Le Venezuela

 

 

Conquête espagnole

En août 1498, Christophe Colomb « découvre » le Venezuela alors qu'il commence son troisième voyage vers les Indes occidentales. Parti plus au sud que lors de ses précédents voyages, il pénètre dans le golfe de Paria.

Lorsque l'année suivante le Florentin Amerigo Vespucci et l'Espagnol Alonso de Ojeda explorent cette région pour la première fois (côte nord-ouest), ils découvrent des indigènes (dont des Caraïbes, des Arawaks et des Cumanagatos), vivant principalement d'agriculture et de chasse, installés le long de la côte, de la Cordillère des Andes et du fleuve Orénoque. La population de l'époque est estimée à 500 000 habitants. Les maisons sur pilotis des Indiens du golfe de Maracaibo leur font penser à une petite Venise, Venezziola, ce qui donnera le nom du pays.

Après la première colonie permanente, à Nueva Cadiz créée en 1522 par les Espagnols, la famille Welser, des marchands allemands mandatés par Charles Quint, tenta la première colonisation en profondeur. En 1506-1507, Bartholomé Welser avait participé aux voyages portugais vers les Indes, dans le cadre de la Feitoria de Flandres.

Il reçut le droit de coloniser le Venezuela, comme gage d'un gros emprunt, fait à l'empire espagnol, qui avait subi en 1519 des échecs face aux amérindiens dans la région du Darién, appelée Castille d'Or, qui regroupait les pays actuels du Panama, de la Colombie et du Venezuela, obligeant l'Espagne à déplacer la capitale de Santa María la Antigua del Darién à Panama, dans les années 1515, qui virent Bartolomé de las Casas dénoncer les violences contre les amérindiens.

Welser s'engagea à fournir des esclaves noirs à la nouvelle colonie. En 1526, il envoya à Hispaniola son agent Ambrosius Ehinger, qui y fondait une factorerie. Le 27 mars 1528, l'empereur espagnol Charles Quint accordait à ses agents Henri Ehinger et Jérôme Say une charte ou "capitulation", pour l'exploitation de la province de Santa Marta, dans l'actuelle Colombie, et de la région comprise entre les caps de la Vela et Maracapana.

Une seconde capitulation, du 15 février 1531, transféra le bénéfice de la première aux frères Antoine et Bartholomé Welser. Cette concession ne différait pas des chartes accordées à Christophe Colomb. Mêmes droits, mêmes privilèges, mêmes pouvoirs d'administration. Une clause fixait l'obligation d'introduire 50 maîtres mineurs pour l'exploitation des mines de la colonie, qui fut mal observée, ces contremaîtres étant repartis presque tous dès 1535. Seuls, les dirigeants et quelques officiers du corps expéditionnaire étaient allemands.

Le 24 février 1529, Henri Ehinger et Jérôme Sayler arrivent à Coro sur trois navires de Cadix, avec 700 fantassins et 80 cavaliers de nationalités diverses. Les conflits entre Allemands et espagnols, sur fond d'expéditions à la recherche de l'Eldorado, aboutissent à l'assassinat de Philippe de Hutten et de Bartholomé Welser en 1546 à Tocuso par les espagnols Juan de Carvajal et Pedro de Limpias.

Le bilan économique se réduisit à la découverte d'huîtres perlières et à la fondation de Maracaibo. Dès 1546, les derniers allemands quittèrent le Venezuela. Le 30 avril 1556, les Welser étaient déclarés déchus de leur concession par une décision du Conseil des Indes, siégeant à Madrid. Le Venezuela est rattaché à la couronne espagnole mais il faut attendre 1567 pour la fondation de Caracas, avec l'aide cette fois de flamands.

Aux XVIe et XVIIe siècles, le Venezuela était une colonie assez négligée, car les Espagnols se concentraient surtout sur l'extraction de l'or dans d'autres régions d'Amérique du Sud. C'est pourquoi les explorateurs anglais n'hésitaient pas à effectuer des reconnaissances dans cette région qu'ils appelaient « Guiana » : ainsi l'expédition de Robert Dudley le long de l’Orénoque en 1594, et celles de Walter Raleigh en 1597 et 1617.

 

XVIIe siècle et XVIIIe siècle : L'essor du cacao

L'histoire de la culture du cacao est stimulée par des marchands juifs hollandais de Curaçao, venus d'Amsterdam en 1651 et 1659, puis des zones où trois puissances coloniales les chassent, pour prendre leurs technologies sucrières : les portugais au Pernambouc en 1654, les anglais à Pomeroon-Supenaam en 1665, et les français à la Martinique en 1685. Conscients que le sucre commence à être encombré, ils jouent la carte du cacao, acheté aux amérindiens de la rivière Yaracuy.

En 1688, le trésor anglais autorise Pieter Henriques, juif de Londres, à importer 200 tonnes de cacao du Venezuela. En 1693, la Guerre de la Ligue d'Augsbourg rapproche la Hollande et l'Espagne : des juifs de Curaçao, créent une ville à Tucacas, à soixante kilomètres à l'ouest de Caracas pour mieux collecter le cacao des amérindiens de l'intérieur des terres.

Des convois de mules amènent le cacao des vallées de Berquisimiento, Barinas, Turiano, et Coro. Les juifs offrent en échange des textiles des Pays-Bas, des toiles de lin d'Allemagne, du vin, de la cannelle et du poivre. L'armée espagnole attaque Tucacas, mais se heurte aux amérindiens. La colonie hollandaise est commandée par Jorge Christian, Marquis de Tucacas, président de la congrégation appelée "Santa Irmandad", et de Samuel Hebreo, alias Samuel Gradis Gabai, "Señor de las Tucacas".

En 1711, 12.000 bales de cacao sortent de Tucacas, selon Juan Jacobo Montero de Espinos, maire de Coro, qui attaque un des convois de mules. En 1717, le Venezuela intègre la Nouvelle Grenade, qui inclut aussi la Colombie et l'Équateur. Le vice-roi Jorge de Vilalonga, en raison des pressions de l'église catholique, décide d'éliminer Tucacas. Pedro Jose de Olivarriaga est nommé commissionnaire contre la "contrebande". À la tête de 40 navires, il s'empare de Tucacas en 1720. La synagogue est détruite, les juifs fuient à Curaçao sur 30 à 40 navires. Cependant, les populations demandent à conserver des contacts commerciaux avec eux. En 1722, les juifs reviennent à Tucacas pour les foires commerciales, en janvier et juin mais aussi la collecte.

Les espagnols créent en 1728 la Compagnie Royale Guipuzcoana, formée de corsaires baques, pour capter le trafic du cacao, toujours orchestré par les hollandais de Curaçao. De 1730 à 1733, la compagnie affronte une révolte des amérindiens de la rivière Yaracuy, menés par Andresote, soutenue par les hollandais, finalement matée par une armée de 1500 espagnols.

La moitié du cacao de rivière Yaracuy continua à sortir via la contrebande hollandaise, qui offrait de meilleures marchandises. La quantité de cacao importée en Espagne augmenta cependant entre 1728 et 1748. Le prix chuta, de 80 pesos la fanega de 52 litres en 1728, à 45 pesos.

Le cédule royale du 16 septembre 1754 autorise la compagnie à introduire deux mille esclaves noirs dans la province de Caracas, surtout à Ocumare de la Costa, trente kilomètres à l'ouest, de Caracas. On y compte en moyenne 6 000 à 8 000 arbres, par plantation au milieu du XVIIIe siècle, les deux plus importantes appartenant aux sœurs de l'immaculée conception, tandis qu'elles attirent ensuite quatre familles de colon des îles Canaries. L'arrivée des esclaves amena la Colonie française du Darién, principale concurrente, à envisager la même expérience, aboutissant à la colère des indiens Kunas, qui chassèrent leurs associés français en 1760. À la fin du XVIIIe siècle le cycle du cacao au Venezuela est cassé par la surproduction, la guerre civile et la dispersion des esclaves.

 

XIXe siècle : L'indépendance

Le plus grand mouvement pré-indépendantiste est celui de Francisco de Miranda. Après avoir participé à la guerre d'Indépendance des États-Unis et à la Révolution française, Miranda, avec l'appui de l'Angleterre et des États-Unis, part de New York en 1806.

Le débarquement sur les côtes vénézuéliennes échoue car les bateaux espagnols lui livrent bataille. Il doit fuir vers Trinidad. Avec l'aide du gouverneur de l'île, il organise une deuxième expédition et réussit à débarquer le 3 août 1806 à la Vela de Coro. Mais il n'est pas bien accueilli par les colons et retourne quelque temps après en Angleterre.

Il reprend la lutte en 1810. Le 19 avril 1810, à Caracas, une junte qui a destitué le commandement espagnol prend le pouvoir. Le 5 juillet 1811, un congrès élu au suffrage censitaire proclame l'indépendance du Venezuela sous l'impulsion de Francisco de Miranda et de Simón Bolívar ; et en décembre 1811, une Constitution est votée. Mais la situation se renverse, lorsque des troupes espagnoles débarquent à Coro, commandées par le général Domingo Monteverde ; cette armée reconquiert le pays entre mars et juin 1812. À la fin de cette campagne, Simón Bolívar participe à l'arrestation du général Francisco de Miranda à La Guaira.

La Première République est renversée, et les espagnols reprennent le pouvoir ; jusqu'en août 1813, moment où Simón Bolívar arrive en vainqueur à Caracas après la « Campagne Admirable » qui l'a vu traverser la Nouvelle Grenade (actuelle Colombie) et le Venezuela, entre mars et août 1813 (le titre de « Libertador » lui est décerné par la municipalité de Caracas le 14 octobre 1813).

La Deuxième République est proclamée en août 1813, malgré quelques victoires comme les batailles d'Araure, Bacachica, Carabobo, les troupes espagnoles épaulées par les llaneros de José Tomas Boves remportent la victoire décisive de Puerta, ce qui force Simón Bolívar et les indépendantistes à quitter Caracas. Des renforts espagnols dirigés par le général Morillo arrivent en Amérique du Sud en 1815 pour faire respecter l'autorité espagnole. En mai 1816, Simón Bolívar débarque sur l'île de la Marguerite (il a embarqué avec des troupes en Haïti), puis il débarque au Venezuela, mais cette tentative est un échec et il doit se replier sur Haïti. Il réalise une nouvelle tentative le 1er janvier 1817 avec 4.300 hommes ; il s'empare de l'île d'Angustura (aujourd'hui Ciudad Bolívar), capitale de la Guyane Vénézuelienne, sur l'embouchure de l'Orénoque, en juillet 1817. Le 2e congrès du Venezuela y est réuni le 15 février 1819.

Dans cette même ville, le Parlement créé la Grande Colombie par la Loi Fondamentale de la République de Colombie (cette loi vise à rassembler en un même État les provinces du Venezuela, de la Nouvelle Grenade, et de Quito (les actuels pays du Venezuela, de la Colombie, de l'Équateur, et du Panama). La constitution est votée le 17 décembre 1819, et Simón Bolívar devient président et dictateur militaire.

Après un bref armistice signé avec le gouvernement libéral espagnol en novembre 1820, la guerre reprend en avril 1821. Le Venezuela obtient son indépendance définitive par la victoire décisive de Carabobo le 24 juin 1821 ; Simón Bolívar entre en vainqueur à Caracas 29 juin 1821.

Le général Jose Antonio Paez, qui a mené la guerre dans les Llanos devient président de la République. Le Venezuela est l'un des trois pays ayant émergé de l'effondrement de la Grande Colombie, déclaré en 1830 par le général José Antonio Páez (les deux autres pays étant la Colombie et l'Équateur).

Diverses rébellions sont à noter de 1858 à 1863.

 

XXe siècle : dictatures, pétroles et démocratie

Pendant la première moitié du XXe siècle, le Venezuela fut dirigé par des gouvernements militaires qui promurent l'industrie pétrolière.

Au début du XXe siècle, la découverte de réserves de pétrole a en effet amené le Venezuela à passer d'une économie basée à 96 % sur le cacao et le café, à une économie pétrolière.

Le dictateur Juan Vicente Gómez, dit el bagre, dirigea le pays de 1908 à 1935, le pétrole lui permit de rembourser complètement la dette extérieure en 1930.

De 1936 à 1941, le pays est dirigé par Eleazar López Contreras1. Il eut, dès le début de son mandat présidentiel, à faire face à deux crises majeures : d’abord le mouvement populaire du mardi gras 1936, lorsqu'une manifestation se rendit devant le palais de Miraflores pour revendiquer plus de libertés, ce à quoi López accéda en partie, et ensuite la grève déclenchée en juin de la même année par une opposition désireuse de le renverser, but qui ne fut pas atteint. Il réforma la constitution en juillet 1936, dans un sens qu’il voulut démocratique, ramenant notamment la durée du mandat présidentiel de 7 à 5 ans, règle à laquelle lui-même se fit un devoir de se soumettre. En même temps toutefois, des mesures autoritaires furent légalisées, telles que l’exil sur décret présidentiel, et l’interdiction des idéologies communiste et anarchiste, qui servit à justifier l’expulsion hors du pays de plusieurs personnalités politiques, parmi lesquelles Rómulo Betancourt.

Sa présidence se distingua d’autre part par la création d’organismes publics de protection et d’assistance, tels que le ministère de la santé et de l’assistance sociale, créé par voie de décret du 25 février 1936 ; l’importance de l’hygiène publique était le motif invoqué.

En 1938 fut fondé l'Institut technique de l’immigration et de la colonisation (Instituto Técnico de Inmigración y Colonisation), par lequel le gouvernement se proposait d’organiser la distribution de terres arables aux agriculteurs vénézuéliens et étrangers, afin de repeupler les campagnes, d’élever la qualité de vie et d’améliorer ethniquement la population du pays.

Par ailleurs, recueillant après la seconde guerre mondiale les juifs en mal de terre d’asile errant sur les paquebots Caribia et Königstein, il sera pour une grande part à l’origine de l’actuelle communauté juive du Venezuela.

En avril 1941, le congrès élut comme nouveau président Isaías Medina Angarita, également général de division et jusque-là ministre de la Guerre et de la Marine.2

Devenu président par coup d'État, Rómulo Betancourt préside le pays de 1945 à 1946, suivi du social-démocrate et écrivain Romulo Gallegos de 1946 à 1948.

Cette période se termine par la dictature de Marcos Pérez Jiménez, de 1948 à 1958.3

Pendant son gouvernement, Pérez Jiménez débuta beaucoup de projets d'infrastructure, pour la plupart des constructions de routes, ponts, édifices du gouvernement, grand complexes de logement public et le très symbolique Hôtel Humboldt. L'économie du Venezuela se développa rapidement pendant son mandat.

Comme beaucoup de dictateurs, Pérez Jiménez n'était pas prêt à tolérer les critiques et son gouvernement poursuivit impitoyablement et anéantit l'opposition.

Janvier 1958 constitue le début de la fin pour Pérez Jiménez. Le 1er janvier, les forces aériennes de la base de Maracay se soulèvent et mitraillent le Palais présidentiel. Le Dictateur affirme contrôler le pays, mais le 23 janvier, à la suite de manifestations dans la rue, Pérez abandonne le pays pour se réfugier aux États-Unis.4

 

Pacte de Punto Fijo : la fin de la dictature militaire

La chute de Marcos Pérez Jiménez en 1958 donne lieu au pacte de Punto Fijo, qui précise le nouveau système politique. Les gouvernements sont alors élus démocratiquement.

Le social-démocrate Rómulo Betancourt est président de 1959 à 1964 après avoir remporté l'élection présidentielle du 7 décembre 1958, obtenant 49.2 % des voix contre 34.6 % des voix pour le centriste Wolfgang Larrazábal et 16.2 % pour le conservateur Rafael Caldera. Le 3 janvier 1960, 21 personnes sont arrêtées pour tentative de coup d'État, après des attentats qui ont visé des émetteurs radio et le domicile du colonel Padron, un ancien gouverneur de Caracas. Trujillo, dictateur de la République dominicaine, tente d'assassiner Betancourt le 24 juin 1960.

Les principaux partis de cette époque sont l'Action démocratique (AD, Acción Democratica social-démocrate), le COPEI (social-chrétien) et l’Union républicaine démocratique (Unión Republicana Democrática), qui se sont alliés pour écarter le Parti communiste du Venezuela. Le développement se construit autour des bénéfices de l'exploitation du pétrole vénézuélien, aidant à l'industrialisation du pays.

Caracas développe alors un programme nucléaire pacifique, avec l'aide de Washington, qui lui fournit de l'uranium enrichi afin d'alimenter le réacteur de recherche RV-1, situé à l'Institut vénézuélien de la recherche scientifique.5

 

Stabilisation politique et évolution néolibérale

Carlos Andrés Pérez devient président le 12 mars 1974. L'année suivante, il nationalise l'industrie du fer et d'aluminium et l'année suivante, l'industrie du pétrole. Il assoit ainsi le développement du pays sur les pétrodollars, mettant en place un programme de grands travaux.

Pérez entreprit une politique économique interventionniste qui affectait négativement les PME, et aidait les grands conglomérats, en particulier le Groupe Cisneros de Gustavo Cisneros. Durant les deux premières années de son gouvernement il tenta d'appliquer une politique de plein emploi qui d'une part pénalisait les entrepreneurs et d'autre part, au moyen de la loi dite "loi contre les licenciements injustifiés" de 1974, donnait davantage de pouvoir aux syndicats et travailleurs indépendants. Ceci eut pour conséquence une grande augmentation de liquidité circulante et toucha la consommation de manière artificielle jusqu'en 1977, ce qui se refléta dans la croissance du PIB en trois ans la plus importante de l'histoire du Venezuela.

À la fin de son mandat Pérez, fut accusé de corruption dans l'affaire « Sierra Nevada », mais à une voix près, il gagna un vote au congrès le laissant à l'abri légalement. Ceci n'entama que peu sa popularité, mais en tout état de cause, la Constitution lui interdisait de briguer un second mandat consécutif.

Lors de la campagne électorale, l'accident d'avion suspect au cours duquel le candidat de l'opposition Renny Ottolina trouva la mort accentua la faiblesse du candidat officiel Luis Piñerúa Ordaz. De plus, une stagnation de l'économie à partir de 1977 n'arrangea pas ses affaires, provoquant la défaite de l'Action démocratique aux élections de décembre 1978. Luís Herrera Campíns, du Parti démocrate chrétien COPEI, lui succéda alors en tant que chef d'État.

L'Action Démocratique récupéra le pouvoir à la faveur des élections de décembre 1983, hissant Jaime Lusinchi à la présidence de la République. En 1988, contre l'avis de Lusinchi et à la suite d'élections primaires, le 11 octobre 1987, Pérez fut choisi de nouveau par l'AD comme candidat présidentiel. Il bénéficiait notamment de son prestige, étant alors vice-président de l'Internationale socialiste et président de l'Association latino-américaine des droits de l'homme. Il se retrouva élu aux élections du 4 décembre 1988 avec 3 879 024 votes , 52,91 % des votants.

L'image de Pérez comme le président du miracle économique, qui s'était créée parmi les électeurs, contribua à lui attribuer de nouveau la présidence. Cependant, la situation économique était allée en empirant progressivement à mesure que les prix du pétrole baissaient. La monnaie s'était fortement dévaluée, l'inflation était très haute et la dette extérieure était une lourde charge pour la république.

Alors qu'il avait fustigé le « consensus de Washington » lors de la campagne électorale, le FMI et la Banque mondiale, il annonce peu après son élection un plan d'austérité de ton néolibéral inspiré de ce même « consensus de Washington » : hausses généralisées de prix, libéralisation et privatisation de l'économie, gel des salaires et réduction des dépenses publiques.

Le virage néolibéral impulsé par Pérez provoque une série de protestations populaires, notamment par ceux qui, vivant dans les cités-dortoir de Caracas, devaient se déplacer quotidiennement pour travailler dans la capitale. En peu de temps, le mouvement, appelé Caracazo, qui commença à Guarenas s'étendit rapidement à Caracas et d'autres villes (La Guaira, Valencia, Barquisimeto, Mérida, Guayana et les Vallées du Tuy), se transformant en mouvement d'émeutes général. L'armée réprima dans le sang le Caracazo, faisant des centaines de morts. Le président Pérez refuse pourtant d'assumer toute responsabilité dans cette répression.

Le Caracazo renforça la chute de popularité de Pérez, suscitant dans les jours suivants plusieurs manifestations de protestation. Manifestement, les mesures destinées à compenser l'impact du programme d'ajustements macroéconomiques de Pérez (augmentation des salaires, programmes de bourses pour l'alimentation, politique de subventions directes sur les éléments du panier de la ménagère) se révélaient insuffisantes pour répondre à la crise sociale.

Au cours de la crise économique produite par la première guerre du Golfe, le Venezuela augmenta sa production de brut ce qui représenta un soulagement momentané pour la situation économique même si cela ne diminua pas la contestation sociale.6

 

Deux putschs militaires

Le 4 février 1992 eut lieu un premier putsch. Les officiers putschistes parlaient de « construire une vraie nation » et dénonçaient « l’incapacité du gouvernement à combattre la corruption ». Les militaires qui voulaient, disaient-ils, appeler la population à se soulever, échouèrent à Caracas. Ils renoncèrent « pour le moment », selon la déclaration du lieutenant-colonel de parachutistes Hugo Chávez qui, à 38 ans, apparaissait pour la première fois, publiquement, à la tête de son « Mouvement Bolivarien Révolutionnaire » (MBR), créé dix ans avant. Il se retrouva en prison, mais était désormais connu de tous. Le 27 novembre 1992, le MBR lançait un autre putsch qui tourna court également. 1200 militaires, dont 500 officiers, furent arrêtés. Mais, l’année suivante, Pérez abandonnait la présidence, à la suite d’un scandale révélant sa corruption. Son successeur, Rafael Caldera, ex-dirigeant du COPEI, se fit élire en se présentant comme « indépendant » des partis. Élu, il poursuivit la politique de Pérez mais relâcha Chávez.

 

L’explosion de la misère

Les privatisations avaient ravagé la société. Entre 1988 et 1997, le nombre d’emplois disponibles diminua de 15 %. En 1999, le nombre de travailleurs vivant de petits boulots, de travail au noir, représentait 53% de l’ensemble des emplois, contre 34,5 % en 1980. Le salaire minimum avait baissé des deux tiers de sa valeur entre 1978 et 1994. Les budgets sociaux de l’État diminuèrent de 40 % entre 1980 et 1994, mais ceux de l’éducation et du logement de 70 % !

Entre 1984 et 1995, la population vivant sous le seuil de pauvreté grimpa de 36 à 66 %. La part de revenu des 40 % les « moins favorisés » fut réduite de 19,1 % à 14,7 %, tandis que celle des riches augmenta de 21,8 à 32,8 %. En 1987, les 5 % plus riches disposaient de revenus 42 fois supérieurs à ceux des 5 % les plus pauvres. Dix ans plus tard, ils étaient 53 fois supérieurs !

Cette dégradation générale pesait aussi sur la Confédération des Travailleurs Vénézuéliens (CTV), qui ne s’était guère opposée aux privatisations. Entre 1988 et 1995, le pourcentage de syndiqués diminua de moitié, chutant à 13,5 %. Il y avait pourtant des travailleurs combatifs, ceux que cherchaient à recruter les militants de Causa R (Cause Radicale), organisation issue du Parti communiste, dans les années soixante-dix, et qui s’inspirait du Parti des Travailleurs du Brésil. Leur militantisme, dans certaines usines ou dans les bidonvilles, leur valut quelques succès électoraux quand ils se présentèrent aux élections au début des années quatre-vingt-dix. Ils devaient se rallier par la suite à Chávez.

 

Grogne dans l’armée

Les cercles dirigeants de l’armée étaient d’autant plus solidaires du système que le Parlement nommait les officiers supérieurs. La corruption et le clientélisme avaient multiplié les postes d’officiers : avec cinq fois moins de soldats que l’armée brésilienne, le Venezuela comptait 133 officiers généraux pour 116 au Brésil ! En revanche, les officiers subalternes issus des couches populaires contestaient le système. Chávez et ses proches étaient la première génération d’officiers à avoir fait des études universitaires. Leur hiérarchie les avaient encouragés à garder le contact avec la société civile. Cela les avait politisés.

Après avoir créé le MBR en 1982, Chávez eut, par exemple, des contacts avec d’ex-guérilleros comme Douglas Bravo, ex-membre du Parti communiste revenu à une lutte politique plus classique après des années de guérillas stériles. Le frère de Chávez était membre de son PRV (Parti de la révolution vénézuélienne). Ces liens se rompirent, avant le putsch, quand Bravo comprit que Chávez et les militaires rejetaient tout contrôle de civils.

 

Chávez sur la route du pouvoir

À sa sortie de prison, Chávez se lança dans la lutte politique, cherchant à s’adresser aux classes les plus pauvres, en majorité métisses comme lui, mais aussi noires ou indiennes. Il exaltait la fibre nationale en se référant à Simon Bolivar, héros de l’indépendance du Venezuela (1830) et à son inspirateur Simon Rodriguez, mais aussi à Ezequiel Zamora, dirigeant d’un mouvement de paysans contre les grands propriétaires terriens (1847). Chávez emprunte aussi des citations à Jésus, Rousseau, Hugo, Neruda, Guevara, Marx ou Trotsky !

Il se lia aussi à un vieux politicien, Luis Miquilena, rompu à toutes les manœuvres et connu des milieux d’affaires. Celui-ci le seconda jusqu’en 2002. En 1995, un membre du MBR ayant réussi à se faire élire gouverneur, Chávez décida de se lancer dans la campagne présidentielle. Le MBR dut changer de nom et devint alors le MVR (Mouvement Vème République, la quatrième étant celle de 1958). Pour sa campagne, il reçut le soutien financier d’assureurs, de promoteurs et d’entreprises de communication, mais aussi de banques espagnoles. Il lança aussi un « Pôle patriotique » associant le MVR à des petits partis qui, comme Causa R, avaient bénéficié de l’usure des deux partis traditionnels.

À l’approche de l’élection présidentielle, craignant un succès de Chávez, les dirigeants des partis traditionnels décidèrent de tester l’électorat en avançant des élections locales. Le MVR de Chávez y obtenant de bons résultats, AD et COPEI présentèrent finalement un candidat unique, mais cela n’empêcha pas Chávez de l’emporter par 56 % des voix contre 39,9 % à son rival. Six ans après son coup d’État manqué, l’ancien officier putschiste était élu au suffrage universel. Le refus de ses adversaires de toute réforme de la Constitution avait creusé l’écart. Cette proposition résonnait chez ses électeurs des quartiers populaires comme un signe d’espoir.7

 

L’opposition de droite écartée du jeu politique

Dès le départ, Chávez ménagea les capitalistes locaux en nommant ministre de l’Économie et des Finances un représentant du patronat, ex-ministre du précédent président. Cela n’empêcha pas que se dresse contre lui un front unissant le patronat, la hiérarchie de l’Église catholique, les médias et les États-Unis, qui dénoncèrent publiquement le nouveau gouvernement.

Chávez consacra sa première année à la mise en place d’une Assemblée destinée à doter le pays d’une nouvelle Constitution, qui reconnut, par exemple, les droits des minorités indigènes, mais renforça aussi le poids politique de l’armée. Craignant que le Parlement ne fasse capoter cette réforme constitutionnelle comme il l’avait fait sept ans plus tôt pour une tentative identique du président Caldera, Chávez le contourna en imposant sa ratification par référendum. La nouvelle Constitution imposant à Chávez une nouvelle élection présidentielle en 2000, il fut réélu avec 60 % des voix.

Pour motiver ses partisans, Chávez augmenta le budget de l’État pour les programmes sociaux que l’armée mit en œuvre. En novembre 2001, Chávez passa à nouveau outre aux débats parlementaires en imposant 49 décrets-lois, dont l’un faisait de l’État l’actionnaire majoritaire de toutes les sociétés d’extraction et d’exploration pétrolière. Pour contrecarrer l’évasion fiscale pratiquée antérieurement par la compagnie pétrolière nationale Petroleos de Venezuela SA (PDV SA), qui privait auparavant le pays d’une partie de ses revenus, la loi modifia le mode de taxation.

Cette décision déclencha un conflit avec les dirigeants de PDV SA, liés à l’opposition. Ce fut l’origine du coup d’État d’avril 2002.8

 

La population opposée aux privilégiés

Du 13 au 14 avril 2002, le Venezuela fut en effet le théâtre d’un retournement de situation. Au terme d’une semaine d’agitation de ses adversaires, Chávez fut déposé par un coup d’État conduit par le président de la Fedecamaras (la confédération patronale), Pedro Carmona. Les États-Unis se félicitèrent un peu vite de ce « nouveau triomphe de la démocratie » car, quarante-sept heures après, Chávez était ramené à la tête de l’État par la troupe et une mobilisation massive des couches les plus pauvres de la capitale.

Cet échec cuisant ne découragea pas l’opposition qui se lança dans un second coup de force en décembre 2002, dont les dirigeants de la confédération syndicale CTV furent les artisans. Ils lancèrent une nouvelle grève du secteur pétrolier pour couper les vivres au régime en paralysant la production de pétrole brut, ce qu’ils parvinrent à réaliser dans un premier temps, réduisant à zéro les moyens du régime de leur adversaire.

Ce boycott s’étendit à la marine marchande, aux banques, au commerce et à une partie de l’administration. Il allait se poursuivre au début de l’année 2003 et durer deux mois. Pour entraîner le personnel de leurs entreprises dans une grève dont l’objectif était de faire tomber Chávez, les patrons payèrent les jours de grève ! Mais, cette fois encore, Chávez reçut le soutien des « cercles bolivariens » et des travailleurs combatifs opposés à la bureaucratie de la CTV. Avec l’aide des retraités de la compagnie pétrolière, celle-ci fut relancée, ce qui fit échouer ce coup de force.9

Dans les deux cas, avec l’appui réel de la population des quartiers, d’une partie de l’armée et des ouvriers du pétrole, Chávez sortit vainqueur et l’État acheva de prendre le contrôle de la compagnie pétrolière nationale impliquée, dès lors, dans le financement direct des programmes sociaux.

En août 2004, Chávez se plia à une exigence de la droite et affronta un référendum proposant sa révocation. Sa victoire paracheva la déroute de l’opposition, qui s’enferra en boycottant les élections législatives de 2005, lui laissant alors le champ libre au Parlement. Dans une large mesure, la politique de l’opposition, qui l’a conduite elle-même dans une impasse, a aussi conduit Chávez et son équipe à radicaliser leurs positions. Ainsi, le blocus économique imposé par la grève générale de 2002-2003 fit naître Mercal, un réseau encadré par l’armée qui propose des aliments à prix subventionnés.

 

Paroles socialistes et actes respectueux des possédants

L’opposition de droite hors jeu, les dirigeants chavistes cessèrent de désigner le patronat, les médias ou la hiérarchie catholique comme leurs ennemis. Le patronat et l’Église en prirent acte en mettant en sourdine leurs critiques. Chávez s’afficha dès lors plus volontiers comme un « anti-impérialiste » et commença à parler du « socialisme du 21e siècle », mais ce radicalisme a ses limites. Il peut en effet aussi bien déclarer que « la propriété privée n’est pas un droit absolu dépourvu de responsabilités sociales » et ajouter qu’« en temps normal, [il] respecte les droits des propriétaires ». Pendant la période conflictuelle de 1999 à 2003, l’ambassadeur des États-Unis au Venezuela, John Maisto, avait déclaré à plusieurs reprises : « Ne regardez pas ce que Chávez dit, regardez ce qu’il fait. » C’est un conseil précieux pour comprendre ce qu’il y a derrière les déclarations parfois tonitruantes de Chávez.

En 2005, les lois foncières, qui ne concernaient depuis 2001 que les propriétés de l’État, épargnant ainsi les grands propriétaires, furent étendues aux propriétés privées dont plus de 20 % des terres ne sont pas cultivées. Cependant les paysans bénéficiaires de la réforme agraire ne peuvent ni revendre leur terre ni la laisser en friche, la non-exploitation entraînant la confiscation. La même année, Chávez annonça que l’État exproprierait les entreprises qui ferment, quelle qu’en soit la raison. Quatre entreprises qui avaient cessé de fonctionner après la grève générale de 2002-2003 tombèrent ainsi dans l’escarcelle de l’État. On mit alors en place une « cogestion ». Les employés des usines expropriées reçurent des parts sociales et des responsabilités dans la direction de la société, mais les anciens propriétaires furent indemnisés.

 

La vitrine des « missions sociales »...

Cette cogestion fut étendue aux « missions sociales », qui touchent à toutes les activités. Les plus connues sont l’éducation, la santé, l’alimentation, la redistribution de terres, la création de coopératives et la construction de logements. Mais elles concernent bien d’autres activités, y compris s’inscrire sur les listes d’état civil. Le fait que l’État garantisse des budgets de fonctionnement et cherche à y associer la population, a amené un recul de la pauvreté et du chômage, sans pour autant que ces fléaux soient éradiqués. Ces mesures sont d’autant plus visibles que, partout dans le monde, on voit les États, y compris les plus riches et les plus développés, abandonner aux fil des années les programmes sociaux et réduire la protection sociale, tandis que le chômage explose. Si le régime de Chávez a semblé marcher à contre-courant, il a surtout renoué avec des mesures identiques dans le passé, quand la rente pétrolière était abondante. Il a ainsi répondu à l’attente des plus démunis, qui avaient besoin d’une aide immédiate. L’attachement populaire aux « missions sociales » découle aussi de leur fonctionnement décentralisé. Cela ne donne pas un véritable pouvoir aux acteurs locaux, mais ils en tirent le sentiment de jouer un rôle et d’avoir ainsi obtenu un peu de reconnaissance sociale.

Chávez n’était cependant pas sans arrière-pensées quand il a lancé ces missions. Il l’a lui-même expliqué dans un discours, le 12 novembre 2004 : « Un enquêteur international est venu (...) [nous dire] : “ Monsieur le Président, si le référendum [celui demandant sa révocation] avait lieu aujourd’hui, vous le perdriez. ” » Et Chávez poursuit : « Ça me fit l’effet d’une bombe (...) C’est à ce moment que nous avons commencé à travailler avec les missions, que nous avons conçu la première [la santé] et que nous avons demandé de l’aide à Fidel [Castro]. (...) Et [les Cubains] ont commencé à envoyer des docteurs par centaines. (...) Cette avalanche de gens qui sont venus vers nous n’est pas de la magie, c’est de la politique. »

 

... au bilan contrasté

Les meilleurs résultats ont été obtenus dans le secteur éducatif puisque l’Unesco a ajouté le Venezuela à sa liste des pays « sans analphabétisme ». En revanche, la mission sur le logement a été un échec cuisant. Selon le gouvernement lui-même, il manque près de trois millions de logements. Un premier tiers devait remplacer les bidonvilles, un second les constructions sur des zones en pente ou inondables et un troisième tiers loger les nouvelles familles. Or le régime n’en a construit que 350 000.

En août 2009, le très officiel Contrôleur de la République déclarait que l’État n’a pas su éviter « les actions inutiles, le gaspillage des ressources et la corruption », dénonçant le « non-respect d’appel d’offres et de mise en concurrence, parfois sous le prétexte de l’urgence décrétée par les autorités [les gouverneurs]. (...) Ces pratiques des responsables sont illégales et peuvent être sanctionnées. » Et elles ne garantissent pas « que des logements ne seront pas attribués à des gens qui n’en ont pas besoin ou à des gens qui auront illégalement bénéficié de décisions d’attribution ».

En 2008, on avait mesuré une progression de 16,5 % de la consommation alimentaire, mais le fonctionnement des marchés alimentaires subventionnés Mercal est loin d’être harmonieux. Il faut souvent faire la queue pendant des heures. De plus, le gouvernement a créé un réseau concurrent, PDVAL, lié à PDV SA, qui en a perturbé le fonctionnement. En 2009, des syndicalistes de Mercal ont protesté : « La mission alimentaire ne remplit pas les objectifs qui lui avaient été assignés (...). Au niveau national, le nombre d’habitants fréquentant les Mercal est tombé de 13 à 9 millions. [Certains] sont en train d’être fermés, d’autres suivent le même chemin, avec (...) des ruptures d’approvisionnement des produits de base. »

Quant à la mission qui amène les soins dans les quartiers, Provea, organisation de défense les droits de l’homme qui soutient depuis le début ce programme de santé publique, a constaté que le déploiement de cette mission a reculé et que des dispensaires ont fermé. D’autres ont manqué de fournitures médicales. En 2009, Chávez a dû admettre en public que cette mission « n’a plus l’efficacité qu’elle avait ». Provea a aussi constaté que les dirigeants du régime préfèrent les cliniques privées, de la même façon qu’ils mettent leur progéniture dans les cours privés.

 

De l’art de « semer le pétrole »

L’opposition, relayée par la presse mondiale, dénonce un « mauvais usage » fait de la rente pétrolière. Les possédants regrettent les périodes où ils en décidaient l’attribution. Mais les critiques viennent aussi de cadres chavistes. Victor Alvarez, ancien ministre des Industries de base et des Mines, qui reste solidaire de Chávez, a constaté que « la rente pétrolière produit des enchaînements néfastes auxquels il est difficile de mettre fin. L’un des plus graves est que nous importons parce que nous ne produisons pas et que nous ne produisons pas parce que nous importons ».

Le débat sur l’usage fait de la rente pétrolière est aussi vieux que l’industrie du pétrole, qui s’est imposée au Venezuela vers 1925, avec pour conséquence que les entreprises locales, qui tiraient leur profit de l’exploitation de produits agricoles, se sont tournées vers l’importation de produits que la rente pétrolière permettait d’acheter. Et c’est ce qu'a continué à faire le régime en important 80 % des produits.

Jusqu’à sa nationalisation en 1975, l’industrie pétrolière a fait l’objet d’un débat au sein de la classe dirigeante. Les uns s’opposaient aux concessions faites aux entreprises étrangères, considérant les exigences des firmes multinationales comme « arbitraires, léonines et voraces ». Ceux-là plaidaient pour que le Venezuela soit présent sur le marché mondial sans intermédiaire et que l’État utilise la rente pour mettre en place son propre réseau de raffineries et de stations indépendantes. Ils souhaitaient une nationalisation.

Leurs adversaires pensaient au contraire que le pays devait s’ouvrir aux multinationales pour bénéficier de leurs technologies et de leurs compétences. Les protagonistes de ce débat, dont Juan Pablo Perez Alfonso, fondateur en 1960 de l’OPEP, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, entendaient, selon leur formule, « semer le pétrole ». La rente devait permettre de « construire des écoles, des magasins, des usines, des routes, des dispensaires », mais en pratique, si la rente l’a permis seulement par périodes, elle a surtout assuré les profits des multinationales et de la bourgeoisie nationale.

En 1975, Pérez, le dirigeant d’Action démocratique, nationalisa le pétrole en indemnisant très largement les multinationales propriétaires des installations, donnant naissance à PDV SA, qui détenait le monopole de la vente, de la commercialisation et du transport de tous les produits pétroliers et de leurs dérivés. Mais il avait aussitôt précisé que les multinationales reviendraient. Elles conclurent, en effet, des accords d’assistance technique ou commerciaux pour certains produits. Et les partenariats, avec partage des bénéfices, se multiplièrent avec Halliburton, Dupont de Nemours, Amoco, BP, etc.

Chávez entend lui aussi « semer le pétrole » comme le faisaient ses prédécesseurs. Pour cela, il a multiplié les partenariats par le biais de sociétés mixtes entre l’État et Repsol-YPF, BP, Chevron ou Total. Le pétrole et le gaz lui permettent de nouer des alliances avec les pays voisins, l’Argentine, le Brésil, la Colombie et d’autres. Il se fait malmener dans les médias parce qu’il commerce avec la Russie, la Chine ou l’Iran, mais personne ne lui reproche d’avoir continué de fournir en pétrole les États-Unis comme le Venezuela l’a toujours fait. Et surtout il montre qu’il cherche des alliés plutôt parmi les autres chefs d’État qu’en essayant de semer les idées socialistes chez les peuples voisins.

En septembre 1999, il édicta une loi sur le gaz permettant à toute personne, vénézuélienne mais aussi étrangère, d’accéder à toutes les activités le concernant. La nouvelle Constitution disait que l’État devait rester propriétaire à 51 %. Cela sonnait comme une prise de contrôle par l’État et une sauvegarde de la ressource. Mais cela laissait 49 % du capital à offrir aux multinationales. Elle indiquait aussi que « les investissements étrangers sont soumis aux mêmes conditions que les investissements domestiques », une formule qui peut se lire dans les deux sens et qui, de fait, a laissé la porte ouverte aux multinationales et à un partage 50-50.

En 2006, l’État signait trente-deux partenariats avec des multinationales, déclenchant les critiques d’un ingénieur du pétrole rallié à Chávez. Pour lui, « la politique, au Venezuela, c’est la politique de l’énergie, c’est-à-dire qu’on trouve masquées, à l’intérieur de la politique énergétique, les relations avec le capital de l’énergie, qu’elles soient de soumission ou de souveraineté ». Il ironisa sur les partenariats : « Nous sommes passés de la servante à la concubine. La servante [les multinationales] qui nous apportait ses services, et que pendant des années nous avons accusée de nous escroquer, est devenue notre partenaire. Maintenant nous allons partager la propriété de ressources souterraines avec le capital pétrolier international, ainsi que les profits. »

Le dirigeant du groupe pétrolier américain Chevron a, en revanche, exprimé sa satisfaction : « Après la nationalisation [de 1975], l’exploitation du gaz n’a pas démarré. Le pays en est resté au pétrole. Le gouvernement du président Chávez est le premier à exploiter le gaz ; le gouvernement est sur le bon chemin », ajoutant que « Chávez a son programme. Des gens s’imaginent que nous sommes là pour l’aider. Nous sommes là pour faire des affaires (...) en nous conformant à la loi. »

 

Quand Chávez s’oppose à la classe ouvrière...

À leur arrivée au pouvoir, les chavistes s’étaient heurtés à la Centrale des travailleurs vénézuéliens (CTV), dont la bureaucratie était liée à l’opposition. Ses dirigeants furent au premier rang de la grève de 2002-2003 contre Chávez. En 2004, le régime s’était lancé dans la mise en place d’une centrale syndicale concurrente, l’Union nationale des travailleurs (UNT), qui mobilisait les partisans de Chávez mais aussi des militants ouvriers qui, dans le passé, s’opposaient aux bureaucrates de la CTV. Deux ans après sa création, certains de ces militants constataient que « son inféodation aux dirigeants gouvernementaux excède celle de la CTV envers les gouvernements précédents. Ses manifestations sont des démonstrations de soutien à Chávez et à sa politique... Dans les négociations collectives ou les autres conflits, elle fait preuve du plus grand zèle pour aboutir à la conciliation ». (El Libertario, mai-juin 2006).

De même, Orlando Chirino, ouvrier trotskyste lié à l’un des courants morénistes, qui a participé à la naissance de l’UNT et s’est présenté en 2012 à l’élection présidentielle, faisait ce constat en 2008 : « L’UNT a été créée sous l’égide d’accords au sommet, avec un habillage pour la base. Très peu des membres de sa direction venaient des organisations de travailleurs. (...) Il fut décidé de ne convoquer de congrès qu’un an plus tard (...). Trois ans après, il eut lieu dans une atmosphère empoisonnée et si conflictuelle qu’il lui fut impossible d’adopter les statuts. (...) Les pratiques pro-gouvernementales de la CTV qu’on critiquait sont maintenant reproduites par les dirigeants de l’UNT, qui se soumettent sans conditions au gouvernement. »

En mars 2007, Chávez a déclaré : « Les syndicats n’ont pas à être autonomes. » L’UNT ne connaissant pas un développement assez rapide, le gouvernement a favorisé un Front socialiste bolivarien des travailleurs (FSBT). En revanche, il intervient directement dans des décisions dans un sens défavorable aux travailleurs. Il est attentiste dans le renouvellement des accords d’entreprise. Et des centaines d’accords expirent avant d’avoir été renouvelés, ce qui entraîne une dégradation des conditions de travail des salariés dépendant de ces contrats.

Les travailleurs du métro de Caracas avaient réussi à renégocier leur convention, mais le gouvernement est intervenu pour la dénoncer, menaçant de réquisition et de licenciement ces travailleurs s’ils se mettaient en grève pour défendre leurs acquis. Au final, les syndicalistes chavistes signèrent un accord liquidant les deux tiers des droits des salariés du métro.

En mars 2009, Chirino tirait ce petit bilan : « Pour quelque 2,5 millions de travailleurs du secteur public, ça fait presque cinq ans que leur convention n’a pas été révisée. Résultat : 70 % des travailleurs du secteur public sont au salaire minimum (...). Dans l’enseignement, ça fait trois ans que la convention a expiré ; celle des travailleurs de l’électricité s’est terminée l’an dernier. En dix ans, les travailleurs du pétrole ont perdu plein d’avantages. »

Ces dernières années, des grèves et des protestations ouvrières ayant échappé au contrôle des chavistes, l’État n’a pas hésité à réprimer les travailleurs en lutte, parfois dénoncés comme des « contre-révolutionnaires ». En 2008, par exemple, trois militants qui soutenaient des grévistes de la laiterie Alpina ont été assassinés par des nervis avec la complicité des patrons et des autorités de l’État. Une loi sur le travail a donné un cadre juridique à cette répression dénoncée par Chirino et d’autres : « Depuis 1974, je n’ai jamais vu un tel niveau de criminalisation de l’action revendicative. (...) Quand vous distribuez des tracts à la porte d’une usine, ou parlez dans un mégaphone, ou participez à un meeting, ils utilisent les forces de répression de l’État pour arrêter les responsables, les mettre en prison, puis monter des accusations contre eux. En définitive, il est interdit de nous approcher des usines où nous faisons notre travail politique. »

Cette politique anti-ouvrière n’est pas anodine. Elle sert à imposer la flexibilité du travail dans le secteur public. Le gouvernement a multiplié les contrats en CDD sans protection sociale. Il fait appel aux coopératives, dont il a encouragé le développement, comme sous-traitants de certains programmes publics. Or, les coopératives ont le droit d’embaucher des travailleurs précaires qui n’ont pas les mêmes avantages que les salariés en place. Sur un site Web pourtant chaviste, Aporrea, on pouvait lire : « La bourgeoisie actuelle, au Venezuela, a mis en œuvre un New Deal tropical, fait d’une flexibilité substantielle de la main-d’œuvre, d’emplois précaires, de syndicats maison, le tout accompagné par un discours nationaliste et des simulacres d’affrontements avec les banquiers, les propriétaires fonciers, les multinationales et l’impérialisme, à qui elle a garanti leur part du gâteau de la plus-value résultant de l’exploitation du travail salarié. »

 

.. et défend un « socialisme avec patrons »

Depuis 2004, l’État chaviste et le monde des affaires ont trouvé un terrain d’entente. L’évolution des relations entre le régime et le patron de presse Gustavo Cisneros en est une illustration édifiante. Cisneros, qui figure dans le classement des grandes fortunes du magazine Forbes, dirige un groupe de médias, notamment la chaîne de télévision Venevision. Pendant les premières années, il fut un adversaire acharné de Chávez. On disait qu’il était le maître d’œuvre du coup d’État de 2002. En janvier 2003, Chávez avait déclaré à son sujet : « Voilà un fasciste, voilà un comploteur qui est propriétaire d’une chaîne de télévision, (...) l’un des principaux responsables de ce qui se passe au Venezuela. »

Un an et demi plus tard, le 18 juin 2004, les deux hommes se rencontraient. Chávez expliqua alors : « J’ai souhaité la bienvenue à Monsieur Cisneros et je lui ai serré la main. [...] J’étais très heureux que nous puissions nous mettre autour d’une table, parce qu’il est vénézuélien, et que nous allions (...) discuter de choses sérieuses. » Envolé le comploteur fasciste ! Chávez précisa : « Il sait que lui-même, ses médias, ses affaires et sa famille peuvent cohabiter avec ce projet [bolivarien] quand il respecte la Constitution et ses lois et qu’il reconnaît les autorités comme il l’a fait. »

De son côté, Cisneros déclara : « Le président Chávez et moi sommes de la même opinion ; la question de la pauvreté doit unir le pays. [...] Les Vénézuéliens doivent rassembler leurs efforts pour améliorer l’éducation et pour stimuler la capacité d’entreprendre dans le pays pour pouvoir être compétitifs sur le marché mondial. » On allait bientôt comprendre ce nouvel enthousiasme.

En 2007, Chávez ne renouvela pas la licence de Radio Caracas Television (RCTV), la chaîne privée la plus ancienne du pays, concurrente de celle de Cisneros. Les médias d’ici dénoncèrent alors l’autoritarisme de Chávez, tandis que celui-ci rappelait la participation de RCTV au coup d’État de 2002 pour justifier ce non-renouvellement (mais il aurait pu en dire autant de la chaîne de Cisneros !). Cette « censure » a permis à Venevision de devenir leader. Auparavant, RCTV avait un léger avantage avec 37 % d’audience contre 34 % à la chaîne de Cisneros. Sans concurrence, Venevision afficha dès lors 67 % d’audience.

Pour Victor Alvarez, l’ex-ministre toujours chaviste déjà cité, « les données officielles montrent que (...) le poids du secteur marchand dans le produit national brut a en fait augmenté. Il continue à être majoritaire, et il définit la nature capitaliste du modèle productif vénézuélien. La part du secteur privé est en effet passée de 64,7 % à 70,9 % à la fin de 2008. Dans le même temps, la part de l’économie sociale est passée de 0,5 % à 1,5 %. Si, en termes purement monétaires, il semble que la situation des salariés se soit améliorée, celle des propriétaires du capital s’est améliorée bien davantage. »

 

La rente pétrolière rapporte d’abord à la bourgeoisie

Quand la crise de 2008 a frappé le pays, comme dans n’importe quel autre pays capitaliste, l’État a pris des mesures d’austérité contre les classes populaires, notamment en relevant les impôts indirects et en accentuant la précarité des salariés.

Pendant treize ans, le régime a bénéficié des revenus les plus élevés que le pays ait jamais tirés des hydrocarbures, mais comme le régime n’a pas touché au système capitaliste, là aussi ce sont les banquiers qui ont tiré la part du lion. En 2011, leurs profits ont augmenté de 91 %. Cela découle du fait que le régime laisse filer sa dette, dont les intérêts remplissent les coffres des banques en même temps qu’elle alimente une inflation estimée à 100 %, façon supplémentaire de détériorer les conditions d’existence des classes populaires.

Le banquier Victor Vargas est le principal bénéficiaire du remboursement de la dette, par le biais de sa banque, la Banco Orientale de Descuento. Il en a tiré un tel profit qu’on le dit « le banquier préféré de Chávez », ce que celui-ci dément. Comment pourrait-il faire autrement alors qu’il lui arrive, quand il ne parle pas de « socialisme », de déclarer qu’il n’aime pas les riches, « comme Jésus » (sic), pour qui « être riche c’est mal » (re-sic). Ce message, destiné à ses soutiens populaires, ne coupe pas l’appétit des dirigeants chavistes qui, en treize ans, ont profité eux aussi de leur rôle à la tête de l’État pour s’enrichir personnellement. On parle désormais des « nouveaux riches » et d’une « bolibourgeoisie ».

Parmi les têtes d’affiches, Diosdado Cabello, qui fut militaire, ingénieur, ministre, gouverneur et président de l’Assemblée nationale, serait le plus riche des nouveaux riches. Chávez l’avait appelé « Jolis petits yeux » à la télévision mais il est si puissant et si craint qu’on le surnomme plutôt, en baissant la voix, « le parrain ». Il y a aussi Rafael Ramirez, l’ingénieur qui préside PDV SA et ses activités « sociales ». Il régnerait sur un empire évalué à 150 milliards de dollars et est connu pour avoir casé sa famille, qui partage ainsi sa réussite...

Parfois, en réponse à cette évolution, les chavistes se disent partisans d’un « socialisme avec patrons ». C’est évidemment une chimère. Dans les années 1930, le socialiste Léon Blum prétendait lui aussi servir au même titre les travailleurs et le capitalisme. C’est impossible. On ne peut servir deux maîtres, et dès lors que les patrons sont dans le jeu, c’est à eux que reviennent les meilleures parts.

En 2012, après treize ans au pouvoir, Chávez a rempli sa mission. Il a canalisé le mécontentement populaire. Les « missions sociales » ont certes amélioré les conditions de vie des 20 % les plus pauvres, ce qui n’est pas rien dans une Amérique latine très inégalitaire. Mais Chávez a bien plus encore augmenté la part prélevée par les plus riches et les multinationales. En 2011, les 20 % les plus riches ont accaparé 44 % de la richesse nationale quand 6 % revenaient aux 20 % les plus pauvres. Désormais, le régime n’est menacé ni par les États-Unis ni par ses opposants, au contraire des premières années, et les travailleurs révolutionnaires n’ont pas à dénoncer cette menace ni à s’y opposer, comme il était alors légitime de le faire.

Toute l’évolution du régime confirme que le Venezuela n’a rien d’un socialisme, ni du 20e ni du 21e siècle. Qu’il ait restauré les aides sociales qui ont existé à diverses périodes de l’histoire du pays, quand la rente pétrolière était forte – et elle n’a jamais été aussi forte que sous Chávez – n’en fait pas pour autant un socialiste. Chávez n’est pas plus socialiste qu’Obama quand celui-ci met en place un système d’assurance-maladie. Chávez n’est pas un révolutionnaire sans boussole mais un nationaliste bourgeois, de surcroît formé par l’armée ; son horizon n’est pas l’émancipation de l’humanité ; ses alliés ne sont pas les prolétaires et les masses pauvres des pays voisins, mais les chefs d’État ; et il n’a nullement l’intention ni de s’attaquer à l’appareil d’État ni d’exproprier les grands moyens de production.

De toute façon, il ne peut pas être question de socialisme sans intervention, et donc sans mobilisation des travailleurs eux-mêmes. Le socialisme n’est pas l’intervention de l’État dans l’économie, cela la bourgeoisie en crise peut très bien le faire comme après la crise de 1929 et la Deuxième Guerre mondiale ; ce n’est pas non plus une politique d’aide sociale. C’est Bismarck qui inventa la protection sociale, justement pour contrecarrer le développement du mouvement ouvrier socialiste. Le socialisme, le communisme, c’est une réorganisation de toute la société sur de nouvelles bases afin que l’ensemble des produits du travail humain profite, non pas à une minorité réduite, comme c’est le cas sous le capitalisme, mais à toute l’humanité.10

 

Politique internationale

Hugo Chávez développe une rhétorique de l'unité sud-américaine, en particulier avec des visées anti-américaines. Il défend plus spécifiquement une alliance avec les pays de l'ALBA (Cuba, Bolivie, Nicaragua). Il a ainsi prôné une alliance armée des pays de la zone contre les États-Unis. Il déclara ainsi en janvier 2008 : « Nous devons monter une stratégie commune [..] parce que l'ennemi est le même : l'empire des États-Unis ». Bien qu'ayant signé la convention de Quito concernant la CSAN, qui prévoit une union coordonnée des pays du continent, Hugo Chávez tente également d'établir des unions avec d'autres pays comme l'Uruguay, le Paraguay et l'Argentine. Il a également déclaré vouloir former avec le Brésil de Lula, et d'autres pays d'Amérique du Sud, une compagnie transnationale du pétrole, appelée Petroamerica.

Les présidents du Venezuela et de Cuba, Hugo Chávez et Fidel Castro, suivis par le président bolivien Evo Morales, ont entamé, en avril 2005, la mise en œuvre de l'Alternative bolivarienne pour les Amériques (ALBA), renforçant la coopération entre les deux pays. Ces accords sont signés à La Havane, alors que la secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice effectue une tournée en Amérique latine pour promouvoir le projet de Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA).

L'ALBA est présentée par Chávez et Castro comme l'application des principes de « solidarité plus vaste entre les peuples d'Amérique latine » et une alternative à la ZLEA. L'échange de pétrole vénézuélien contre des médecins cubains entre dans ce cadre, et il est également question d'agriculture ou de produits miniers. Depuis, le Nicaragua a adhéré à l'ALBA, ainsi que trois États des Caraïbes : la Dominique, Saint-Vincent-et-les Grenadines et Antigua-et-Barbuda. En juillet 2006, le Venezuela rejoint le Mercosur, marché commun sud-américain, dont sont déjà membres le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay.

 

Anti-américanisme et anti-impérialisme

Le régime Chávez affiche une forte hostilité envers l'administration des États-Unis et ce qu'il qualifie d'impérialisme américain. Chávez a accusé le gouvernement américain de comploter pour perpétuer l'hégémonie de son pays en Amérique latine, et pour y arriver, de vouloir renverser son gouvernement. En mars 2004, il porte plainte contre les États-Unis auprès de l'Organisation des États américains (OEA), les accusant d'avoir participé au putsch de 2002. Il dit avoir de nombreuses preuves de leur participation qui concerneraient, entre autres, la présence de navires de guerre de l'US Navy dans les eaux territoriales vénézuéliennes. Le 15 septembre 2005, lors du sommet du 60e anniversaire de l'ONU, il déclare qu'il faut transférer cette organisation : « Nous proposons que le siège des Nations unies [à New York] quitte un pays qui ne respecte pas les résolutions de l’Assemblée générale ». Il annonce ensuite lors d'une émission de télévision de la chaîne américaine ABC que les États-Unis veulent envahir le Venezuela.

 

Le 20 septembre 2006, lors d'un discours à l'assemblée générale de l'ONU, il qualifie le président américain de « menteur » de « tyran » et de « diable ». Il avait auparavant parlé de George Bush comme d'un « âne » ou d'un « ivrogne ». Son hostilité de principe aux États-Unis est critiquée à l'étranger par ceux qui n'y voient que des manœuvres politiques pour unifier les habitants du pays face à un ennemi fantasmé.

 

Noam Chomsky de son côté souligne combien Washington est « bouleversé » : « l'idée que les ressources d'un pays doivent être utilisées pour les gens de ce pays fait vraiment peur. Les ressources du pays doivent être utilisées pour nous. »

 

Au nom de l'anti-impérialisme, Chávez désire une disparition du FMI, qu'il qualifie de « Dracula ».

Le 30 avril 2007, Chávez a déclaré la sortie de son pays du FMI.

Après le renvoi par Evo Morales de l'ambassadeur américain en Bolivie, il fait de même le 12 septembre 2008 après avoir déclaré « Allez vous faire voir, yankees de merde. Nous sommes un peuple digne », et accuse le gouvernement américain de fomenter des complots contre lui. Le porte-parole du Département d'État des États-Unis déclare peu après : « [Le renvoi de l'ambassadeur] reflète la faiblesse et le désespoir de ces dirigeants confrontés à des défis internes et leur incapacité à communiquer efficacement à l'étranger pour obtenir un soutien international. »

 

Une diplomatie du pétrole

Le Venezuela a signé de nombreux accords pour fournir du pétrole à prix inférieurs au marché à certains pays, ainsi en juin 2005, celui signé entre le Venezuela et 13 autres pays des Caraïbes, contrat portant sur des échanges pétroliers avantageux, afin de faciliter l'indépendance des pays des Caraïbes. Les signataires sont Antigua-et-Barbuda, les Bahamas, le Belize, Cuba, la République dominicaine, Grenade, la Guyana, la Jamaïque, la Dominique, Saint-Christophe-et-Niévès, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les Grenadines, et le Suriname. La Barbade et Trinité-et-Tobago, qui étaient présents, n'ont pas signé l'accord.

En janvier 2006, Hugo Chávez lance une opération de réduction de 40 % du prix du fioul exporté aux États-Unis, en faveur des Américains pauvres. Il donne suite à une promesse prononcée en septembre 2005, après la catastrophe de l'ouragan Katrina. Les bénéficiaires se trouvent dans les États du Maine, du Massachusetts et du Rhode Island, et incluent aussi le quartier new-yorkais du Bronx ainsi que quatre tribus amérindiennes. Pour certains analystes américains, cette initiative serait une campagne de communication visant à rassurer l'opinion publique des États-Unis.

 

Hugo Chávez et les FARC

Le gouvernement de la Colombie, qui possède une frontière terrestre avec le Venezuela, s'est inquiété de l'expansion militaire du Venezuela et de son attitude par rapport aux groupes armés de Colombie, en particulier les groupes de guérilleros marxistes (FARC, ELN). Ainsi il avait fait savoir en mars 2005 sa préoccupation causée par une « course aux armements » à laquelle se livrerait Caracas.

Selon le gouvernement colombien et divers médias dont une revue américaine (US News and World Report), Chávez aurait permis aux FARC et à l'ELN de trouver refuge dans la zone frontalière des deux pays. Chávez a en outre été accusé d'avoir directement financé l'organisation des FARC : en mars 2008, les forces armées du gouvernement colombien affirmèrent avoir récupéré trois ordinateurs appartenant à Raúl Reyes lors de son assassinat dans la république voisine d'Équateur.

Selon des documents trouvés dans cet ordinateur, Hugo Chávez aurait reçu des FARC, en 1992, une somme équivalente à cent millions d'euros lorsqu'il était emprisonné pour sa tentative de coup d'État, et il aurait envoyé la somme de 300 millions de dollars aux FARC en 2008. Ces accusations ont été démenties par le vice-président vénézuélien Ramon Carrizalez.

Malgré toutes ces accusations et polémiques, une rencontre au sommet entre Hugo Chávez et son homologue colombien Álvaro Uribe, le 11 juillet 2008 au Venezuela, a conduit les deux hommes à renouer des relations cordiales et à annoncer « le début d'une nouvelle ère ».

 

Hors Amérique

En octobre 2004, Chávez signe un accord avec la Russie portant sur l'énergie et la livraison d'un important stock d'armes légères et d'aéronefs de combat. Il a depuis soutenu l'intervention militaire russe en Géorgie en 2008. En 2004, il reçoit le controversé Prix Kadhafi des droits de l'homme de la Libye.

 

Les relations avec Israël ont pu être tumultueuses et en particulier pendant le conflit israélo-libanais de 2006. En visite en Iran, le 30 juillet 2006, Hugo Chávez, qualifié de « frère » par le président Ahmadinejad, déclare que les opérations militaires israéliennes en cours au Liban sont comparables aux « actes d'Hitler », en évoquant le « fascisme israélien ».

 

Critiques

Les principales critiques issues des médias européens ou nord-américains ou de l'opposition vénézuélienne pointent du doigt l'« autoritarisme » et le « populisme » d'Hugo Chávez. L'écrivain péruvien Mario Vargas Llosa affirme que Hugo Chávez exerce un « populisme belliqueux », et l'accuse de privilégier l'exportation de sa « prétendue révolution sociale » aux besoins de son peuple largement miséreux.

Ses rapports avec les médias parfois tumultueux font également l'objet de polémiques et il lui est notamment reproché de chercher à étouffer les voix des médias ayant une attitude critique à son égard. Chávez a menacé les membres des Forces armées en disant que ceux qui n'approuvaient pas la politique du Président n'y avaient pas leur place...11

 

 

5 mars 2013 : la mort d'Hugo Chavez

Au Venezuela, les funérailles d'Hugo Chavez ont révélé la ferveur dont il bénéficiait dans les milieux populaires ; une ferveur qui n'était pas imposée par un régime que ses détracteurs aiment présenter comme dictatorial, mais qui découle de mesures bien concrètes dont bénéficient les classes populaires.

Pendant quatorze ans où il a été au pouvoir, les multiples missions sociales mises en place par le régime ont en effet contribué à réduire les inégalités. C'est d'autant plus remarquable que, dans le monde entier, on assiste à un phénomène inverse, y compris dans les pays riches où, pour préserver et même élargir les profits des grandes entreprises et la fortune des classes privilégiées, on ne cesse de rogner sur les salaires, les pensions ; on consacre de moins en moins d'argent aux services publics et on réduit programmes sociaux et protection sociale.

Certes, c'est l'existence d'une importante rente pétrolière qui a permis au régime chaviste d'en soustraire une part pour financer les missions sociales. Et c'est bien ce que lui reprochent tous ceux, politiciens ou commentateurs, pour qui les profits des multinationales, et accessoirement ceux des classes possédantes locales, passent avant les budgets sociaux. À leurs yeux, ceux-ci ne sont qu'un manque à gagner qui répondrait à un vulgaire « clientélisme », un mal social sur lequel ils ne trouvent pourtant rien à redire quand il bénéficie aux plus riches !

Les plus haineux ont dû admettre les résultats obtenus par le régime chaviste. Ainsi, sous un titre sobre mais résumant les reproches les plus répétés à sa mort « La révolution bolivarienne a privilégié le social au détriment de l'économie », Le Monde a publié des indices évocateurs.

Entre 1998 et 2011, le PIB par habitant est passé de 3 889 à 10 731 dollars. Dans le même temps, le niveau de pauvreté a diminué de 49 % à 27,4 %. De même, un indice de la mesure de la répartition des richesses entre 0 et 1 (0 = égalité parfaite ; 1 = inégalité totale) s'est avéré lui aussi favorable en passant de 0,49 à 0,39. Enfin, la mortalité infantile a reculé de 20,3 à 12,9 pour mille naissances.

On peut ajouter que le régime a obtenu de bons résultats sur le plan éducatif. Pendant les années Chavez, l'Unesco a en effet inscrit le Venezuela sur la liste des États sans analphabétisme.

En 2008, on avait inscrit au bénéfice du régime une progression de 16,5 % de la consommation alimentaire, grâce à la mission qui avait la charge de fournir des denrées de première nécessité, malgré des approvisionnements parfois chaotiques.

Le secteur de la santé a bénéficié, dès le départ, de l'aide et du savoir-faire des médecins cubains, tels que bien des grands bourgeois d'Amérique latine, pourtant anticastristes, préfèrent encore aller se soigner à Cuba. Grâce à cette aide, le régime chaviste a pu ouvrir de nombreux dispensaires de quartier. Mais des dispensaires ont aussi manqué de fournitures médicales ou ont dû fermer. Chavez lui-même avait admis publiquement ces difficultés. De même, en matière de logement, le régime a admis n'avoir construit que 350 000 logements sociaux là où il en faudrait trois millions.

Dans l'ensemble, le chômage a reculé et les missions ont amélioré les conditions d'existence des 20 % les plus pauvres, ce qui n'est pas rien dans une Amérique latine très inégalitaire. Mais, du fait même de l'importance de la manne pétrolière, cela n'a pas empêché les plus riches et les multinationales d'augmenter la part qu'ils prélèvent sur le revenu national. En 2011, les 20 % les plus riches avaient en effet accaparé 44 % de la richesse nationale, quand la part revenant aux 20 % les plus pauvres n'en représentait que 6 %. Il y a donc encore de la marge, aussi bien pour les multinationales que pour les classes possédantes locales, guère égratignées par le « socialisme du 21e siècle » dont Chavez se disait partisan, présenté parfois plus nettement comme un « socialisme avec patrons ». Et ce sont bien là les limites du chavisme.12

 

Un héritage controversé

Décédé des suites d’un cancer le 5 mars 2013, Hugo Chávez a concentré sur son nom autant de haines que de passions. Haï à droite pour avoir osé remettre en cause la subordination du Venezuela aux intérêts US et l’accaparement de la rente pétrolière par les classes sociales privilégiées. Adulé par une population qui a vu reculer la misère, et qui a enfin profité d’une part non négligeable des revenus pétroliers.

À l’encontre du dogme néolibéral qui traite l’économie comme un phénomène naturel et nie toute possibilité d’intervention politique pour la contrôler, Chávez a remis au goût du jour le primat du politique sur l’économie. Malgré un lourd héritage historique où le mouvement social a été lourdement réprimé pendant 40 ans d’alternance de gouvernements de droite et sociaux-démocrates, il a voulu inverser le mouvement en rompant avec le passé.

Sur le plan intérieur, il a utilisé les profits pétroliers pour faire reculer la pauvreté qui a diminué de moitié en moins de 14 ans de pouvoir. Il a apporté un accès gratuit à la santé et à l’éducation pour une population qui en était exclue. Dans une période où les politiques menées par la droite et la gauche social-libérales ne jurent que par les sacrifices imposés aux plus pauvres, aux classes populaires, rien d’étonnant à ce qu’il soit haï dans les médias français et par la quasi-totalité des gouvernements.

Nos gouvernements ont reculé l’âge de départ à la retraite, Chávez l’a avancé à 60 ans pour les hommes, 55 ans pour les femmes après avoir cotisé 750 semaines (soit environ 15 ans). Chez nous, ils privatisent les services publics et démantèlent le code du travail, Chávez nationalise plusieurs secteurs économiques essentiels et crée un nouveau code du travail bien plus protecteur pour les salariés. Rien d’étonnant à ce que la population vénézuélienne soit descendue dans les rues pour pleurer sa disparition.

À l’échelle internationale, sa mort est un coup dur pour les pays les plus proches, les membres de l’ALBA (Alianza Bolivariana para los Pueblos de Nuestra América) qui bénéficient d’une politique d’échange favorable, notamment Cuba, la Bolivie, l’Équateur ou le Nicaragua. Mais plus largement l’Amérique latine est secouée par la disparition d’un président qui a contribué à la création de la nouvelle union latino-américaine, la CELAC (Communauté d’États Latino-Américains et Caraibéens), contribuant ainsi à desserrer l’étau imposé par le géant US.

Outre ses succès politiques et sociaux, la « révolution bolivarienne » porte sa part d’ombre.

Sur la scène internationale, Chávez a frappé un coup dans le dos des peuples arabes en soutenant les dictateurs comme Kadhafi, Assad et compagnie.

Au Venezuela, les mouvements sociaux se sont fortement développés sous Chávez, notamment le mouvement syndical, mais les chavistes ne les imaginent qu’inféodés au gouvernement.

Sur le plan économique, il n’y a pas de projet alternatif de développement. Les réformes portent sur une correction des aberrations du capitalisme, par exemple sur le contrôle bancaire, en créant des sociétés d’économie mixte ou en nationalisant des secteurs économiques, comme les hydrocarbures, l’électricité, la production de ciment, …

Le socialisme du XXIème siècle reste un mot d’ordre sans concrétisation. Même si les réformes sociales ont sorti des millions de personnes de la misère, la conception du pouvoir populaire est coincée entre autonomie et subordination. Enfin, l’hyper présidence de Chávez a étouffé les débats critiques au sein même de son propre camp et les principaux problèmes vont ressortir avec force une fois passée la période de deuil.

Le premier porte sur le rôle futur de la « bolibourgeoisie », couche sociale qui s’est enrichie sur le dos du processus et qui fera tout pour limiter l’approfondissement révolutionnaire du processus.

Le deuxième concerne l’autonomie des mouvements sociaux et la construction d’un pouvoir alternatif aux institutions actuelles.

Le troisième porte sur la rupture avec le capitalisme et la dépendance externe.

Mais malgré toutes les critiques, Chávez restera celui qui aura rendu possible l’espoir d’un changement politique et social. De ce point de vue, sa disparition attriste tous ceux qui partagent un idéal d’émancipation et de justice sociale.13

 

Il n’y a pas de sauveur suprême, ni au Venezuela ni ailleurs

Les commentateurs des médias ont été étonnés devant les foules immenses de pauvres, qui, au Venezuela, ont accompagné les obsèques de Chavez.

Eh oui, Chavez était un président qui avait su attirer la sympathie des masses pauvres de son pays. Mais comme en témoignait la présence de plusieurs dizaines de chefs d’État ou leurs représentants, il avait su tout aussi bien se faire accepter par les grands dignitaires de ce monde.

Chavez était un des rares chefs d’État de pays sous-développés qui avait su dire non aux grandes puissances, en l’occurrence les États-Unis, et aux représentants des grands trusts qui dominent l’économie de ces pays.

De plus, il avait une politique sociale qui tranchait sur celles de tant de dirigeants politiques d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. Ceux-ci empochent les miettes que leur concèdent les grands trusts qui pillent leurs pays sans en laisser la moindre retombée pour leurs peuples. Il a utilisé une partie de l’argent du pétrole pour créer des écoles et des centres de santé dans les quartiers populaires alors que tant de protégés de grandes puissances se moquent d’apprendre à lire et à écrire aux enfants de leurs pays et ne se soucient même pas qu’ils puissent manger à leur faim.

Chavez a su s’opposer aux multinationales américaines et imposer ses conditions. Mais il n’est pas allé jusqu’à confisquer les intérêts étrangers dans le pétrole. Il s’est contenté d’accroître le contrôle de l’État et cela a suffi pour qu’il devienne la bête noire des américains.

C’est son courage à s’opposer à la première puissance mondiale qui a fait sa popularité. Il a redonné fierté et dignité à son peuple piétiné par l’impérialisme.

La popularité dont bénéficiait Chavez donne une idée, fut-ce indirectement de la haine suscitée en Amérique latine par la domination impérialiste et en particulier par les États-Unis.

Ces peuples ont été exploités, opprimés pendant des siècles. Leurs richesses naturelles ont été pillées. Pour tirer bénéfice de la culture de la canne à sucre, du coton on leur a imposé l’esclavage. La mémoire de ce passé de pillage, d’oppression et d’exploitation survit d’autant plus qu’il continue sous d’autres formes. La souffrance des victimes des putschs et des dictatures soutenues par les États-Unis n’est pas seulement inscrite dans la mémoire collective, elle est inscrite dans la chair de millions de femmes et d’hommes en lettres de sang.

La présence aux obsèques de Chavez de tant de chefs d’État ou de leurs représentants a montré que ceux-ci reconnaissaient en lui un des leurs. Chavez était intégré au concert des chefs d’État et au monde capitaliste.

Chavez ne combattait pas réellement l’impérialisme car il ne combattait pas la base sur laquelle il repose : la propriété capitaliste. Si l’État a pris, en partie, le contrôle de l’industrie pétrolière, il n’a pas exproprié les classes possédantes. Les riches ont continué à prospérer et sont toujours les maîtres de l’économie. Quant à « l’ennemi américain » il continue de piller le pétrole tant et si bien que le Venezuela est resté son principal fournisseur.

Malgré les mesures sociales, le pays est empêtré dans le sous-développement. Redistribuer aux plus pauvres une partie de la rente pétrolière n’a pas supprimé les inégalités, le chômage et la misère car l’économie du pays continue d’être pillée et dominée par les grandes puissances.

Sauf mettre à bas l’impérialisme, il n’y a pas d’échappatoire pour les pays pauvres. Et cela ne peut pas être le fait d’un homme providentiel car il ne s’agit pas seulement de remplacer un homme par un autre. Il s’agit de transformer les bases de la société, de remettre en cause la propriété capitaliste et faire en sorte qu’il n’y ait plus de privilèges et de privilégiés.

Cela ne peut se faire sans que les travailleurs s’en mêle. Cela ne peut se faire que collectivement, par l’organisation consciente de tous les exploités prenant la direction de l’économie. C’est la seule voie qui peut faire en sorte que dans des pays comme le Venezuela, l’Algérie, le Niger, le Gabon et bien d’autres encore, la grande majorité de la population ne soit pas condamnée à la misère.

En revenant des obsèques de Chavez, le ministre socialiste de l’outre-mer a déclaré, en substance, que le monde gagnerait si, parmi les dirigeants des pays pauvres, il y en avait qui ressemblaient à Chavez. Quelle hypocrisie ! Si tant de régimes pourris et corrompus perdurent en Afrique, c’est en raison du soutien, au besoin militaire, de l’impérialisme français. Et ce, que le gouvernement soit de droite ou de gauche.14

 

 

Retour sur le coup d'État du 11 avril 2002

Le 11 avril 2002, le Venezuela, son peuple et son Président, furent victimes d’un coup d’État, orchestré et planifié depuis plusieurs mois par les oligarchies nationales, les États-Unis, la cupule hiérarchique de l’Église catholique et de nombreux intermédiaires, fragiles à l’appât de millions de dollars qu’on leur a fait miroiter.

La formule qui avait donné de bons résultats au Chili d’Allende, en 1973, fut appliquée en achetant des dirigeants syndicaux et des militaires hauts gradés. Le tout, dans le but de créer le chaos que les médias privés de communication ne manqueraient pas d’amplifier et de véhiculer à l’échelle nationale et internationale.

Le problème de ces oligarchies est à l’effet que le gouvernement d’Hugo Chavez, l’élu du peuple, ne semble pas comprendre les lois de la démocratie oligarchique. Il agit comme si le peuple était souverain et maître de ses richesses et de son destin. Pour eux, les véritables maîtres doivent demeurer les puissances oligarchiques, dominantes tant à Washington qu’au Venezuela. Donc pas question de laisser ce Chavez poursuivre ses objectifs de bien commun au service de tout un peuple et au diable la démocratie au service du peuple.

Voici ce qu’en dit Wikipédia :

« Le coup avait été planifié durant six à neuf mois, et a été exécuté après l’entrée en vigueur d’une série de lois controversées en novembre 2001 et que le gouvernement ait tenté de renforcer son contrôle sur la compagnie pétrolière de l’État vénézuélien, PDVSA. Une grève générale a eu lieu en décembre 2001, et, pendant les premiers mois de 2002, plusieurs hauts officiers ont publiquement appelé Chávez à démissionner. Au début du mois d’avril, le bras de fer entre le gouvernement et l’opposition a débouché sur une grève à PDVSA, qui s’est transformée en grève générale du 9 avril 2002, soutenue par le syndicat (Confédération des travailleurs du Venezuela, CTV) et par la principale fédération patronale Fedecámaras. La grève a été prolongée pendant plusieurs jours, et le 11 avril, une manifestation de l’opposition a été déviée vers le palais présidentiel, où avait lieu un rassemblement pro-Chávez. Lorsqu’elle a atteint le centre-ville, des affrontements violents ont eu lieu, laissant un bilan de plusieurs morts et des dizaines de blessés par balle.

Les média privés vénézuéliens ont joué un rôle important en fournissant une couverture médiatique en continu de la grève générale et en soutenant et en diffusant l’appel à rediriger la manifestation vers le palais présidentiel. Le siège de Venevisión, propriété de Gustavo Cisneros, a notamment été l’endroit choisi par les principaux leaders de l’opposition pour se réunir après la manifestation du 11 avril, et de là, appeler les militaires à intervenir. Les média privés ont par ailleurs refusé d’interviewer des membres du gouvernement après la manifestation, et n’ont pas couvert les manifestations pro-Chávez qui ont suivi sa détention par les militaires. Des tentatives des partisans de Chávez pour déclarer qu’il n’avait pas démissionné ont été ignorées. La tentative d’une division de l’armée de rendre public son rejet du coup a été ignorée et diffusée uniquement par CNN. Lorsque les partisans de Chávez ont repris le palais présidentiel, les principaux média privés vénézuéliens ont interrompu la couverture des événements et deux des trois principaux journaux du pays ont annulé leurs éditions du dimanche. »

Avec le recul, les enquêtes ont permis, entre autres, d’identifier ce tireur solitaire comme faisant parti du complot, et dont le mandat était de tirer sur les partisans de Chavez tout en relayant la nouvelle à l’effet que les partisans de Chavez tiraient sur la foule, tuant ainsi des dizaines de personnes. Si au Chili, l’armée a joué le rôle principal, au Venezuela, cet honneur revient aux médias privés qui ont manipulé l’information sans égard à la vérité des faits et sans scrupule dans l’usage de montages et de mensonges, tous destinés à convaincre le peuple vénézuélien que Chavez avait atteint la limite du tolérable et qu’il était temps qu’il disparaisse. Certains commentateurs actuels parlent même du premier coup d’État réalisé principalement par les médias privés. Sans ces derniers, ce coup d’État ne se serait jamais produit.

C’est dire toute la force que représente ce pouvoir de contrôler l’information et d’en faire un outil de désinformation selon les besoins des objectifs poursuivis. Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus conscients de ces manipulations, mais, à l’époque, le Venezuela ne comptait pas sur une véritable présence de médias alternatifs et le privé y occupait toute la place. À tout ceci il faut ajouter cet appui actif des hiérarchies catholiques aux putschistes, au point d’être sur place pour célébrer le couronnement du représentant du patronat, Pedro Carmona, en tant que nouveau Président du Venezuela. Comme disait, en son temps, Pinochet : « la démocratie autoritaire a sa raison d’être ». En somme une démocratie imposée qui remet les pouvoirs de l’État et ses richesses aux puissances oligarchiques.

Malheureusement, pour ces derniers, la fête n’a pas duré bien longtemps. Le peuple est descendu des collines et appuyé par une partie de l’armée, demeurée fidèle à la constitution et au Président, il a mis à la porte ces personnages, véritables bouffons et prédateurs du pouvoir du peuple, et il a exigé le retour de leur Président, détenu quelque part sur une Île. Pour la première fois dans l’histoire contemporaine, un peuple conscient et déterminé, a fait reculer les traîtres et a repris la place qui lui revenait dans une véritable démocratie.

Il faut nous inspirer de ce peuple qui a eu le courage de dire non aux tyrans et aux oligarchies et de dire oui à la démocratie et à ses dirigeants qui répondent à l’appel du Bien commun de tout le peuple. Chaque peuple a son histoire et il ne faut pas démissionner devant les défis qui nous attendent comme peuple. Plus nous deviendrons conscients, plus nous deviendrons plus forts devant les manipulateurs et les prédateurs. Les moyens de communications sont d’une importance primordiale.15

 

 

Le coup d'État médiatique s'est déroulé le 11 avril 2002 (11 4 2002).

11x4x2002 = 88088

Le code postal 88088 est l'un des codes postaux de la ville d'ÉPINAL.

ÉPINAL est à l'origine de l'expression « IMAGE d'ÉPINAL ».

 

Une « image d'ÉPINAL » est une « gravure à usage populaire, de style assez naïf, dont Épinal a été l'un des principaux centres de fabrication ; présentation qui donne d'un fait une version simpliste et exagérément optimiste.

Art populaire né au XVe s., l'imagerie recouvre la production de gravures sur bois (xylographies) ou sur métal (aux XVIIe et XVIIIe s.) et de lithographies, largement coloriées et destinées surtout au public illettré des campagnes. Jusqu'au XIXe s., les motifs religieux (ayant valeur de protection) ou à caractère didactique dominent, remplacés sous Napoléon par des sujets à résonance politique ou sociale, faisant de l'imagerie un puissant véhicule idéologique auprès des masses. (...)

Jean Charles Pellerin (1756-1836) fut le premier à imprimer et à vendre en série de telles images, et comme il les fabriquait à Épinal, (chef-lieu du département des Vosges), on leur donna le nom d'''images d'Épinal'' ».16

 

Les « images d'ÉPINAL » ont donc été utilisées à certaines époques par le pouvoir en place pour endoctriner les masses, et ces images étaient initialement destinées à un public illettré.

À l'instar des « images d'ÉPINAL », les images diffusées dans les journaux télévisés sont utilisées par le pouvoir en place pour endoctriner les masses, et elles sont également destinées à un public illettré puisque la grande majorité des téléspectateurs n'ira pas lire la contre-vérité des faits sur internet ou dans des livres spécialisés à la bibliothèque.

Par exemple, lorsque François Hollande s'est rendu en Guinée en novembre 2014 dans le cadre de la lutte contre le virus Ebola, le journal de 20H de France 2 a diffusé les images d'une foule de Guinéens en liesse qui acclamaient François Hollande.

 

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Tous les Guinéens étaient heureux, mais les images nous trompaient car la majorité des habitants du pays étaient condamnés à vivre dans la misère à cause notamment de François Hollande qui permettait aux multinationales françaises de piller leurs richesses, et c'est la raison pour laquelle les Guinéens étaient touchés par le virus Ebola. Or les images nous montraient l'inverse, François Hollande apparaissant comme leur sauveur ; donc à l'instar des « images d'ÉPINAL », les images des journaux télévisés donnent une vision simpliste de la réalité et exagérément optimiste.

 

Autre exemple, le 2 novembre 2014, le JT de 20H de France 2 saluait la politique impérialiste de François Hollande en Afrique, et pour justifier cette propagande, le reportage diffusait l'image suivante :

 

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On peut lire sur la pancarte : « HOLLANDE LE GRAND HOMME ».

 

Les images présentaient ainsi François Hollande comme un sauveur car selon la propagande du régime, il envoyait l'armée française au Mali et en Centrafrique pour protéger les Africains du terrorisme islamiste, alors que l'unique objectif de cette intervention militaire était de protéger les intérêts des multinationales françaises afin qu'elles puissent continuer à voler les richesses de l'Afrique de l'Ouest – en condamnant ainsi les Africains à vivre dans la misère. Par conséquent, HOLLANDE est l'inverse d'un GRAND HOMME. Encore une fois, les images nous trompaient.

 

Dieu associe les « images d'ÉPINAL » au coup d'État médiatique au Venezuela, car le 11 avril 2002, l'oligarchie capitaliste a essayé de renverser Hugo Chávez en manipulant les images.

Ainsi, lors du coup d'État : « Des images confuses d’échanges de tirs inondent les écrans. Les télévisions dénoncent un massacre de l’opposition par Chávez. Le Secrétaire de Presse de la Maison Banche, Ari Fleischer, confirme aussitôt que Chávez a "donné l’ordre de tirer". Maurice Lemoine, journaliste au Monde Diplomatique raconte : "j’étais sur place sur le fameux pont de l’avenida Urdaneta d’où les 'militants chavistes ont tiré sur les manifestants désarmés'. On voit clairement sur mes photos qu’il s’agit du contraire : c’est la foule des sympathisants de Chavez qui se protège, se déplace en rampant pour échapper aux tirs de francs tireurs". La marche de l’opposition, soi-disant visée par les chavistes, n’est même pas présente à cet endroit. Mais cette scène tronquée, diffusée en boucle sur toutes les télés, reprise cent fois dans le monde entier, fournit le prétexte idéal aux putschistes. Ceux-ci prennent d’assaut le seul canal d’État, détruisent son matériel. Restés seuls en piste, les médias putschistes triomphent en exhibant le (faux) texte de la démission de Chávez. Ils poussent le général Rincon à annoncer au pays la "démission" de Chávez, déclaration "reprise en boucle, toutes les vingt minutes, durant trente-six heures" (Lemoine), entrecoupée de matches de base-ball ou de documentaires animaliers. Car les médias instaurent la censure totale sur la résistance populaire, violant le droit le plus élémentaire de toute population à être informée. Des fissures s’ouvrent cependant dans ce black-out : des images extérieures (comme celles de Telemundo, depuis la Colombie) montrent des mouvements de protestation dans différents points du pays. Direct TV tente d’interrompre ces transmissions par satellite, mais il est trop tard. Le bouche à oreille, les e-mails, les coups de fil (bien que Telcel coupe ses portables), les messages portés par des motards de quartier en quartier, brisent la peur. Des millions de citoyens défient les fusils pour réclamer le retour du président et le rétablissement de la Constitution. "Où est Globovisión ?" s’exclame la foule aux tambours qui entoure les immeubles des télévisions pour exiger le droit de parole et finit par s’emparer des micros. Les propriétaires des médias dénoncent aussitôt une atteinte à la liberté de la presse orchestrée par Chavez. Mais des dizaines de journalistes ou producteurs démissionnent, dénonçant la censure. »17

Avant l'élection d'Hugo Chávez, les médias vénézuéliens avaient déjà manipulé l'opinion publique en essayant de diaboliser les pauvres :

« Depuis des décades, les médias vénézuéliens ont fait l’impasse sur la majorité sociale souvent noire de peau, stigmatisant les quartiers populaires comme lieux de l’ignorance, de la marginalité, du vice, de la violence, de la drogue, de la délinquance. Longtemps, ce lavage de cerveau a réussi à paralyser, diviser les secteurs populaires, jusqu’au jour où la population sort de son auto-dénigrement, entre collectivement dans la lutte politique pour prendre part aux décisions. L’élection démocratique, en 1998, validée par les observateurs internationaux, de Hugo Chávez, réélu ensuite sur la base d’une Constitution nouvelle et d’un programme d’orientation populaire et nationaliste, ont poussé les médias à entrer en guerre. »18

En France, les médias et les hommes politiques utilisent les mêmes procédés en diabolisant les immigrés, les musulmans, les pauvres et les chômeurs afin de diviser les classes populaires et les classes moyennes.

« Avec sensationnalisme les médias lourds reviennent régulièrement sur les quartiers populaires pour en souligner les ''dangers'' : réserves de ''djihadistes'', espaces soi-disant de ''non-droit'', violences endémiques, lieux de deals incontrôlables et incontrôlés, etc. Ces images chocs sont décontextualisées. Les contextes historiques et économiques sont éludés avec comme résultat une imputation des responsabilités de la situation aux habitants, aux jeunes, aux parents, etc. ».19

« L’idéologie dominante s’attache par l’outil des médias à inverser l’ordre des causes et des conséquences et ce faisant à construire les victimes de l’inégalité sociale comme des coupables. Elle diffuse de la peur pour unir ceux qui devraient être divisés (les dominants et les dominés blancs et assimilés) et diviser ceux qui devraient être unis (les salariés et les chômeurs, les jeunes et les moins jeunes, les français et les immigrés, les sans-papiers et les autres, les musulmans et les autres, les Roms et les autres, etc.). Elle diffuse des débats écrans visant à voiler la réalité et à imposer un autre agenda des priorités que celui qui émerge de la vie quotidienne concrète. »20

 

La stigmatisation des jeunes issus de l'immigration a atteint son paroxysme les mois précédant l'élection présidentielle de 2002, qui a vu Jean-Marie Le Pen atteindre le second tour, le 21 avril. La manipulation des médias – pour encourager les électeurs français à voter à droite – a été telle que nous pouvons parler d'un « coup d'État médiatique » de l'oligarchie capitaliste. En effet, « au début de l'année 2002, au cours de la campagne présidentielle, les médias ont consacré quelques 18 000 sujets à la violence et à l'insécurité, ce qui constituait une augmentation de 126 % entre février et mars, par rapport à la même période les années précédentes. »21

 

Le coup d'État médiatique au Venezuela a eu lieu le 11 avril 2002, soit 10 jours avant le premier tour de l'élection présidentielle française, le 21 avril 2002.

Une journée dure 24 heures.

10 jours est égal à 240 heures.

240 = 20 4

20 4 = 20 avril

Adolf Hitler est né un 20 avril.

En France, le coup d'État médiatique de l'oligarchie capitaliste a porté au second tour le seul candidat à l'élection présidentielle qui déclarait publiquement que la Shoah est un « détail de l'Histoire ». Voilà ce qui arrive quand le RICHE contrôle les médias : des nostalgiques du IIIe REICH arrivent au second tour.

 

Le coup d'État médiatique au Venezuela a donc eu lieu le 11 avril 2002, soit 10 jours avant le premier tour de l'élection présidentielle française, le 21 avril 2002.

10 jours est égal à 240 heures.

240 heures est égal à 14400 secondes.

14400 = 144 00

144 se prononce 100 44.

Jules CESAR est né en l'an 100 et mort en 44 av. J-C.

CESAR = RACES

Adolf Hitler – le dirigeant du IIIe REICH – a exterminé des millions de juifs parce qu'il avait établi une hiérarchie des RACES.

14400 = 144 00

00 = ce sont nos yeux car Dieu nous révèle que CESAR : le RICHE capitaliste qui contrôle les médias – nous manipule en nous montrant des images qui nous incitent à voter pour le maintien de son règne sur le monde.

 

Au Venezuela, CESAR a bafoué la démocratie pour essayer de renverser la politique sociale d'Hugo Chavez ; et plus généralement, dans les pays convertis au néolibéralisme, le coup d'État est permanent puisque l'oligarchie capitaliste possède la quasi-totalité des médias donc elle endoctrine l'opinion publique 24h sur 24 pour imposer son idéologie.

 

L'expression « image d'ÉPINAL » désigne une vision emphatique, traditionnelle et naïve, qui ne montre que le bon côté des choses.

Les journaux télévisés nous montrent généralement que l'aspect positif du capitalisme en médiatisant par exemple les millionnaires chinois qui font leurs emplettes dans les boutiques de luxe à Paris, mais ils ne disent pas un mot sur la souffrance des travailleurs chinois qui sont 600 000 à mourir d'épuisement chaque année. Les journaux télévisés nous montrent ainsi un monde idéal afin de cacher la nature criminelle du capitalisme. Patrick Poivre d'Arvor, l'ancien présentateur du journal de 20H de TF1, a avoué un jour le sens de la mission : « Nous sommes là pour donner une image lisse du monde22. » Jean-Pierre Pernaut avait parfaitement théorisé la marginalisation de l’information internationale quand il affirmait : « Vous voulez des nouvelles sur le Venezuela ? Regardez la chaîne vénézuélienne. Sur le Soudan ? Regardez les chaînes africaines. » La conséquence ? Une dépolitisation profonde de l’information, dont on va extirper tout ce qui pourrait créer une forme de discorde politique. D’où l’importance donnée à ce qui permet de souder de manière illusoire la population, notamment les catastrophes naturelles et les faits divers qui, comme le disait Bourdieu, « font diversion » parce qu’ils cachent l’essentiel en montrant l’anodin.23

Dans le monde idéal montré quotidiennement dans les journaux télévisés, les pauvres sont quasiment absents, les bidonvilles ont disparu de la surface de la Terre ; ils ont été effacés à l'image car le RICHE qui contrôle les médias ne désire montrer que le bon côté du capitalisme en cachant ainsi les milliards de victimes qui sont condamnées à vivre dans la misère.

Lorsque le coup d'État médiatique s'est déroulé au Venezuela, le maire de la ville d'ÉPINAL était Michel HEINRICH.

HEINRICH = RICHE HIN

HIN = 8x9x14 = 1008

1008 = 18 00

18 = AH = ce sont les initiales d'Adolf Hitler : le dirigeant du IIIe REICH.

00 = ce sont des yeux.

Dieu nous fait comprendre que millions de citoyens ne s'informent que par les journaux télévisés donc leur vision du monde se résume à celle que le RICHE veut bien leur montrer (00).

Michel HEINRICH a succédé à la tête de la mairie d'ÉPINAL à Philippe Seguin.

Philippe Séguin est un haut fonctionnaire et homme politique français, né le 21 avril 1943 à Tunis et mort le 7 janvier 2010 à Paris.

Sa disparition a provoqué un vif émoi dans toute la classe politique française qui lui a rendu un hommage unanime en pleurant la perte de ce « grand serviteur de l'État ».

Les médias l'ont canonisé. Ainsi, le JT n'a diffusé aucune critique de la politique défendue par Séguin alors qu'elle était responsable de l'explosion du chômage, de la violence, des inégalités, de l'injustice et de la haine.

Comme dans toute « image d'ÉPINAL », les médias nous ont présenté « une vision emphatique, traditionnelle et naïve, qui ne montrait que le bon côté des choses. »

La mairie de Paris souhaitait même qu'une des tribunes du Parc des Princes porte le nom de Philippe Seguin !

 

Philippe Seguin est mort le 7 janvier 2010 à l'âge de 66 ans.

 

Le chiffre de la Bête est le 666.

 

7 janvier 2010 = 7x1x2010 = 14070

 

14 07 = 14 juillet

 

Le 14 juillet est le jour symbolique de la RÉVOLUTION française – devenue l'un des symboles de la République.

 

À travers la mort de Philippe Séguin, Dieu nous demande de faire la RÉVOLUTION pour renverser la République.

En effet, dans les médias, sa mort a donné lieu à un festival d’éloges, pour expliquer que c’était un « vrai républicain », formulé par des gens qui se prétendaient aussi des « vrais républicains ».

Mais qu’est-ce que ça veut dire républicain, dans un pays où toutes les décisions politiques sont prises en fonction des seuls intérêts d’une petite minorité de gros possédants ? Que signifient les prétendues valeurs de la république dont on nous rebat les oreilles ? Qu’est ce que la liberté, l’égalité et la fraternité, en dehors de trois mots vidés de leur sens gravés sur tous les bâtiments publics ? Où est la liberté pour ceux que la simple décision d’un conseil d’administration peut transformer en chômeurs, peut priver par voie de conséquence de leur maison, peut briser la famille, et tout cela dans le seul but de permettre aux actionnaires de continuer à encaisser des dividendes aussi plantureux malgré la crise ? Où est l’égalité quand l’État distribue des milliards aux grandes entreprises (et à leurs actionnaires) et déclare qu’il n’est pas possible d’augmenter le Smic de plus de 0,5 % sur l’année ? Où est la fraternité quand des hommes meurent de froid sur des trottoirs gelés, parce qu’il y aurait en France, selon la fondation Abbé Pierre, 144 000 sans-abri et 3,5 millions de très mal logés, alors que la presse annonce fièrement que pour 20 000 à 40 000 euros la semaine, on peut désormais louer une suite dans un cinq étoiles à Courchevel ?

En réalité, république, démocratie, liberté, égalité, fraternité ne sont dans notre société que des mots slogans, destinés à camoufler les vrais rapports sociaux, l’oppression et l’exploitation de la grande majorité de la population par une petite minorité de richards.

Parce que, tant qu’à évoquer les « valeurs de la république », pourquoi ne pas se référer à celles que défendaient les hommes de la révolution française qui ont fait vivre cette république ?

Ils ne se posaient pas de problème métaphysique sur « l’identité nationale ». Pour les révolutionnaires de 1793, tous ceux qui travaillaient en France devaient être considérés comme des citoyens français et jouir de tous les droits qui s’attachaient à cela, c’est-à-dire le droit d’élire et d’être élus.

Bien sûr, les possédants de l’époque ne voyaient pas d’un bon œil que tous les citoyens, les pauvres comme les riches, aient un même droit à la parole. Et quand la vague révolutionnaire est retombée, ils se sont empressés d’arracher ses conquêtes au peuple. Ils ont institué le suffrage censitaire, qui réservait le droit de vote à ceux qui payaient suffisamment d’impôts, c’est-à-dire aux riches. Ils ont remis des rois sur le trône.

Mais la grande masse des travailleurs, qui était restée attachée aux conquêtes de la révolution, souhaitait le retour à la république, mais pas à n’importe quelle république. Elle voulait la « sociale », la république sociale, celle qui ferait cesser l’oppression et l’exploitation dont étaient victimes les classes populaires.

Il a fallu attendre plus d’un demi-siècle après la révolution française pour voir réapparaître le suffrage universel. Mais un suffrage universel pipé, parce que les possédants ont appris à fabriquer des systèmes électoraux qui réservent pour l’essentiel l’accès aux assemblées élues aux représentants de la bourgeoisie. Oh, il n’y a plus de suffrage censitaire, mais pour se présenter aux élections à égalité des chances, il faut disposer de moyens financiers considérables. Il n’y a plus de suffrage censitaire, mais des millions de travailleurs sont écartés du droit de vote parce qu’ils n’ont pas de carte d’identité française.24

Leur république n’est vraiment pas la nôtre.

 

Autrefois, les « images d'ÉPINAL » étaient utilisées par le pouvoir en place pour endoctriner les masses. Plus récemment, la bourgeoisie au pouvoir a utilisé les images de l'ancien maire d'EPINAL pour continuer à endoctriner les masses.

 

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Ainsi, le 1er mars 2015, l'émission 13H15 le dimanche, sur France 2, diffusait un portrait élogieux de Philippe Séguin, dont voici un extrait :

« Il restera comme l'un des hommes politiques les plus brillants de sa génération.(…) Un parcours exemplaire ».

Mais si Olivier Besancenot décédait demain, il ne serait pas considéré par les médias comme l'un « des hommes politiques les plus brillants de sa génération », étant donné qu'il ne défendait pas le « brillant » système capitaliste.

Autres extraits du documentaire de France 2 consacré à Philippe Séguin :

« Il est devenu presque un symbole des Vosges pendant ses années à Épinal.(…) Il y avait un attachement de Philippe Séguin aux Vosges et à Épinal qui donnait vraiment l'impression qu'il y avait 10 générations de Séguin dans les Vosges.(…) Il adorait cette fonction de maire, d'être dans la rue, d'aller voir les gens, de dire ''je transforme la ville, je fais quelque chose, je suis dans le concret'' ».

France 2 essayait ainsi de nous faire croire que Philippe Seguin ne s'était pas engagé en politique pour le pouvoir mais simplement pour aider son prochain, car il aimait tellement les gens : « Il adorait cette fonction de maire, d'être dans la rue » ; c'était un vrai républicain qui aimait le peuple, il agissait pour l'intérêt général comme la quasi-totalité de la classe politique française. Les Français sont chanceux, les hommes politiques au pouvoir sont « brillants », ce sont les meilleurs de leur génération. Nous ne pourrions pas vivre sans eux car c'est Philippe Séguin qui a bâti Épinal à lui tout seul et non les contribuables de la ville qui ont payé de leur poche et construit de leur main la ville d'Épinal ; celui qui a tous les mérites, c'est Philippe Seguin, ce « grand orateur », ce « grand homme politique », nous disait-on encore dans le reportage.

Ce documentaire était visible également en replay sur le site internet de France 2 accompagné du commentaire suivant : « Philippe Séguin a été ministre pendant seulement deux ans, de 1986 à 1988, sous le gouvernement Chirac II… Sa silhouette, sa voix, ses prises de position prenaient une telle place dans le paysage politique français qu'il semblait ne jamais avoir quitté le pouvoir depuis ses débuts.(...) Tout jeune, ce déraciné a fait de l'idéal républicain sa raison de vivre, au service des idées gaullistes de son père.(…) Sa personnalité charismatique, bourrue, sensible, et parfois même explosive, ne lui a pas valu que des amis dans le monde feutré des ministères. D'un caractère entier, mais doté d'une grande finesse d'analyse, Philippe Séguin demeure dans les mémoires une figure incontournable de la Ve République. »25

France 2 glorifiait ainsi la Ve République à travers l'un de ses « meilleurs » représentants. La chaîne du service public humanisait une ordure qui avait défendu un système économique responsable de la persécution et de l'extermination des pauvres. L'expression « image d'ÉPINAL » désigne une vision emphatique, traditionnelle et naïve, qui ne montre que le bon côté des choses. France 2, et les médias en général, ne montrent quotidiennement que « le bon côté des choses » et ils cachent ainsi la nature criminelle, injuste et immorale de la politique menée par ces « grands républicains ».

Les médias nous font croire que les hommes politiques au pouvoir sont des génies, que ce sont les plus capables d'entre nous pour diriger le pays : ils sont « dotés d'une grande finesse d'analyse » et en plus ils sont « charismatiques » et « sensibles » car ils ont du cœur ! Ils permettent aux multinationales françaises de piller les richesses des pays du Tiers Monde en laissant ainsi mourir de faim et de maladies des millions d'êtres humains chaque année ; ils se moquent royalement que les SDF meurent de froid l'hiver dans la rue ; ils expulsent sans état d'âme de leur logement plus de 100 000 familles chaque année... mais ils restent « sensibles » ! Ce sont les plus « brillants », les « meilleurs de leur génération ».

Concernant Philippe Séguin, France 2 mettait en valeur « sa silhouette, sa voix, ses prises de position... » Nous étions dans un pur exercice de propagande.

Voilà comment une chaîne publique fait la promotion du troisième REICH capitaliste.

C'est pourquoi, le successeur de Philippe Séguin à la tête de la mairie d'ÉPINAL, s'appelle Michel HEINRICH.

Ses initiales sont M H.

M H = 13 8

13 = M

Le département 38 est celui de l'ISÈRE.

M+ISÈRE = MISÈRE

Dieu nous révèle ainsi que le RICHE au pouvoir extermine des millions de pauvres chaque année en les condamnant à vivre dans la MISÈRE.

HEINRICH = REICH

Dans les médias, le RICHE s'autocongratule. Il veut que le système de classe perdure donc il glorifie ses meilleurs serviteurs et divise le peuple en neutralisant les tendances à la solidarité : « en nous dressant les uns contre les autres, en organisant la concurrence entre chômeurs et ceux qui ont un emploi, entre nationaux et immigrés, entre hommes et femmes, entre les secteurs publics et privé, entre jeunes et anciens, entre employés et techniciens, entre ouvriers et chefs d'équipe. Nous naviguons tous dans le même bateau, à quelques centaines d'euros près, et nous nous jalousons souvent les miettes ! Les acquis du voisin passent pour des privilèges tandis que les puissants se marrent en nous voyant nous disputer ces miettes et perdre de vue l'essentiel.

Les dirigeants ne se contentent pas de nous dresser les uns contre les autres, ils nous opposent à nous-mêmes. C'est ce qui se passe à chaque grève, quand gouvernants et médias montent en épingle la ''colère des usagers''. Comme si l'usager (ainsi nommé par le gouvernement uniquement en période de grève, le reste du temps l'usager est considéré comme un client : le business reprend ses droits) n'était pas lui aussi, dans la grande majorité des cas, un travailleur, et un gréviste de demain ou d'après-demain. »26

Et discrètement, pendant que nous passons notre temps à nous mépriser, à nous haïr, à nous diviser, l'argent de nos impôts sert aux cadeaux fiscaux distribués au RICHE. « Il sert à financer des entreprises profitables qui ne s'embarrassent pas pour compresser toujours plus leur masse salariale et licencier, ou à venir à la rescousse d'entreprises privées défaillantes. Quant aux plus gros revenus, ils bénéficient de niches et d'allégements fiscaux. Ce qui fait perdre de l'argent à l'État, crée des déficits et creuse la dette. »27

En France, le RICHE est roi. Dans le documentaire de France 2 sur Philippe Seguin, nous n'avons pas eu le droit aux commentaires des chômeurs, des licenciés ou des expulsés d'Épinal quand Seguin était maire de la ville ; au contraire, nous n'avons eu le droit qu'aux éloges de ses amis de la bourgeoisie ; par conséquent, sa mort fut présentée comme une tragédie : « Une mort qui est arrivée trop tôt, trop brusquement (…) Il manque à la France politiquement. (...) La France perd l'un de ses plus grands serviteurs et l'une de ses plus belles voix politiques, une voix tonitruante, profonde, toujours féconde ».

 

Philippe Seguin est mort le 7 janvier 2010 et l'attentat contre Charlie Hebdo a eu lieu le 7 janvier 2015 – soit 5 ans plus tard.

Le 5e mois de l'année est celui de MAI.

MAI = IAM

I AM signifie JE SUIS en anglais.

Le slogan « JE SUIS Charlie » a surgi après l'attentat.

Dieu nous révèle que les frères Kouachi sont tombés dans la folie barbare de l'Islam radical à cause des hommes politiques comme Philippe Seguin car ces derniers luttent pour que la société française ne soit jamais fraternelle, pour qu'il y ait toujours des inégalités sociales entre les citoyens – avec une minorité au sommet et une majorité à la BASE – qui refuse parfois la soumission et plonge dans une folie meurtrière. Ce sont ces parasites d'hommes politiques qui engendrent des monstres et au lieu de nous montrer leur vrai visage, les médias les glorifient ; par conséquent, sur France 2, le portait de Philippe Seguin s'est terminé par l'éloge funèbre de Nicolas Sarkozy qui déclarait : « Tu a aimé la France avec passion. Si tu l'as tant aimé c'est parce qu'elle était à tes yeux le seul bien de ceux qui n'ont rien ; à toi Philippe, le gosse de TUNIS. »

Ce n'est pas la France que Philippe Seguin a aimé, c'est le pouvoir qu'il a aimé, c'est la THUNE, et il ne s'est pas battu pour la France d'en bas mais pour celle d'en haut, de tout en haut. À les entendre, on croirait que la France ne se résume qu'à eux ; ainsi, à la mort de Philippe Seguin, le maire de Paris voulait qu'une tribune du Parc des Princes porte son nom alors qu'il ne mouillait jamais le maillot sur le terrain !

Quotidiennement, c'est NOUS qui sommes sur le terrain, c'est NOUS qui produisons toutes les richesses, c'est NOUS qui trimons comme des bêtes au travail mais c'est leurs noms à EUX qu'on donne aux rues et aux bâtiments publics alors que NOUS avons construit ces rues et ces bâtiments publics de NOS mains, et eux, ils se sont juste servis dans la caisse pour accaparer NOTRE argent.

Les RICHES nous manipulent à travers LEURS médias et au lieu de nous servir de notre force : notre NOMBRE, nous restons divisés et soumis.

 

À travers la mort de Philippe Séguin, Dieu écrit en toute lettre : « RÉVOLUTION ! »

 

« La RÉVOLUTION, ce n'est pas le chaos ni un bain de sang. C'est un combat qui doit permettre à la majorité de passer du stade d'objet à celui de sujet de son propre destin, aux victimes de devenir acteurs, en transformant de manière profonde les bases économiques et institutionnelles de la société. Élisée Reclus disait : "Plus les travailleurs, qui sont le nombre, auront conscience de leur force, et plus les révolutions seront faciles et pacifiques. Finalement, toute opposition devra céder et même céder sans lutte." »28

 

Ayons confiance en NOUS et prenons le pouvoir en main.

 

Le portrait de Philippe Seguin, sur France 2, a notamment été réalisé par le journaliste Jean-Baptiste Marteau, un ancien adhérent de l'UMP.

 

UMP = PMU

 

Le PMU symbolise les courses de CHEVAUX.

 

Le portrait de Seguin a été mis en scène par le monteur ÉRIC CHEVALIER.

 

Ces propagandistes aux ordres du pouvoir veulent que nous restions éternellement le CHEVAL de César donc il glorifient les cavaliers dans LEURS médias en évitant bien sûr de parler des coups de cravache.

 

ÉRIC = ÉCRI

 

Dieu te demande d'AGIR, de faire la RÉVOLUTION afin que tu puisses enfin ÉCRIRE ton futur en renversant le pouvoir de César le jour de l'élection présidentielle.

 

 

Philippe Seguin est né un 21 avril.

 

Le coup d'État médiatique de l'oligarchie capitaliste en 2002, a mené Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle, le 21 avril (21 4).

 

21 4 = BAD

 

BAD signifie MAL en anglais.

 

Dieu nous fait comprendre que ce sont les forces du MAL qui contrôlent les médias.

 

Philippe Seguin est né à TUNIS.

 

TUNIS = TUNE

 

La THUNE est accaparée par le RICHE.

 

Le RICHE contrôle les médias, c'est lui le MAL : donc nous devons renverser son pouvoir.

 

SEGUIN = SEGUIR

 

SEGUIR signifie SUIVRE en espagnol.

 

CHAVEZ = CH AVE

 

CH est le sigle de la SUISSE.

 

SUISSE = SUIS SE

 

SE = 19+5 = 24

 

24 se prononce 20 4.

 

Adolf Hitler est né un 20 4 (20 avril).

 

Par conséquent, soit tu SUIS les nazis qui dirigent le pays en votant pour eux lors de l'élection présidentielle, ou alors tu refuses de dire « AVE César » et tu combats le pouvoir du RICHE.

 

Hugo Chávez n'a pas dit « AVE César ». Il est l'un des rares dirigeants politique au monde à avoir dit « NON » aux États-Unis et aux dirigeants des grands trusts qui dirigent l'économie. Le dimanche 7 avril 2002, en direct lors de son émission Aló Presidente et avec un sifflet, Chávez a mis à la porte sept dirigeants de la Compagnie nationale des pétroles du Venezuela (PDVSA) et en a forcé douze autres à prendre leur retraite29. S'en est suivi les manifestations de l'oligarchie vénézuélienne qui a entraîné le coup d'État.

C'est parce qu'il n'a pas dit « AVE César » – en refusant de soumettre au nazi-capitalisme – que CHAVEZ a été diabolisé par les médias. Pourtant, il n'a pas renversé le système capitaliste, mais il a taxé une plus grande partie des bénéfices des multinationales de l'énergie afin de redistribuer une plus grande part des richesses du pays à son peuple, ce qui est intolérable pour les nazis qui dirigent le monde.

 

Le 7 avril 2002, CHAVEZ a mis à la porte sept dirigeants de la Compagnie nationale des pétroles du Venezuela (PDVSA) et en a forcé douze autres à prendre leur retraite.

 

7 avril 2002 = 7x4x2002 = 56056

 

Dieu met en lumière le chiffre 56 car Adolf Hitler – le dirigeant du IIIe REICH – est mort à 56 ans.

 

Le 7 avril, CHAVEZ a mis à la porte 7 dirigeants.

 

7 = SEPT

 

SEPT = 19x5x16x20 = 30400

 

Adolf Hitler – le dirigeant du IIIe REICH – est mort un 30 4 (30 avril).

 

À travers Hugo CHAVEZ et le 7 avril 2002, Dieu nous fait comprendre que nous devons mettre le RICHE capitaliste à la porte, en l'expropriant de NOS multinationales, sans l'indemniser, car nous réussirons ainsi à mettre un terme au IIIe REICH en redistribuant équitablement les richesses entre tous les êtres humains.

 

CHAVEZ = AVE CHZ

 

CHZ = 3+8+25 = 36

 

Le chef-lieu du département 36 est la ville de Châteauroux dont le maire, Gil AVEROUS, est né un 12 juillet, comme Jules César.

 

AVEROUS = AVE SOUR

 

Le 7 avril 2002, en direct lors de son émission ALO Presidente, Hugo CHAVEZ a mis à la porte sept dirigeants de la Compagnie nationale des pétroles du Venezuela ; donc à travers le mot « ALO », Dieu nous demande de ne pas rester SOURD à son appel et de ne plus dire « AVE César » le jour de l'élection présidentielle : nous devons désormais le mettre à la porte.

 

Le coup d'État médiatique au Venezuela a eu lieu quatre jours après la mise à la porte de ces dirigeants, le 11 avril 2002 (11 4 2002).

 

11x4x2002 = 88088

 

88088 = 8888

 

8888 = HHHH

 

HHHH = les quatre H assemblés forment une échelle.

 

HH est l'abréviation de Heil Hitler, le salut nazi.

 

Dieu te fait comprendre que les médias vont essayer de t'endoctriner pour que tu votes en faveur des nazi-capitalistes le jour de l'élection présidentielle donc ne tombe pas dans leur piège, ne dis pas « AVE CESAR » et vote pour le mouvement humaniste car en votant pour la juste redistribution des richesses, Dieu te récompensera en te permettant de monter l'échelle qui mène au paradis.

 

La RÉVOLUTION se déroulera le jour de l'élection présidentielle et ensuite avec la mise en place de l'économie révolutionnaire, alors il est probable que les médias essaieront de décrédibiliser notre mouvement surtout quand il sera une menace pour le régime capitaliste. Ils s'attaqueront alors aux représentants politiques de notre parti quand ils commenceront à devenir dangereux et ils mettront en œuvre une campagne de diabolisation en les comparant à Staline, Mao ou Pol Pot, tout en essayant de nous faire passer pour des anarchistes ou des « djihadistes de gauche ». Mais ce sera une bonne nouvelle quand nous serons diabolisés, ça voudra dire qu'ils auront peur de nous étant donné que leur pouvoir ne repose sur rien, ils sont en minorité, il suffit juste d'une prise de conscience populaire pour que leur empire s'écroule du jour au lendemain.

 

 

À l'instar d'Evo Morales, Hugo Chávez a apporté une ÉVOLUTION à son peuple mais pas une RÉVOLUTION car le pouvoir est resté entre les mains de l'oligarchie capitaliste. « Si l’État a pris, en partie, le contrôle de l’industrie pétrolière, il n’a pas exproprié les classes possédantes. Les riches ont continué à prospérer et sont toujours les maîtres de l’économie. »30

 

Hugo Chávez n'était pas un saint, il utilisait notamment les médias de manière abusive et il concentrait trop de pouvoir entre ses mains. Nous devons ainsi étudier l'expérience du Venezuela de Chávez et celle de la Bolivie de Morales pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Une chose est sûre : nous devons prendre le contrôle quasi-total de l'économie pour obtenir un réel changement.

 

 

 

Le Venezuela après Chávez

Le 14 avril 2013, c'est Nicolas Maduro, le candidat choisi par Chávez comme dauphin peu avant sa mort le 5 mars, qui a remporté l'élection présidentielle vénézuélienne. Mais, contrairement à Chávez qui, en octobre 2012 avait gagné avec onze points d'avance, contre le même candidat de la droite, Capriles, son successeur l'a emporté d'une courte tête : 250 000 voix. De quoi réactiver une droite revancharde qui n'a jamais digéré d'être mise à l'écart depuis 1999 et qui tente désormais, comme elle a pu le faire dans le passé avec Chávez, de contester la légitimité du nouvel élu.

Il est indubitable que le dernier geste politique de Chávez, désigner Maduro comme son successeur, a assuré son succès. Mais les électeurs des quartiers populaires qui ont suivi une fois de plus le choix de Chávez n'ont pas seulement manifesté leur attachement à l'homme Chávez, ils ont d'abord voté pour son action, les réalisations sociales indéniables dont ils sont les bénéficiaires.

D'ailleurs, depuis deux élections, le candidat de la droite a fini, pour tenter d'attirer à lui des déçus du chavisme, par prétendre qu'il ne toucherait pas aux programmes sociaux mis en place pendant les présidences successives de Chávez ; vraisemblablement un mensonge politicien, mais aussi un hommage indirect à l'action sociale du président défunt.

Car les résultats sur le plan social sont bien réels et mesurés par des organismes internationaux officiels qui sont loin d'être ses fervents partisans. Banque mondiale, ONU, FMI, OPEP, etc., confirment un bilan d'autant plus marquant pour les classes populaires du Venezuela que, dans tous les autres pays du monde, on assiste au mouvement inverse : envolée du chômage, stagnation ou baisse du pouvoir d'achat, démantèlement des programmes de protection sociale et des services publics.

Or, dans le Venezuela de Chávez, on a assisté pendant quatorze ans au mouvement inverse. Le taux de chômage a été divisé par deux, passant de 14,5 à 7,6 %. Le revenu par tête a augmenté de 4 100 dollars à près de 11 000 dollars. La mortalité infantile est tombée de 20 à 13 pour mille. Le taux de pauvreté extrême a diminué des deux tiers, de près de 24 % à 8,5 %.

L'augmentation du bien-être des classes populaires, qui ont pu se nourrir, bénéficier des services de santé, envoyer les enfants à l'école, etc., se mesure aussi dans l'augmentation rapide de la population, qui a progressé de 23 à 29 millions.

Bien sûr, ces progrès réels ont été rendus possibles par la forte progression des revenus du pétrole, qui ont plus que quadruplé dans la même période, bondissant de 14 milliards de dollars à 60 milliards de dollars. Mais, s'il n'avait tenu qu'aux classes possédantes de poursuivre la politique qui était la leur avant l'arrivée de Chávez, elles auraient continué d'accaparer la rente pétrolière sans se soucier du sort des classes populaires. C'est d'ailleurs le principal reproche que les bourgeois du monde entier font à Chávez et à son mouvement : avoir utilisé une partie de la rente pour subventionner les programmes sociaux qui étaient le ciment de son électorat, au lieu de s'en servir uniquement pour conforter les dividendes des actionnaires.

Confortés par leur défaite d'une courte tête, les partisans de la droite, et avec elle le camp des possédants, se sentiront peut-être encouragés. Face à cela, le fait d'avoir voté Maduro ne sera pas une protection suffisante pour la population des quartiers populaires et pour ce qu'elle a acquis sous Chávez. Avec la baisse du prix du pétrole, Chávez lui-même avait d'ailleurs commencé à tailler dans ses propres programmes sociaux. Et si Maduro a été élu en promettant de continuer sa politique, cela n'offrait aucune garantie aux travailleurs et aux pauvres.31

 

Violences post-électorales

Deux jours après le scrutin, d'importantes manifestations pour protester contre les résultats officiels ont lieu avec actes de vandalisme et affrontements provoquant neuf morts chez les partisans de Maduro et les policiers. Après ces violences, le CNE accepte finalement de recompter les votes mais assure que ça ne changera « en aucune façon » les résultats, Capriles avait porté plainte contre cette élection au Tribunal suprême du Venezuela mais cette dernière a rejeté cette plainte et infligé une amende au candidat défait. Maduro prête serment le 19 avril.

Le 14 novembre 2013, Maduro se fait voter par le Parlement le droit de gouverner par décret pendant un an, type de gouvernance utilisé par tous les présidents du Venezuela depuis les années 1970, y compris par Hugo Chavez. La principale raison de la gouvernance par décret est l'aggravation de la crise économique ces derniers mois. Ainsi Maduro promet de changer de modèle économique et vaincre la « bourgeoisie parasitaire » qui détient les rênes de l'économie et qui selon lui, tente sans relâche de déstabiliser le gouvernement dans le cadre de la « guerre économique ». Il promet aussi de lutter fermement contre la corruption, cette « anti-valeur du capitalisme ».32

 

Pression de la droite et tournant conservateur

Une partie de cette opposition n’a pas abandonné la stratégie insurrectionnelle du début des années 2000. Entre février et mars 2014, quarante personnes ont été assassinées en marge de manifestations dont la revendication initiale était la « sortie » de Maduro avant le terme constitutionnel de son mandat, mais qui ont été alimentées par des taux d’inflation (56 % durant l’année 2013) et de non-approvisionnement (28 % en janvier 2014 ; 26,2 % pour le seul secteur alimentaire) préoccupants. Contrairement aux événements de 2002 / 2003, ces initiatives n’étaient pas articulées à un plan concerté pour le renversement du pouvoir et ne bénéficiaient pas, par exemple, du soutien de Capriles.

Le gouvernement a voulu sortir de cette épreuve par la conciliation en réunissant une Conférence pour la paix. Celle-ci a été boycottée par l’opposition politique, mais pas par le patronat qui a saisi l’occasion de défendre et faire avancer ses contre-réformes. De ce point de vue, le rôle du numéro deux du régime et président de l’Assemblée nationale, Diosdado Cabello, est déterminant. Ce dernier, qui incarne le secteur des militaires et de la bolibourgeoisie, s’est enrichi par le biais de CADIVI, l’organisme chargé du contrôle des changes qui avait été mis en place suite au blocage de l’économie en 2003. Les réformes économiques à l’ordre du jour, l’augmentation du prix de l’essence ou la privatisation de Citgo, entreprise de distribution d’essence présente aux États-Unis, éclairent l’ampleur du tournant conservateur qui était en cours.

 

Loin du socialisme

À l’instar des autres gouvernements de gauche latino-américains, le caractère progressiste des gouvernements chavistes s’épuise peu à peu. La confiscation du processus politique par une petite frange bureaucratique ramène le socialisme du 21ème siècle aux vieux démons du 20ème. Ce n’est que par l’auto-organisation des travailleurs eux-mêmes que l’on parviendra à se prémunir contre ce type d’écueils.

Une véritable politique internationaliste serait également nécessaire : pas la simple agrégation, plus ou moins progressiste, plus ou moins réactionnaire, des différents gouvernements situés en marge de l’impérialisme étasunien, mais la mobilisation des peuples, y compris ceux qui habitent dans les puissances dominantes, y compris ceux qui se révoltent contre de supposés alliés comme en Iran, en Libye ou en Syrie. Une réelle indépendance à l’égard des États-Unis serait nécessaire alors que ces derniers demeurent le premier client du pétrole vénézuélien et que depuis mars 2006, des dizaines de contrats d’entreprises mixtes ont été signés au Venezuela avec les principales firmes multinationales pour l’exploration et la production de pétrole.

En construisant par en haut une politique dont certains aspects divergent totalement des intérêts des classes populaires, les différents gouvernements chavistes ont fini par s’éloigner de leur base sociale historique, les classes populaires. Si les effets les plus dévastateurs du néolibéralisme ont été partiellement amoindris, le défi de la construction d’une société émancipée de l’exploitation capitaliste et de l’extractivisme pétrolier reste entier.

Le processus politique ouvert par la révolte du Caracazo en 1989 a montré que les classes populaires avaient une capacité de résistance imprévisible, qu’elles peuvent mettre en échec des coups d’État des élites et de l’impérialisme, comme en 2002 et 2003. Il leur reste aujourd’hui à dépasser une direction qui s’affirme de plus en plus comme un adversaire et qui laisse de moins en moins d’espace de participation à la base. Le socialisme ne sera pas construit par Nicolás Maduro, Diosdado Cabello et leurs acolytes, la tâche en incombe aux classes populaires vénézuéliennes.33

 

 

À droite toute !

En Amérique latine, le cycle de gouvernements progressistes qui gouvernaient le continent depuis une quinzaine d’années semble arriver à sa fin. Après l’élection du néolibéral Macri à la présidence de l’Argentine, la droite a emporté une large victoire contre Nicolás Maduro.

Les résultats des élections législatives du 6 décembre 2015 sont sans appel. La coalition de droite regroupée au sein de la Table de l’unité démocratique (MUD) a emporté 56 % des suffrages exprimés, contre seulement 40,5 % pour l’alliance favorable à l’héritage d’Hugo Chávez, regroupée autour du Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV).

 

Le parti chaviste est défait

La MUD obtient la majorité qualifiée des deux tiers des députés, obtenant les pouvoirs les plus larges. Nicolás Maduro demeure président jusqu’en 2019, mais l’Assemblée nationale est désormais en mesure de convoquer légalement une Constituante.
Les forces dissidentes de Marea Socialista et du PSL, demeurent marginales, prisonnières de la bipolarisation qui structure la vie politique vénézuélienne depuis l’accession de Chávez au pouvoir en 1999.
Si le PSUV fait quasiment jeu égal avec l’opposition dans les États ruraux, il subit une nette défaite dans les zones urbaines, y compris parmi les classes populaires. Le gouvernement met en avant la chute du cours du pétrole, qui a perdu la moitié de sa valeur depuis l’automne 2014, pour expliquer ses difficultés. Il accuse les élites économiques de mener une « guerre économique » pour déstabiliser la « révolution bolivarienne ».

 

Divorce avec les classes populaires

Ces explications sont légères pour comprendre l’ampleur de la désaffection. Un certain nombre de mesures autoritaires peuvent expliquer le divorce entre le gouvernement chaviste et les classes populaires urbaines. En août 2015, Nicolás Maduro a instauré l’Organisation de libération et de protection du peuple (OLP) pour restaurer l’ordre dans les quartiers populaires. Les organisations de défense des droits de l’homme font état d’une cinquantaine de disparitions et de plusieurs milliers de personnes arrêtés. Le 15 septembre 2015, Bladimir Carvajal, syndicaliste revendicatif à PDVSA, l’entreprise pétrolière publique, a été expulsé par la Garde nationale du bus qui l’emmenait à son travail, et informé de son licenciement.

Le principal motif de mécontentement des classes populaires vénézuéliennes demeure la situation économique. En 2003, face au blocage de l’économie déclenché par le patronat, Hugo Chávez avait instauré un contrôle des changes. Douze ans plus tard, détourné par les grandes entreprises par surfacturation d’importations avec la complicité de hauts dirigeants gouvernementaux, celui-ci s’est effondré. Des économistes ont estimé à plus de 250 milliards de dollars cette fuite de capitaux. La différence entre le taux de change officiel et officieux atteint une échelle de 1 à 100. Ce déséquilibre monétaire crée une pénurie de produits importés et une inflation dépassant les 100 % pour l’année 2015.

 

La revanche du patronat

La nouvelle coalition au pouvoir a pour objectif prioritaire la libération de ce qu’elle appelle des prisonniers politiques, des dirigeants des fractions les plus intransigeantes de l’opposition comme Leopoldo López qui ont appelé à des manifestations pour obtenir « la sortie » de Nicolás Maduro avant le terme constitutionnel. Mais cette amnistie ne concernerait pas un militant syndical comme Rodney Álvarez ou les indigènes pémons en lutte contre des projets miniers dans le sud du pays.
La victoire de la MUD permet au patronat de sonner l’heure de la revanche sociale contre les classes populaires qui se sont si souvent mobilisées pour soutenir les gouvernements Chávez. La présidente d’une organisation patronale a déjà appelé à la modification de la loi du travail pour « donner confiance aux entrepreneurs ». Les propositions de la MUD vont grever le pouvoir d’achat déjà faible des classes populaires vénézuéliennes : dévaluation massive du bolívar, libération des prix sur les produits de première nécessité, augmentation du prix de l’essence, reprivatisation de plusieurs entreprises nationalisées dans le secteur électrique…
La défaite du chavisme ne signifie pas l’échec du projet de socialisme du 21e siècle. La direction du PSUV a choisi de demeurer dans les écueils de celui du 20e, ceux du bureaucratisme et d’une politique conciliante, et en subit les conséquences.34

 

 

Le régime chaviste annonce un plan d’austérité

Acculé par la diminution de la rente pétrolière, Nicolas Maduro a annoncé le 17 février 2016 un plan d’austérité avec hausse du prix de l’essence, dévaluation de 58 % du bolivar, la monnaie locale, mais aussi augmentation des minima sociaux.

Comme d’autres pays producteurs de pétrole, le Venezuela est victime de la chute du prix du baril, tombé de 100 à 30 dollars. Toute l’économie dépend de la rente pétrolière, et d’abord les programmes sociaux qui ont fait la réputation du gouvernement d’Hugo Chávez.

Le lendemain de la déclaration de Maduro, la Banque centrale indiquait que l’inflation était de près de 181 % (mais le FMI l’estime quatre fois plus forte) et que le produit intérieur brut avait reculé de près de 6 % pour la deuxième année consécutive. Quant au ministre de l’Économie, il a été remercié un mois après sa nomination et remplacé par l’ex-dirigeant de la Fédération des petites et moyennes industries, rallié au chavisme.

Le prix de l’essence, gelé depuis 1999, la rendait quasi gratuite. Le 1er mars 2016, le prix de l’essence ordinaire a été multiplié par dix et celui du super par soixante. L’essence ordinaire va passer de 0,07 à 1 bolivar et le super de 0,097 à 6 bolivars. Maduro a expliqué qu’actuellement distribuer le carburant coûte davantage à l’État que ce que cela lui rapporte.

Avec la dévaluation prévue, le dollar va officiellement coûter 10 bolivars, et bien plus au marché noir. C’est dire que, malgré l’augmentation, l’essence restera encore bon marché, ce qui ne rassure pas la population qui fait la queue pour acheter l’essence à l’ancien prix.

 

Crise de la rente pétrolière

Depuis 2013, le régime se débat dans la crise engendrée par la baisse de la rente pétrolière. La rente permettait de financer les divers programmes sociaux, santé, éducation, logement et même de remplir les rayons des grandes surfaces alimentaires. Avec le rétrécissement de la rente, les produits de première nécessité, farine, riz, café et médicaments manquent, car l’État n’arrive plus à payer ses fournisseurs.

Depuis décembre 2015, l’opposition, qui réunit la droite et les partisans d’un capitalisme sans entraves, contrôle les deux tiers de l’Assemblée nationale et cherche à destituer le président. Elle estime que le plan d’austérité, qui devrait rapporter 700 millions d’euros à l’État, arrive trop tard.

Depuis toujours, l’opposition reproche au gouvernement chaviste d’avoir dilapidé l’argent en programmes sociaux au détriment de la modernisation de l’appareil économique car, représentant les nantis écartés du pouvoir depuis 1999, elle se moque bien du sort des classes populaires et des efforts du régime pour réduire un peu les inégalités.

Le régime chaviste, lui, craint non seulement cette opposition de la droite mais aussi que le mécontentement de la population, y compris de ceux qui furent jusqu’à ces derniers temps ses soutiens, ne débouche sur des émeutes comme le pays en a connu, en 1989, quand le gouvernement d’alors, étiqueté « socialiste », avait annoncé une forte hausse des prix des transports ; émeutes réprimées alors dans le sang. C’est aussi pourquoi Maduro a augmenté de 20 % le salaire minimum, les retraites et les bons alimentaires.

Quand la droite et les capitalistes tentaient de les renverser, avec l’appui des États-Unis au début des années 2000, les chavistes avaient réussi à s’appuyer sur la population pauvre et une partie de l’armée, neutralisant ainsi l’opposition de droite. Mais maintenant que les difficultés inhérentes au capitalisme ressurgissent, celles-ci pourraient bien finir d’aliéner les soutiens populaires des chavistes. Ces derniers payeraient alors d’avoir imaginé qu’on peut s’affranchir des contraintes économiques sans s’attaquer radicalement au système capitaliste.35

 

 

Crise sociale et politique

La situation sociale devient dramatique du fait de la pénurie de nourriture et des produits de première nécessité que le régime chaviste achète à 80 % sur le marché mondial.

Ce qui était facile quand le cours du baril de pétrole était très élevé est devenu quasi impossible avec l’effondrement des cours.

Faire ses courses pour acheter de la nourriture est devenu une activité harassante et parfois dangereuse. Les magasins sont aux trois quarts vides, y compris les magasins d’État. Il y a bien sûr un marché noir parallèle, mais quel que soit le circuit commercial auquel on peut s’adresser, les tensions sont nombreuses. Cela tourne parfois à l’émeute, voire au lynchage. Pour ne pas être dépouillés, des consommateurs font la queue sans argent sur eux, et c’est seulement au moment de payer qu’un tiers leur apporte la somme nécessaire.

Un Observatoire vénézuélien des conflits sociaux a enregistré entre janvier et mai 2016 près de 2 800 manifestations ou incidents découlant des pénuries alimentaires ou du mauvais fonctionnement des services publics. Le ministère de la Justice a entre les mains 74 affaires de lynchage.36

À cela s'ajoute les pénuries d'électricité. Le gouvernement a dû instaurer des coupures quotidiennes de quelques heures dans les États les plus peuplés, sauf dans la capitale Caracas. Il a instauré un changement de fuseau horaire d’une demi-heure et institué de nouveaux jours fériés, pour réduire les dépenses.

Le secteur de l’électricité avait été nationalisé en 2007 mais, l’État étant à court d’argent, l’entretien du réseau et les investissements indispensables n’ont pas suivi. À ces difficultés économiques se sont ajoutées des données climatiques : la centrale hydroélectrique de Guri, qui fournit 70 % de l’énergie, se trouve à un niveau d’eau très bas depuis l’arrivée d’El Niño.

La rareté de l’énergie a d’autres conséquences. Les fonctionnaires ne travaillent désormais que deux jours par semaine. Les députés et employés n’ont pas été payés en avril. Les élèves, de la maternelle au lycée, n’ont plus cours le vendredi. Les hôtels et les gros commerçants doivent pourvoir eux-mêmes à leurs besoins en électricité neuf heures par jour. Les centres commerciaux ont donc réduit leurs horaires d’ouverture, engendrant des queues importantes et amenant de fortes tensions qui tournent parfois à l’émeute.37

Face à cette situation très dégradée, le gouvernement de Nicolas Maduro adopte une attitude relevant de la méthode Coué. Il nie la situation de crise, interdisant notamment dans les médias toute image montrant la pénurie ou les affrontements qui éclatent dans les commerces et la répression policière que cela peut déclencher.

Mais ce qui préoccupe le gouvernement chaviste au premier chef est le bras de fer engagé avec l’opposition de droite écartée du pouvoir depuis seize ans. Tout a commencé en décembre 2015 lorsque les chavistes ont perdu la majorité au Parlement. Depuis, pour court-circuiter la droite, Maduro s’est octroyé des pleins pouvoirs38. Puis, en janvier 2016, la Cour suprême a refusé que trois députés d’opposition, dont l’élection était contestée, prêtent serment, ce qui privait l’opposition d’une majorité des deux tiers. En juillet, l’Assemblée a passé outre et investi ces députés. En représailles, la Cour a déclaré le 5 septembre qu’il ne serait tenu aucun compte des décisions de l’Assemblée.

Le 14 octobre 2016, le président Maduro, se présentant comme le protecteur des droits du peuple, a validé le budget 2017 par décret et sans l’aval de l’Assemblée, menacée de dissolution. La droite a rétorqué que c’étaient la Cour suprême et le gouvernement qui violaient la loi.

Enfin, les 26, 27 et 28 octobre, aurait dû se tenir la consultation référendaire dont l’opposition espérait obtenir la révocation du président chaviste. Elle aurait alors pu imposer une nouvelle élection présidentielle dès janvier 2017, mais la Cour a repoussé cette consultation sine die.39

Dans cette situation très difficile, certains Vénézuéliens choisissent de quitter le pays, pour un pays voisin, mais aussi vers l’Espagne et d’autres destinations. Mais, pour les familles populaires qui n’ont d’autre solution que de faire face à la situation et assurer le quotidien, c’est un choix presque impossible.

Le Venezuela subit de plein fouet la baisse des prix du pétrole, la principale ressource du pays. Il est facile pour la droite de s’en prendre au gouvernement chaviste. Elle le rend responsable des conséquences dramatiques de cette baisse pour la population, l’accuse d’avoir dilapidé les ressources lorsque les cours du pétrole étaient au plus haut, en les dépensant dans des programmes sociaux ou en les perdant dans la corruption. Mais si la droite parvenait à écarter les chavistes, son retour aux affaires prendrait rapidement un tour revanchard.40

 

 

La crise politique s'accentue

Le , la Cour suprême (totalement alignée politiquement sur le pouvoir chaviste) s'octroie le pouvoir législatif à la suite du refus persistant de l'Assemblée nationale d'exclure trois députés dont l'élection serait frauduleuse. Le gouvernement a par ailleurs arrêté de payer les frais de fonctionnement de l'Assemblée et de payer les députés. Le président de l'Assemblée nationale, Julio Borges, dénonce alors un « coup d'État ». Le 31 mars, Luisa Ortega, à la tête du parquet national, conteste également la décision. Cela fait également l'objet d'un tollé auprès d'une partie de la communauté internationale. Le , le Tribunal suprême de justice annule les deux décrets, tandis que l'opposition appelle à de nouvelles manifestations. L'Assemblée nationale initie ensuite une procédure de destitution contre les juges de la Cour suprême.

Mi-avril, les manifestations s'étendent aux quartiers pauvres de Caracas ; 24 manifestants et policiers sont tués. En mai, dans un contexte de pénuries alimentaires et de médicaments, les manifestations se poursuivent menées principalement par le parti centriste Voluntad popular, alors que le pouvoir durcit la répression. Un rapport de l'Observatoire vénézuélien note que le pays est devenu le deuxième le plus violent au monde après le Salvador, entre enlèvements et séquestrations, ainsi que des vols et cambriolages qui répondent à la pénurie. Les manifestations contre le gouvernement restent néanmoins essentiellement circonscrites aux quartiers aisés de Caracas et aux municipalités historiquement acquises à l'opposition conservatrice. Alors que les manifestations ont fait 43 morts, Nicolás Maduro décide d'envoyer l'armée dans l'État de Tachira où des commerces ont été détruits et deux commissariats attaqués.

Le  1er mai 2017, Nicolás Maduro annonce sa volonté de convoquer une assemblée constituante afin de réécrire la Constitution de 1999. Les 500 membres de cette assemblée doivent être désignés par moitié par des mouvements sociaux chavistes et par moitié par un vote où les partis politiques ne peuvent pas présenter de candidats. Le projet aurait comme objectif de contourner les leaders de l'opposition, hostiles aux négociations avec le gouvernement. Les quelques chavistes critiquant le processus se voient qualifier de « traitres » par Maduro.

L'opposition dénonce le système envisagé pour désigner les membres de la future assemblée constituante et organise le 16 juillet une consultation pour s'opposer à cette constituante : ce scrutin symbolique réunit 7,6 millions de votes (sur 19 millions d'électeurs). Le président Maduro considère ce scrutin comme n'ayant aucune valeur légale ni contraignante.

Les élections de l'Assemblée constituante se tiennent le 30 juillet et réunissent, selon les autorités, 41,5 % de participation (huit millions de votants), beaucoup moins selon l'opposition, qui avait appelé au boycott du scrutin. Le 8 août, douze pays d'Amérique (Argentine, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica, Guatemala, Honduras, Mexique, Panama, Paraguay et Pérou) condamnent une « rupture de l'ordre démocratique » au Venezuela et refusent de reconnaître l'Assemblée constituante. De son côté, l’ONU condamne de nouveau un « usage excessif de la force », accusant les forces de sécurité vénézuéliennes d’avoir causé la mort d’au moins 73 manifestants antigouvernementaux et des groupes armés pro gouvernementaux circulant à moto avec des armes à feu d'en avoir tué une trentaine d'autres.41

 

 

Maduro réélu président

L’élection présidentielle du 20 mai 2018, anticipée comme le souhaitait initialement la droite, a assuré la victoire du candidat sortant, le chaviste Nicolas Maduro, contre le candidat d’une partie de la droite Henri Falcon, tandis que le reste de la droite boycottait l’élection.

L’abstention a été forte, seulement 46 % des 20,5 millions d’électeurs y ont participé, soit dix points de moins que ce que les chavistes espéraient. On est loin des taux de participation antérieurs : 63,4 % en 1998, la première fois où Chavez avait été élu, 74,7 % en 2006, 80,5 % en 2012. La première présidentielle après la mort de Chavez, en 2013, frisait elle aussi les 80 % de participation et Maduro avait obtenu 7,5 millions de voix.

Cette fois, il n’a que 5,8 millions de voix contre 1,8 million à son principal adversaire. C’est seulement 28 % du corps électoral. Il paye dans les urnes les difficultés dans lesquelles se débat la population depuis la chute des prix du pétrole brut et les mesures d’embargo orchestrées par les États-Unis.42

 

 

Un coup de force soutenu par l’impérialisme

Le 23 janvier 2019, le Venezuela commémorait la chute d’un dictateur militaire, Marcos Pérez Jimenez, renversé en 1958 par un soulèvement populaire. Cette année, il y a eu deux défilés à Caracas : celui des partisans du régime chaviste de Nicolas Maduro et celui de ses opposants. Et c’est le jour qu’a choisi le président de l’Assemblée nationale, Juan Guaido, pour se proclamer président du Venezuela.

Si Guaido, un ingénieur de 35 ans, se retrouvait à la tête de l’opposition de droite, c’est que ses dirigeants plus expérimentés étaient assignés à résidence ou en fuite à l’étranger, sous le coup de poursuites, notamment pour corruption. Le parti qui conduit l’opposition s’appelle Volonté populaire, mais il pourrait se nommer Volonté de la bourgeoisie, car il représente les intérêts de la moyenne et grande bourgeoisie qui, depuis vingt ans, veut renverser le régime chaviste.

Quelques minutes après son coup de force, Guaido a reçu sans surprise le soutien de Trump, puis des gouvernements de droite d’Amérique latine. Les dirigeants européens s’en sont mêlés, dont Macron, tous ces grands démocrates trouvant plus démocratique un député qui s’autoproclame président que Maduro qui a obtenu à la présidentielle de mai 2018 les suffrages de 30 % des inscrits.

Mais, le lendemain 24 janvier, le ministre de la Défense, le général Padrino, entouré du haut état-major, a dit son soutien au régime : une façon de rappeler qu’il fallait compter avec l’armée.

L’opposition de droite a donc repris l’offensive, avec le soutien de l’impérialisme américain, comme cela a toujours été le cas à chaque crise du régime chaviste. Cherchant à faire basculer l’armée, elle a proposé d’amnistier les militaires qui la rallieraient.

L’armée était d’autant plus courtisée qu’elle contrôle l’essentiel de l’économie, et d’abord le pétrole, qui représente 96 % des exportations du pays. Contrôlant les frontières, elle prend aussi sa part sur tous les trafics avec les pays voisins. Pour l’heure, elle jugeait encore profitable de soutenir le régime chaviste. Mais la menace d’un blocus économique nord-américain pouvait faire changer d’avis ses cadres.

Padrino a aussi déclaré : « Le diable est dans les casernes. » Car la situation des hauts gradés, qui prospèrent encore avec Maduro, n’a rien de comparable avec celle des hommes du rang soumis, eux et leurs familles, aux mêmes difficultés que la population. Le FMI a calculé que l’inflation, qui avait atteint un million de pour-cent, pouvait décupler en 2019 ! Ce n’était pas pour rien que trois millions de personnes ont quitté le pays, que des travailleurs exigeaient l’indexation des salaires sur les prix et que des militaires désertaient.

Et une partie de ceux qui avaient apprécié la politique chaviste de redistribution de la rente pétrolière vers les classes populaires se détournaient désormais du régime, du fait des extrêmes difficultés dans lesquelles il se débattaient depuis la chute du prix du pétrole. Certains imaginaient que le retour de la droite pourrait les sauver. C’est une illusion, car cela signifierait revenir à l’époque où la bourgeoisie et ses proches accaparaient la rente pétrolière.

L’opposition reprochait aux chavistes de ne pas être sortis de l’économie de rente, de ne pas avoir diversifié l’industrie et d’avoir vécu au-dessus de leurs moyens quand les cours du pétrole flambaient. Mais les chavistes n’ont pas inventé la politique de rente, ils en ont hérité. Si Chavez était resté un obscur officier et si la droite et la gauche politiciennes avaient continué de gouverner, elles se seraient retrouvées dans une situation voisine dès lors que le cours du pétrole aurait chuté.

La crise qui frappait le Venezuela était d’abord celle du système capitaliste qui spécule sur tout, entre autres sur les matières premières. À cela les chavistes n’ont jamais cherché à s’attaquer. Et quand ils étaient en position de force, ils se sont satisfaits d’un statu quo avec la bourgeoisie.43

 

 

L’impérialisme américain poursuit son offensive

Les derniers jours du mois de février 2019 ont été marqués par la tentative des États-Unis de faire passer un convoi humanitaire, contenant vivres et médicaments, depuis la Colombie et le Brésil, en direction d’un Venezuela affamé. Mais l’armée chaviste en a bloqué le passage.

Sans surprise, les médias, globalement anti-chavistes, ont pu reprendre leur refrain contre le président Maduro, affameur de son peuple. Mais les États-Unis avaient une tout autre ambition : faire passer triomphalement le convoi avec à son bord le président autoproclamé, Juan Guaido, la marionnette choisie par le vice-président des États-Unis, Michael Pence.

Les États-Unis affichaient un souci humanitaire soudain vis-à-vis de la population du Venezuela alors que, depuis 2017, l’administration Trump multipliait les manœuvres pour étrangler le régime chaviste, l’empêcher de redresser son économie et donc de ravitailler la population.

Même les représentants des Nations unies qui gèrent des convois humanitaires sur toute la planète, et la Croix-rouge, se sont émus de cet usage de l’humanitaire pour la cause de Washington, qui n’avait rien d’humanitaire puisqu’il s’agissait de reprendre le contrôle d’un pays que les États-Unis considèrent comme appartenant à « leur » Amérique, comme toute l’Amérique latine.

Depuis l’arrivée de Chavez au pouvoir, en 1998, les États-Unis tentent de faire tomber son régime. En 2002, Washington avait accompagné un coup d’État, contrecarré par la mobilisation de la population et de l’armée. L’année suivante, la droite et le patronat recommençaient en s’appuyant sur PDVSA, compagnie nationale gérant le pétrole, principale richesse du pays. Mais là encore, ce fut un fiasco et le pétrole tomba sous le contrôle des chavistes qui se servirent de la rente pétrolière pour faire fonctionner leur administration mais aussi mener des missions sociales en direction des plus déshérités, ce qui leur donna un appui dans les quartiers populaires, à opposer à la pression impérialiste.

Ces missions furent pour l’essentiel un succès tant que le prix du pétrole s’envolait. Mais les mécanismes mis en place par les dirigeants chavistes pour assurer leur fonctionnement étaient viciés. L’économie du Venezuela importe de l’extérieur tout ce qu’elle ne produit pas, aliments, médicaments et le reste. Un système de crédits subventionnés censés assurer l’intendance des missions fut dès le début gangrené par la corruption.

Les chavistes en charge s’en servirent pour spéculer sur les taux de change ou pour détourner les marchandises vers le marché noir. Cela conduisit à un gigantesque détournement de la rente pétrolière, alimentant une caste de corrompus où les militaires se sont taillé la part du lion.

Or les chavistes ne contrôlent que 30 % de l’appareil économique et 70 % restent aux mains de la bourgeoisie qui, de son côté, n’est pas avare de spéculation et de corruption.

Quand le prix du baril s’est effondré, les chavistes se sont retrouvés dans une situation que d’autres dirigeants politiques vénézuéliens avaient dû affronter. Sauf qu’ils n’ont pas reçu le soutien des instances bourgeoises internationales, la fameuse « communauté » qui, face aux chavistes, s’est rangée derrière Trump et Guaido. Macron y compris. Ainsi, la banque d’Angleterre a gelé les avoirs, et les États-Unis ont mis sous séquestre les résultats de Citgo, filiale nord-américaine de PDVSA, ce qui finançait désormais la tentative de reconquête de Guaido.

Restait un problème que les adversaires du régime chaviste peinaient à résoudre : l’attitude de l’armée. La promesse d’une amnistie ne donnait pas le résultat espéré auprès des hauts cadres de l’armée bénéficiaires du régime. Pour l’instant, l’armée restait derrière Maduro.

Quant aux travailleurs et aux exploités qui souffraient des pénuries, ils n’avaient rien à espérer d’un Guaido. Si lui, les politiciens qui l’appuyaient et les privilégiés qu’ils représentaient revenaient à la tête du pays, leur programme, dicté par Washington, était tout tracé : remettre entre les mains des multinationales les richesses naturelles, pétrole, or et autres, ce qui ne laissait aucune place aux intérêts des classes exploitées. Les Guaido toucheront leur part du pillage, mais les travailleurs n’obtiendront que ce qu’ils arracheront par leurs luttes.44

 

 

Le régime chaviste dans l’impasse

Après l’élection présidentielle du 28 juillet 2024, le président sortant, Nicolas Maduro, revendiquait la victoire que lui contestait le candidat de l’opposition Edmundo Gonzalez Urrutia.

Maduro aurait obtenu 51 % des suffrages et son opposant, 44 %. Mais ce dernier dénonçait une fraude et prétendait avoir remporté 70 % des votes, appuyé par la cheffe de l’opposition, Maria Corina Machado, empêchée de se présenter à l’élection par Maduro. Des affrontements ont eu lieu entre partisans de l’opposition et forces de police. On ne sait pas quelle a été l’ampleur des fraudes, ni qui en a vraiment bénéficié, mais ces lendemains d’élections venait encore confirmer la crise du régime chaviste.

Pendant ses douze années au pouvoir, Maduro a pu placer ses fidèles aux postes de responsabilité et donner une place importante à l’armée. Il a aussi renforcé son emprise sur les quartiers populaires en s’appuyant sur des groupes armés censés s’opposer aux trafiquants de drogue. Cela a engendré des rivalités avec les policiers et les gangs et accru une insécurité déjà importante.

La situation économique n’a cessé de se dégrader. La baisse du prix du pétrole a fait fondre la rente, et la production pétrolière s’est effondrée. Les adversaires de Maduro, soutenus par les États-Unis et l’Union européenne, ont aujourd’hui beau jeu de dénoncer la corruption, la mauvaise gestion du régime, alors qu’une partie des problèmes découle de leurs sanctions économiques.

La population a payé au prix fort cette dégradation. L’insuffisance des importations de nourriture et de médicaments a généré une hyper inflation et un marché noir, qui rendent impossible aux classes populaires d’accéder aux produits de première nécessité. Sept millions d’habitants ont quitté le pays. Les plus fortunés ont rejoint les États-Unis ou l’Europe, tandis que les plus pauvres se sont entassés dans des camps de réfugiés des pays voisins.

Le parti chaviste conserve des soutiens parmi les plus pauvres, bien que ceux-ci doivent souvent se contenter d’un colis mensuel de vivres, insuffisant, et il a encore le soutien de l’armée. Mais jusqu’à quand cette situation peut-elle durer ? Si les États-Unis ont renoncé à l’intervention armée directe évoquée sous Trump, ils ont toujours maintenu la pression en espérant provoquer un soulèvement de la population, ou de l’armée contre Maduro.

Si le prétendu « socialisme bolivarien » s’est révélé un mirage, et si le régime ne tient aujourd’hui que grâce à la poigne de l’armée, c’est d’abord le résultat de cette pression de l’impérialisme. Il ne peut y avoir de socialisme dans un seul pays, fût-il le Venezuela avec ses richesses pétrolières : c’est bien le système impérialiste qu’il faut abattre. Pour cela, il faudra bien plus que la politique d’un officier tiers-mondiste comme Chavez.45

 

 

Sources

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Venezuela
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Eleazar_L%C3%B3pez_Contreras
(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Venezuela
(4) https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcos_P%C3%A9rez_Jim%C3%A9nez
(5) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Venezuela
(6) https://fr.wikipedia.org/wiki/Carlos_Andr%C3%A9s_P%C3%A9rez
(7) http://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/venezuela-chavez-allie-des-classes
(8) http://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/article/venezuela-derriere-la-vitrine-des
(9) http://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/venezuela-chavez-allie-des-classes
(10) http://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/article/venezuela-derriere-la-vitrine-des
(11) https://fr.wikipedia.org/wiki/Hugo_Ch%C3%A1vez
(12) Jacques Fontenoy http://www.lutte-ouvriere-journal.org/lutte-ouvriere/2328/dans-le-monde/article/2013/03/14/29405-venezuela-la-politique-dhugo-chavez-des-mesures-sociales-mais-pas-socialistes.html
(13) Patrick Guillaudat http://www.npa2009.org/content/apr%C3%A8s-la-mort-de-ch%C3%A1vez
(14) http://www.lutte-ouvriere.org/notre-actualite/editoriaux/article/il-n-y-a-pas-de-sauveur-supreme-ni
(15) Oscar Fortin http://humanisme.blogspot.ca/2012/04/un-peuple-la-defense-de-sa-democratie.html
(16) http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/image_d%C3%89pinal/187254
(17) Thierry Deronne http://risal.collectifs.net/spip.php?article292
(18) Ibid.
(19) Saïd Bouamama https://www.investigaction.net/fr/avoir-20-ans-dans-les-quartiers/
(20) Saïd Bouamama https://www.investigaction.net/fr/le-discours-des-valeurs-de-la/
(21) Sébastien Bohler, « La télé nuit-elle à votre santé ? », Dunod, 2008.
(22) Serge Halimi, « Les nouveaux chiens de garde », Raisons d'agir éd., 2005, p.12.
(23) Brochure,média.NPA
(24) http://www.lutte-ouvriere.org/notre-actualite/editoriaux/article/leur-republique-n-est-pas-celle
(25) http://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/13h15/13h15-du-dimanche-1-mars-2015_831349.html
(26) Olivier Besancenot, Daniel Bensaïd « Prenons parti : Pour un socialisme du XXIe siècles », Fayard/Mille et une nuits, 2009, p.113-114.
(27) Ibid. p.54.
(28) Ibid.p.128.
(29) https://fr.wikipedia.org/wiki/Hugo_Ch%C3%A1vez
(30) Lutte Ouvrière.
(31) Jacques Fontenoy http://www.lutte-ouvriere-journal.org/lutte-ouvriere/2333/dans-le-monde/article/2013/04/17/29670-venezuela-en-successeur-de-chavez-maduro-remporte-la-presidentielle.html
(32) https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicol%C3%A1s_Maduro
(33) Pedro Huarcaya http://www.npa2009.org/idees/venezuela-les-successeurs-de-chavez-contre-les-travailleurs
(34) Pedro Huarcaya https://npa2009.org/actualite/international/venezuela-droite-toute
(35) Jacques Fontenoy http://www.lutte-ouvriere-journal.org/2016/02/24/venezuela-le-regime-chaviste-annonce-un-plan-dausterite_65959.html
(36) Jacques Fontenoy http://journal.lutte-ouvriere.org/2016/06/22/venezuela-crise-sociale-et-politique_68872.html
(37) Jacques Fontenoy http://journal.lutte-ouvriere.org/2016/05/11/venezuela-le-president-chaviste-menace-de-destitution_67876.html
(38) Jacques Fontenoy http://journal.lutte-ouvriere.org/2016/06/22/venezuela-crise-sociale-et-politique_68872.html
(39) Jacques Fontenoy http://journal.lutte-ouvriere.org/2016/11/02/venezuela-un-pays-bout-de-souffle_72032.html
(40) Jacques Fontenoy http://journal.lutte-ouvriere.org/2016/06/22/venezuela-crise-sociale-et-politique_68872.html
(41) https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicol%C3%A1s_Maduro
(42) Jacques Fontenoy https://journal.lutte-ouvriere.org/2018/05/23/venezuela-maduro-reelu-president_107992.html
(43) Jacques Fontenoy https://journal.lutte-ouvriere.org/2019/01/30/venezuela-un-coup-de-force-soutenu-par-limperialisme_116740.html
(44) Jacques Fontenoy https://journal.lutte-ouvriere.org/2019/02/27/venezuela-limperialisme-americain-poursuit-son-offensive_117478.html
(45) Jacques Fontenoy https://www.lutte-ouvriere.org/journal/article/venezuela-regime-chaviste-limpasse-176960.html