Le Luxembourg

 

 

Les origines

Les Celtes peuplèrent la région du Luxembourg jusqu’au Ier siècle av. J.-C. Les Romains furent les maîtres pendant les six siècles suivants. À partir du IIIe siècle après J.-C., les invasions germaniques commencèrent. Les Romains firent place aux Francs à partir du Ve siècle ap. J.-C.

 

Le Moyen Âge

Le Comté de Luxembourg fut fondé en 963 quand Sigefroy, comte issu d'une supposée Maison d'Ardennes, acquit les ruines d'un vieux castel romain appelé Castellum Lucilinburhuc qui appartenait alors aux moines de l'abbaye Saint-Maximin de Trèves. Ce castel, situé sur un éperon rocheux appelée le Bock, fut progressivement agrandi et renforcé au cours des années, jusqu'à devenir au XIXe siècle une des plus puissantes forteresses d'Europe. Vu ses défenses formidables et sa situation géographique, elle fut qualifiée de « Gibraltar du Nord » par Carnot, l'"Organisateur de la Victoire" à l'époque de la Révolution française.

En 1139, le comté est inféodé par l'empereur Lothaire III à Henri de Namur, dont la mère était luxembourgeoise, alors que le comte Henri de Grandpré était un plus proche parent (beau-frère) de Conrad II, dernier représentant de la lignée des comtes d'Ardennes mort sans descendance.

À la mort de son père en 1139, Henri IV devient aussi comte de Namur. En 1153, il hérite également des comtés de Durbuy et de La Roche. Sa fille Ermesinde et son mari Thiébaut de Bar doivent abandonner le comté de Namur. Après la mort de Thiébaut, Ermesinde se remarie en 1214 avec Waléran de Limbourg, qui lui apporte en dot le marquisat d'Arlon. Le fils d'Ermensinde, Henri le Blondel impose sa suzeraineté au comté de Vianden. Le comte Jean l'Aveugle achète en 1337 une première moitié du comté de Chiny. Son fils Venceslas achète la seconde moitié.

Le Luxembourg resta un comté immédiat du Saint-Empire romain germanique jusqu'en 1354, quand il fut élevé - AVEC les territoires "annexes" (Durbuy, La Roche, Arlon…) - par l'empereur Charles IV au rang de duché, de manière à former une entité nouvelle. En 1437, la famille régnante s'éteignit et le duché passa brièvement aux mains des Habsbourg, avant d'entrer dans les domaines de Philippe III le Bon, duc de Bourgogne en 1443. Avec la mort de Marie de Bourgogne en 1482, le Luxembourg retourna aux Habsbourg en la personne de Maximilien, son époux.

 

Temps modernes

Le Luxembourg devint l'une des Dix-sept Provinces qui appartinrent à Charles Quint et passèrent à la branche espagnole des Habsbourg lorsque ce dernier abdiqua.

Le traité des Pyrénées cède à la France le sud du duché avec les villes de Diedenhoffen (en français Thionville) et Montmédy.

Louis XIV annexa le duché en 1684. Vauban remania la forteresse de Luxembourg, que les Espagnols avaient commencé à construire et les Français prirent Luxembourg comme base de départ pour leurs expéditions guerrières vers l'Allemagne et en particulier vers le Rhin. Ce fait inquiéta les voisins de la France et contribua à la formation de la Ligue d'Augsbourg en 1686. Une guerre s'ensuivit qui força la France à transférer le duché aux Habsbourg en 1697 (traité de Rijswick). Pendant la période de souveraineté française, la forteresse fut renforcée par le célèbre ingénieur Vauban. Le pouvoir des Habsbourg fut confirmé en 1715 et le Luxembourg fut intégré dans les Pays-Bas autrichiens.

 

Période française

Après la Révolution française, la France reconquit le Luxembourg et en fit un département (département des Forêts) de la République en 1795 (situation officialisée en 1797).

 

Période néerlandaise (1815-830)

À la défaite de Napoléon en 1815, si le Luxembourg dut céder à la Prusse l'ensemble de ses territoires situés à l'est de la Moselle et de la Sûre, il fut élevé au rang d'État indépendant et de grand-duché, membre de la Confédération germanique. Guillaume Ier, roi des Pays-Bas, en devint le grand-duc, afin de compenser la perte de ses domaines familiaux en Allemagne. Ce statut d'État indépendant ne fut cependant pas respecté par le roi Guillaume. Celui-ci l'intégra à son royaume des Pays-Bas et l'administra comme n'importe laquelle de ses provinces. La Loi fondamentale y fut appliquée comme partout ailleurs. Cependant, le Luxembourg avait le statut de citadelle fédérale et une garnison de la Confédération germanique en assurait la défense. Cette garnison était en fait essentiellement prussienne.

 

Période belge (1830-1839)

Lorsqu'en 1830 les provinces du Sud se révoltèrent contre le roi Guillaume, les Luxembourgeois prirent une part active aux événements. Une fois l'indépendance proclamée, l'ensemble du grand-duché fut donc incorporé au jeune royaume de Belgique. Cependant, la forteresse de Luxembourg restait aux mains des troupes prussiennes qui la défendaient. Par ailleurs, les Puissances étaient résolues à priver la Belgique de ce point stratégique en cas d'attaque française. Ainsi les protocoles de Londres (20 janvier 1831) stipulaient que la Belgique devait rendre le Luxembourg au roi des Pays-Bas. Le traité des XVIII articles (26 juin 1831), plus favorable à la Belgique, permettait un rachat de la province, mais après la campagne des Dix-Jours, il fut remplacé par le traité des XXIV articles (15 novembre 1831), qui excluait le rachat, mais accordait à la Belgique le Luxembourg wallon avec, en plus, le canton d'Arlon, l'ensemble formant la province belge de Luxembourg), ceci sur proposition du roi des Français Louis-Philippe.

Par ailleurs, pour compenser cette perte territoriale pour la Confédération germanique, le traité prévoyait l'intégration d'une partie de la province de Limbourg dans ladite confédération, sous le nom de duché de Limbourg. Le traité précise aussi que la partie séparée du Luxembourg, bien que son souverain soit le roi des Pays-Bas, sera un État indépendant.

Cependant, Guillaume Ier refusait de ratifier le traité, espérant qu'il pourrait un jour récupérer l'ensemble des provinces du Sud. Tout le Luxembourg (sauf la forteresse de Luxembourg) restait donc sous contrôle belge. En 1838, le roi des Pays-Bas fit savoir à la Conférence de Londres qu'il se ralliait au traité des XXIV articles. Malgré les tentatives des autorités belges pour obtenir une révision du traité, la Belgique dut alors rendre au roi Guillaume, en 1839, l'essentiel du Luxembourg germanophone. Pour le Luxembourg, la perte de ses terres les plus francophones en fit un État principalement allemand. Mais la langue parlée par la population est le Luxembourgeois, variante de la langue allemande. Mais l'influence culturelle française reste forte.

 

Vers l'indépendance (1839-1867)

En 1839, le pays repassa donc aux mains de Guillaume Ier, qui reconnaît l'indépendance du pays selon les termes du traité des XXIV articles. La perte des marchés belges causa des difficultés économiques. Voulant y remédier, le roi et grand-duc intégra le grand-duché à l'union douanière allemande (Zollverein) en 1842. Cela n'empêcha pas le Luxembourg de rester un pays agricole sous-développé durant la plus grande partie du siècle. Pour ces raisons un cinquième de la population émigra aux États-Unis entre 1841 et 1891.

L'échec de la cession du grand-duché à la France provoqua, sous la pression des opinions publiques des états allemands, la Crise luxembourgeoise. Cette crise diplomatique, qui faillit tourner à l'affrontement armé entre la France et la Prusse, se régla pacifiquement à la conférence de Londres et eut pour conséquence la reconnaissance internationale de l'indépendance du grand-duché et son statut de pays neutre. Les murs de la forteresse furent abattus et la garnison prussienne fut retirée.

À la mort de Guillaume III sans postérité mâle survivante en 1890, le grand-duché passa à la maison de Nassau-Weilburg en vertu d'un contrat d'héritage passé en 1783 entre les branches Ottoniennes et Walramiennes de la maison de Nassau. Désormais le Luxembourg et les Pays-Bas auront des souverains différents.

 

Les deux guerres mondiales

Pendant la Première Guerre mondiale, le Luxembourg fut envahi par l'Allemagne et nombre de Luxembourgeois s'engagèrent volontairement dans les armées belge ou française selon les opportunités qui leur étaient laissées d'échapper aux occupants, entre autres en fonction de la proximité de la frontière belge ou française par rapport au lieu d'origine des engagés. Le Luxembourg fut occupé par l'Allemagne jusqu'en 1918 et fut libéré par des troupes françaises et américaines. Le gouvernement et la grande-duchesse, restés au grand-duché, choisissent la voie de l'accommodation avec l'occupant, politique qui sera sévèrement critiquée après 1918. Deux divisions américaines stationnèrent dans l'État dans les années qui suivirent la guerre. Les négociations de Versailles en 1918 rejetèrent les prétentions belges sur le Luxembourg et confirmèrent l'indépendance du pays. En 1918, le Luxembourg quitte le Zollverein. En 1921, il constitue l'union économique belgo-luxembourgeoise avec la Belgique (UEBL) qui sera supprimée par les nazis lors de l'invasion allemande de 1940.

En mai 1940, les Allemands violent la neutralité luxembourgeoise et occupent le grand-duché. La grande-duchesse et le gouvernement fuient en France puis en Angleterre, puis aux États-Unis et au Canada. Les habitants des villes industrielles du Sud sont temporairement évacués vers le Midi de La France. Le régime nazi considère le Luxembourg territoire allemand ( comme l'Alsace-Moselle française). Un gauleiter est nommé, l'apprentissage et l'usage du français sont interdits. Mais le pays connaît une forte résistance passive. Ainsi en octobre 1941, un recensement racial organisé par les nazis est transformé par la population en un référendum pour leur langue maternelle, le luxembourgeois et leur indépendance. À partir de 1942, comme les Malgré-nous Alsaciens, les Lorrains, et les Belges des cantons de l'est, les jeunes Luxembourgeois sont enrôlés de force dans l'armée allemande. Cela provoquera des grèves réprimées dans le sang par les occupants nazis. La résistance s'organise à l'intérieur et à l'extérieur du pays (des luxembourgeois combattent aux côtés des Alliés dans les troupes belges de la brigade Piron et le fils de la grande-duchesse Charlotte, le futur grand-duc Jean, combat dans les Irish Guards en Normandie). Le Luxembourg est libéré en septembre 1944 par les Américains, mais il subit la contre-attaque allemande lors de la bataille des Ardennes en décembre 44 - janvier 45 qui ravage le nord du grand-duché.

 

L'après-guerre et l'intégration européenne

Dès 1944, l'union du Benelux est conclue par les gouvernements de la Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg. La participation du Luxembourg dans le processus de la construction européenne s'inscrit dans la politique étrangère luxembourgeoise, surtout après l'abandon de la neutralité en 1948. Cette même année, le Luxembourg est membre fondateur du Traité de Bruxelles et de l'OTAN. En 1952 Luxembourg-ville devient le siège provisoire, dans un premier temps, de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA), et ainsi la première capitale de l'Europe. La CECA sera à la base d'une nouvelle période de croissance, et l'adhésion à la Communauté économique européenne le point de départ d'une expansion économique et d'une hausse de l'immigration.

Quant à la concertation internationale pour la sécurité et la paix, le Luxembourg fut un des membres fondateurs de l'ONU en signant la charte des Nations unies signée lors de la conférence de San Francisco en 1945.

À partir des années 1970, le déclin de l'industrie sidérurgique va de pair avec la naissance d'une grande place financière. Le processus d'intégration du pays à l'Union européenne se poursuit et fera de la ville de Luxembourg une des villes les plus cosmopolites d'Europe. Le Luxembourg attire l'attention internationale par sa place financière et c'est grâce à une forte immigration (36 %) qu'il est considéré aussi comme un microcosme de l'Europe, et comme un modèle d'ouverture sur l'extérieur. De plus, de par sa petite taille, il a su garder l'image d'un pays serein et « à échelle humaine » par la faible distance qui sépare les habitants de leurs autorités.1

 

 

Économie du Luxembourg

46 % du produit intérieur brut du pays dépend de son rôle de place financière. Outre la banque privée, depuis une quinzaine d'années, le Luxembourg est devenu la place la plus importante d'Europe sur le marché des fonds d'investissement.

La croissance exceptionnelle de la place financière luxembourgeoise fait que fin mai 2011 l'on comptait 144 banques présentes sur le territoire, totalisant plus de 26 000 salariés. Par ailleurs, le Luxembourg est le deuxième centre de fonds d'investissement du monde, après les États-Unis et le plus grand centre de banque privée dans la zone euro. Le Luxembourg connaît un secret bancaire qui est garanti par le code pénal, sans pourtant être absolu. Le Luxembourg a ainsi adopté l'ensemble des dispositions de l'OCDE pour combattre l'évasion fiscale. Cependant le Luxembourg est un domicile important de sociétés holding. S'il a aboli son statut de "holding 1929" au 1er janvier 2011, La Commission européenne ayant considéré ce régime comme une aide publique, le Luxembourg propose divers régimes de holding avantageux, telles les sociétés de participation financière (soparfi), les sociétés d'investissement à capital risque (sicar) ou les Sociétés Immobilières Luxembourgeoises (SIL), qui sont totalement exonérées d’impôt au Luxembourg pour leurs opérations en France.

L'administration a signé des accords fiscaux avec des centaines d'entreprises pour les inciter à l'évasion fiscale. Bien que ses autorités en refusent l'étiquette, la priorité donnée à la concurrence fiscale, l'opacité du système financier et le secret bancaire du Luxembourg le font classer comme paradis fiscal par les journalistes et les économistes.

En 2015, le PIB par habitant du Luxembourg est le plus élevé au monde. Ce chiffre est toutefois biaisé par le fait que les travailleurs frontaliers des trois pays voisins qui contribuent à générer une grande partie de ce PIB ne sont pas pris en compte lors du calcul du PIB/tête d'habitant. Leur nombre est en effet assez important pour fausser substantiellement les statistiques : en 2009, ils étaient près de 150 000 (environ 50 % de Français, 26 % de Belges et 24 % d'Allemands). En 2014, ce sont 82 797 frontaliers résidant en France et travaillant au Grand-Duché qui sont recensés.

Le salaire minimum du Luxembourg est le plus élevé de l'Union européenne : plus de 1900 euros par mois en 2015.2

 

 

Le gouvernement luxembourgeois démissionne dû à un scandale impliquant les services secrets

Le gouvernement luxembourgeois a démissionné le 10 juillet 2013 suite à un scandale dans lequel sont impliqués les services de renseignement.

Le premier ministre Jean-Claude Juncker a annoncé la démission de son gouvernement et de nouvelles élections après qu’une commission parlementaire soit parvenu à la conclusion que Juncker avait perdu le contrôle des services secrets du pays, le SREL (Service de Renseignement de l’État du Luxembourg). Pendant des années, le SREL a fonctionné hors de toute supervision et espionné des politiciens de haut rang, y compris Juncker lui-même.

La commission parlementaire a accusé Juncker de ne pas avoir informé correctement la commission de contrôle traitant des abus dont sont responsables les services secrets, ou de l’avoir fait incomplètement. Malgré le fait que le SREL ait été coupable de violations flagrantes du Droit, Juncker a manqué de prendre des mesures disciplinaires contre son personnel. Il a seulement informé le procureur une fois que les délits en question furent tombés sous la prescription.

Dans un débat parlementaire véhément jeudi 11 juillet, Juncker, un Chrétien-démocrate, a nié toute responsabilité personnelle. Son partenaire social-démocrate dans la coalition gouvernementale s’est retourné contre lui et a soutenu le rapport d’enquête de la commission. Suite à cela, Juncker a dissous le gouvernement.

Juncker était alors à la tête du gouvernement du Grand-Duché et de son demi-million d’habitants depuis 1995. Il était, dans toute l’Union européenne (UE), le premier ministre le plus longtemps en poste et il y jouait un rôle important. De 2005 à 2013, il a été président de l’Eurogroupe. Il n’avait pas réussi cependant à obtenir la charge de président de l’UE en 2009 parce qu’il était considéré par Berlin et Paris comme un esprit trop indépendant. On a donc confié ce poste nouvellement créé au Belge Herman Van Rompuy. Les activité douteuses des services de renseignement luxembourgeois remontent à l’affaire des soi-disant poseurs de bombes des années 1980. Entre 1984 et 1986, vingt bombes ont explosé au Grand-Duché sans qu’aucune information n’apparaissent sur les motivations ou sur ceux qui en étaient responsables.

Ce n’est qu’à présent, trois décennies plus tard, qu’on a fait un procès à deux membres d’une unité d’élite de la gendarmerie luxembourgeoise. Ils sont accusés d’avoir posé les bombes afin de créer un climat de peur et d’obtenir par là des finances supplémentaires pour les forces de l’ordre. Les avocats de la défense des deux hommes insistent cependant pour dire que derrière les attentats il y avait les opérations Gladio ou le réseau “Stay-Behind” de l’OTAN.

Le réseau secret “Stay Behind” avait pour mission de commettre des actes de sabotage derrière les lignes dans le cas d’une invasion de la part de l’Union soviétique. En fait, cette organisation était truffée d’éléments d’extrême-droite et organisa une suite d’attentats terroristes dans plusieurs pays dans le but de provoquer un tournant politique à droite. La soi-disant ‘stratégie de la tension’ poursuivie par cette organisation en Italie, bien documentée, a entraîné la mort de dizaines de personnes.

De nombreux indices pointent vers une participation des forces de sécurité luxembourgeoises au réseau “Stay Behind” et vers le fait qu’elles furent le principal acteur des attentats à la bombe. Cela n’a cependant joué qu’un rôle secondaire dans les délibérations de la commission parlementaire ayant conduit à la démission du gouvernement.

L’événement principal retenu par la commission a été une conversation entre Juncker et un petit cercle d’intimes avec le chef du SREL Marco Mille en janvier 2007. De toute évidence, un des sujets de cette conversation avait été l’implication d’un certain nombre de membres de la famille du Grand-Duc dans l’affaire des poseurs de bombes.

Mille est venu à cette réunion avec une montre spécialement conçue et a secrètement enregistré l’ensemble de la conversation. Juncker aurait découvert cet espionnage deux années plus tard seulement sans pour autant prendre de mesures disciplinaires à l’égard du chef du service de renseignement. Selon ses propres dires, il a toléré cet abus massif de confiance afin de ne pas éprouver les rapports avec les autres services de renseignement. Mille est resté à son poste jusqu’en 2010 pour devenir ensuite chef de la sécurité chez Siemens.

L’importance du scandale des services secrets luxembourgeois va bien au-delà les frontières du Grand-Duché. Il permet de jeter un regard sur le fonctionnement interne des services secrets qui sont tout sauf des “agences de renseignement” politiquement neutres à qui il incomberait de protéger la population du danger.

Si bien des choses restent obscures il est clair que le service de renseignement luxembourgeois a joué pendant de nombreuses années, dans les coulisses, un rôle actif dans la politique du pays. Il l’a fait en entretenant des liens étroits avec les services secrets des autres pays occidentaux et avec des forces politiques droitières. Il a fini par avoir pour Jean-Claude Juncker, une personnalité respectée de l’establishment européen, des conséquences funestes.3

 

 

Luxembourg Leaks : le scandale de l’évasion fiscale

En novembre 2015, un groupe de journalistes d'investigation a révélé que 340 multinationales avaient passé des accords fiscaux secrets avec le Luxembourg à l'époque où Jean-Claude Juncker était Premier ministre, ce qui leur a permis de ne pas payer des milliards d'euros d'impôt dans leur pays d'origine.

Que le Luxembourg soit un paradis fiscal n'est pas une découverte, mais cette enquête jette une lumière crue sur ces pratiques et sur les bénéficiaires d'une fiscalité légère : Amazon, Ikea, Pepsi Cola, Heinz, Verizon mais aussi des groupes français, Axa, Crédit agricole ou BNP Paribas... 340 multinationales ont ainsi passé 548 arrangements fiscaux secrets pendant le mandat du Premier ministre Juncker, de 1995 à 2013.

Ces accords permettent aux entreprises les plus profitables de la planète de ne payer pratiquement pas d'impôts, mais ils privent de recettes fiscales les États d'où viennent ces entreprises. Et comme souvent, c'est un ex-employé d'une société d'audit travaillant pour ces multinationales qui a dénoncé ces pratiques. Une preuve de plus qu'il faudrait en finir avec le secret industriel, commercial et bancaire, et pas seulement au Luxembourg.

Les entreprises peuvent en effet demander par avance au fisc luxembourgeois comment elles seront traitées. C'est le « rescrit fiscal ». C'est ainsi que le grand-duché, autrefois bassin sidérurgique, est maintenant surtout un paradis fiscal pour la finance et les services. Le taux d'imposition officiel de 29,9 % au Luxembourg peut s'approcher de zéro grâce à une palette de niches fiscales valables pour les sociétés-mères et leurs filiales. Ainsi, les entreprises peuvent moduler les montants des factures destinées à leurs filiales, les gonfler là où l'imposition est faible et inversement. La fiscalité luxembourgeoise est également favorable pour les redevances des brevets et autres biens dits immatériels, pour lesquels elle devient quasi virtuelle.

Le Luxembourg trouve son avantage dans cette affaire puisqu'il empoche le montant de ces impôts, réduits sans doute, mais concernant des activités qui n'ont pas lieu sur son sol. Cependant, l'argent ainsi conservé par les entreprises vient grandir le montant des dividendes servis aux actionnaires et manque dans leur pays d'origine pour construire ou entretenir ponts, routes, transports, hôpitaux, écoles, etc., au détriment des populations.

Ces révélations ont éclaté au moment où Juncker prenait la tête de la Commission européenne et prétendait s'en prendre à la fraude fiscale... Cela en dit long sur ce qu'on peut attendre de l'Union européenne en la matière. La concurrence, à qui attirera les capitaux à coups d'incitations fiscales, est dans les gènes de tous ses gouvernements et une règle parmi les mieux appliquée, même si elle n'est pas écrite.4

Ces révélations préjudiciables exacerbent la colère grandissante à l’encontre des gouvernements pro-patronaux de l’UE et des gouvernements européens qui ferment systématiquement les yeux sur les arnaques les plus flagrantes des sociétés tout en imposant des budgets d’austérité qui étripent les services essentiels. Mais en exposant au grand jour les accords de complaisance, normalement cachés, entre les gouvernements et les sociétés, ils prouvent aussi que la véritable raison pour laquelle « on ne peut plus s’offrir » les services publics et la protection sociale n’est pas le vieillissement de la population, les « parasites sociaux » ou l’immigration, mais bien le fait que les sociétés refusent de payer le moindre impôt aux gouvernements qui sont sous leur emprise.5

 

 

Sources

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Luxembourg
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_du_Luxembourg
(3) http://www.mondialisation.ca/le-gouvernement-luxembourgeois-demissionne-du-a-un-scandale-impliquant-les-services-secrets/5342839?print=1
(4) http://www.lutte-ouvriere-journal.org/2014/11/12/luxembourg-au-paradis-des-groupes-capitalistes_35726.html
(5) http://www.mondialisation.ca/le-scandale-de-levasion-fiscale-au-luxembourg-secoue-lunion-europeenne/5414616?print=1