La Martinique

 

 

Les premiers peuplements de la Martinique

Les premières traces des Amérindiens à la Martinique ont été archéologiquement attestées du Ier siècle. Ces premiers habitants viennent d'Amazonie et sont de culture saladoïde, du nom du site éponyme vénézuélien de Saladero. Ils sont généralement qualifié d'arawaks bien que ce terme imprécis désigne plus largement une famille linguistique à laquelle se rattachent de nombreuses populations amérindiennes d'Amazonie dont les populations Kali'na ou Caraïbe.

Cette population produisant des céramiques extrêmement décorées a occupé surtout les contreforts de la Montagne Pelée. Ils pratiquaient l'agriculture, la pêche et la cueillette. Le site archéologique de Vivé, sur la commune du Lorrain, est caractéristique de cette première occupation de l'île.

 

Éruption précolombienne de la montagne Pelée

Le peuplement de la Martinique est marquée par une rupture liée à l'éruption de la montagne Pelée en 295 qui aurait décimé ou tout du moins forcé à l'exil les populations de l'île.

Les populations arawaks reviennent aux alentours de l'an 400 et ce serait vers 600 que les populations dites « caraïbes » seraient arrivées à leur tour dans l'île.

Ces populations plus récentes semblent s'installer, en revanche, préférentiellement dans la zone sud de la Martinique. Elles se rattachent à la culture suazoïde, du nom du site éponyme de Savane Suazey à la Grenade, et ont été pendant longtemps désignées sous l'appellation de « caraïbe ».

 

La « découverte » par les Européens et les débuts de la colonisation

On prête généralement la découverte de la Martinique à Christophe Colomb le 15 juin 1502, au cours de son quatrième voyage vers les « Indes ». Néanmoins, il semble probable que ce soit Alonso de Ojeda qui ait découvert l'île en premier lors de son expédition de 1499-1500.

Il existe ainsi des versions contradictoires sur la paternité du nom de l'île :

  • Il est probable que le premier nom avéré de l'île ait été attribué par un des géographes embarqué avec Ojeda (peut-être Juan de la Cosa) et qu'il s'agisse de Matinino (parfois transcrit Madinina qui signifierait l'île aux femmes et non l'île aux fleurs comme il est souvent admis), qui désignerait le nom d'une île mythique chez les Taïnos d’Hispaniola. Ce nom s'est ainsi retrouvé sur des cartes à cette époque mais comme Colomb avait par décret le monopole des découvertes des nouvelles Indes, il aurait rebaptisé l'île Martinica en 1502.
  • En langue Caraïbe, l’île était aussi appelée Ioüanacéra (formé du préfixe ioüana = iguane et du suffixe caéra = île) c'est à dire l'île aux iguanes.

 

 

Les débuts de la colonisation

Colomb lors de son quatrième voyage ne fit qu'un passage très bref dans l'île qui était occupée par les hostiles indiens Caraïbes. C'est plus d'un siècle plus tard, en 1635 avant que les premiers européens réussiront à s'installer durablement en Martinique.

La Martinique ne reste cependant pas sans contacts avec les Européens. Si les Espagnols délaissent ces îles qu'ils jugent trop petites et peuplées d'Indiens dangereux, les Hollandais, les Français et les Anglais y font souvent relâche pour faire aiguade (ravitaillement en eau), s'approvisionner en vivres, et commercer avec les Amérindiens.

Le 15 septembre 1635, le flibustier Pierre Belain d'Esnambuc débarque dans la rade de Saint-Pierre avec 150 colons français qui ont été chassés de l'île Saint-Christophe. Il installe ainsi la première colonie dans l'île, pour le compte de la couronne de France et de la Compagnie des îles d'Amérique. Les premiers établissements français en Martinique sont Le Fort Saint-Pierre (actuelle ville de Saint-Pierre) fondé par d'Esnambuc, et la ville du Fort-Royal (actuellement Fort-de-France) fondée par les gouverneurs De Baas et Blena.

 

Les premiers moulins à sucre de la famille Trézel

À la demande de la Compagnie des îles d'Amérique, le marchand de Rouen, d’origine hollandaise, Daniel Trézel a installé en 1640 le premier moulin à sucre de la Martinique, trois ans après que Peter Blower eut fait de même à l’île anglaise de la Barbade. Jacques Dyel, gouverneur du Parquet, exploitera pleinement cet apport une dizaine d'années plus tard en 1650, lorsque la Compagnie des îles d'Amérique sera ruinée et qu'il la rachètera pour 41 500 francs.

En 1654, selon le témoignage d'Antoine Biet, de retour de Guyane, les hollandais fuyant le Brésil sont accueillis plutôt en Guadeloupe, de laquelle il racontait le retour de trois bateaux venant du Brésil, que les hollandais venaient d'abandonner définitivement après dix années de combat contre les portugais, la période hollandaise de l'histoire du Pernambouc.

« Ils étaient environ 1200 parmi lesquels il n'y avait pas 50 hollandais naturels », « tous les autres étant métis ou esclaves nègres », qui « voulurent suivre » leurs maîtres, écrit-il en 1664 dix ans après, dans un témoignage indirect, le seul du passage des hollandais, sujet à caution car le gouverneur Houel avait besoin de légitimer alors développement de l'esclavage.

Les plus riches des hollandais avaient cependant fui le Brésil dès les années 1640. Au Brésil, les planteurs portugais se soulèvent contre les Hollandais dès 1642, et Fernandès Vieira gagne deux batailles importantes en 1645. En 1636, les premiers esclaves furent tous vendus à crédit mais en 1644 et 1645, la proportion vendue au comptant passe à respectivement 78 % et 100 %, reflet de l'appréhension des hollandais, qui sentent que le Brésil va leur échapper très prochainement.

 

Les conflits avec les indiens caraïbes

L'installation et l'expansion des Français ont créé tensions et un conflit continu avec les autochtones. Avec la mort du gouverneur du Parquet éclate la guerre de 1658 contre les indiens caraïbes.

Plus de 600 français se regroupent avec la bénédiction des prêtres de l'île pour attaquer les Caraïbes dans leurs territoires réservé par l'accord de paix du 21 décembre 1657 avec la volonté d'éliminer toutes présences indigènes dans l'île. Les Caraïbes sont massacrés et perdent les derniers territoires qui leur étaient réservé. Les survivants se réfugieront dans les îles de Saint-Vincent et de la Dominique. De là, ils organiseront par la suite plusieurs expéditions punitives contre les colons dans les îles voisines.

Cette victoire stimule la colonisation française plus à l'est, incarnée par Pierre Dubuc de Rivery, qui fonde une dynastie de planteurs de sucre. Organisateur d'une milice dans le bourg de Trinité pour repousser les caraïbes, il reçut en 1671 des terres à défricher, allant de la presqu'île de la Caravelle au bourg de Trinité. La famille du Buc y construisit 7 sucreries. En 1671, la canne à sucre est encore peu développée en Martinique : elle occupe deux fois moins de terre que la culture du tabac, pratiquée par de nombreux petits colons blancs, sur des plantations nécessitant très peu de capitaux.

Les Amérindiens sont peu à peu repoussés ou chassés. Cependant, une frange de cette population « caraïbe » demeure sur place dans un fort état d'acculturation se fondant petit à petit dans le reste de la population.

 

Guerres entre empires européens : compétitions dans les Antilles

Le XVIIe siècle est marqué par de nombreux conflits en Europe. Les alliances se font et se défont entre les grandes puissances et les Antilles sont le théâtre de nombreux affrontements.

Alors que la paix anglo-néerlandaise vient d'être signée, l'imposante flotte hollandaise de l'Amiral de Ruyter attaque la Martinique le 19 juillet 1674. Les Hollandais débarquent mais, bien qu'ils soient beaucoup plus nombreux, sont vaincu lors de la bataille du Fort-Royal également appelée bataille du rhum. Cette débâcle et la victoire française lors de la guerre de Hollande marquent la fin des velléités coloniales hollandaises en Amérique.

La lutte se concentre entre les Français et les Anglais (et, après 1707, date de la fondation du Royaume-Uni, les Britanniques). Tous les grands conflits européens ont leur composante caraïbe. C'est notamment le cas de la guerre de Sept Ans qui vaudra à la France la perte de nombreuses possessions au profit de la Grande-Bretagne. La Martinique deviendra ainsi, par deux fois, possession britannique, mais pour d'assez courtes périodes. Elle restera définitivement française après 1816.

Au XIXe siècle, l’activité économique de la Martinique bénéficie de la perte par la France de Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti et la République dominicaine), principale colonie française des Antilles au XVIIIe siècle. Saint-Pierre, capitale de la Martinique et principale ville des Antilles au XIXe siècle, connaît alors une prospérité que seule l’éruption volcanique catastrophique de la montagne Pelée du 8 mai 1902 viendra interrompre, et dont elle ne se remettra jamais complètement.

 

L'instauration de l'économie sucrière par l'esclavage

Durant les premières décennies de l'occupation française, l'île est productrice de denrées coloniales fournissant de forts profits : tabac (petun), roucou, indigo, cacao, le tabac de la Martinique étant alors très apprécié. La crise du tabac de la seconde moitié du XVIIe siècle ruine les premiers planteurs qui se tournent vers la production de sucre. La monoculture de la canne à sucre va bientôt modeler le paysage et devenir partie intégrante de la culture créole. Elle dominera l'économie du pays jusqu'à la seconde moitié du XXe siècle.

La culture de la canne à sucre telle qu'elle est pratiquée dans « l'habitation sucrière » demande une importante main-d'œuvre que la métropole ne peut fournir. Si la culture du tabac ou de l'indigo avait pu se faire avec les « engagés », la traite d'esclaves noirs provenant des côtes de l'Afrique est avancée comme unique solution susceptible de fournir les effectifs nécessaires à la culture de la canne à sucre.

Les engagés venaient sous contrat avec un planteur pour une durée de trois ans (d'où leur surnom de « trente-six mois »). Le planteur couvrait les frais du voyage et exigeait ensuite de l'engagé un travail semblable à celui de la main d'œuvre servile. Mais, à la différence de l'esclave, s'il réussissait à survivre aux terribles conditions de vie et de travail qui lui étaient imposées, l'engagé recouvrait sa liberté à l'issue des trois années de son contrat et se voyait allouer une terre lui permettant de devenir à son tour planteur.

La culture de la canne est synonyme de traite négrière par le commerce triangulaire (Europe, Afrique, Amérique) ou plus souvent en « droiture », entre les ports français (Bordeaux, Nantes) et la colonie. Par manque chronique d'espèces métalliques, le troc domine, tandis que la piraterie maintient le danger, même au cours des périodes de paix.

 

L’esclavage se développe à partir de la période 1671-1674

Le père Labat décrit dans ses ouvrages la société esclavagiste du XVIIe siècle. Les pratiques religieuses et militaires européennes y sont jugées plus ritualisées et ordonnancées que celle des amérindiens. Des « engagés » blancs de 36 mois sont utilisés pour la fortification de l'île. Une fois affranchis, ils obtiennent des lopins de terre. Les plus riches planteurs recherchent alors une nouvelle main d'œuvre meilleur marché, en s'inspirant du succès des planteurs de sucre de la Barbade, où une élite militaire proche de la dynastie Stuart a importé des esclaves noirs en masse.

En 1638 l'administration refuse le droit à un capitaine de la Martinique de s'approvisionner en esclaves en Afrique. Les premiers trafics d'esclaves via les hollandais touchèrent la Martinique vers 1641. La culture du sucre fut tentée en Martinique dès les années 1640, en s'inspirant de la réussite de la Barbade, mais sans succès. Il faut attendre les années 1650 pour qu'elle s'implante, et plus lentement qu'ailleurs. Les indiens Caraïbes résistent plus longtemps qu'à la Guadeloupe où un traité fut signé dès 1641 par Charles Liènard de l'Olive pour les déporter à la Dominique. Mais les esclaves noirs n'arrivent pas assez vite, faute de filière pour la traite négrière, alors pratiquée, à petite échelle, par les seuls hollandais. Le sucre est une culture violente, qui nécessite de grandes propriétés et consomme des esclaves jeunes, rapidement épuisés au travail intensif de la coupe et du transport des cannes, effectué sous la menace du fouet. Leur espérance de vie étant ainsi basse, il faut régulièrement les remplacer par de nouvelles recrues...

L'explosion du nombre d'esclaves correspond aux décisions prises à Versailles par Louis XIV entre 1671 et 1674 pour favoriser la culture du sucre au détriment de celle du tabac. Entre 1674 et 1680, le nombre d'esclaves en Martinique double. Entre 1673 et 1700, il a déjà sextuplé.

 

Les années 1680 : explosion du nombre d'esclaves à la Martinique et à la Guadeloupe

Le nombre d'esclaves baisse après 1664 dans les deux îles. La Guadeloupe, défrichée dès les années 1640 et contrôlée par un seul propriétaire, avait en 1660 environ 6 000 esclaves soit deux fois plus que les 3 000 de la Martinique, qui met les bouchées doubles à partir de 1674 et prend l'avantage dès 1680.

La population d'esclaves martiniquais diminua d'abord, dans les neuf années qui suivent la création en 1664 de la Compagnie des Indes occidentales de Colbert. Son remplacement en 1673, par la compagnie du Sénégal entraîne au contraire une multiplication par 4,5 dans les 14 années qui suivent. De 1687 à 1700, la progression se poursuit, mais plus lentement (+32 % en 13 ans), selon L'Administration des finances en Martinique, 1679-1790, de Gérard Marion.

En Martinique, les planteurs ne possédaient toujours que 2 400 esclaves en 1673, contre 2 700 dix ans plus tôt en 1664, au moment de la création de la Compagnie des Indes occidentales. Le Roi et les grands planteurs reprochent à cette compagnie « fourre-tout » de se disperser en Nouvelle-France (présent Québec) et d'être peu efficace dans la traite négrière.

Louis XIV abolit donc en 1671 le monopole de la Compagnie des Indes occidentales. La traite négrière est alors ouverte à tous les ports français, pour la doper par la concurrence. La Compagnie des Indes occidentales, en faillite, est dissoute en 1674. La Guadeloupe et la Martinique passent sous l'autorité directe du roi Louis XIV, qui pousse la culture de la canne à sucre, plus gourmande en capitaux mais beaucoup plus rentable, en donnant des terres à des officiers supérieurs en Martinique, où le sucre est alors moins développé qu'à la Guadeloupe.

En Guadeloupe aussi, les planteurs de sucre se plaignent de la Compagnie des Indes occidentales : leur population d'esclaves a diminué de 40 % en 7 ans, passant de 6 323 personnes en 1664 à 4 627 en 1671. La diminution se poursuit dans les années 1670 : la Guadeloupe ne compte plus que 2 950 esclaves en 1680, deux fois moins qu'en 1664, car la « privatisation » de la traite négrière après 1674 bénéficie surtout à la Martinique. La Guadeloupe suit, avec un temps de retard, à partir de 1680, le nombre d'esclaves doublant en 20 ans pour atteindre 6 587 en 1700, puis 9 706 en 1710, selon Histoire et civilisation de la Caraïbe de Jean-Pierre Sainton et Raymond Boutin.

Louis XIV avait croisé dès 1669 la veuve Scarron, marquise de Maintenon, dite « la belle indienne » car elle a passé son enfance en Martinique. Le roi prête aussi l'oreille à son ministre de la Défense, Louvois qui dirige la coûteuse guerre de Hollande (1672-1676), contre l'avis de Colbert et contre les Pays-Bas, détenteurs de l'asiento.

Ce monopole d'importation d'africains est concurrencé par la création en 1673 de la Compagnie du Sénégal, dirigée par le célèbre amiral Jean-Baptiste du Casse, dans le sillage de la Compagnie Royale d'Afrique, fondée en 1672 par le duc d'York Jacques Stuart, cousin de Louis XIV et futur roi d'Angleterre. La Compagnie du Sénégal, comme la Compagnie de Guinée qui lui succède en 1700, institue la traite négrière à grande échelle.

L'investissement des Français et des Anglais dans le commerce triangulaire, massif et simultané, fait flamber le prix des esclaves, alimentant de nouvelles filières. Il contribue à l'essor des ports français de Nantes et de Bordeaux, il fait en même temps baisser le coût du transport des esclaves au profit des planteurs de sucre. Les forts se multiplient sur le littoral africain. Dans les sept années qui suivent la création de la Compagnie du Sénégal, le nombre d'esclaves double en Martinique. En 25 ans, il sextuple. La Guadeloupe est rattrapée et dépassée.

 

Les planteurs de sucre chassent les producteurs de tabac

La spéculation immobilière sur les terres à sucre éjecte les Blancs les moins fortunés, par ailleurs pénalisés par la ferme du tabac. Sa création en 1674 par Louis XIV entraîne la ruine rapide du tabac français. Le tabac produit en Virginie par les grands planteurs jacobites comme William Berkeley, moins taxé, profite de la contrebande. La Virginie passe de 2 000 esclaves en 1671 à 110 000 en 1750. Selon Fernand Braudel, les exportations de tabac de la Virginie et du Maryland sextuplent entre 1663 et 1699 avec le « passage du travail des Blancs à la main d'œuvre noire », qui provoque la révolte de Nathaniel Bacon.

Le premier client de la Compagnie du Sénégal est le plus riche planteur de sucre de la Martinique : le capitaine Charles François d'Angennes, marquis de Maintenon, gouverneur de Marie-Galante depuis 1678, lui commande 1600 esclaves en 1679. Il a le monopole du commerce sucrier avec le Venezuela espagnol et habite au Prêcheur, près de Case Pilote, deux paroisses jésuites, où vivent le quart des esclaves de Martinique en 1680.

Le Roi précipite en 1680 l'histoire de la culture des plantes sucrières en donnant terres et titres de noblesse à tout planteur qui installe sur ses terres plus de cent esclaves, comme l'intendant Jean-Baptiste Patoulet, ou le capitaine de milice Antoine Cornette. Autre grand planteur en 1683, Nicolas de Gabaret, qui intègre la Liste des gouverneurs de la Martinique en 1689, associé de Charles François d'Angennes dans la raffinerie de à Mouillage. L'amiral Jean-Baptiste du Casse assure la livraison de main d'œuvre. Dès 1680, on recense 99 plantations de plus de 20 esclaves, cinq fois plus qu'en 1669.

Entre 1674 et 1692, le nombre de sucreries double. Saint-Pierre de la Martinique devient la capitale des Antilles françaises. Les esclaves les plus jeunes et les plus résistant sont réservés à l'élite de grands planteurs nobles. Le code noir de 1685 limite le métissage et réglemente la torture des esclaves.

Le 1er novembre 1755, la Martinique et les Petites Antilles sont balayées par le tsunami provoqué par le Tremblement de terre de Lisbonne. Les communes de La Trinité, de Fort-Royal et du Lamentin sont les plus touchées.

 

Guerre de Sept Ans

La Martinique est attaquée une première fois par les Anglais en 1759 puis une seconde fois en 1762. Fort-Royal et la colonie tombent aux mains des Anglais le 12 février 1762. Elle est rendue à la France un an plus tard suite à la signature du Traité de Paris.

En 1778, la France s'associe avec les fraîchement proclamés États-Unis d'Amérique pour prendre sa revanche sur la Grande-Bretagne après la guerre de Sept Ans.

 

L'abolition ratée

À la veille de la Révolution française en 1788, Brissot crée la Société des amis des Noirs à Paris. Malgré les efforts de ses membres les plus éminents comme l'abbé Grégoire ou Condorcet, elle ne peut obtenir l'abolition de l'esclavage auprès de la Constituante. La déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 tout comme la Constitution de 1791 tolère l'esclavage.

Dès 1789, la Martinique est déchirée entre le pouvoir officiel révolutionnaire soutenus par les Pierrotins (habitants urbains de Saint-Pierre) et les békés (grands planteurs blancs), partisans de la royauté.

En août 1791, débute l'insurrection des esclaves dans le nord de Saint-Domingue.

Le 4 avril 1792, l'assemblée législative française élève au rang de citoyen tout homme de couleur libre et envoie le commissaire Rochambeau en Martinique pour faire appliquer cette loi. L'Assemblée de la Martinique, qui s'intitule désormais Assemblée Constituante de la Martinique, accepte de promulguer cette loi. Elle refuse, en revanche, de laisser débarquer Rochambeau et ses hommes.

Plus tard, la Martinique entre en insurrection et arbore la cocarde blanche. Les patriotes abandonnent la colonie et se réfugient à la Dominique. Le 1er décembre 1792 arrive le capitaine de vaisseau Lacrosse chargé par la Convention de faire triompher la République toute récente ; la guerre éclate. Dubuc, leader des royalistes martiniquais se rend à Londres. Lacrosse, lui, se rend à Sainte-Lucie qui est fidèle à la République et rallie les hommes de couleurs libres à la Révolution.

L'Assemblée de la Martinique reconnaît la République le 9 janvier 1793, le gouverneur Béhague et les royalistes s'enfuient. Le roi est guillotiné le 21 janvier. Rochambeau, nommé gouverneur de la Martinique en janvier y arrive le 3 février. Il s'installe à Fort-Royal, rebaptisée Fort-République ou République-ville, et dissout l'Assemblée coloniale. Il ferme tous les ports de l'île au profit de Saint-Pierre. Cette attitude écarte du régime de nombreux planteurs qui étaient disposés à se rallier à la République. Certains émigrent et vont renforcer le parti des royalistes émigrés à Trinidad. Ces émigrés tentent avec l'appui des Britanniques de reprendre la Martinique. La flotte britannique se présente le 7 mai 1793 devant Case-Navire, mais son action mal coordonnée n'aboutit pas. Rochambeau prend des mesures d'exception.

Le 29 août 1793, Sonthonax décrète l'abolition de l'esclavage à Saint-Domingue.

Le 16 septembre 1793, les propriétaires blancs de l'île s'insurgent et entament une contre-révolution royaliste. La Convention abolit l'esclavage sur tout le territoire national par le décret du 4 février 1794. Le 6 février 1794, la flotte britannique du Lieutenant général Grey, forte de 16 000 hommes, bloque la Martinique. Rochambeau s'enferme avec quelques hommes dans les forts de la République et de la Convention. Résolu à se défendre, il repousse les ultimatums des Britanniques et soutient un siège de 43 jours. Saint-Pierre est prise par les Britanniques le 16 février, sans que l'abolition de l'esclavage décidée par la Convention le 4 février n'ait pu entrer en vigueur. Le Traité de Whitehall est signé avec les anglais par les colons royalistes mené par Dubuc le 19 février.

 

La Martinique et les guerres du Premier Empire

Le 21 mars 1794, la domination militaire de l'île par la couronne britannique est totale. L'esclavage est maintenu et l'ordre établi en échange de la très lucrative fiscalité sur le sucre. Ce pacte avec les britanniques dure de 1794 à 1802.

L'île redevient française le 25 mars 1802 dans le cadre de la Paix d'Amiens mais l'esclavage est maintenu et est même rétabli sur tout les territoires de la République par Napoléon via la Loi du 20 mai 1802. Les mariages mixtes sont entravés du fait d'une réapplication progressive du Code noir par Richepanse, notamment à partir de son arrêté du 17 juillet 1802 retirant la nationalité française aux noirs et « gens de couleurs ».

 

Occupation anglaise de 1809-1814

La Paix d'Amiens est rompue dès 1803, et les combats reprennent aux Antilles. Après la prise de Sainte-Lucie et de Tobago, la flotte anglaise impose un blocus des côtes de la Martinique et tente un débarquement en novembre 1803. L'attaque échoue, mais les britanniques s'emparent du Rocher du Diamant qu'ils fortifient. En 1805, le regroupement des flottes franco-espagnoles en provenance d'Europe et destinées à la conquête de l'Angleterre s'effectue à la Martinique.

En avril 1805, le rocher est repris à l'initiative de l'amiral espagnol Gravina lors de la bataille du Rocher du Diamant. Néanmoins la flotte combinée fuit peu après devant l'arrivée de Nelson.

Le 30 janvier 1809, le général Beckwith et 12 000 hommes débarquent en Martinique et assaillent Saint-Pierre qui est évacuée. Les Anglais provoquent la désertion de masse, en menaçant les colons qui combattent avec les Français de faire confisquer tous leurs biens. Le 2 février, ils prennent Fort-de-France et assiègent le Fort Desaix où les forces françaises se sont réfugiées. Villaret de Joyeuse capitule le 24 février. L'année suivante, c'est au tour de la Guadeloupe de tomber.

Les britanniques favorisent les colons en maintenant l'ancien régime esclavagiste. En raison du blocus continental, le sucre ne peut être exporté qu'en 1813. Les esclaves et les mulâtres, hostiles à l'occupant, se révoltent en 1811. La répression anglaise est terrible.

Napoléon est vaincu, mais la Martinique, comme la Guadeloupe sont rétrocédées à la France, contrairement à Tobago et Sainte-Lucie, par le Traité de Paris le 30 mai 1814.

Le 11 janvier 1839, la Martinique est secouée par un tremblement de terre majeur qui, cumulé à un incendie, ravage la ville de Fort-de-France. Quatre ans plus tard, le 8 février 1843, un autre séisme majeur fait de gros dégâts dans l'île.

 

L'abolition de l'esclavage

Ce n'est que le 27 avril 1848 que Victor Schœlcher, alors sous-secrétaire d'État à la Marine et aux Colonies de la Seconde République, appose sa signature au bas du décret mettant officiellement fin à l'esclavage. Avant même que la nouvelle n'arrive, les esclaves martiniquais se sont révoltés le 22 mai et obtiennent l'abolition de l'esclavage par le gouverneur Louis de Rostoland le 23 mai.

En 1848, la population de Martinique comptait à la veille de l'abolition 121 130 habitants, répartis comme suit : 9 542 Blancs, 38 729 affranchis et 72 859 esclaves.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la Martinique fut concernée par de nouvelles immigrations. La plantocratie locale, soucieuse de renouveler la main d'œuvre après l'abolition de l'esclavage, suscita l'arrivée dans l'île de 37 008 engagés sous contrat : 25 509 Indiens venant de Pondichéry, Madras et Calcutta, 10 521 Congos (engagés venus d'Afrique) et 978 Chinois en provenance de Shanghai et Guangzhou (Canton ).

Aux chiffres de l'immigration officielle, il faut rajouter 119 Indiens arrivés de la Caraïbe anglaise, et 6 Chinois en provenance vraisemblablement des mêmes îles. Il convient enfin de mentionner pour mémoire, la venue à la même période de quelques centaines de Madériens et d'Européens.

Les Chinois, quant à eux, se sont rapidement intégrés à la population locale en abandonnant rapidement les champs de cannes pour se tourner vers le commerce.

Sur 10 521 Congos, il n'y eut en effet que deux à retourner en Afrique. Au 31 décembre 1900, secondes générations comprises, il restait 5 345 Congos, soit près de treize fois plus que les 432 Chinois, qui n'eurent qu'un rapatrié. Les Indiens comptèrent 11 951 rapatriés.

La Martinique n'a alors jamais connu de graves tensions inter-ethniques malgré son passé très mouvementé et les différentes communautés vivent en relative harmonie.

Contrairement à beaucoup d'idées reçues, il y a toujours eu des Amérindiens aux Antilles françaises. Cependant à partir du milieu du XIXe siècle, les Amérindiens ont été de plus en plus confondus avec les immigrants asiatiques à cause de leur ressemblance physique très proche.

 

L’éruption de la montagne Pelée de 1902

L'éruption de la montagne Pelée en 1902 a durablement marqué les esprits. Le 8 mai 1902, une terrible éruption provoquant la formation d'une nuée ardente tue tous les habitants de Saint-Pierre (à l'exception d'un prisonnier du nom de Louis-Auguste Cyparis, ou Sylbaris, sauvé par l'épaisseur des murs de son cachot) et des environs de la ville (30 000 morts). Le 30 août suivant, alors qu'un géologue s'était déplacé de Paris et avait prévenu du danger d'une nouvelle éruption, une nuée ardente tua encore 1 300 personnes au Morne Rouge.

 

An tan Robèn la Seconde Guerre mondiale

À la suite de la débâcle de l'armée française en juin 1940, le maréchal Pétain nomme l'amiral Georges Robert, Haut commissaire de la France aux Antilles. Dès lors, il devient le représentant du régime de Vichy en Martinique, où il est en poste.

Il gère la situation des possessions françaises face aux intérêts britanniques et surtout américains. Avec ces derniers, il obtient une sorte d'arrangement à l'amiable qui cantonne les possessions françaises d'Amérique dans une certaine neutralité et entend préserver ainsi la souveraineté nationale sur les colonies. Il veillera aux réserves d'or de la Banque de France entreposées provisoirement au fort Desaix à Fort-de-France.

L'amiral Robert impose un régime de rigueur et de répression accaparant les rares ressources disponibles et en particulier la nourriture qui n'arrivait dans l'île que via les ravitaillements américains. L'absence de commerce avec la métropole entraîna une pénurie quasi générale et une disette chronique. Les produits de première nécessité comme la farine, la viande salée, le savon, le tissu firent défaut et furent remplacés tant bien que mal par des productions locales. La mortalité infantile crût de façon dramatique.

L'amiral Robert était un collaborateur zélé qui affichait clairement son mépris des populations de couleur. Il a tout fait pour empêcher le ralliement des Antillais et des Guyanais aux forces françaises libres multipliant les exactions contre les dissidents. Pourtant de nombreux Martiniquais ont rejoint par des moyens de fortunes, les îles anglaises de la Dominique et de Sainte-Lucie pour ensuite renforcer les troupes du général de Gaulle en Angleterre.

Il quitte contraint et forcé l'île en juillet 1943. Le pouvoir est aussitôt remis entre les mains d'Henri Hoppenot - alors ambassadeur de la France combattante à Washington - et du nouveau gouverneur de la Martinique, Louis Ponton, venu d'Afrique équatoriale.

Les aînés martiniquais évoquent encore cette période en disant « an tan Robè », c'est-à-dire « du temps de Robert »1

 

4 Mars 1948 : la répression sanglante du Carbet

Pour comprendre ce qui s’est passé ce jour là, il est impératif de contextualiser cet événement en brossant un tableau de la situation de l’île à cette époque.

Il faut se remémorer, durant la seconde guerre mondiale, la Martinique, comme d’autres colonies a largement pourvu à l’effort de guerre, nombre de Martiniquais et Guadeloupéens sont entrés en dissidence, ils sont partis renforcer les rangs des troupes de l’armée française de libération, et aussi la Martinique a été contrainte de vivre une période drastique particulièrement traumatisante, car coupée de la métropole qui ne peut plus la ravitailler, ni exporter sa production, la Martinique se retrouve confrontée aux pénuries, aux rationnements et les files s’allongent devant les magasins.

Au lendemain de la guerre, la Martinique est exsangue, en proie à une situation de délabrement économique et social des plus atroce.

L’excèdent naturel annuel qui est de l’ordre de 2 993 à cette époque, est loin d’être un atout, un élément dynamique grâce auquel la Martinique pourrait se développer.

La population active comptabilisant 73 000 travailleurs, est majoritairement employée dans le secteur agricole (41 422), ceci contribue à expliquer la raison pour laquelle, le tissu industriel est quasi-inexistant, en outre, en 1948, l’industrie est axée sur la distillation de la canne à sucre, ainsi l’industrialisation est étroitement liée et dépendante de l’agriculture coloniale, aux conditions de travail pénibles, aux conditions salariales peu rémunératrices pour les ouvriers agricoles.

À côté de cette agriculture industrielle et coloniale, jouxte tant bien que mal, ce que l’on pourrait englober dans un secteur tertiaire restreint, à savoir les fonctionnaires, les artisans, les commerçants et les professions libérales.

Par-dessus cet état de fait marqué par de fortes tensions sociales, se greffe une situation de sous-développement dramatique du pays.

La société est foncièrement inégalitaire, il y a un important clivage entre la minorité possédante (essentiellement béké) et la majorité de la population réduite à une misère économique et sociale insupportable.

Le gros de la population se compose de familles nombreuses, vivant entassées dans des cases d’une à deux pièces, dans des quartiers populaires qui ont des allures de taudis, les infrastructures sanitaires sont absentes, les hôpitaux sont d’une grande insalubrité, d’une grande pauvreté et le dénuement y est tel, que l’on est obligé d’amasser les bébés par 3 ou 4 dans des caisses en bois en guise de berceaux, les écoles sont aussi dans un état pitoyable avec des locaux exigus et sordides.

Face à cela, le peuple a réagi et une lutte s’est alors engagée sur un plan social et politique, impulsée par des forces populaires s’appuyant sur les syndicats d’une part (la CGT, la Fédération des syndicats de fonctionnaires) et sur les partis politiques d’autre part, principalement le parti communiste (PC) et son organe de presse Justice.

Ces éléments moteurs estimaient qu’il fallait passer par la lutte pour extirper le pays de la pauvreté.

Mais en 1948, l’histoire des relations internationales où l’on verra le bloc capitaliste et communiste s’affronter dans une répartition bipolaire du monde, venir influer sur l’histoire martiniquaise.

En effet, sept mois auparavant, le 23 août 1947, débarque le tout premier préfet de l’histoire de la Martinique, M. Pierre Trouillé, de nombreux espoirs sont fondés par la population, mais c’est en vain, car le préfet n’a été nommé pour apaiser les tensions sociales, ni pour améliorer le quotidien des Martiniquais, il était au contraire mandaté pour enrayer par tous les moyens possibles les révoltes sociales et contrer les éléments communistes.

Ainsi, en Martinique à cette époque, il y avait deux camps qui s’opposaient, d’un côté, les aspirants aux changements en matière de protection sociale et de droits du travail, c’est-à-dire la population noire dans sa grande majorité, et de l’autre coté, les possédants, la population blanche, notamment les békés partisans du statut-quo, ils ont un allié de poids en la personne du préfet Trouillé.

Les forces progressistes s’inscrivent dans une logique dictée par l’urgence de leur condition, alors que les autres ont plutôt intérêt à ce qu’il y ait peu d’évolution.

Ces deux logiques antagonistes ont conduit aux événements du 4 mars 1948.

Les faits ont comme localisation initiale l’habitation Lajus au Carbet, un domaine colonial racheté en 1919 par Jaques Bailly sur lequel il a transféré sa distillerie de l’habitation Dariste en 1921 par autorisation du gouverneur, une mutation agro-industrielle loin d’avoir été anodine puisque c’est dans cette distillerie où ont été réalisés les tous premiers rhums vieux de la Martinique.

Mais en 1948, les coupeurs de cannes de la plantation Lajus, qui depuis janvier ne sont payés que partiellement, réclamaient au 1er mars que les dispositions, prises un an auparavant pour la coupe de la canne, dans les pièces encombrées d’herbes hautes et de lignes, soient mises en application.

Le distillateur J.Bailly leur a opposé une fin de non recevoir et a exclu un aménagement prévoyant une diminution du travail en la matière et encore moins d’en modifier à la hausse son coût. Ce qui revenait à s’opposer ni plus ni moins à l’application d’une mesure légale.

Ce refus a entraîné la cessation immédiate du travail de tous les ouvriers agricoles de la plantation, un arrêt jugé comme une impudence par le gros distillateur qui en guise de négociation à fait mander les forces de l’ordre, leur enjoignant de ne pas hésiter à faire usage de leur armes à feu sur les grévistes.

Le 4 mars, après trois jours de grève où chacun campaient sur ses positions, J.Bailly change de tactique et invite ses ouvriers à venir à l’habitation Lajus percevoir le complément de leur solde.

Les syndicats perçoivent cela comme une machination, un appeau patronal, mais ils ne peuvent empêcher les travailleurs grévistes d’aller recevoir le salaire qui leur est dû.

À 18 heures l’opération achevée les ouvriers regagnent le bourg, ils cheminent le long de la RN2 quand ils croisent sur leur route une jeep provenant de Saint-Pierre et ayant à son bord une dizaine de gendarmes environ.

En arrivant à hauteur d’un gréviste et de son épouse restés en arrière du groupe, les gendarmes stoppent alors leur véhicule et s’acharnent à coups de crosses sur André Jacques. Ils se livrent à un passage à tabac en règle, Yvonne Jacques tente de venir en aide à son mari, elle se fait tirer dessus, la balle l’atteint à la jambe.

Le bruit des déflagrations alerte les ouvriers qui rebroussent chemin et interviennent pour prêter assistance à leurs camarades.

Le frère du molesté, Henry Jacques tente de désarmer le tireur, mais il est mis en joue par les gendarmes et abattu.

Ce soir là les balles ont fusées au Carbet tuant trois personnes, les deux frères Jacques et Mathurin Dalin et blessant grièvement deux autres personnes, madame Jacques et André Balmer.

Ces événements ont été relatés dans le journal Justice, faisant exception dans une presse peu loquace mais cette dénonciation déplaira fortement au préfet Trouillé qui fera en sorte que les journalistes des articles soient condamnés pour "diffamation" à six mois de prison et le journal à 100 000 francs d’amende.

Néanmoins, cette fusillade a consterné la population martiniquaise, le petit peuple martiniquais, c’est même dit, qu’à l’époque de l’amiral Robert pendant la seconde guerre mondiale (An tant Robè), on n’avait pas osé tirer sur des travailleurs, mais c’était oublier les précédents de 1900 au François (10 morts) et de 1925 à Bassignac à Trinité (2 morts).

Les luttes ouvrières martiniquaises sont parsemées de cadavres, les békés ne sont pas privés afin de protéger leurs intérêts faire appel à la gendarmerie ou de recourir à leurs sbires et spadassins pour éliminer, ceux qu’ils estimaient gênant à la bonne marche de leurs affaires et ce 4 mars 1948 a été en Martinique une autre journée marquée par la répression sanglante des forces coloniales, et à nouveau ce même Trouillé 3 ans plus tard, le 7 mars 1951 donnera l’ordre à ses gendarmes de tirer sur la foule.2

 

L'assimilation et la course vers l'égalité de droit

La situation des Martiniquais après guerre est misérable. La Loi de départementalisation de 1946, défendue par le jeune député martiniquais Aimé Césaire, proclame l'assimilation des citoyens martiniquais à la nation française, instituant une forme de décolonisation inédite.

Ce n'est qu'en 1996 sous la présidence de Jacques Chirac que les Martiniquais obtiennent une égalité de droit complète avec les Français de métropole et l'accès complète aux mêmes aides sociales. Le SMIC ultramarin est aligné sur celui de France métropolitaine.

Le 20 décembre 1959, un banal accrochage entre un automobiliste métropolitain blanc et un motocycliste noir déclenche 3 jours d'émeutes à Fort-de-France. Ces émeutes font 3 morts et ébranlent durablement les Martinique.

Dans le cadre d'un appareil répressif plus vaste dans un contexte tributaire de l'effervescence des événements d'Algérie, le 15 octobre 1960 est prise l'ordonnance Debré qui autorise les pouvoirs publics français à procéder à l'exil forcé en métropole des fonctionnaires de l'Outre-Mer soupçonnés par le pouvoir gaulliste d’encourager à la subversion et à l’agitation anticolonialiste par leur prises de position. Cette ordonnance, condamnée par le Conseil d'État, sera abrogée que le 10 octobre 1972.

En mars 1961, les ouvriers agricoles de l'île se mettent en grève pour réclamer des augmentations du salaire et une amélioration des conditions de travail. Le 24 mars, trois responsables syndicaux sont arrêtés dans la matinée. Devant les protestations, les syndicalistes sont relâchés le soir même, quand les gardes mobiles décident de tirer sans somations sur la foule devant l'église du Lamentin. Cet épisode, resté dans l'histoire sous le nom de la fusillade du Lamentin, fait trois morts et de nombreux blessés. À cette occasion, Georges Gratiant, maire communiste du Lamentin, prononce le célèbre « discours sur les trois tombes » pour dénoncer la répression coloniale. En avril 1961 à Paris est créé le Front antillo-guyanais pour l'autonomie (FAGA) entre autres par Édouard Glissant et Marcel Manville, qui seront tous deux interdits de séjour dans leur île.

Le 14 octobre 1962, sous l'impulsion de quelques étudiants, est créé l'Organisation de la Jeunesse Anticolonialiste Martiniquaise (OJAM). Le 23 décembre, le Manifeste de l'OJAM est placardé sur tous les mûrs de l'île afin de commémorer les émeutes de 59. Les 18 jeunes auteurs de ce manifeste sont arrêtés, emprisonnés à Fresnes et accusé d'atteinte à la sûreté de l'État. Ils sont jugés, lors d'un procès politique en 1964 qui se soldera par un acquittement général.

Dans le même temps, le BUMIDOM est créé en 1963 pour favoriser l'émigration des habitants des départements d'outre-mer vers la France métropolitaine.

Le 14 février 1974, les gardes mobiles métropolitains s'attaquent à des ouvriers agricoles de la banane qui font grève au lieu-dit Chalvet à Basse-Pointe, occasionnant de nombreux blessés par balles et un mort. Deux jours plus tard, le corps d'un étudiant de 17 ans - Georges Marie-Louise - tué par les forces de l'ordre est retrouvé abandonné non loin, provoquant de nouvelles manifestations qui se soldent par une augmentation de salaires mais laissent un souvenir marquant. Au début des années 1980, plusieurs attentats à la bombe sont perpétrés contre des bâtiments de l'État français en Martinique - le siège de Radio France Outre-Mer, Palais de Justice, gendarmerie... - revendiqués par l'Alliance révolutionnaire caraïbe.

L'indépendantiste Alfred Marie-Jeanne, membre du Mouvement Indépendantiste Martiniquais fondé en 1978, est élu député en 1997 puis président du conseil régional de la Martinique l'année suivante.

 

En 2003, une évolution institutionnelle été envisagée, dans laquelle le conseil régional et le conseil général fusionneraient en une institution unique. Cette proposition a été rejetée à 50,48 % (abstention 56,06 %) par le referendum du 7 décembre 2003.

 

Le 16 août 2005, un crash d'un vol charter de la compagnie colombienne West Caribbean entre le Panama et la Martinique. L'avion un MD80 avec à son bord 160 passagers dont 152 martiniquais s'écrasait après quelques heures de vol à proximité de la ville de Machiques au Venezuela. Cet accident d'avion avait provoqué une grande émotion au sein de la population martiniquaise.3

 

 

Grève générale aux Antilles françaises en 2009

La grève générale a commencé dans le département d'outre-mer de la Guadeloupe le 20 janvier 2009, et s'est étendue à l'île voisine de la Martinique le 5 février 2009. Les deux DOM font partie de l’archipel des Antilles situé dans la mer des Caraïbes. Les revendications principales de cette « grève contre la vie chère » étaient une baisse des prix jugés abusifs de certains produits de base, comme le carburant et l'alimentation, ainsi qu'une demande de revalorisation des bas salaires.

La grève a paralysé pendant un mois et demi tous les secteurs, privés et publics, notamment les stations-services, les petits et grands commerces, les hôtels et les industries liés au tourisme, les établissements scolaires et les transports publics.

Le 5 mars 2009, après 44 jours de conflit, un protocole d’accord a été signé par Élie Domota pour le LKP, le préfet Nicolas Desforges pour l’État et Victorin Lurel le président du conseil régional. Il a mis officiellement fin à la grève en satisfaisant les revendications populaires.4

 

 

Ils flambent les prix…

Par Francis Carole et Clément Charpentuer-Tity, membres du Parti de la libération de la Martinique (Palima).

En 2009, on observe en effet, une incontestable dégradation des conditions de vie en Martinique que le passage à l’euro et la crise mondiale ont certainement accélérée mais qui trouve ses sources dans l’organisation économique même du système départemental.

Ainsi, selon les chiffres fournis par l’INSEE dans Antiane éco de septembre 2008, par rapport à 2006, les prix ont progressé de 2,4 % en 2007. Cette hausse porte principalement sur les produits alimentaires (3,3 %), un des postes de dépenses les plus élevés des ménages avec le logement. Les produits comme le lait et le riz ont augmenté de 4 %. L’énergie (gaz, produits pétroliers, électricité) a enregistré une progression de 2,7 % ; elle avait déjà fait un bond de 8,3 % en 2006. L’indice des loyers et services rattachés augmente en moyenne de 3,3 %, les transports et communications de 2,8 % ; quant aux services financiers, ils opèrent un bon de 7,2 %. Dans un tract diffusé le 20 octobre 2008, l’intersyndicale montrait qu’entre janvier 2002 et août 2008, l’essence avait augmenté de 37 %, la bouteille de gaz domestique de 47 %, les pâtes de 39 %. Notons que les salaires n’ont progressé que de 1,3 % en 2007 !

 

Une véritable stratégie de ''pwofitasyon'' sur la population

Le coût du transport des marchandises et du fret ainsi que l’octroi de mer ne suffisent pas à expliquer cette envolée des prix. La fixation de ceux-ci relève davantage de pratiques opaques que de critères transparents. Les malversations de la SARA en constituent un des indices. Les békés qui ont le monopole de l’import-export jouent un rôle central dans ce système mafieux de formation des prix qui vise à engranger, sur le dos du consommateur, un maximum de profits. Cette « communauté » a la haute main sur toute la chaîne des filières économiques importantes (BTP, agriculture, industries etc…) en besoin de produits importés. Elle contrôle les centrales d’achat. Les groupes de distribution, souvent békés, s’entendent par ailleurs pour imposer un certain niveau de prix sur l’ensemble du marché.

La situation de dépendance extrême de la Martinique vis-à-vis de la France (économique, financière, administrative, alimentaire etc…) favorise ce pressurage de la population et s’observe à tous les niveaux : prix des produits alimentaires, coût des services (téléphone, internet, téléphone mobile, frais bancaires, assurances, billets d’avion etc….). Le nouvel esclavage est donc un esclavage de consommation ; la négraille, devenue clientèle captive, engraisse les exploiteurs d’aujourd’hui qui sont les mêmes que ceux d’hier, avec quelques nouveaux venus à la fête.

Il n’est pas à exclure, pour expliquer l’obstination des grandes surfaces à ne rien céder d’essentiel sur leurs marges de profit, que celles-ci aient opéré, à partir de leur trésorerie, des placements financiers à court terme qui génèrent des bénéfices considérables. La crise financière née des subprimes aurait alors occasionné d’importantes pertes boursières à ces gros distributeurs qui chercheraient, pour tenter de compenser ces pertes, à puiser dans leur compte d’exploitation (gel des salaires, augmentation abusive des prix etc…).

Quoiqu’il en soit, le système mafieux de formation des prix est connu de longue date par l’État français qui ne s’y est jamais opposé, laissant faire les békés en vertu du très ancien pacte qui les unit. La « communauté », véritable excroissance de la bourgeoisie française en Martinique, a toujours entretenu les rapports les plus intimes, la plus grande promiscuité avec l’État français qui l’aide à préserver ses intérêts.

 

La précarité comme projet

Tandis que les prix flambent, le contexte de l’emploi ne s’est guère amélioré, même si l’INSEE titre pompeusement à l’embellie pour 2007. Le chiffre de 21,3 % de chômeurs, variant à la baisse ou à la hausse selon la conjoncture, constitue en soi un scandale absolu qui s’est malheureusement banalisé. Ce chômage endémique est partie prenante de la « normalité » coloniale.

Une analyse plus fine révèle que les offres d’emploi « durables » (contrat de plus de six mois) accusent un recul de 11 % en 2007. Les contrats de courte durée (moins de six mois) et le travail intérimaire fleurissent et prospèrent sur le fumier de l’économie départementale. Quant au temps partiel subi, il représente 11,3 % des emplois. Les femmes et les jeunes constituent les principales victimes de ce cataclysme social faussement apprivoisé qui n’est pas sans conséquences sur l’état d’esprit général de notre population. En 2006, 30 % des jeunes ayant un emploi étaient sous contrat à durée déterminée ; 48 % des jeunes de moins de 30 ans étaient au chômage ; 65 % des jeunes sans diplôme se retrouvaient sans emploi. Partout donc, la précarité et l’exclusion. Partout, l’étalement tranquille, à ciel ouvert, de la logique du pourrissement.

La précarité de l’emploi, les bas salaires, les maigres pensions des retraités, la hausse des prix s’inscrivent dans un contexte déjà largement dégradé. Ainsi, le taux de pauvreté s’élève à 12 % ; près de 20 % des ménages gagnent moins du SMIC. De même, le surendettement a tendance à croître ; il s’explique principalement par le coût du crédit, les taux d’escompte des banques étant plus élevés dans nos pays qu’en France. On considère par ailleurs que 70 % du parc HLM est occupé par des personnes disposant de moins de 700 euros de revenus mensuels. La pauvreté et la détresse ce sont aussi les 9 000 logements insalubres, les 3 000 sans électricité, les 8 000 demandes en attente depuis plusieurs années.

Cet environnement socio-économique renforce le sentiment de mal-être, la peur de l’avenir, l’impression d’une impuissance générale, l’individualisme et la perte de confiance dans notre capacité collective à influer sur le cours des événements. D’où la violence, la drogue, l’insécurité, les dérives bien réelles et la crise morale qui semble caractériser la Martinique d’aujourd’hui.

Moins souvent évoqué mais tout aussi réel est le sentiment de dépossession latent qui habite nombre de martiniquais. Il touche bien entendu à nos repères, à notre culture. Il se nourrit aussi de la spéculation foncière qui exclut les martiniquais de l’accession à la propriété dans leur propre pays et du génocide par substitution qui n’est plus à démontrer aujourd’hui.

La grève générale de 2009 a d’abord eu le mérite inestimable de nous aider à commencer à nous libérer de nos individualismes, de nos égoïsmes et de nos renoncements, voire de nos lâchetés. Elle nous permet de faire foule, de faire peuple et de renouer avec la confiance dans les luttes collectives. Mais elle révèle aussi l’urgence de sortir du schéma structurel départemental. Elle nous convie, toutes et tous, à imaginer un autre mode de développement pour notre pays, plus humain, plus solidaire, plus soucieux de notre liberté. Elle interpelle enfin notre souveraineté en tant que peuple et nation pour que la Martinique nous appartienne vraiment.5

 

 

Les référendums de janvier 2010

Le 10 janvier 2010, la population de la Martinique fut appelée à se prononcer par référendum pour ou contre une transformation de son statut qui l'autoriserait plus ou moins à prendre des décisions localement, à faire des lois, sans en référer à Paris.

Si le oui l'emportait, l'île fonctionnerait sur la base de l'article 74 de la Constitution. Elle deviendrait une « collectivité » au lieu d'être un département, avec des pouvoirs élargis pour les notables locaux. Dans le cas contraire, l'île resterait dans le cadre de l'article 73 de la Constitution, c'est-à-dire que les lois et règlements nationaux seraient applicables de plein droit, sous réserve de quelques aménagements, constituant également une forme de pouvoir local.6

Le scrutin proposa ainsi aux électeurs « d'approuver ou de rejeter le passage au régime prévu à l'article 74 de la Constitution ». Une majorité d'électeurs, 79,3 %, a répondu « non ».

Le 24 janvier suivant, lors d'un second référendum, les Martiniquais ont approuvé à 68,4 % le passage à une « collectivité unique » dans le cadre de l'article 73 de la Constitution, c'est-à-dire qu'une assemblée unique exercera les compétences du conseil général et du conseil régional actuels. 7

 

 

Économie

L'économie de la Martinique est basée essentiellement sur le raffinage pétrolier, l'agriculture / agroalimentaire (banane, rhum), la pêche, l'aquaculture et le tourisme.

Avec un peu plus de 21 000 euros, le PIB par habitant se situe dans la moyenne des départements et collectivités d'Outre-mer (au 3e rang après Saint-Pierre-et-Miquelon et la Nouvelle-Calédonie) et place la Martinique au 2e rang de la Zone Caraïbes, derrière la Barbade (2011).

L'emploi sur l'île reste une vraie préoccupation, avec 60 % des moins de 25 ans au chômage.

Une des questions fondamentales qui se pose aux élus et au préfet est la politique de développement de la Martinique : elle est en partie à reconstruire. En effet, l'exportation massive de produits agricoles (sucre et banane en particulier), est remise en cause par la fin de politiques protectionnistes (imposée par l'OMC). Ceci est aggravé par l'impact sur la qualité environnementale du chlordécone, pesticide utilisé pour le traitement d'un parasite de la banane qui a rendu impropre à la consommation une grande partie des productions agricoles locales, entraîne l'interdiction de consommation de langoustes et de certaines espèces de poissons dans les zones polluées et continue aussi de polluer les cours d'eau.

22 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 2009.8

 

 

Les « Békés »

Béké désigne aux Antilles françaises un habitant créole avec une peau de couleur blanche, et descendant des premiers colons européens en Martinique et en Guadeloupe. Les Békés constituent un peu moins d'un pour cent de la population martiniquaise, soit 3 000 personnes environ. Le terme est également employé comme adjectif. Ce terme est généralement associé à la puissance économique dont ce groupe est dépositaire. En Guadeloupe, pour désigner les créoles blancs, on parle plutôt de « Blancs Pays ».

 

En Martinique, les Békés représenteraient environ 3 000 personnes pour 397 732 habitants. Le groupe est lui-même hiérarchisé selon des critères de famille, c'est-à-dire de nom, et de fortune.

Beaucoup de descendants de familles békés aux Antilles, en Martinique comme en Guadeloupe, n'ont plus guère le niveau social qui était à l'origine celui de leurs familles et il n'est pas rare de constater la naissance d'une classe moyenne, voire l'émergence de « petits blancs » issus de ces familles, parfois porteuses de noms connus. Directeur d'un club de fitness à Pointe-à-Pitre, Robert de Lignières précise : « Aujourd'hui, nous comptons parmi les békés de Guadeloupe beaucoup plus d'employés, de RMIstes et de petits entrepreneurs que de grands patrons ». Dans les années 1990, les Békés contrôlaient 29,2 % des entreprises de plus de 20 salariés de Martinique et 16,5% des entreprises de plus de 10 salariés en Guadeloupe.9

 

 

Qui a vidé la banque des békés ? Le scandale de l'affaire du crédit martiniquais

Découverts abyssaux, prêts jamais remboursés, largesses accordées aux amis et aux partenaires en affaires. Pendant des décennies, le Crédit Martiniquais tenu par les puissantes familles créoles qui dominent l’économie de l’île, a dilapidé les économies des épargnants. Marie-France Etchegoin relève les dessous d’un scandale qui ravive les brûlures de l’histoire coloniale. La Martinique est un puzzle. Mémoires disparates, blessures séculaires, colères enfouies. Celles des fils d’esclaves contre celles des enfants de colon, des Noirs contre les Blancs, des « petits » contre les » gros ». Fin novembre 2012, à Fort-de-France, il faut grimper sur les hauteurs de la ville pour avoir un aperçu de cette névrose insulaire. Jusqu’à la cour d’appel, qui siège dans un modeste préfabriqué surplombant l’époustouflante baie. C’est là, loin des regards, dans le ronron des climatiseurs, que l’on finit d’enterrer l’une des affaires les plus emblématiques de l’île. Le scandale du Crédit Martiniquais. Charles Rimbaud, 69 ans, crinière blanche et bretelles apparentes sous le blazer, écoute d’un air las les litanies de l’accusation. À la fin des années 1990, les en-cours de cet ex-promoteur en vue s’élevaient à près de 40 millions d’euros. « Sans convention, sans garantie » et « au mépris de toutes règles de prudence ». M. Rimbaud rêvait d’un manoir en France ?

Il sortait son chéquier. Et le Crédit banquait sans sourciller pour cet insatiable client à la « personnalité certes un peu difficile », selon les employés, mais qui « entretenait des relations au plus haut niveau de l’établissement ». Fils d’une vieille famille implantée dans l’île depuis le XVIIème siècle du coté du père, ancêtres charpentiers, réussite à force du poignet. Et ascension fulgurante grâce aux fameuses lois Pons, votées en 1986, sous Jacques Chirac. Profitant de la défiscalisation pour la construction de logements neufs, Charles Rimbaud a fait pousser ses sociétés immobilières comme des champignons. Et il y a englouti « ses » millions dans des projets qui n’ont, le plus souvent, jamais vu le jour. « La faute à la crise », explique t-il à la barre. Il a revendu ce qu’il pouvait et jure qu’il a « remboursé » ses créanciers. Depuis, « Monsieur Bretelles », comme on le surnomme parfois, s’est reconverti dans la banane, sur la commune du Vauclin, dont il est devenu le plus grand propriétaire foncier. Devant la cour, le maire-socialiste- lui rend un vibrant hommage : « Je suis l’arrière petit fils d’un esclave et M. Rimbaud, celui d’un esclavagiste. Mais il fait le bien dans notre ville. Et le soir, pour dîner, il y a des nègres à sa table. » Comment éviter que l’histoire et ses plaies mal refermées ne s’invitent à la table ? Dans l’imaginaire local, le Crédit Martiniquais était « la banque des békés », ces puissants créoles qui dominent l’économie antillaise depuis le temps des colonies. Charles Rimbaud, « moyen béké » n’avait rang que de débiteur. Mais dans les instances dirigeantes, c’étaient les représentants des plus grandes familles qui siégeaient.

Les Huygues-Despointes, les Fabre, les Laguarrigue. Ou les Hayot, Bernard en tête, le plus éminent d’entre eux, le plus secret aussi, et le plus riche, magnat de la distribution, première fortune des Antilles (275 millions d’euros), 155ème de France, 2 milliards de chiffre d’affaires (en 2013)… Tous ces propriétaires terriens, distillateurs ou planteurs – membres du conseil d’administration ou actionnaires majoritaires de l’établissement -, ont laissé se creuser des découverts vertigineux. Prêts à volonté et chèques en bois à gogo. Le Crédit Martiniquais a financé toutes les folies, cumulant près de 130 millions d’euros de créances douteuses. Jusqu’à la quasi banqueroute, évitée de justesse par la mobilisation de l’État. La justice, elle aussi, a bien fini par s’en mêler, sans trop de précipitation. En 1998, le parquet ouvrait une information judiciaire qui abouti en… 2009 au renvoi en correctionnel de six prévenus (la directrice générale de la banque – son président étant mort en cours d’instruction – et cinq clients), pour abus de biens sociaux et escroquerie. Un premier procès s’est tenu en 2011. C’est l’appel de cette affaire qui a été plaidée à Fort-de-France. Près de quinze ans après l’éclatement du scandale dont les dessous ont été, au fil du temps, passés sous silence…

Si l’on en croit plusieurs documents du dossier que « le Nouvel Observateur » a consultés, c’est en effet un désastreux mélange des genres qui a conduit l’établissement à la ruine. Les actionnaires réunis dans une holding, la Cofidom, qui détenait de la banque, s’étaient associés en affaire avec les plus gros débiteurs du Crédit Martiniquais. Au premier rang desquels Charles Rimbaud. « La Cofidom s’est lancée avec lui dans des projets immobiliers de grande envergure, expliquent les magistrats instructeurs. Ceux-ci ayant échoué, elle a eu recours à sa filiale bancaire pour assurer au promoteur un découvert devenu abyssal et en grande partie irrécouvrable ». Pis, les mêmes actionnaires bénéficiaient personnellement de « concours très significatifs et d’une tarification avantageuse par rapport à la clientèle classique – cas du Groupe Bernard Hayot – alors même qu’ils n’apportaient qu’un volume de ressources limité à la banque qui se refinançait par les dépôts des particuliers. » En clair, les dirigeants, qui plaçaient leur fortune sous d’autres latitudes et confiaient aux petits épargnants de l’île le soin d’alimenter les caisses, faisaient des ponts d’or à leurs riches amis ou à leurs hommes de paille. « Ils se prêtaient à eux mêmes, tout en contribuant aux pertes », dit un expert financier du dossier. Le Crédit Martiniquais trônait au cœur de Fort-de-France, place de la Savane. Et dispensait ses belles promesses sur l’aide au « développement de l’économie locale ».

En réalité, affirment les juges d’instruction, il s’est spécialisé dans des « opérations spéculatives, peu créatrices d’emplois, parfois même à l’étranger, en fonction de considérations purement patrimoniales ». Et surtout « des dispositions fiscales avantageuses prévues pour l’outre-mer », mesures qualifiées de « pousse au crime » par l’administrateur provisoire du Crédit Martiniquais qui a fait le ménage avant fermeture… Les inspecteurs de la Commission bancaire ont, eux aussi, été effarés par ce qu’ils ont vu : « dysfonctionnements graves, déficience des contrôles internes, insincérité des comptes ». Les raisons de cette gestion « exotique » selon eux ? « Un engagement déraisonnable de la banque et de ses dirigeants en faveur des principaux conglomérats familiaux békés de la Martinique. » Les « conglomérats » ont, comme toujours, fait le gros dos, laissant passer l’orage et tirant les sonnettes d’alarme à Paris. Lorsque la catastrophe financière commence à fuiter dans la presse, à la fin des années 1990, les déposants se pressent en effet aux guichets pour retirer leurs économies. La grogne enfle dans l’île aux cris de « Békés, voleurs ! ». Mais il ne faut pas longtemps avant que l’Élysée et Matignon volent au secours des « grandes familles ». Marcel Fabre, figure légendaire de la caste béké dont le groupe est représenté au conseil d’administration de la banque, est un intime de Bernard Pons.

Les frères Hayot sont réputés pour leurs amitiés balladuriennes. À l’ombre de la présidence Chirac, mais aussi lors de la cohabitation, alors que Jospin est à Matignon et Strauss-Khan à Bercy, les pouvoirs publics s’activent pour empêcher la faillite qui menace de mettre le feu à la Martinique et inventent une solution sur mesure : la création, d’un « fonds de garantie des dépôts », alimenté par l’ensemble du réseau bancaire français, chargé d’ « indemniser les clients en cas de défaillance de leur établissement ». Ce fonds – qui à ce jour n’a jamais servi qu’en Martinique – débourser 1,5 milliard de francs pour éviter la spoliation des épargnants de l’île. Les banques qui souscrivent au fonds répercutent évidemment cette dépense sur leurs frais généraux donc sur leurs clients quand elles ne la déduisent pas de leurs impôts. Ce sont donc les particuliers et les contribuables qui, in fine, ont sauvé la mise des actionnaires du Crédit Martiniquais. Lesquels seront tous ou presque épargnés par l’instruction judiciaire. Yves Hayot, le frère de Bernard, est bien convoqué chez le juge au début de l’enquête, mais seulement pour être entendu. Marcel Fabre est bien mis en examen. Mais, cerné par le fisc depuis des années, il ne tient plus le haut du pavé. Et il finit par mourir, au cours d’une interminable et paresseuse procédure. Lors des deux procès, en première instance et en appel, aucun des seigneurs de la Martinique n’ira s’asseoir sur le banc des prévenus au côté du truculent Rimbaud. Et aujourd’hui dans l’île, seuls les initiés, habitués aux arcanes des contentieux financiers, savent que le fonds de garantie des dépôts s’est retourné contre les ex-actionnaires pour leur réclamer les sommes avancées en 2000.

Une bataille juridique à fleurets mouchetés, non pas au pénal mais au civil , devant le tribunal de Paris , loin des Antilles et de leurs brusques accès de fièvre. La cohorte d’avocats engagés par le « conglomérat békés » invoque la prescription. Ou l’ignorance par les anciens dirigeants des agissement de leur banque. Le fonds, lui, brandit des « centaines de documents prouvant leur parfaite connaissance de la situation » et rappelle avec insistance que « les groupes Bernard et Yves Hayot ont participé aux opérations immobilières du groupe Rimbaud, notamment dans la société Point de Vue » lourdement déficitaire mais portée à bout de bras par le Crédit martiniquais. La querelle se réglera sans doute en toute discrétion.

« Le bruit ne fait pas de bien, le bien ne fait pas de bruit », aime à répéter Bernard Hayot, au dire de ses amis. « Je préfère ne pas vous répondre. De toute façon, vous écrirez du mal de moi… », lâche en effet l’octogénaire, d’une voix douce, en cette fin décembre 2012, avant de raccrocher son téléphone. L’empereur des Antilles a pour principe de ne jamais donner d’interview. Se taire, préférer l’ombre à la lumière, tout en ménageant des protecteurs à Paris, ne jamais afficher un luxe trop ostentatoire… c’est la ligne de conduite des « grands békés ». Comme si en Martinique ou en Guadeloupe il y avait toujours quelque secret honteux à l’origine des grandes fortunes. Comme si l’étalage de la richesse risquait d’attiser les contentieux encore purulents, les « haines et les jalousies sociales” disent ceux qui ont réussi.

En 2009, alors que les Antillais se soulevaient, ulcérés par les prix pratiqués par la grande distribution, Bernard Hayot était resté tout aussi muet. Propriétaire des franchises Carrefour, Leroy Merlin et Décathlon, premier importateur de marques alimentaires et leader de la concession automobile outre-mer, gérant de centrales d’achats, d’entrepôts ou de frigos à Rungis jusqu’au Havre, fabricant de béton ou de parpaings, il trouvait injuste d’être érigé en symbole de la « profitation ». Fidèle à ses préceptes, il n’avait pas élevé la voix, cultivant comme toujours les échanges en coulisses, le plus souvent par l’entremise de ses missi dominici. Yves Jégo, ministre de l’Outre-mer sous Nicolas Sarkozy et viré sans ménagement du gouvernement après les grandes grèves, n’a jamais caché qu’il voyait dans sa disgrâce la main du plus riche béké de France. « Je me suis fait littéralement scalper, sur le thème : Jégo n’assure pas la sécurité des patrons. » Il entend encore l’entrepreneur lui susurrer au téléphone, au plus fort du conflit : « De la fermeté, monsieur le ministre, de la fermeté… – Mais il va y avoir des morts ! – On s’en remettra, on en a vu d’autres… »

En 2013 alors que le nouveau ministre de l’Outre-mer, Victorin Lurel, promet de s’attaquer aux « oligopoles » qui « gangrènent l’économie antillaise, Bernard Hayot ne se départit pas de son apparente tranquillité. Sûr de lui, satisfait de ce qu’il a construit, inatteignable. Amateur d’art et d’orchidées, il a fait planter 250 palmiers royaux dans sa commune, au François. Il aimerait que la Martinique ressemble à un jardin. Dans sa magnifique habitation Clément, où l’on distille le meilleur rhum, plusieurs photos le montrent en compagnie de François Mitterrand et de George Bush père, qui avaient choisi la belle demeure coloniale pour abriter le sommet franco-américain en mars 1991. Le maître des lieux n’en est pas peu fier. Aujourd’hui, il a installé, au même endroit, une fondation pour soutenir la création et le patrimoine antillais. Au delà des origines et des couleurs de peau.

Bernard Hayot déteste « tout ce qui divise » N’a t-il pas invité Aimé Césaire à planter un arbre dans le parc ? Un geste de « fraternité » qu’il n’a pas manqué de rappeler dans un bref communiqué quand, en janvier 2009, un documentaire de Canal + (« les Derniers Maîtres de la Martinique », de Romain Bolzinger) a fait voler en éclat sa vision idyllique de l’île. On y voyait, sur des images d’archives de 1960, un certain « M. Hayot » présenté comme un « parent de Bernard » exposer sa conception du monde : « Le Noir c’est comme un enfant : il faut être juste, et on obtient ce qu’on veut… Les békés, c’est ce qu’il y a de mieux ; ce sont les descendants des Blancs européens qui se sont reproduits en race pure. » On y voyait aussi le patriarche de l’une des familles actionnaires du Crédit martiniquais, Alain Huygues Despointes, montrant fièrement devant les caméras de Canal + le grand arbre généalogique des ex-colons : « Toutes les familles sont là, Hayot, les Despointes, les Reynal… Nous sommes tous apparentés… On a voulu préserver la race. » Dans un communiqué, Bernard Hayot a condamné « ces propos inacceptables ». Depuis, il n’est pas sorti de son silence.

Quand il n’est pas à Paris, en Algérie, au Maroc ou en Chine, jusqu’où il a étendu son empire, qui compte 6 000 salariés, il reçoit, dans la fraîcheur des bougainvilliers, artistes, hommes politiques, notables ou magistrats de l’île. « Voyez tout ce que Bernard Hayot fait pour la Martinique, dit Charles Rimbaud en faisant visiter, au sortir du procès, sa plantation de bananier. « Tous les jours, je le remercie. » Dans les couloirs de la cour d’appel, les conseils officieux du « grand béké » « venus pour voir », s’activent aussi pour le défendre. « Certains ont essayé de transformer cette affaire en symbole de la « lutte des races, » dit l’un d’eux. Mais vous savez qu’il y a aussi des Noirs dans la Cofidom ? » Des représentants de la « bourgeoisie mulâtre » qui s’est enrichie, elle aussi, dans le commerce et la distribution (seul secteur gagnant dans ces îles où tout s’importe) ont acheté quelques actions. « Ils ont été appelés à la rescousse au moment où l’établissement commençait à sombrer, confie un connaisseur de la banque. Je me souviens de l’un d’eux me disant : « Ça y est maintenant, je suis Blanc ! » Aujourd’hui, il se rend compte qu’il a été le dindon de la farce. Il a perdu sa mise. Ce sont toujours les mêmes blessures que l’affaire du Crédit martiniquais vient raviver.

Alors que le procès s’achève devant la cour d’appel, les membres de l’Association martiniquaise de Recherche sur l’Histoire des familles organisent une réunion publique à Fort-de-France. Ils sont des dizaines à tenter de reconstituer leur généalogie de descendants d’esclaves. Tandis qu’une participante sort de son sac l’acte de baptême de son ancêtre, « un petit négrillon nommé Jean-Michel », une sexagénaire montre, comme un trophée, un livre au titre abscons. « Tenez, dit-elle, tout est là. » L’ouvrage, édité en 2002, intitulé « les 200 Anciennes Familles subsistantes de la Martinique », est introuvable en librairie, mais figure dans les bibliothèques de toutes les bonnes maisons de l’île. Il recense les descendants des colons, du XVII ème siècle à nos jours. Leurs mariages, presque toujours endogames, la surface de leurs terres, le nombre de leurs exploitations. À la lettre « H », on trouve l’histoire de la famille Hayot, « planteurs audacieux » qui évoluèrent dans la production industrielle de sucre ». Mais poursuivent les auteurs, « l’émancipation des esclaves en 1848 entraînant la raréfaction de la main-d’œuvre, il s’ensuivit des faillites cumulées. Pour redresser la situation, une banque de prêts et d’escompte fut créée (…) avec l’indemnité accordée aux propriétaires pour le rachat des esclaves qu’ils possédaient ».

L’historien Gabriel Debien, spécialiste de l’histoire de l’esclavage aux Antilles, a montré comment le Crédit martiniquais, fondé en 1922, est le lointain descendant de cet ancien Crédit foncier colonial. « L’héritier du crime, accuse sans hésiter Garcin Malsa, l’un des leaders indépendantistes de l’île. La France a non seulement laissé toutes leurs terres aux esclavagistes, mais en plus elle leur a versé des dédommagements ! » Rue Oudinot, à Paris, dans son bureau du ministère, le Guadeloupéen Victorin Lurel dit la même chose avec des mots à peine feutrés : « Quand ces gens-là ont été indemnisés pour la perte de leurs esclaves, ils ont créé une banque de crédit. Et, quand la culture de la canne et les industries sucrières n’ont plus assez rapporté, ils se sont reconvertis, c’est là leur génie, dans l’importation et la distribution. Ils ont perpétué la vieille économie de comptoir. » Aux Antilles, il arrive toujours un moment où ressurgit le crime, la tâche indélébile, la faute des ancêtres. Comme une plainte inguérissable. Ou une explication commode.

Dans son domaine du Vauclin, Charles Rimbaud aimerait bien qu’ « on arrête avec toutes ces couillonnades ». En 2013, il emploie « 48 personnes qui travaillent dans des conditions très dignes. La banane, c’est un homme par hectare ». Il arpente sa propriété avec celui qu’il appelle, comme la plupart des planteurs, son « géreur ». Le terme, il n’y a pas si longtemps – à peine plus d’un siècle et demi -, désignait le contremaître qui supervisait l’habitation et ses esclaves. « L’expression est devenue usuelle », précise Rimbaud.

En première instance, le « chouchou » du Crédit martiniquais avait été condamné à dix huit mois de prison ferme, après les sévères réquisitions du procureur Xavier Hubert, ancien conseiller au cabinet d’Arnaud Montebourg. En novembre 2012, devant la cour d’appel, l’avocat général a réclamé sa relaxe : « Certes, Charles Rimbaud a sollicité les services de la banque. Sans retenue, comme on vient boire à la fontaine. Mais peut-on lui reprocher d’avoir voulu étancher sa soif ? »

 

Le 28 février 2013, les quatre mis en cause dans l’affaire du Crédit martiniquais ont été relaxés de tous les chefs d’accusations de recels et d’abus sociaux qui leur étaient reprochés.

Il aura fallu plus de dix ans pour enfin voir l’instruction de ce lourd dossier aboutir devant une juridiction, et au final, le scandale de la faillite du Crédit Martiniquais se solde par une relaxe de tous les prévenus. Dès le tribunal correctionnel, les avocats de la défense avaient dénoncé cette trop longue instruction.
Dans le box des prévenus, Brigitte Mockli, en sa qualité de directrice de l’établissement bancaire, Laurent Fabre, Pierre Berthé et Charles Rimbaud, trois clients que la justice suspectés d’avoir profité des largesses du Crédit Martiniquais lors de l’obtention de prêts. Ils étaient poursuivis pour abus et recel de biens sociaux.

Condamnés en première instance à des peines de prison avec sursis et à des amendes, ils avaient décidé d’épuiser tous les recours pour prouver leur innocence dans ce dossier.

Une démarche qui a payé, la cour d’appel de Fort de France a prononcé la relaxe pour les 4 mis en cause. La juridiction n’a donc pas suivi les réquisitions de l’avocat général et a été plus clémente. Le magistrat en novembre 2012 avait requis la relaxe de Charles Rimbaud et Laurent Fabre. Mais il exigeait, une condamnation pour Brigitte Mockli, la directrice générale du crédit martiniquais et Pierre Berthé.
Après 14 ans de procédures, Charles Rimbaud, au micro RCI, a affirmé « qu’il voit sa relaxe comme un soulagement, qu’il peut désormais tourner la page ».10

 

 

Les élections régionales

En décembre 2015, on votait en Martinique pour la CTM, assemblée unique remplaçant conseils général et régional. L'abstention a atteint 59 %.

C’est une liste conduite par un « indépendantiste modéré », Marie-Jeanne, qui l’a emporté au second tour contre le candidat socialiste, Serge Letchimy. Pour ce faire, sa liste a fusionné au deuxième tour avec celle de Monplaisir, un sarkozyste, qui avait réalisé 14 % ! À noter que le PC martiniquais était présent sur cette liste indépendantiste...11

 

 

 

Aimé Césaire

Aimé Césaire est un poète et homme politique français, né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe (Martinique) et mort le 17 avril 2008. Il est l'un des fondateurs du mouvement littéraire de la négritude et un anticolonialiste résolu.

 

Biographie

Son grand-père paternel, Fernand Césaire, après des études à l'école normale supérieure de Saint-Cloud, fut professeur de lettres au lycée de Saint-Pierre et le premier instituteur noir en Martinique et sa grand-mère, contrairement à beaucoup de femmes de sa génération, savait lire et écrire, aptitudes qu'elle enseigna très tôt à ses petits-enfants. De 1919 à 1924, Aimé Césaire fréquente l’école primaire de Basse-Pointe, commune dont son père est contrôleur des contributions, puis obtient une bourse pour le lycée Victor-Schœlcher à Fort-de-France. En septembre 1931, il arrive à Paris en tant que boursier pour entrer en classe d’hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand où, dès le premier jour, il rencontre Ousmane Socé Diop à la Sorbonne puis Léopold Sédar Senghor dans les couloirs du lycée Louis-le-Grand, avec qui il noue une amitié qui durera pendant plusieurs années

 

Émergence du concept de négritude

À Paris, il côtoie d'autres étudiants noirs d'horizons différents et fréquente le salon littéraire de Paulette Nardal. Il découvre ainsi le mouvement de la Renaissance de Harlem et fait la connaissance de Claude McKay. Le jeune Aimé Césaire et son ami guyanais Léon Gontran Damas, qu’il connaît depuis la Martinique, découvrent progressivement une part refoulée de leur identité, la composante africaine, victime de l'aliénation culturelle caractérisant les sociétés coloniales de Martinique et de Guyane.

En septembre 1934, Césaire fonde, avec d’autres étudiants antillo-guyanais et africains (parmi lesquels Léon Gontran Damas, le Guadeloupéen Guy Tirolien, les Sénégalais Léopold Sédar Senghor et Birago Diop), le journal L'Étudiant noir. C’est dans les pages de cette revue qu’apparaîtra pour la première fois le terme de « Négritude ». Ce concept, forgé par Aimé Césaire en réaction à l’oppression culturelle du système colonial français, vise à rejeter d’une part le projet français d’assimilation culturelle et à promouvoir l’Afrique et sa culture, dévalorisées par le racisme issu de l'idéologie colonialiste.

Construit contre l'idéologie coloniale française de l'époque, le projet de la Négritude est plus culturel que politique. Il s’agit, au-delà d’une vision partisane et raciale du monde, d’un humanisme actif et concret, à destination de tous les opprimés de la planète. Césaire déclare en effet : « Je suis de la race de ceux qu’on opprime ».

Ayant réussi en 1935 le concours d'entrée à l'École normale supérieure, Césaire passe l'été en Dalmatie chez son ami Petar Guberina et commence à y écrire le Cahier d'un retour au pays natal, qu'il achèvera en 1938. Il lit en 1936 la traduction de l’Histoire de la civilisation africaine de Leo Frobenius. Il prépare sa sortie en 1938 de l'École normale supérieure avec un mémoire : Le Thème du Sud dans la littérature noire-américaine des États-Unis. Épousant en 1937 une étudiante martiniquaise, Suzanne Roussi, Aimé Césaire, licencié en lettres, rentre en Martinique en 1939, pour enseigner, tout comme son épouse, au lycée Schœlcher.

 

Le combat culturel sous le régime de Vichy

La situation martiniquaise à la fin des années 1930 est celle d'un pays en proie à une aliénation culturelle profonde, les élites privilégiant, avant tout, les références arrivant de la France, métropole coloniale. En matière de littérature, les rares ouvrages martiniquais de l'époque vont jusqu'à revêtir un exotisme de bon aloi, pastichant le regard extérieur manifeste dans les quelques livres français mentionnant la Martinique. Ce doudouisme, dont des auteurs tels que Mayotte Capécia sont les tenants, allait nettement alimenter les clichés frappant la population martiniquaise.

C'est en réaction à cette situation que le couple Césaire, épaulé par d'autres intellectuels martiniquais comme René Ménil, Georges Gratiant et Aristide Maugée, fonde en 1941 la revue Tropiques. Alors que la Seconde Guerre mondiale provoque le blocus de la Martinique par les États-Unis (qui ne font pas confiance au régime de collaboration de Vichy), les conditions de vie sur place se dégradent. Le régime instauré par l’Amiral Robert, envoyé spécial du gouvernement de Vichy, est répressif. Dans ce contexte, la censure vise directement la revue Tropiques, qui paraîtra, avec difficulté, jusqu’en 1943.

Le conflit mondial marque également le passage en Martinique du poète surréaliste André Breton (qui relate ses péripéties dans un bref ouvrage, Martinique, charmeuse de serpents). Breton découvre la poésie de Césaire à travers le Cahier d'un retour au pays natal et le rencontre en 1941. En 1943 il rédige la préface de l'édition bilingue du Cahier d'un retour au pays natal, publiée dans la revue Fontaine (no 35) dirigée par Max-Pol Fouchet et en 1944 celle du recueil Les Armes miraculeuses, qui marque le ralliement de Césaire au surréalisme.

Surnommé « le nègre fondamental », il influencera des auteurs tels que Frantz Fanon, Édouard Glissant (qui ont été élèves de Césaire au lycée Schoelcher), le guadeloupéen Daniel Maximin et bien d'autres. Sa pensée et sa poésie ont également nettement marqué les intellectuels africains et noirs américains en lutte contre la colonisation et l'acculturation.

 

Après guerre, le combat politique

En 1945, Aimé Césaire, coopté par les élites communistes qui voient en lui le symbole d'un renouveau, est élu maire de Fort-de-France. Dans la foulée, il est également élu député, mandat qu'il conservera sans interruption jusqu'en 1993. Son mandat, compte tenu de la situation économique et sociale d'une Martinique exsangue après des années de blocus et l'effondrement de l'industrie sucrière, est d'obtenir la départementalisation de la Martinique en 1946.

Il s'agit là d'une revendication qui remonte aux dernières années du XIXe siècle et qui avait pris corps en 1935, année du tricentenaire du rattachement de la Martinique à la France par Belain d'Esnambuc. Peu comprise par de nombreux mouvements de gauche en Martinique déjà proches de l'indépendantisme, à contre-courant des mouvements de libération survenant déjà en Indochine, en Inde ou au Maghreb, cette mesure vise, selon Césaire, à lutter contre l'emprise béké sur la politique martiniquaise, son clientélisme, sa corruption et le conservatisme structurel qui s'y attache. C'est, selon Césaire, par mesure d'assainissement, de modernisation, et pour permettre le développement économique et social de la Martinique, que le jeune député prend cette décision.

En 1947 Césaire crée avec Alioune Diop la revue Présence africaine. En 1948 paraît l'Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache, préfacée par Jean-Paul Sartre, qui consacre le mouvement de la « négritude ».

En 1950, il publie le Discours sur le colonialisme, où il met en exergue l'étroite parenté qui existe selon lui entre nazisme et colonialisme. Il y écrit entre autres choses :

« Oui, il vaudrait la peine d'étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d'Hitler et de l'hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXe siècle qu'il porte en lui un Hitler qui s'ignore, qu'Hitler l'habite, qu'Hitler est son démon, que s'il le vitupère, c'est par manque de logique, et qu'au fond, ce qu'il ne pardonne pas à Hitler, ce n'est pas le crime en soi, le crime contre l'homme, ce n'est pas l'humiliation de l'homme en soi, c'est le crime contre l'homme blanc, c'est l'humiliation contre l'homme blanc, et d'avoir appliqué à l'Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu'ici que les arabes d'Algérie, les coolies de l'Inde et les nègres d'Afrique [...] »

S'opposant au Parti communiste français sur la question de la déstalinisation, Aimé Césaire quitte le PC en 1956, s'inscrit au Parti du regroupement africain et des fédéralistes, puis fonde deux ans plus tard le Parti progressiste martiniquais (PPM), au sein duquel il va revendiquer l'autonomie de la Martinique. Il siège à l'Assemblée nationale comme non inscrit de 1958 à 1978, puis comme apparenté socialiste de 1978 à 1993.

Le 17 janvier 1975, Aimé Césaire vote la loi dépénalisant l'avortement dite "loi Veil".

En 1966, Césaire est le vice-président du Festival mondial des Arts nègres à Dakar.

Aimé Césaire restera maire de Fort-de-France jusqu'en 2001. Le développement de la préfecture de la Martinique depuis la Seconde Guerre mondiale est caractérisé par un exode rural massif, provoqué par le déclin de l'industrie sucrière et l'explosion démographique créée par l'amélioration des conditions sanitaires de la population. L'émergence de quartiers populaires constituant une base électorale stable pour le PPM, et la création d'emplois pléthoriques à la mairie de Fort-de-France furent les solutions trouvées pour parer à court terme aux urgences sociales de l'époque.

La politique culturelle d'Aimé Césaire est incarnée par sa volonté de mettre la culture à la portée du peuple et de valoriser les artistes du terroir. Elle est marquée par la mise en place des premiers festivals annuels de Fort-de-France en 1972, avec la collaboration de Jean-Marie Serreau et Yvan Labéjof, puis la mise en place d'une structure culturelle permanente grâce à l'installation au Parc Floral de Fort-de-France et dans les quartiers, pour la première fois en Martinique d'une équipe professionnelle autour de Yves Marie Séraline missionné pour cette tâche, à partir d'août 1974. En 1976, à partir des fondations de l'équipe de l'office de la culture provisoire, ce sera la création officielle du Service Municipal d'Action Culturelle (SERMAC) dirigé par Jean-Paul Césaire, qui par le biais d'ateliers d'arts populaires (danse, artisanat, musique) et du prestigieux Festival de Fort-de-France, met en avant des parts jusqu'alors méprisées de la culture martiniquaise. Le Sermac est dirigé depuis quelques années par Lydie Bétis. Cette même année, il reçoit Léopold Sédar Senghor son ami et président du Sénégal à Fort-de-France.

Son Discours du colonialisme fut pour la première fois au programme du baccalauréat littéraire (épreuve de lettres en Terminale) en 1995, avec le Cahier d'un retour au pays natal.

Aimé Césaire s'est retiré de la vie politique (et notamment de la mairie de Fort-de-France en 2001, au profit de Serge Letchimy), mais reste un personnage incontournable de l'histoire martiniquaise jusqu'à sa mort. Après le décès de son camarade Senghor, il est resté l'un des derniers fondateurs de la pensée négritudiste.

Jusqu'à sa mort, Aimé Césaire a toujours été sollicité et influent. On notera sa réaction à la loi française du 23 février 2005 sur les aspects positifs de la colonisation qu'il faudrait évoquer dans les programmes scolaires, loi dont il dénonce la lettre et l'esprit et qui l'amène à refuser de recevoir Nicolas Sarkozy. En mars 2006, Aimé Césaire revient sur sa décision, à la suite de la médiation de Patrick Karam, et reçoit Nicolas Sarkozy puisque l'un des articles les plus controversés de la loi du 23 février 2005 a été abrogé. Il commente ainsi sa rencontre : « C'est un homme nouveau. On sent en lui une force, une volonté, des idées. C'est sur cette base-là que nous le jugerons. »

À la suite de cette rencontre Patrick Karam obtiendra du ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy qu'il agisse pour donner le nom Aimé Césaire à l'aéroport de Martinique.

Durant la campagne de l'élection présidentielle française de 2007, il soutient activement Ségolène Royal, en l'accompagnant lors du dernier rassemblement de sa vie publique. « Vous nous apportez la confiance et permettez-moi de vous dire aussi l'espérance ».

Rétrospectivement, le cheminement politique d'Aimé Césaire apparaît étrangement contourné, en contraste avec la pensée de la négritude qu'il a développée par ailleurs. Tour à tour assimilationniste (départementaliste), indépendantiste et autonomiste (sans que l'on sache précisément ce qu'il entendait par là), Césaire semble avoir été davantage à la remorque des initiatives prises par les gouvernements métropolitains (en matière de décentralisation tout particulièrement) qu'un élément moteur de l'émancipation de son peuple. Il restera sans doute dans les mémoires comme le « nègre fondamental » et comme l'un des grands poètes de langue française du XXe siècle, mais non comme un chef politique ayant véritablement influencé son époque.

 

 

Le 9 avril 2008, Aimé Césaire est hospitalisé au CHU Pierre Zobda Quitman de Fort-de-France pour des problèmes cardiaques. Son état de santé s'y aggrave et il meurt le 17 avril 2008 au matin.12

 

AIMÉ CESAIRE = AIMER CESAR

AIMÉ CESAIRE est entré au CHU le 9 avril 2008 (9 4 2008).

9x4x2008 = 72288

Désormais, pour obtenir les 2 AILES qui mènent au paradis, nous devons refuser de dire AVE CESAR.

2 AILES = 2 L = 2 12

72288+212 = 72500

Le code postal 72500 est celui de la commune de LAVERNAT.

LAVERNAT = AVE LRNAT

LRNAT = 12+18+14+1+20 = 64

Le chef-lieu du département 64 est la ville de PAU.

PAU = 16x1x21 = 336

Le 336e jour de l'année est traditionnellement le 2 décembre (2 12).

2 12 = 2 L = 2 AILES

Dieu nous montre ainsi qu'en refusant de dire AVE CESAR – nous obtiendrons les 2 AILES qui mènent au paradis.

64 = 6x4 = 24

24 se prononce 20 4.

Aimé CESAIRE a été enterré le 20 4 2008.

Le cheval possède 64 chromosomes.

Le cheval symbolise l'homme sur lequel CESAR monte pour construire son empire, à l'instar des riches békés qui montent sur le dos des travailleurs martiniquais en les faisant galoper au travail pour s'enrichir.

Peu de temps avant sa mort, AIMÉ CESAIRE a AIMÉ CESAR une dernière fois en soutenant Ségolène Royal lors de l'élection présidentielle de 2007. Il a ainsi soutenu un système économique qui permet au riche béké d'exploiter les travailleurs martiniquais comme au temps de l'esclavage. AIMÉ CESAIR a donc dit « AVE CESAR » en déclarant à Ségolène Royal : « Vous nous apportez la confiance et permettez-moi de vous dire aussi l'espérance ». AIMÉ CESAIRE nourrissait l'espoir que Ségolène Royal soit élue pour qu'elle continue à mettre en œuvre un système économique qui extermine un enfant toutes les 5 secondes, en majorité des enfants NOIRS.

Aimé CESAIRE a été enterré un 20 avril.

Adolf Hitler est né un 20 avril.

Les nazis avaient théorisé une hiérarchie au sein d'une espèce humaine divisée en « RACES », au sommet de laquelle ils plaçaient la « race aryenne ».

RACES = CESAR

CESAR est le capitaliste qui pille une bonne partie des richesses de la Terre, provoquant la mort d'un enfant toutes les 5 secondes dans les pays du Tiers Monde, car comme le disait François Mitterrand – un homme politique qu'Aimé Césaire a toujours soutenu : « Dans ces pays-là, un génocide n'est pas très important ».

Dieu associe ainsi AIMÉ CESAIRE à « AIMER CESAR », car CESAIRE s'est prosterné devant CESAR, c'est-à-dire devant les nazi-capitalistes, alors que ces derniers exterminaient des millions de NOIRS chaque année. C'est la raison pour laquelle il a été enterré le jour de l'anniversaire d'Adolf Hitler ; Dieu nous fait comprendre que si nous soutenons Adolf Hitler lors de l'élection présidentielle, nous serons éternellement enfermés dans une tombe. Son message est donc le suivant : « arrêtez d'AIMER CESAR ».

 

CESAIRE a pactisé avec le diable durant sa carrière politique, c'était un notable somme toute modéré, un homme politique qui aura longtemps siégé avec les socialistes à l'Assemblée nationale. Et même si ce fut avec des variantes, c'est toujours la politique du Parti socialiste français qu'il soutint tout au long de sa carrière politique, même aux heures les plus sombres des guerres coloniales d'Indochine ou d'Algérie, même quand ces guerres étaient menées par des ministres socialistes. Fort de son image de défenseur de la dignité noire, lui et l'appareil politique du PPM servirent également de soupape de sûreté, de garants de la paix sociale aux différents gouvernements de gauche qui se succédèrent entre 1981 et 2002 et qui pourtant menaient une politique de soutien au grand patronat et d'austérité pour les travailleurs.

Certes, l'un des grands mérites d'Aimé Césaire est d'avoir dénoncé le colonialisme et ses méfaits dans de nombreux écrits, articles et discours. Il le fit à travers une œuvre poétique et théâtrale reconnue mondialement. Mais dénoncer le colonialisme et revendiquer la dignité de la race noire n'était que la dénonciation de certains aspects du système capitaliste, pas la remise en cause du système lui-même.

Lorsqu'il fut porté à la députation, Césaire bénéficia de l'influence du Parti Communiste, très ancré à l'époque dans la classe ouvrière. Le PPM devait hériter pendant longtemps d'une partie de cette implantation au sein des masses pauvres. Et c'est tout naturellement que le fondateur du mouvement de la « négritude » bénéficia politiquement du désir d'émancipation coloniale et sociale de la masse des travailleurs noirs. Mais Césaire ne représentait qu'une partie de leurs aspirations. Il représentait les Noirs, mais pas forcément les intérêts de classe des travailleurs noirs et des Noirs pauvres.

Tout comme les socialistes français, Césaire s'attaqua certes à gommer certaines inégalités les plus criantes, mais il ne devait jamais remettre en cause fondamentalement l'ordre des gros possédants békés et autres capitalistes. C'est en ce sens que l'action politique de Césaire s'est cantonnée aux limites d'une politique bourgeoise.13

Aimé Césaire n'a ainsi jamais cherché à renverser le pouvoir de CESAR, il a fait comme Nelson Mandela, il a dit : « AVE César ! ».

 

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Le film AVE César ! est sorti au cinéma en France le 17 février 2016, c'est-à-dire 64 jours avant le 21 avril 2016.

ROME a été fondée un 21 avril.

Le chiffre 64 symbolise CESAR, le cavalier qui monte sur le dos des hommes pour construire son empire.

Dieu associe ainsi le chiffre 64 avec « AVE CESAR ».

2016 = TAF

Désormais, notre TAF est de renverser CESAR pour obtenir la vie éternelle, alors refusons notre condition de cheval pour devenir des hommes car Dieu n'accepte pas les animaux au paradis.

 

AVE César ! est donc sorti au cinéma le 17 février 2016.

17 février = 17 2

17x2 = 34

34 se prononce 30 4.

Adolf Hitler – le dirigeant du IIIe REICH – est mort un 30 4 (30 avril).

2016 = TAF

Par conséquent, Dieu précise que notre TAF est de signer l'arrêt de mort du RICHE – alors ne disons plus « AVE César » le jour de l'élection présidentielle – mais prenons collectivement le pouvoir à sa place – afin de construire un monde égalitaire.

 

La commune de LAVERNAT se situe dans le MAINE ANGEVIN, à 37 km au sud du Mans et 50 km au nord de TOURS.

Autrefois, les chrétiens pouvaient devenir des ANGES en buvant le VIN de l'Alliance avec Jésus, mais c'est terminé dorénavant : Dieu nous interdit de dire « AVE CESAR » ; la nouvelle Alliance de l'EAU nous impose de signer son arrêt de mort avec les 5 doigts de notre MAIN qui tiennent le bulletin de vote. C'est désormais à notre TOUR de régner.

 

Je vais conclure par traduire ce dernier signe :

AIMÉ Césaire est né en 1913.

1913 = AIM

AIM = IAM

« I AM » signifie « JE SUIS » en anglais.

Dans la Bible, Dieu emploie le terme « JE SUIS » lorsqu'il révèle sa présence aux prophètes.

À travers l'année de naissance d'AIMÉ CESAIRE, Dieu nous révèle sa présence pour nous demande d'arrêter d'AIMER CESAR : nous devons désormais le combattre pour obtenir la vie éternelle.

 

J'ai ainsi multiplié les signes tout au long de l'« Histoire des pays » pour vous donner la preuve que Dieu écrit l'histoire de chacun d'entre nous car il est notre père à tous ; il a donc programmé AIMÉ CESAIRE pour naître en 1913, et à travers lui, il nous demande d'AIMER notre prochain, et par conséquent, de renverser CESAR afin de sauver la vie de nos frères et sœurs exterminés toutes les 5 secondes par le nazi-capitalisme : le règne du RICHE.

 

Désormais, la traduction des prochains signes se situe dans la partie « Religions » du site internet.

 

 

Sources

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Martinique
(2) Emmanuelle Desché http://www.michelcollon.info/Mars-1948-retour-sur-la-repression.html?lang=fr
(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Martinique
(4) https://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A8ve_g%C3%A9n%C3%A9rale_aux_Antilles_fran%C3%A7aises_en_2009
(5) Francis Carole et Clément Charpentier-Tity https://www.investigaction.net/fr/Matinik-se-ta-nou/
(6) Roger Meynier http://www.lutte-ouvriere-journal.org/2010/01/06/martinique-lheure-du-referendum-pour-le-changement-de-statut_21446.html
(7) https://fr.wikipedia.org/wiki/Martinique
(8) https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_de_la_Martinique
(9) https://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A9k%C3%A9
(10) Marie-France Ethegoin dans Le Nouvel Observateur 17 janvier 2013 – N° 2515 http://www.madinin-art.net/qui-a-vide-la-banque-des-bekes/
(11) R.V. https://npa2009.org/idees/international/guadeloupe-un-departement-pas-comme-les-autres
(12) https://fr.wikipedia.org/wiki/Aim%C3%A9_C%C3%A9saire
(13) Pierre Jean-Christophe http://www.lutte-ouvriere-journal.org/lutte-ouvriere/2073/divers/article/2008/04/23/17533-la-mort-daime-cesaire-le-defenseur-de-la-negritude-mais-aussi-du-statu-quo-social.html