduras faisait partie d'une région que les historiens appellent Mésoamérique. À l'ouest du Honduras, se trouvaient les Mayas. Aujourd'hui, on trouve des ruines dans la ville-État maya de Copan, qui se trouve près de la frontière guatémaltèque. La civilisation maya s'était développée dans une région s'étendant jusque dans le sud du Mexique, pendant plusieurs siècles avant de commencer à décliner au IXe siècle. D'autres civilisations précolombiennes, telles celles des Travecias ou de la vallée d'Ulua ont laissé des traces dans l'actuel Honduras. Le Musée national de Tegucigalpa, capitale du pays, possède de nombreux objets de ces anciens peuples.

 

L’arrivée des Espagnols

Christophe Colomb débarqua à Trujillo, en 1502 ; il baptisa cette région Honduras – littéralement profondeurs en espagnol – en raison de la profondeur des eaux de cette côte.

Le conquistador espagnol, Hernan Cortes arriva en 1524. Les Espagnols essayèrent de réduire les Indiens en esclavage. Certaines tribus et peuples résistèrent aux Européens à la fin des années 1530. Parmi ces rebelles à l’invasion se trouvait Lempira, chef cacique des Lencas, un peuple indigène. C’est aujourd’hui un héros national et la monnaie du pays, le lempira hondurien, porte son nom en son hommage.

L’exploitation féroce des Espagnols décima tellement les populations indiennes que les Espagnols durent recourir à la traite des noirs (1542) pour se procurer une main d’œuvre. Les Espagnols commencèrent à bâtir des colonies le long des côtes. Le Honduras fut inclus dans la Capitainerie générale du Guatemala. Les villes de Comayagua et Tegucigalpa se développèrent très tôt en raison de l'activité minière voisine.

 

L'émancipation, l'Empire mexicain et les Provinces Unies

Le Honduras tout comme les autres provinces d'Amérique centrale s'émancipa de la couronne espagnole en 1821. Cette souveraineté ne fut que de courte durée car Agustín de Iturbide, empereur du Mexique annexa la région de l'Amérique centrale le 22 janvier 1822. L'autorité mexicaine fut aussi éphémère, car en 1823, l'Amérique centrale redevint indépendante. En fait, les pays de la région restaient associés pour former les Provinces Unies d'Amérique centrale. Les pays membres étaient : le Guatemala, le Salvador, le Honduras, le Nicaragua et le Costa Rica. Toutefois, les grandes différences sociales et économiques entre le Honduras et les pays voisins attisèrent les tensions entre les différents pays. Les divergences furent telles qu'elles menèrent à l'éclatement de la fédération en 1838-1839. Le général Francisco Morazán, considéré comme un héros par les Honduriens, tenta en vain de maintenir la fédération. D'ailleurs, les gouvernements successifs du Honduras continuèrent d'affirmer jusqu'à la Première Guerre mondiale qu'en matière de politique étrangère, la réunification est l'objectif prioritaire de l'État.

Au XIXe siècle, le gouvernement voulut construire un chemin de fer depuis la mer des Caraïbes jusqu'à la capitale, mais les ressources financières manquèrent lorsque les rails atteignirent San Pedro Sula. Ainsi, San Pedro Sula s'industrialisa considérablement et devint la seconde ville du pays en nombre d'habitants.

Depuis l'indépendance du Honduras, le pays a connu quelque 300 rébellions — dont plus de la moitié se situent au XXe siècle —, guerres civiles et changements brusques de gouvernement.1

 

L'interventionnisme américain

« L’influence des États-Unis dans le pays est manifeste pendant tout le XXe siècle. La domination économique des Nord-Américains date de la fin du XIXe siècle, d'abord dans le domaine de l'extraction des métaux, puis dans l'industrie bananière : en 1895, la New York and Honduras Rosario Mining Company contrôle 90 % de la production minière. L'établissement de l'United Fruit Company s'opère à la même époque.

À plusieurs reprises, au nom de la doctrine interventionniste de Theodore Roosevelt, les États-Unis interviennent au Honduras pour « rétablir l'ordre » (1903, 1905, 1919 et 1924). Les compagnies fruitières accroissent progressivement leur emprise dans tous les secteurs de l'économie, jusqu'à exercer un contrôle total sur la vie économique et politique du pays.

Ainsi, l'UFC contrôle tout le circuit de la banane : plantation, transport, communication. En échange de la construction de routes, la compagnie reçoit de gigantesques concessions de terres. Aujourd'hui, les deux grandes sociétés bananières sont l'United Brands (UFC rebaptisée) et la Standard Fruit. »2

La compagnie United Fruit a exporté sa première cargaison de bananes en 1899 depuis le port de La Ceiba sur la côte Caraïbes. C'est à partir de ce moment que le pays a gagné sa triste réputation de « république bananière ». Durant un demi-siècle, la United Fruit a régné en maître sur le petit État et a fabriqué l'histoire du pays en organisant, en sous-main, des coups d'État qui ont toujours servi ses intérêts en laissant les salaires à des niveaux de misère, et en supprimant toute taxe à l'exportation.3

 

Le Honduras : base arrière des États-Unis en Amérique centrale

« À partir des années 1950, l'aide qu'apportent les États-Unis à la modernisation du pays va de pair avec une domination accrue des politiques intérieure et extérieure. Le Honduras est en effet une pièce majeure du dispositif militaire américain en Amérique centrale. Par sa situation géographique, le pays garantit la stabilité régionale : dans les années 1970 et 1980, il constitue une base arrière pour les Américains dans le cas d'une agression cubaine ou nicaraguayenne et empêche la guérilla salvadorienne d'utiliser son territoire. Le Honduras sert surtout de sanctuaire pour la Contra antisandiniste : l'aide militaire passe alors de 4 millions de dollars en 1980 à 65 millions en 1984. »4

 

La présidence de Suazo (1982-1986)

Après l'accession au pouvoir de Daniel Ortega en 1979 au Nicaragua, le Honduras devient le principal allié des États-Unis dans leur lutte contre l'influence de l'URSS et de Cuba en Amérique Centrale. Conformément à l'évolution de la doctrine américaine que synthétise la publication du manuel « Low Intensity Conflit » en 1981, Washington pousse à la mise en place d'une façade démocratique.

Le 20 avril 1980, se tiennent des élections désignant une Assemblée Constituante auxquelles ne sont pas autorisées à participer les formations jugées « trop à gauche », ce qui inclut la modérée Démocratie chrétienne. Malgré les préférences des militaires en place en faveur du Parti National, les réformistes modérés du Parti Libéral l'emportent.

Peu après, avec l'accession en août du colonel Gustavo Alvarez Martinez à la tête des Forces de Sécurité Publique (FUSEP) et de la Police d'investigation (DNI), les États-Unis disposent d'un fidèle allié à une position clé au sein des forces militaires. Le dispositif d'influence américain fut complété l'année suivante par la nomination de John Negroponte comme ambassadeur.

Après l'adoption d'une nouvelle Constitution, des élections générales débouchent le 29 novembre 1981 sur l'accession du libéral Roberto Suazo Cordova, qui dispose d'une majorité absolue au parlement, à la présidence de la république. Comme aux États-Unis, les élections ont lieu en novembre, mais les présidents entrent en fonction en janvier, d'où une présidence qui va de janvier 1982 à janvier 1986.

Élu contre les militaires sur le thème « de la révolution de l'honnêteté et du travail », Roberto Suazo fit nommer le colonel Gustavo Alvarez Martinez commandant en chef le 15 janvier 1982 avant de l'élever au grade de général trois mois plus tard au grand dam des autres officiers indignés de cette carrière éclair. Au cours de son mandat, il se montra fort complaisant face à l'interventionnisme américain et plus préoccupé de distribuer honneurs et prébendes que de mener une réelle action politique. Ceci explique sans doute l'impopularité de son gouvernement confronté à une crise économique mondiale qui toucha durement le Honduras, entraînant une baisse de 20 % du PIB par habitant entre 1980 et 1984.

Fortement anticommuniste, Roberto Suazo s'opposa aux sandinistes du Nicaragua et laissa les forces contre révolutionnaire opérer depuis des bases-arrières dans son pays. Assez logiquement au regard de ce qui précède, après la visite de Ronald Reagan en décembre 1982, les aides économiques et militaires américaines connurent une forte augmentation.

Au cours de ce même mois, le président fut directement confronté à l'action armée lorsqu'une organisation révolutionnaire enleva sa fille installée au Guatemala et ne la libéra qu'après la publication dans plusieurs journaux d'Amérique centrale d'une de ses déclarations. Déjà confronté à l'insécurité liée au développement de camps de réfugiés venant du Nicaragua et du Salvador, cet épisode explique sans doute le renforcement de sa propension à s'appuyer sur l'armée, qui malgré le retour au pouvoir civil, est de plus en plus présente dans la société.

L'assassinat et les disparitions mystérieuses furent au cours de cette période une composante de la vie politique, entraînant la rupture entre Suazo et l'église catholique et l'accusation de la part des groupes modérés et de gauche d'appliquer une « solution Argentine ». Nombre d'observateurs eurent alors le sentiment que le pouvoir réel était détenu par le général Gustavo Alvarez, conseillé par l'ambassadeur américain John Negroponte.

Lorsque des raisons de santé forcèrent Suazo à être hospitalisé, d'abord en juin 1983 au Honduras, puis en septembre aux États-Unis, Alvarez apparut encore plus puissant. Mais les rancœurs accumulées dans l'institution militaire forcèrent un président retapé à se séparer du général. Le 18 mars 1984, Alvarez fut accusé par ses pairs d'avoir détourné 1 million de dollars destinés à l'achat d'équipements militaires. Il fut finalement mis aux arrêts le 31 mars à l'initiative du général d'aviation Walter Lopez Reyes, héros de la guerre de 1969 où il fit détruire des raffineries salvadorienne. Les militaires mirent Suazo devant le fait accompli et expulsèrent le général et ses principaux alliés aux États-Unis.

Même si les chefs militaires du Honduras ne remettent en rien en question l'alliance avec Washington, la passivité américaine face à l'éviction d'un allié fidèle s'explique par des raisons de politique intérieure américaine. Dominé par les démocrates, le Congrès américain a adopté en juillet 1983 le Carribbean Basin Initiative qui refond la politique de son pays en Amérique centrale en la fondant sur un accès privilégié au marché américain. En réponse, le même mois, Ronald Regan a constitué une commission bipartite présidée par Henry Kissinger qui rend son rapport en janvier 1984. On y trouve des déclarations tel que « les États-Unis ne peuvent évidemment pas accepter […] les méthodes brutales employées par certaines forces réactionnaires en Amérique centrale ». Finalement, l'expulsion de Alvarez du point du vue américain apparaît comme l'éviction d'un allié devenu infréquentable.

Ne pouvant se représenter aux élections, Suazo ne parvint pas dans son propre parti à imposer son candidat, Carlos Flores Facussé, et ce fut le dissident José Azcona del Hoyo qui fut élu aux élections du 24 novembre 1985.

 

La présidence de Reina (1994-1998)

Carlos Roberto Reina gagna les élections avec 56 % des voix autour d'une plateforme appelant à la "Révolution morale". Il renforça le contrôle du pouvoir civil sur l'armée en retirant à cette dernière le contrôle de la Police et en nommant, en 1996, son propre ministre de la défense, rompant ainsi avec la pratique de nommer comme ministre la personne recommandée par les chefs des forces armées.

 

La présidence de Flores (1998-2002)

Carlos Roberto Flores Facussé devint président le 27 janvier 1998. Il s'agit du 5e président élu démocratiquement depuis 1981, date à laquelle les militaires abandonnèrent le pouvoir. Flores, tout comme son prédécesseur et deux autres présidents, appartient au parti libéral. Lors des élections organisées le 30 novembre 1997, il gagna avec dix points de plus que son rival Nora de Melgar, du parti national.

L'ouragan Mitch dévasta le pays en octobre 1998. Plus de cinq mille personnes perdirent la vie et un million et demi de personnes furent contraintes de se déplacer. Les dégâts sont estimés à 3 milliards de dollars (1998). Les pays occidentaux envoyèrent de l'aide au Honduras.

 

La présidence de Manuel Zelaya (2006-2009)

Le 27 novembre 2005, Manuel Zelaya, soutenu par le Parti libéral du Honduras (PLH), est élu président avec 49,9 % des suffrages, devançant Porfirio Lobo, soutenu par le Parti national du Honduras.5

Les deux premières années du mandat de Zelaya furent marquées par les manifestations des coordinations indigènes et du Bloque Popular contre le traité de libre-échange avec les États-Unis signé par le prédécesseur de Zelaya et entré en vigueur au début de son mandat. Les manifestants réclamaient aussi des lois pour limiter l'activité des multinationales minières et pétrolières, ainsi que pour lutter contre la déforestation et entamer un processus de redistribution des richesses.

Zelaya devait affronter deux dossiers majeurs, concernant l'énergie et la dette extérieure. La Empresa Nacional de Energía Eléctrica (ENEE) était en effet au bord de la faillite. Il proclama l'« état d'urgence énergétique » le 31 janvier 2006. Fin février 2006, il proclama aussi l'« état d'urgence dans le système sanitaire » afin de débloquer l'équivalent de huit millions de dollars pour l'achat immédiat de médicaments. Parallèlement, le FMI préconisait des privatisations, dont celle de l'opérateur public de télécommunications, Hondutel.

Malgré tous les problèmes qu'il a dû affronter durant sa première année de présidence, Manuel Zelaya s'est montré satisfait des avancées de son administration dans le secteur économique. « Nous terminons l'année 2006 avec des indicateurs meilleurs qu'en 2005, 2004 et 2003 », a dit le président à la presse. Et d'ajouter : « Il y a une stabilité des prix qui nous permet de finir l'année avec le plus bas niveau d'inflation des seize dernières années ». La CEPAL (Comisión Económica para América Latina y el Caribe) a placé le Honduras parmi les endroits à la plus forte croissance économique de l'Amérique centrale.

Après ses premiers succès économiques, Zelaya s'attaque à sa deuxième promesse, la réduction de la pauvreté et renforce son virage social fin 2007-début 2008, augmentant le salaire minimum de façon inédite et promulguant, malgré ses origines familiales, une loi pour la protection des forêts. Il lance le programme @prende qui permettra à un million d'élèves de bénéficier d'ordinateurs dans les écoles publiques.

En octobre 2007, il est le premier chef d'État hondurien à se rendre à Cuba depuis 1959, et s'excuse publiquement devant Fidel Castro du fait que son pays ait servi de base arrière pour la lutte anti-guérilla menée par les États-Unis. Il continue la normalisation diplomatique entamée avec Cuba par son prédécesseur Flores Facussé en 2002, en nommant un ambassadeur à La Havane.

Il se rapproche ensuite du Nicaragua dirigé par Daniel Ortega (FSLN) et en faisant adhérer son pays d'abord à Petrocaribe (mars 2007), puis, en juillet 2007, à l'Alternative bolivarienne pour les Amériques (organisation économique initiée par le Venezuela). Le président Zelaya a ainsi perdu le soutien de la partie de la bourgeoisie tournée vers les États-Unis et, commençant à critiquer davantage ces derniers, a suscité l'inquiétude de Washington. Il protesta en septembre 2007 contre l'ingérence présumée des États-Unis au Venezuela et en Bolivie et, le même mois, affirma à l'Assemblée générale de l'ONU que le capitalisme était en train de « dévorer les êtres humains ».

Dans un entretien publié dans El Pais le jour du coup d'État, Zelaya affirmait : « j'ai pensé faire les changements à l'intérieur du schéma néolibéral. Mais les riches ne cèdent pas un penny. Les riches ne veulent rien céder de leur argent. Ils veulent tout garder pour eux. Alors, logiquement, pour faire des changements il faut incorporer le peuple. »

 

Le coup d'État

Zelaya prévoyait d'organiser un référendum consultatif afin de convoquer une assemblée constituante, qui délibérerait sur les possibilités d'amender la Constitution afin de supprimer la clause interdisant à un président de se présenter aux élections pour un second mandat. La Constitution interdit expressément de réformer cette clause. Zelaya lui-même déclarait qu'il ne ferait que convoquer l'assemblée constituante en cas d'approbation populaire, et qu'il mettrait fin à son mandat à la date prévue, le 28 janvier 2010.

Mais Zelaya s'est heurté dans ce projet à l'opposition du Congrès, de la Cour suprême - qui avait interdit la consultation - et de l'armée, laquelle a refusé d'organiser le référendum. En tant que commandant en chef des armées, le président Zelaya a qualifié cette réaction d'acte d'insubordination. Zelaya a forcé à la démission le général Romeo Vásquez, alors que l'armée sortait des casernes le 25 juin 2009.

Peu de temps après, dans un entretien à El Pais, Zelaya affirme avoir échappé de peu à un coup d'État, grâce notamment à l'appui de Washington. La Cour suprême exigea toutefois le maintien dans ses fonctions du général Romeo Vásquez. Le dimanche 28 juin 2009 à l’aube, le jour où la consultation devait se tenir, Manuel Zelaya est arrêté et expulsé vers le Costa-Rica. Le même jour, le Congrès entérine le coup d'État et son président, Roberto Micheletti (Parti libéral national), est nommé président de la République par intérim. Il décrète immédiatement un couvre-feu.6

Le coup d'État se heurte d'emblée à une large opposition internationale : condamné par les membres de l'ALBA, il l'est aussi par l'OEA, l'Union européenne, l'Argentine, la Colombie, la Grande-Bretagne etc. Quant au président américain Barack Obama, il a demandé le strict respect des normes démocratiques au Honduras.7

Le 30 octobre 2009, un accord est conclu avec le gouvernement de Roberto Micheletti en vue d'un retour transitoire au pouvoir de Zelaya, jusqu'aux prochaines élections présidentielles. Le 14 novembre 2009, cependant, Zelaya renonce à ce retour car les conditions ne sont, selon lui, pas réunies.

Porfirio Lobo Sosa est élu président le 29 novembre 2009. Le 28 mai 2011, Zelaya rentre dans son pays à la suite d'un accord avec le président Lobo et l'abandon des charges de corruption à son encontre. L'accord permet à Zelaya d'avoir une activité politique dans le pays.8

 

 

Pourquoi le coup d’État du 28 juin 2009

Le 28 juin 2009, le président Manuel Zelaya est séquestré puis expulsé du pays par les militaires honduriens, formés dans la tristement célèbre École des Amériques, rebaptisée en 2001 « Institut de l’hémisphère occidental pour la coopération sur la sécurité ». Washington nie toute implication dans le coup d’État militaire. Au fil des jours, les sources diplomatiques viendront pourtant confirmer que l’administration américaine connaissait dès le début les intentions des putschistes. Le coup a été préparé depuis la base états-unienne de Soto Cano, à 97 km au nord de la capitale Tegucigalpa, où opère l’unité états-unienne, la Joint task force Bravo, sous le commandement de l’U.S Southern Command, en charge des intérêts états-uniens en Amérique centrale, méridionale et caraïbe. Entre autres instigateurs du Coup, on trouve plusieurs « faucons » de Washington : Hugo Llorens, ambassadeur états-unien en poste à Tegucigalpa ; John Negroponte, ancien diplomate au Honduras de 1981 à 1985 (pour organiser la lutte armée contre le Nicaragua sandiniste) ; Otto Reich et Roger Noriega, deux sous-secrétaires d’État pour l’hémisphère occidental (Amérique latine) sous le gouvernement Bush|, etc.

Le coup d’État est réalisé le jour où Manuel Zelaya organise une "consultation" à caractère non contraignant demandant aux Honduriens s’ils désiraient, ou non, la convocation d’une Assemblée nationale constituante, après les élections prévues le 29 novembre 2009. Si cette consultation avait recueilli une majorité de "oui", le président aurait soumis un décret à l’approbation du Congrès pour que, le 29 novembre, les Honduriens se prononcent formellement sur la convocation d’une Constituante, dans une "quatrième urne" (les trois premières étant réservées respectivement à l’élection du président, des députés et des maires). Pour donner un semblant de légalité au coup, le Congrès et la Cour Suprême, associés au putsch, ont jugé ce scrutin illégal et ont fait valoir que le président Zelaya a « violé la Constitution » en prétendant la modifier « pour pouvoir briguer un nouveau mandat », à la manière d’un « apprenti dictateur chaviste ». Or, Manuel Zelaya ne cherchait pas, via cette consultation populaire, à reconduire son mandat présidentiel lors des prochaines élections puisque celles-ci se tiendront dans le cadre de l’actuelle Constitution qui prévoit des mandats présidentiels de quatre ans non renouvelables. Zelaya ne pouvait donc pas être candidat à sa propre succession.

Revêtus d’oripeaux légaux, les usurpateurs ont alors pu décorer du ruban présidentiel Roberto Michelleti, rival de toujours de Zelaya au sein du parti libéral et président du Congrès national, sous l’œil complice et bienveillant des principaux médias et observateurs internationaux. La notion de légalité est apparemment malléable : les gouvernements et institutions internationales sont restés silencieux ces dernières années quand certains chefs d’État africains et latino-américains, soumis aux intérêts des grandes puissances capitalistes, ont levé la limitation du nombre de mandats présidentiels. L’exemple du président colombien Alvaro Uribe, proche allié de Washington, est éloquent : À l’arrivée au pouvoir en 2002 de Uribe, toute réélection était interdite par la Loi fondamentale. Une révision de la Constitution avait permis la première réélection du président conservateur en 2006. Le Congrès colombien a approuvé le 2 septembre la convocation d’un référendum sur une réforme constitutionnelle qui devait permettre à Alvaro Uribe de briguer un troisième mandat. Les médias ne semblaient pas s’en offusquer.

On l’aura compris, le véritable motif du coup est ailleurs. Quelle menace représentait le pion hondurien, quasi-colonie étasunienne, sur l’échiquier latino-américain pour que l’administration Obama recoure aux vielles méthodes qu’elle faisait mine d’avoir abandonnées ?

 

Le Honduras commençait à s’émanciper

Manuel Zelaya a commis plusieurs pêchés capitaux. Pourtant issu de l’oligarchie et membre du Parti Libéral, Zelaya a essayé de rompre avec les élites politico-économiques qui règnent sur la « république bananière », toute tournée vers les intérêts nord-américains, pour le plus grand profit de quelques oligarques nationaux. Il a pris une série de mesures progressistes en faveur des classes populaires, par exemple l’augmentation de 60 % du salaire minimum, ce qui a provoqué l’ire des entrepreneurs nationaux et des firmes américaines, qui exploitent à moindre coût les ressources naturelles – bananes, pétrole, etc. - et les travailleurs. Sur fond de crise économique, en août 2008, il rejoint l’ALBA, l’Alternative bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), l’alliance constituée par le Venezuela, Cuba, la Bolivie, l’Équateur, le Nicaragua et la Dominique. En décembre, Zelaya adhère à PetroCaribe, une initiative lancée par le Venezuela pour fournir aux pays de la région non exportateurs d’hydrocarbures du pétrole à un prix inférieur au prix du marché mondial.

Par ce « virage à gauche », Manuel Zelaya s’est attiré les foudres des classes capitalistes honduriennes et états-uniennes. Les grands titres de presse écrite hondurienne (El Heraldo, La Prensa, La Tribuna) et les principales chaînes de télévision, contrôlés par une poignée de familles puissantes qui règnent sur le Honduras préparent le terrain au putsch : ils crient à la « dérive » chaviste et font systématiquement l’impasse sur les mesures qui bénéficiaient aux secteurs les plus pauvres de la population en termes de salaires, d’éducation, de santé et d’accès aux services de base, etc. Pour rétablir l’équilibre médiatique, Zelaya lance un hebdomadaire fin 2007, El Poder Ciudadano, et rend public le Canal 8, une chaîne de télévision qui n’émettait plus. Scandalisés, les médias parlent de « totalitarisme » et de violations à « la liberté d’expression ».

Le 31 mai 2008, à cause des risques de sécurité que présentait l’aéroport international de Tocontín, le président Zelaya annonce que la base américaine de Soto Cano, installée depuis 1981 à l’époque de la Guerre froide quand Washington se préparait à miner les ports nicaraguayens et à armer la Contra qui allait bientôt opérer contre les sandinistes à partir du territoire hondurien, sera utilisée pour des vols commerciaux internationaux. Alors que l’Équateur n’a pas renouvelé la base militaire de Manta, le projet de mettre fin à la présence militaire US au Honduras, point d’appui aux ingérences en Amérique latine, a vraisemblablement décidé Washington. Le Coup liquide le maillon le plus faible de l’ALBA, mais a des implications bien au-delà des frontières du Honduras...

 

Un coup d’État peut en cacher un autre

Le Coup d’État au Honduras a pour objectif de fragiliser l’ensemble des processus démocratiques et sociaux qui ont porté au pouvoir ces dernières années des gouvernements « progressistes », en rupture avec le modèle néolibéral et avec la traditionnelle domination des États-Unis. Il vise tout particulièrement les pays de l’ALBA, notamment ses poids lourds - Cuba, la Bolivie, le Venezuela, l’Équateur- qui prônent un socialisme du XXIème siècle.

Après le retour au pouvoir de Daniel Ortega au Nicaragua en 2006, l’élection en 2008 du président Alvaro Colom au Guatemala et de Mauricio Funes du Front Farabundo Marti de Libération Nationale au Salvador (ex-guérilla des années 80), le coup vise également à contenir un risque de « contagion chaviste » en Amérique centrale, un corridor stratégique permettant d’assurer le contrôle de l’Amérique latine. Et afin d’augmenter la menace contre les pays de l’ALBA, les États-Unis entendent renforcer leur présence militaire : en juillet 2009, Washington a obtenu du président Alvaro Uribe l’octroi aux militaires états-uniens de sept bases colombiennes.

 

La diplomatie de la nouvelle Amérique

Obama avait promis un grand changement. Force est de constater qu’en matière de politique étrangère, le changement est surtout dans le style. Le discours officiel n’est plus hégémonique et guerrier, mais les intérêts de Washington sont toujours défendus par tous les moyens.

L’administration d’Obama ne peut ignorer la légitimité du Président Zelaya, mais elle ne peut pas non plus condamner catégoriquement le putsch car il mettrait en danger ses intérêts économiques et géopolitiques et ses relations avec l’oligarchie hondurienne. Pour enterrer l’esprit des résolutions de l’OEA et de l’ONU visant le retour « sans conditions » du président Zelaya, elle réussit à imposer la médiation du président costaricain Oscar Arias, fidèle allié de Washington, et, sans renoncer d’un pouce à la défense de ses intérêts, parvient à entretenir l’illusion d’un discours légaliste.

Cette stratégie de négociation avec le régime du coup d’État vise à imposer un compromis inacceptable, comprenant : le retour du président Zelaya mais avec des pouvoirs réduits et partagés avec les putschistes dans le cadre d’un gouvernement de "réconciliation et d’union nationale" en attendant les prochaines élections présidentielles de novembre 2009 ; une amnistie générale pour les délits politiques en relation avec le coup d’État ; l’interdiction de toute consultation populaire appelant à une Assemblée constituante.

 

Le bal des hypocrites

Face à l’intransigeance du gouvernement illégitime qui n’accepte pas l’un des points de ces accords de San José (celui prévoyant le retour sous conditions de M. Zelaya au palais présidentiel), début septembre - soit plus de deux mois après le coup !-, Washington a révoqué les visas du président proclamé Michelleti, de son ministre des Affaires étrangères Carlos Lopez et de 14 magistrats, annoncé la fin d’un "large éventail d’aide" et déclaré qu’elle ne légitimerait pas des élections sous le patronage du gouvernement issu du coup. Washington durcit le ton pour ramener les putschistes à la raison : accepter la « solution Arias ».

En définitive, les élections du 29 novembre 2009 furent un processus vicié d’avance. Alors que le régime illégitime a donné le coup d’envoi de la campagne électorale, l’ONU, l’OEA et certains gouvernements ont annoncé qu’ils ne reconnaîtront pas les résultats de l’élection si le processus électoral se déroulait en dehors de l’accord de San José.

Si l’administration Obama, avec son offensive diplomatico-guerrière, est en passe de réussir son « expérience-pilote » pour réinstaller des gouvernements inféodés à Washington, elle n’a cependant pas pu épuiser la résistance du peuple hondurien, qui lutte de façon pacifique et déterminée contre le régime de Micheletti. « C’est l’aspect positif de cette situation : la transformation de la culture politique de la majorité des Honduriens, explique le syndicaliste Carlos Reyes, porte-parole du Front de Résistance contre le coup d’État et candidat de longue date au scrutin présidentiel du 29 novembre. On atteint un niveau de lutte de classe qui n’avait jamais eu lieu au Honduras, à laquelle il aurait été difficile d’arriver à travers des manuels. Aujourd’hui, les gens ont compris dans la rue, à travers la résistance et la lutte. C’est pour cela que les gens ne se préoccupent pas tellement de savoir si nous allons perdre ou gagner, on continue ! Jamais je n’ai pensé qu’on arriverait à cela, c’est un véritable soulèvement populaire, et jamais je n’aurais imaginé que cette bourgeoisie nous aiderait autant ! Aujourd’hui, le système bi-partite est en échec, et ils [les putschistes] ont contribué à cela ».

Les paysans, syndicats, groupes de femmes, étudiants, organisations sociales et politiques, intellectuels et citoyens issus de tous les horizons sont tous montés au front, et le mouvement de résistance se renforce, se structure, malgré la répression. Au delà du retour du président Zelaya, ce puissant mouvement populaire affirme d’ailleurs que la tenue d’une assemblée constituante est devenue l’objectif même de la résistance actuelle. Le mot-d’ordre est clair : « Avec ou sans Zelaya, pour l’Assemblée Constituante ! ».9

 

 

 

Le marasme quatre ans après le coup d’État

La présidence de Manuel Zelaya avait été marquée par des avancées économiques et sociales. Depuis le coup d’État de l’oligarchie en 2009, le nombre de pauvres a augmenté et la situation du pays est devenue catastrophique.

À la violence et à l’impunité s’ajoute ainsi la pauvreté. Dans la foulée de l’élection illégitime à la présidence de Porfirio Lobo du Parti national, en novembre 2009, le nouveau gouvernement incarnant l’oligarchie a mis en œuvre un véritable coup d’État social : abrogation de la réforme agraire, suspension du salaire minimum, privatisation de l’éducation, loi de concession des ressources naturelles dont regorge le Honduras et vers qui lorgnent les transnationales. Dans la région de l’Aguan dans le Nord-Est, la répression a été sanglante à l’encontre des petits paysans dans le cadre du conflit agraire qui les oppose aux grands propriétaires terriens et leurs sicaires ; une centaine d’entre eux ont trouvé la mort depuis quatre ans. Dans le contexte d’une grave crise économique, doublée d’un déficit budgétaire de plus de 600 millions de dollars, le gouvernement a procédé à la fermeture d’hôtels de ville et d’autres institutions publiques, transformant des municipalités entières en zones de libre-échange.10

Des chercheurs du centre américain CEPR (Center for Economic and Policy Research) ont montré que les avancées de l’ère Zelaya avaient été «  balayées  » en grande partie après le coup d’État. Les points clefs du rapport incluent :

  • Dans les deux ans qui ont suivi le coup, le Honduras a enregistré la progression la plus rapide de l’inégalité en Amérique Latine et maintenant, c’est le pays dont la répartition du revenu est la plus inégale de la région. Plus de 100 % du total des gains de revenu réel a été perçu par 10 % des honduriens les plus riches.
  • Les dépenses sociales, y compris celles dans l’éducation et la santé, avait augmenté en pourcentage du PIB entre 2006 et 2008. Pendant le gouvernement de Lobo, les dépenses sociales ont été continuellement réduites, même si la dépense totale a augmenté en pourcentage du PIB.
  • Les taux de pauvreté et d’extrême pauvreté avaient baissé respectivement de 7,7 et 20,9 % pendant le gouvernement de Zelaya. Entre 2010 et 2012, le taux de pauvreté a progressé de 13,2 %, tandis que le taux d’extrême pauvreté de 26,3 %.
  • Le chômage et en particulier le sous-emploi ont empiré entre 2010 et 2012. Le nombre de personnes qui travaillent à temps complet mais qui ne perçoivent pas le salaire minimum est passé de 28,8 % en 2008 jusqu’à 43,6 % en 2012 de la force de travail. Le nombre de travailleurs involontaires à temps partiel et de ceux en situation de chômage est passé de 6,8% en à 14,1 % en 2012.11

 

 

La droite vole à nouveau le pouvoir

Depuis le coup d’État de 2009, les assassinats de journalistes, de militants syndicaux et paysans se sont multipliés au Honduras. Les inégalités se sont creusées au point que les deux tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le 24 novembre 2013, les électeurs du Honduras étaient appelés à de nouvelles élections présidentielles opposant Juan Orlando Hernández, candidat de la droite au pouvoir, à Xiomara Castro, candidate du parti Liberté et Refondation (Libre), épouse de Manuel Zelaya, proposant un « socialisme démocratique hondurien ».

Xiomara Castro revendique la victoire mais le Tribunal suprême électoral a accordé l’élection à son adversaire dans des circonstances troublantes : candidats fantômes au service de Juan Orlando Hernández dans les instances électorales, achat massif de voix, registre électoral incomplet, personnes décédées ayant voté… L’Organisation des états américains, sous influence étatsunienne, et l’Union européenne se sont pourtant empressés de féliciter ce processus électoral « transparent », en dépit des oppositions des observateurs électoraux sur place.
Xiomara Castro a officiellement attaqué le 6 décembre le résultat de l’élection présidentielle et dénonce des irrégularités dans 20 % des actes électoraux. Libre est un parti hétérogène. Certains secteurs recherchent une alliance politique avec le Parti libéral qui entérinerait la victoire de Juan Orlando Hernández. Pourtant, dès l’annonce de ces résultats, près d’un millier d’étudiants ont manifesté pendant plusieurs jours dans les rues de Tegucicalpa contre les fraudes et ont été dispersés par la répression policière.12

 

 

Le Honduras, capitale du crime

Au Honduras, il y a plus de morts au kilomètre carré que dans n’importe quel pays au monde n’étant pas en situation de guerre. C’est une guerre non déclarée qui frappe la société hondurienne. Dans ce pays de huit millions d’habitants, il y a eu quasiment autant de victimes qu’en Syrie durant l’année 2011.

Les indices de violence ont fortement augmenté depuis le coup d’État de juin 2009 durant lequel Manuel Zelaya avait été renversé. Le taux d’homicides pour 100 000 habitants a plus que doublé en 10 ans passant de 42,1 à 86. San Pedro Sula, la seconde ville du pays, est la ville où la violence est la plus élevée au monde (plus forte qu’à Ciudad Juárez ou Caracas). La situation est telle que le pays a fait face à un exode des ONGs.

 

L’écroulement de l’autorité étatique est symbolisé par la recrudescence des cartels dans la région

Le putsch de 2009 a ouvert les portes à l’expansion du crime organisé à (très) grande échelle. La mafia opère sans être réellement inquiétée grâce à un système de corruption très poussé. En effet, les niveaux de corruption au Honduras surpassent ceux de tous ses pays limitrophes, pourtant déjà fortement touchés, et sont comparables à ceux du Sierra Leone ou du Zimbabwe.

Plus de 95% du trafic de drogue, passant par l’Amérique du Sud pour arriver en Amérique du Nord, fait escale sur la côte atlantique du Honduras. Le pays constitue donc un point stratégique pour les narcotrafiquants. Ces derniers se sont progressivement déplacés dans les États d’Amérique Centrale, après avoir été persécutés par les autorités au Mexique et au Caraïbe. La violence du narcotrafic en Amérique centrale a dépassé celle du Mexique. Une étude des Nations Unies montre que la moyenne des homicides des pays d’Amérique Centrale s’élève à 43 personnes pour 100 000 habitants chaque année, ce qui équivaut à plus du double du chiffre mexicain.

Le cas du Honduras pose une problématique plus large qui touche l’ensemble de l’Amérique Centrale : la propagation des cartels de la drogue vers un point de non-retour. S’il existe une réelle volonté de stopper cette tendance qui, sans intervention, va sans aucun doute gangrener cette zone, il faut réagir rapidement. Comme l’a démontré l’insuccès des plans antérieurs, la cessation des trafics ne peut seulement passer par une aide militaire extrêmement forte. Attribuer des financements dans le secteur social à travers l’éducation, par exemple, apparaît indispensable. Un effort conséquent doit être effectué pour tenter d’annihiler les trafics qui participent à la grande criminalité perpétrée en Amérique Centrale.13

 

 

Le dictateur fabrique l’élection

Il paraît que la guerre froide est terminée, mais pas au Honduras, ce pays de neuf millions d’habitants au cœur de l’Amérique centrale, où 60 % de la population survit dans la pauvreté.

Le 3 décembre 2017, c’était les élections générales. Alors que le résultat est en sa défaveur, le président sortant, Juan Orlando Hernandez, qui légalement n’avait même pas le droit de se représenter, s’est autoproclamé vainqueur !

En 2009, un coup d’État avait renversé le président Manuel Zelaya. Ses adversaires lui reprochaient de vouloir se représenter, alors qu’il n’en avait pas manifesté l’intention. Le coup d’État avait été mené, dans la coulisse, par des services dépendant de Washington, comme au bon vieux temps, quand la CIA orchestrait les changements de régime à la convenance des États-Unis.

Depuis, la situation du Honduras s’est bien aggravée. En 2013, quand Juan Orlando Hernandez ne présidait encore que le Parlement, il a réussi à prendre le contrôle de l’ensemble des pouvoirs du pays, la Cour suprême de justice d’abord, puis l’armée et la police. Ensuite, il s’est fait élire président et a poursuivi la mise en coupe réglée du pays.

Le territoire a été militarisé et toute opposition politique et sociale réprimée. Les syndicalistes, les journalistes, les militants des droits de l’homme, les écologistes opposés aux projets des multinationales sont victimes de leurs hommes de main, voire de leurs tueurs. Dans ce régime dictatorial et corrompu, les narcotrafiquants ont trouvé leur place.

Le dictateur n’a pas traîné à se proclamer président pour ne pas être écarté du pouvoir, alors que l’opposition de gauche, selon les premiers décomptes, a obtenu 47 % des voix, dépassant de six points les alliés du président. Les résultats finaux étaient annoncés pour le 7 décembre. La présence de quelque 16 000 observateurs internationaux lors de ces élections n’a pas dissuadé le président d’annoncer que, d’ici là, il aurait repris l’avantage. Par un bourrage méthodique des urnes ?

On notera en tout cas que ni Donald Trump ni son administration, si prompts à dénoncer comme dictateurs les gouvernements de pays comme Cuba ou le Venezuela, n’ont pipé mot ; même pas un tweet. Cette dictature-là leur va très bien.14

 

 

L’élection du président du Honduras confirmée

Les résultats provisoires de l'élection présidentielle donnent Juan Orlando Hernández (Parti national) réélu avec 43,0 % des voix, face notamment à Salvador Nasralla (alliance du parti Liberté et refondation, gauche, et du Parti de l'innovation et de l'unité, centre-gauche : 41,4 %), malgré une large avance de ce dernier lors de l'annonce des résultats provisoires, et après plusieurs jours d'arrêt du dépouillement. Les opposants manifestent, estimant ces résultats frauduleux. Le gouvernement décrète l'état d'urgence, et au moins dix-huit personnes sont tuées lors d'affrontements avec les forces de l'ordre.15

 

 

Les migrants en lutte pour leur survie

En 2014, 70 000 enfants originaires d’Amérique centrale étaient arrivés seuls à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, sans aucun adulte avec eux. Depuis, une vague de mineurs isolés mais aussi de plus en plus de mères avec leurs enfants et de familles entières en provenance d’Amérique centrale ont essayé de trouver refuge aux États-Unis. En 2019, plus de 900 000 migrants ont été incarcérés à la frontière sud des États-Unis. Ces dernières décennies, la plupart des migrants arrivant à cette frontière étaient des Mexicains. En 2019, en revanche, plus de 70 % des migrants arrêtés et détenus par les gardes-frontières étaient originaires de trois très petits pays : le Honduras, le Guatemala et le Salvador.

Pour atteindre les États-Unis, les migrants originaires d’Amérique centrale doivent traverser le Mexique, faire face à la menace des gangs, de l’armée et de la police mexicaines, sauter sur des trains de marchandises en marche et en descendre... Et la frontière des États-Unis leur réserve encore bien d’autres dangers : le désert, parcouru par les patrouilles de gardes-frontières, sans parler des milices. L’administration Obama (2009-2017) s’est efforcée d’empêcher les migrants d’arriver aux États-Unis en déportant des milliers de personnes et en tentant d’obtenir que les gouvernements d’Amérique centrale les empêchent de partir. Trump a renforcé cette politique, en poussant les gouvernements mexicain, guatémaltèque, hondurien et salvadorien à prendre des mesures encore plus restrictives contre les migrants. Il a fait incarcérer dans des conditions atroces aux États-Unis ou, pire, dans une ville mexicaine frontalière, ceux qui attendaient d’être entendus pour une demande d’asile. De plus, Trump a restreint l’accès au droit d’asile aux États-Unis. Mais, malgré tous les obstacles accumulés contre eux, ils sont des milliers à tenter le voyage.

Donald Trump instrumentalisait cyniquement cette crise humanitaire. Les attaques contre les travailleurs des pays pauvres étaient devenues un élément clé de son discours. Il présentait les immigrés et les relations commerciales avec ces pays comme responsables de tous les problèmes économiques rencontrés par les travailleurs américains. Pour ce qui est des migrants issus d’Amérique centrale, il les accusait en particulier d’apporter la violence aux États-Unis.

Il est entendu que Trump est un démagogue hypocrite qui agit d’abord dans son propre intérêt. Mais la crise dépassait largement sa seule personne. Le désespoir à l’origine de cette migration de masse résultait directement de plus d’un siècle de domination économique et politique des États-Unis sur le sous-continent. Cette domination a été exacerbée durant la dernière décennie par les retombées de la crise financière mondiale, laquelle a été déclenchée par le système bancaire américain. Et la situation dans un petit pays comme le Honduras, situé au sud du Mexique et du Guatemala, illustre clairement cette histoire dramatique.

 

Une situation désespérée…

Près du tiers de la population hondurienne travaille dans l’agriculture de subsistance, et le produit de ce travail suffit à peine pour nourrir ces familles. En 2019, des sécheresses suivies d’inondations ont détruit une grande partie des récoltes. D’après l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la famine a touché en 2019 deux millions d’agriculteurs en Amérique centrale, dont 500 000 au Honduras, du fait de la perte des récoltes de haricots et de maïs. De nombreux agriculteurs ont vendu leurs équipements pour acheter de la nourriture. Comment pouvaient-ils donc récolter quoi que ce soit l’année suivante, à supposer que la situation s’améliore ?

Dans de nombreuses régions, la population cultivait le même sol de génération en génération, sans aucun document de propriété. Ces derniers temps, de grandes exploitations ont su profiter de cette situation et absorber les terres des petits paysans. Elles ont contraint ceux-ci à quitter leur terre, mais elles emploient moins de travailleurs qu’elles n’en ont chassé.

En outre, l’expansion des concessions minières dans le pays empoisonne les cours d’eau où les petits paysans s’approvisionnent.

Ces trois processus ont entraîné un important exode rural, provoqué par l’espoir de trouver du travail en ville.

Mais les rares emplois disponibles en ville sont extrêmement mal payés, et les conditions y sont souvent proches de l’esclavage. D’après les statistiques officielles, les rares travailleurs qui ont la « chance » d’avoir un emploi toute l’année ont un revenu annuel qui ne dépasse pas 4 000 dollars des États-Unis environ. Mais la plupart des Honduriens ne peuvent même pas accéder à ce type d’emplois. Le gros de la population vit dans la pauvreté la plus extrême : d’après la Banque mondiale, 60 % de la population vit avec moins de 1 168 dollars par an. Même si, du fait de la différence du niveau des prix, cette somme a un pouvoir d’achat deux fois plus élevé qu’aux États-Unis, cela équivaut tout de même à vivre aux États-Unis avec moins de 2 500 dollars par an.

Ceux qui n’ont ni terre ni travail sont regroupés en masses dans les bidonvilles qui entourent les grandes villes de San Pedro Sula et Tegucigalpa, où règnent la violence et la criminalité. Le Honduras a l’un des taux d’assassinats les plus élevés au monde : il a atteint un pic en 2012, année où plus de 7 000 assassinats ont été enregistrés, dans un pays de moins de dix millions d’habitants. À titre de comparaison, Chicago, qui a beaucoup attiré l’attention des médias cette année-là, présentait un taux inférieur au quart du taux hondurien. La violence contre les femmes est également endémique et bénéficie d’une presque totale impunité : en 2016, 463 femmes ont été assassinées au Honduras, et en juillet 2017 la police n’enquêtait que sur 15 de ces meurtres.

 

…aggravée par la violence

Cette situation de pauvreté abyssale a été imposée à la population par la violence.

D’après une enquête menée en 2015 par l’hebdomadaire de gauche The Nation, au moins 30 syndicalistes ont été assassinés entre 2009 et 2015 par les agents de sécurité des entreprises ou par les forces de répression de l’État.

Lorsqu’en 2010 la Dinant Corporation commença à s’emparer d’importantes surfaces de terres pour étendre ses plantations géantes destinées à produire de l’huile de palme, les paysans protestèrent. Dinant n’hésita pas à envoyer ses agents de sécurité formés aux États-Unis, qui tuèrent cinq paysans. Lorsque la population réagit en bloquant les routes, l’armée et la police envahirent la région, occupèrent les villages et firent encore davantage de victimes. Les trois années suivantes, au moins dix personnes qui collaboraient avec le groupe de paysans qui s’opposait à l’accaparement des terres furent à leur tour assassinées. Leur avocat fut lui aussi tué, et lorsque son frère se rendit à la capitale pour faire une conférence de presse sur ce meurtre, il fut à son tour assassiné. Aucun des assassins n’a été inquiété. Cinq agents de sécurité de Dinant ont été accusés des crimes initiaux, mais aucun n’a été condamné. Et il s’agit là seulement des assassinats associés à une entreprise, sur une période de sept ans, tels qu’ils sont décrits par l’historienne Dana Frank dans son livre The Long Honduran Night (Haymarket Books, 2018, non traduit).

Le niveau de violence s’est accru au point qu’en 2017 l’ONG Global Witness a qualifié le Honduras de pays le plus dangereux du monde pour les défenseurs de l’environnement, dressant une liste de 120 personnes assassinées les six années précédentes après avoir défendu leurs terres, leurs rivières ou leurs forêts. La plupart de ces victimes étaient de petits paysans­ ou des gens qui les soutenaient dans leur combat pour défendre les ressources dont ils ont besoin pour survivre.

Ce fut le cas en 2016, lorsque des assassins ont exécuté Berta Cáceras, militante rurale qui protestait contre la construction par l’entreprise DESA Corporation d’un barrage qui menaçait de supprimer l’accès à l’eau pour toute une population. D’après le tribunal du Honduras qui condamna sept de ses meurtriers, « les responsables de DESA ont organisé l’élimination de Mme Cáceras » après que des espions travaillant pour cette entreprise eurent infiltré son organisation. Les assassins étaient très probablement liés à l’armée hondurienne : un ancien militaire déclara que le nom de cette militante était sur la liste des cibles des forces spéciales du Honduras. Son meurtre attira l’attention car elle venait juste de recevoir une récompense prestigieuse pour la protection de l’environnement et avait rencontré Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, et le pape. Mais, loin d’être un cas isolé, l’exécution de Berta Cáceras est emblématique de la violence menaçant tous les militants.

Une grande part de cette violence était le fait de milices privées payées par les entreprises, mais ces milices étaient liées à l’appareil d’État et travaillaient parfois directement pour celui-ci, comme dans le cas de Cáceras.

 

Derrière la pauvreté et la violence, l’impérialisme américain

Cette économie hondurienne qui génère tant de pauvreté est dominée par des entreprises des États-Unis qui, dans le secteur du textile comme dans celui des pièces détachées pour l’industrie automobile, sous-traitent leur production au Honduras. Les exploitations agricoles honduriennes produisent du café, des bananes, de l’huile de palme et de la viande bovine, dont une part importante est également destinée à être vendue aux États-Unis. L’économie du Honduras s’appuie sur le système financier dominé par les banques des États-Unis.

Certaines exploitations et usines sont directement détenues par des filiales d’entreprises américaines. Ainsi Standard Fruit, filiale de Dole, gère des plantations géantes de bananes sur la côte septentrionale du pays. Chiquita possède quatre filiales au Honduras, dont une entreprise de logistique, en plus de ses bananeraies.

Les autres entreprises sont la propriété de la fine couche privilégiée au sommet de l’économie hondurienne, laquelle dépend des flux de capitaux américains et européens, sous forme de prêts et d’investissements. Elle défend donc les intérêts de ces capitalistes et leur restitue une part des profits. Ainsi Miguel Facussé, fondateur de Dinant Corporation (à l’origine de tant de violence), fit fortune dans des entreprises produisant au Honduras des biens de consommation vendus dans toute l’Amérique centrale et aux Caraïbes. Après avoir revendu ces entreprises aux multinationales Unilever et Procter and Gamble, il utilisa le produit de ces ventes, additionné de sommes prêtées par le système bancaire dominé par les États-Unis, pour créer les usines d’huile de palme Dinant, dont une grande part de la production est actuellement exportée vers le Mexique pour confectionner des confiseries.

Comme on pouvait s’y attendre dans un pays recevant un volume aussi important d’investissements américains, les forces armées des États-Unis y sont présentes pour protéger ces investissements et les profits qui en découlent. D’après l’organe officiel Security Assistance Monitor, qui analyse les programmes américains d’aide à la sécurité et à la défense dans le monde entier, les États-Unis ont fourni plus de 114 millions de dollars d’aide directe aux forces armées honduriennes dans la seule période 2009-2017.

La plupart des officiers sont formés à l’École des Amériques pour la coopération de sécurité (Western Hemisphere Institute for Security Cooperation), située en Géorgie (anciennement École des Amériques). Il en résulte des liens permanents entre ces officiers et leurs formateurs. Au moins deux des personnes accusées de l’assassinat de Berta Cáceras ont été formées dans cette école.

Les États-Unis maintiennent également la base militaire conjointe de Soto Cano (anciennement Palmerola) avec les forces honduriennes, qui fait à la fois office de centre de formation des forces aériennes honduriennes et de base de la principale force d’intervention des États-Unis en Amérique centrale, avec environ 500 soldats.

L’économie actuelle du Honduras a été pour une grande part mise en place par des entreprises domiciliées aux États-Unis, la police et l’armée du pays ont été constituées, formées et armées par les États-Unis.

 

L’impérialisme américain à la racine du problème

Les conditions catastrophiques dans lesquelles des Honduriens ont quitté massivement le pays à partir de 2014 ont été made in the USA. La pauvreté de la majorité de la population est le résultat d’un siècle de domination américaine. L’armée, la police et de nombreux agents de sécurité privés sont formés et financés par les États-Unis. Ce sont les responsables politiques américains qui, dans les années 1980, ont implanté au Honduras les gangs ultra-violents qui prospèrent aujourd’hui et alimentent le marché de la drogue des États-Unis, tout en tirant profit du désespoir de la population. La crise économique a été produite par le système financier mis en place par les États-Unis. Et le coup d’État a été soutenu, si ce n’est directement organisé, par des responsables américains.

Le rôle des États-Unis dans le désastre qui est en train de se déployer au Honduras et dans le reste de l’Amérique centrale jette une lumière crue sur l’hypocrisie démagogique qui suintait de la rhétorique de Trump.

Mais la politique menée par les États-Unis dans cette partie du monde ne dépend ni de la rhétorique ni de l’appartenance partisane du locataire de la Maison-Blanche. Le coup d’État de 2009 s’est déroulé sous l’administration Obama, tout comme les premières mesures, en 2014, destinées à empêcher les enfants migrants d’obtenir l’asile aux États-Unis. En 2020, Nancy Pelosi et le sénateur démocrate de l’État de New York, Chuck Schumer, critiquaient l’incarcération des migrants dans des camps et la séparation des familles par Trump. Mais ils soutennaient systématiquement les mesures pour « sécuriser la frontière » et « aider » l’État hondurien dont la population s’enfuyaient.

La situation désespérée des Honduriens quittant le pays n’est pas un cas unique. Ils sont des milliers qui fuient également la pauvreté et la violence au Salvador, au Guatemala. Et ils sont encore plus nombreux à fuir les Caraïbes, sans parler de pays comme l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie ou la Libye. Dans tous ces pays, les gens sont poussés à partir par les conséquences catastrophiques de l’impérialisme.

Si nous voulons instaurer un monde sans ces millions de migrants désespérés fuyant la pauvreté et la violence, il ne suffira pas de changer la couleur politique du parti au pouvoir, ni de militer pour une meilleure politique. La réalité est que cette situation désespérée, qui est commune à une grande partie de la population mondiale, est le produit du système impérialiste, dont le cœur est aux États-Unis. C’est ce système qu’il faut déraciner.17

 

 

La gauche remporte l’élection présidentielle

Le 28 novembre 2021, la candidate de gauche Xiomara Castro a remporté l’élection présidentielle avec 52 % des suffrages, contre 35 % au candidat de droite, Nasry Asfura, du Parti national qui régnait sur ce pays depuis douze ans.

Avant même que tous les résultats soient connus, le candidat de droite a reconnu sa défaite et les dirigeants des États-Unis ont reconnu que les élections s’étaient bien passées. Cela contraste avec le fait qu’il y a douze ans un coup d’État téléguidé par les États-Unis avait écarté le candidat de gauche, Manuel Zelaya. Selon eux, celui-ci était alors trop proche d’Hugo Chavez.

La nouvelle élue est la compagne de Manuel Zelaya. En 2009, tandis que celui-ci était poussé par les putschistes dans un avion pour être envoyé en exil au Costa Rica, elle avait pris la tête de la protestation populaire contre le putsch qui rappelait comment, bien souvent dans le passé, les États-Unis et la CIA avait fait et défait un président pour en imposer un à leur botte. Elle n’a cessé depuis de faire campagne contre la droite.

Les dix mois de la campagne électorale ayant été marqués par une trentaine d’assassinats politiques, les électeurs de gauche craignaient qu’au dernier moment on assiste, comme en 2017, à un retournement inopiné des résultats, sorte de putsch électoral qui avait permis à la droite de garder le pouvoir.

Les douze années de règne de la droite sur ce pays de 9 millions d’habitants ont été marquées par une corruption de plus en plus visible et des liens renforcés avec les narcotrafiquants, que Xiamora Castro a dénoncés tout au long de sa campagne. Le président sortant, Juan Orlando Hernandez, JOH, était si proche des cartels de la drogue que même Washington avait fini par qualifier le Honduras de « narco-État ».

Au pouvoir, la droite a tout fait pour empêcher qu’on s’attaque à la pauvreté et à la corruption des classes dirigeantes, qui ont alimenté le poids des gangs et la violence dans ce pays et provoqué les vagues de dizaines de milliers de personnes voulant fuir la misère et l’absence de perspectives en prenant la route des États-Unis, perçus comme un Eldorado. Un scandale a marqué ceux qui se sont ralliés à la candidature de Mme Castro : celui de la surfacturation lors de l’achat de sept hôpitaux de campagne, destinés à lutter contre le coronavirus, et qui se sont révélés être en très mauvais état.

La gauche remporte donc la présidence, mais aussi les élections législatives et les municipales qui avaient lieu en même temps. La droite a dénoncé la nouvelle élue comme « communiste » Mais, pour l’emporter, celle-ci a dû élargir ses soutiens, obtenant notamment l’appui de milieux d’affaires. Elle a certes promis de mettre un terme aux « zedes », des zones d’emploi et de développement économique à la fiscalité et aux contraintes juridiques allégées. Celles-ci, qui ont surtout bénéficié aux narcotrafiquants, pourraient encore séduire des patrons plus traditionnels. Et la présidente pourra difficilement compenser ses éventuels reculs avec des réformes comme le droit à l’avortement, inexistant au Honduras, ou le mariage pour tous, car la droite a verrouillé les procédures pour de telles réformes.

Le succès électoral de Xiomara Castro ne suffira pas pour que les choses changent vraiment. Les verrous mis en place par les possédants rendent la vie des classes laborieuses insupportable et, pour les faire sauter, il faudra de grandes mobilisations populaires.18

 

Sources

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Honduras
(2) http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Honduras/124192
(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Honduras
(4) http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Honduras/124192
(5) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Honduras
(6) https://fr.wikipedia.org/wiki/Manuel_Zelaya
(7) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Honduras
(8) https://fr.wikipedia.org/wiki/Manuel_Zelaya
(9) http://cadtm.org/Honduras-Pourquoi-le-coup-d-Etat
(10) Bernard Duraud http://www.humanite.fr/monde/honduras-le-marasme-quatre-ans-apres-le-coup-d-eta-553705
(11) http://www.elcorreo.eu.org/Honduras-un-recent-rapport-montre-que-les-avancees-socio-economiques-de-Zelaya-ont?lang=fr
(12) Pedro Huaracya http://www.npa2009.org/content/honduras-la-droite-vole-%C3%A0-nouveau-le-pouvoir%E2%80%89
(13) Raphaël Dellavalle http://les-yeux-du-monde.fr/actualite/amerique/9503-le-honduras-capitale-du-crime
(14) J.F. https://journal.lutte-ouvriere.org/2017/12/06/honduras-le-dictateur-fabrique-lelection_100093.html
(15) https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lections_g%C3%A9n%C3%A9rales_honduriennes_de_2017#cite_note-7
(16) Gaëlle Regent https://journal.lutte-ouvriere.org/2018/10/24/honduras-migrants-en-lutte-pour-leur-survie_114455.html
(17) Cet article est traduit de la revue trotskyste américaine Class Struggle (n° 103, février-mars 2020)
https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2020/02/23/honduras-les-migrants-fuient-le-desastre-provoque-par-limperialisme-americain_141562.html
(18) Jacques Fontenoy https://journal.lutte-ouvriere.org/2021/12/15/honduras-la-gauche-remporte-lelection-presidentielle_191702.html